Des manifestants posent avec le drapeau du Bangladesh sur un canapé pillé dans la résidence de la Première ministre. Photo: REUTERS

Vague de grèves au Bangladesh après la chute du gouvernement

Le gouvernement capitaliste «intérimaire» prépare la répression.

La lutte de masse au Bangladesh est à un point décisif. Un mois après que le mouvement de masse a contraint la première ministre Sheikh Hasina à démissionner et à s’exiler, une confrontation se dessine entre une vague croissante de grèves ouvrières et le nouveau gouvernement. Le gouvernement «intérimaire» qui représente les propriétaires capitalistes d’entreprises multinationales prépare la répression.

«Le gouvernement intérimaire a annoncé des mesures sévères contre l’anarchie, alors qu’environ 200 usines ont suspendu leur production hier sur fond d’agitation ouvrière à Gazipur, Savar et Ashulia», a rapporté le Daily Star, le dimanche 8 septembre. Une réunion d’urgence des ministres, des chefs de police et des officiers de renseignement s’est tenue le même jour. «Des mesures sévères doivent être prises à l’encontre de certaines personnes afin de sauver les usines, les travailleurs et l’économie. Nous en avons discuté», a déclaré un conseiller du gouvernement aux médias.

Les grèves s’étendent

La semaine dernière a été marquée par une forte recrudescence des manifestations de travailleurs et de travailleuses dans l’industrie dominante de l’habillement, où les femmes sont majoritaires, mais aussi dans les usines pharmaceutiques et les fabriques de chaussures. Les grèves se sont propagées d’une usine à l’autre par des marches, des blocages de routes et des manifestations de masse devant les bureaux des entreprises et des autorités. Le mouvement et les méthodes sont clairement inspirés par le mouvement aux caractéristiques révolutionnaires de cet été.

De nombreuses entreprises ont fermé leurs usines, sur les conseils de la police. Au cours de la fin de semaine, «la police, l’armée et les gardes-frontières ont été déployés» pour assurer la reprise de la production. La police tente également «d’identifier et d’arrêter les personnes à l’origine des troubles». Le gouvernement et les entreprises accusent des «étrangers» d’en être à l’origine. Mais le conseiller du gouvernement admet qu’«il était difficile de distinguer les travailleurs des étrangers».

Un autre site web, bdnews24.com, a titré Qu’est-ce qui motive la soudaine augmentation des protestations des travailleurs de l’industrie de l’habillement au Bangladesh?, commentant que «tout à coup, les travailleurs de l’habillement font des demandes que personne n’a jamais entendues auparavant».

«Le groupe Sharmin, l’une des plus grandes usines de confection d’Ashulia, emploie environ 20 000 travailleurs. Après deux jours consécutifs d’attaques contre les portes de l’usine, celle-ci a été déclarée fermée. Une liste de 20 revendications a été soumise aux autorités de l’usine, la plupart d’entre elles étant nouvelles pour l’industrie.»

Salaires, congé de maternité et nationalisation

Sur d’autres lieux de travail, des listes de 10 à 15 revendications ont été présentées. Ces listes comprennent:

  • des augmentations de salaire de 15 à 20%,
  • des augmentations de salaire pour les heures supplémentaires et les équipes de nuit,
  • des indemnités de déjeuner et de transport,
  • des traitements médicaux,
  • le transport si un travailleur ou une travailleuse est malade,
  • un congé et une rémunération de maternité,
  • un avancement de grade pour les employé⋅es permanents ou permanentes tous les deux ans,
  • des primes et des jours de congé pour l’Aïd el-Fitr
  • la fin du harcèlement et des punitions dans le milieu de travail (y compris le fait d’être inscrit ou inscrite sur une liste noire).

L’un des principaux problèmes à l’origine des grèves est le non-paiement des salaires dans de nombreuses usines. Ces conditions ne sont pas nouvelles. La surexploitation brutale des travailleuses et des travailleurs du Bangladesh existe depuis des années. Elle constitue en fait la base du «miracle économique» du capitalisme bangladais, ayant attiré les multinationales. C’est l’impact de la lutte de masse qui a enhardi les travailleuses, les travailleurs et les masses pauvres à refuser d’accepter ces injustices plus longtemps et à s’engager sur la voie de la lutte militante.

L’augmentation du coût de la vie est à l’origine d’une nouvelle revendication réclamant davantage de travailleurs masculins dans l’industrie de l’habillement. Dans de nombreuses familles, les travailleuses du textile sont les seules à disposer d’un revenu. Cette demande souligne la nécessité de disposer de deux revenus.

Pour protéger les emplois dans une période de fermetures d’usines et de réductions d’effectifs, la revendication de nationalisations a été soulevée. Il s’agit d’une revendication essentielle dans un pays qui compte autant d’entreprises multinationales et de sous-traitants. Elle devrait être liée à la création d’organisations de travailleuses et de travailleurs capables de jeter les bases d’un contrôle de l’industrie par ces derniers et dernières.

Dans certains cas, les entreprises ont fait des promesses qu’elles n’ont pas tenues lorsque le travail a repris. En général, les capitalistes attendent leur moment et menacent les protestataires. Comme le rapporte un média, «Mohammad Hatem, président de l’Association des fabricants et exportateurs de tricots du Bangladesh, a déclaré que certaines revendications étaient “illogiques” […] “S’ils viennent avec de simples revendications, nous pouvons en discuter à la table, mais ils descendent plutôt dans la rue”, a déclaré Hatem, blâmant les “groupes d’intérêt” qui veulent nuire à l’industrie, sans donner d’autres détails.»

L’escalade

Au cours de la semaine dernière, les grèves et les manifestations ont continué de s’intensifier. Les travailleuses et les travailleurs exigent des réponses immédiates à leurs revendications et refusent de reprendre le travail malgré les menaces et les fermetures d’usines. L’expérience d’autres luttes ouvrières et mouvements de masse montre que cela ne peut pas durer indéfiniment – de nouvelles étapes dans la lutte sont nécessaires.

Le mouvement de grève doit être organisé et coordonné démocratiquement. Il n’y a pas seulement un risque d’intervention de la police. Plus grave encore, il n’y a pas d’organisation et de direction adéquates pour la classe ouvrière. Les syndicats ne regroupent que 5% de la main-d’œuvre du pays et sont dans la plupart des cas contrôlés par les deux principaux partis politiques pro-capitalistes (la Ligue Awami de Hasina et le Parti nationaliste du Bangladesh). Ils disent ouvertement qu’ils «n’ont pas les ressources» pour organiser des réunions dans les usines et certains dirigeants syndicaux ont remis en question le mouvement actuel.

L’absence de leaders expérimenté⋅es ainsi que d’une véritable organisation crée un vide qui peut être comblé par d’autres forces et semer la confusion. Par exemple, des politiciens corrompus se battent pour conserver leur influence, notamment sur le marché lucratif du «jhoot», c’est-à-dire la vente de déchets de tissus de vêtements. Il existe également des organisations non gouvernementales (ONG), souvent financées par l’étranger, qui ont la fâcheuse habitude de s’opposer à la «politisation» et de faire dérailler les luttes vers le «compromis».

Le mouvement de masse initié par les manifestations étudiantes contre le système des quotas s’est transformé en peu de temps en une révolte contre le gouvernement autocratique et corrompu, culminant avec la participation de centaines de milliers de personnes à la «Longue Marche vers Dhaka» le 5 août. Face à l’échec de la répression – bien que des centaines de manifestants aient été tués, plus de 20 000 personnes blessés et 11 000 arrêtées – les militaires ont conseillé à Sheikh Hasina de démissionner et les généraux ont mis en place un nouveau gouvernement afin de garder le contrôle de la situation pour le compte de la classe capitaliste.

Le nouveau gouvernement

Le mouvement étudiant a donné lieu à des confrontations physiques avec la police ainsi qu’avec les fiers-à-bras de l’aile étudiante de la Ligue Awami de Hasina. Des manifestations de masse ont incendié des postes de police, protesté devant les domiciles des leaders de l’Awami, défié les couvre-feux et le verrouillage de l’Internet et des systèmes de transport. Ces luttes explosives et l’apparence de victoire, du moins avec la défaite de l’aile la plus ouvertement réactionnaire du système capitaliste, ont clairement inspiré les manifestations actuelles de travailleuses et de travailleurs.

Les manifestations de masse du mouvement étudiant ont également interrompu la production de l’industrie de l’habillement du pays. Elle représente 85% des exportations et se classe au deuxième rang des exportations mondiales de textile, derrière la Chine.

La tâche du nouveau gouvernement est donc de «rétablir le calme» (c’est-à-dire le contrôle), a conclu le International Crisis Group (CPI), un groupe de réflexion de l’establishment capitaliste mondial. «Le gouvernement intérimaire devra rapidement restaurer la confiance dans l’économie et, en particulier, remettre le secteur de l’habillement – qui représente 85% des recettes d’exportation du pays – sur les rails.»

Le conseil donné aux militaires, qui ont organisé le nouveau gouvernement en très peu de temps, est que «sans le soutien des étudiants, le gouvernement intérimaire n’aurait eu qu’une crédibilité limitée et aurait même pu être confronté à de nouvelles manifestations». Le CPI poursuit : «ils ont également besoin d’une certaine expérience, ils ont nommé le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, pionnier du microcrédit et figure chevronnée de la société civile, pour diriger le gouvernement intérimaire». La CPI a également préconisé l’abolition de la règle constitutionnelle prévoyant l’organisation de nouvelles élections dans un délai de 80 jours. En fait, deux semaines seulement après le début de son mandat, Yunus a déclaré qu’il ne serait lié à aucun calendrier électoral et a souligné qu’il devait d’abord mener à bien des «réformes vitales».

Les luttes qui ont mis fin au régime de Hasina ont sans aucun doute donné confiance aux travailleuses et travailleurs. Mais la contradiction fondamentale de la «Révolution de juillet» est qu’en dépit de nombreuses caractéristiques extrêmement progressistes et importantes en termes d’organisation et d’héroïsme, la lutte a abouti – du moins pour l’instant – à l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement souhaité par les capitalistes internationaux et nationaux. Il est là pour maintenir et restaurer l’ordre du système.

Tel qu’exigé par le mouvement, deux leaders étudiants ont rejoint le gouvernement. Ils l’ont fait en tant que ministres des postes, des télécommunications et de l’informatique ainsi que de la jeunesse et des sports. Cela a pour effet de donner au gouvernement une plus grande crédibilité auprès des masses. Parmi les autres ministres figurent un ancien général de brigade et un ancien gouverneur de la Banque du Bangladesh. Yunus dirige lui-même 27 ministères, dont ceux de la défense, de l’éducation, de l’alimentation, du textile et des femmes. Il ne s’agit pas d’un gouvernement de la Révolution de juillet, mais d’un gouvernement d’exploitation capitaliste continue. Le mouvement de masse ne doit pas se faire d’illusions. Elle doit lutter pour un gouvernement révolutionnaire basé sur la classe ouvrière et les masses pauvres.

La lutte de masse au Bangladesh a lancé un avertissement aux capitalistes et aux multinationales du monde entier. Elle est un signe des explosions sociales qui peuvent éclater dans toutes les parties du monde dans cette nouvelle ère de crise. Les racines de la révolte de masse sont communes à de nombreux autres pays:

  • forte inflation et hausse des prix,
  • emplois précaires,
  • longues heures de travail et chômage croissant,
  • gouvernement de plus en plus autoritaire.

L’impérialisme, par l’intermédiaire des multinationales, exploite depuis des décennies une classe ouvrière de plus en plus nombreuse au Bangladesh. Cependant, la forte croissance économique n’a en aucun cas profité aux travailleurs et aux travailleuses qui produisent les richesses. Le changement de gouvernement a donné un sentiment temporaire de liberté, mais n’a pas modifié les conditions fondamentales.

Une étape démocratique?

À l’instar de nombreux mouvements de protestation dans d’autres pays, une question apparemment restreinte – celle des quotas d’emploi – s’est rapidement transformée en un mouvement contre le gouvernement et les forces de l’État. Les revendications initiales contre les quotas ont été plus ou moins mises en œuvre lorsque le tribunal (c’est-à-dire le gouvernement) a reculé à la mi-juillet. Mais à ce moment-là, les revendications étaient dirigées contre la répression massive exercée par le gouvernement et les forces de l’État à l’encontre de manifestations initialement pacifiques. La principale revendication à partir de la fin du mois de juillet a été la démission du gouvernement, la libération des leaders étudiants arrêtés et l’arrestation des officiers de police responsables. Lorsque le gouvernement a proposé des pourparlers, la dynamique était telle que les leaders étudiants ont refusé d’y participer.

Le mouvement a également montré comment les revendications peuvent être mises en œuvre par la base, sans attendre le gouvernement ou les tribunaux. Le mouvement a exigé l’interdiction de la branche étudiante du parti au pouvoir, la Ligue Chhatra, mais il l’avait déjà chassé de nombreux campus, les déclarant Chhatra free. Le mouvement ne s’est pas limité aux universités et aux collèges, mais a également défilé dans les villes et bloqué les autoroutes et les voies ferrées.

Les manifestations du mois de juillet au Bangladesh ont présenté de nombreuses caractéristiques communes avec les révoltes d’autres pays. Elles ont été menées par des jeunes, des étudiants et des étudiantes, avec de nombreuses jeunes femmes en première ligne. Ils ont été rejoints, d’abord par le corps enseignant, puis par des avocats et des avocates ainsi que des couches plus larges de travailleuses et de travailleurs. La répression de l’État est rapidement devenue la question la plus importante, éclipsant les autres.

Ce mouvement a ébranlé la classe dirigeante. Les orientations suivantes ont été données par le mouvement étudiant du 3 août, un ultimatum pour la démission du gouvernement:

  • non-paiement des impôts et des factures de services publics
  • fermeture de toutes les institutions (tribunaux, bureaux)
  • appel à l’arrêt de tout travail dans les ports, les transports collectifs et les usines.

Il a même appelé à l’arrêt des transferts de fonds provenant de l’étranger, une source importante de revenus.

Après la victoire contre le gouvernement, même les forces de police tant détestées se sont mises en grève du 6 au 11 août dans le but d’éviter les représailles et de rejeter l’entière responsabilité de leurs actions sur le gouvernement.

Le mouvement au Bangladesh présente certaines des caractéristiques d’une révolution politique: un mouvement de masse qui chasse un gouvernement autoritaire. Toutefois, comme l’ont montré tant d’autres luttes historiques, il ne peut s’agir que du début d’un processus révolutionnaire.

Lorsque le président Hosni Moubarak a été renversé en Égypte en 2011, l’ISA a souligné la victoire et la force des masses. Mais elle a également mis en garde contre la contre-révolution dans le contexte de l’absence d’une alternative politique révolutionnaire. L’impérialisme et l’establishment militaire, qui constituent au Bangladesh une partie essentielle de la classe capitaliste, prépareront inévitablement une contre-révolution. La question de savoir si cela réussira dépend du degré d’organisation de la classe ouvrière en tant que force la plus révolutionnaire de la société. Cela dépend aussi du fait qu’elle soit armée d’une stratégie de combat et d’une direction socialiste consciente. Au Bangladesh aujourd’hui, cette tâche commence par la reconnaissance du fait que les travailleuses, les travailleurs, les étudiantes et les étudiants ne doivent pas soutenir le gouvernement intérimaire du dirigeant capitaliste Yunus, soutenu par les États-Unis, ni lui accorder leur confiance.

La leçon la plus importante pour les luttes révolutionnaires peut être tirée de la Révolution russe de 1917. La révolution de février a renversé le tsar détesté, créant un espoir massif de changement et de démocratie. Cet état d’esprit a même touché les leaders bolcheviks, dont Staline, qui a d’abord apporté un soutien «critique» au nouveau gouvernement provisoire. Aujourd’hui encore, les staliniens prônent une théorie étapiste, qui commencerait par une soi-disant «étape démocratique» préalable à une prétendue lutte pour le socialisme par la suite. Lénine, cependant, a souligné les limites de la révolution de février et la nécessité pour la classe ouvrière de construire son propre parti révolutionnaire et de prendre le pouvoir par l’intermédiaire de ses propres comités, les soviets, afin d’obtenir la paix, la terre et le pain. Le gouvernement provisoire, fondé sur le capitalisme et l’État tsariste, ne changerait pas fondamentalement la société et deviendrait plutôt, comme l’a prévenu Lénine, le «centre d’organisation» de la contre-révolution.

Aujourd’hui au Bangladesh, les travailleuses et les travailleurs devraient exiger la création d’une véritable assemblée constituante du peuple pour remplacer le Parlement national (la Chambre des nations), corrompue et dominée par l’élite. Une telle assemblée devrait avoir le pouvoir de prendre le contrôle des plus grandes entreprises dans le cadre d’une propriété publique démocratique ainsi que de mettre en œuvre des réformes sociales de grande envergure telles:

  • l’augmentation des salaires et des pensions,
  • la protection des emplois et des soins de santé.

Cela ne peut être gagné que si la classe ouvrière, soutenue par les étudiants, les étudiantes et les autres secteurs de la population, s’organise pour forcer la convocation d’un nouveau pouvoir de la base, à travers la création de comités d’usine de travailleurs et de travailleuses, de véritables syndicats de masse et d’un parti politique de la classe ouvrière.

Free Daniel Akande

Libérez Daniel Akande! Manifester n’est pas un crime!

Agissons pour exiger la libération de Daniel Akande et de toutes les personnes arrêtées dans le cadre de la campagne de répression de l’État nigérian.

Le dimanche 1er septembre, le camarade Daniel Akande, membre du Movement for a Socialist Alternative (DSM, la section de l’Internationale Socialist Alternative au Nigeria), a été arrêté par la police à Abuja, la capitale du Nigeria. Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une campagne de répression menée par le gouvernement et la police à la suite des dix jours de manifestations de masse au début du mois d’août.

La répression et les arrestations se concentrent sur la capitale, Abuja, ainsi que sur les États de Kaduna et de Kano. Des centaines de personnes ont été arrêtées depuis trois semaines, avec la fin de la manifestation #EndBadGovernancceProtest le 10 août. Parmi elles se trouvent des activistes et des socialistes.

Dix d’entre eux, dont Michael Tobiloba Adaramoye du DSM, ont été traduits en justice le 2 septembre. Les documents judiciaires (FHC/ABJ/CR/454/2024) indiquent que le régime du président Tinubu réclame la peine de mort pour chacun d’entre eux, car ils ont pris la tête des manifestations organisées par les travailleurs, les travailleuses et les jeunes pour exprimer leur opposition à la faim et à la pauvreté croissante. Ils sont accusés à tort de trahison et de complot visant à renverser le gouvernement.

Les rapports indiquent que les personnes arrêtées sont torturées pour qu’elles donnent les noms d’autres militants. Cela a conduit à l’arrestation de Daniel Akande. Nous savons que d’autres camarades figurent sur la liste des personnes a arrêter par la police. Elle tente désespérément d’attraper d’autres personnes organisatrices et participantes aux manifestations.

Les syndicats sous attaque

La principale fédération syndicale, le Nigeria Labor Congress (NLC), et son président, Joe Ajaero, ont également été attaqués. Le bureau central a été perquisitionné et vandalisé par la police. La semaine dernière, lorsque Joe Ajaero a été convoqué par la police, le syndicat a menacé d’organiser une grève nationale s’il était placé en détention. Nous devons appeler les syndicats à ne pas abandonner les jeunes de la classe ouvrière arrêtés par la police, à défendre le droit de manifester en tant que droit démocratique et à mobiliser le soutien et organiser les actions de solidarité nécessaires pour libérer toutes les personnes qui ont été arrêtées. Il faut même insister sur l’indemnisation des familles de toutes les personnes tuées par la police et les agents de sécurité au cours des manifestations.

Les accusations portées contre les personnes arrêtées sont totalement infondées. C’est la position adoptée par le NLC lorsqu’il a été accusé de «financement du terrorisme». Les militants et militantes arrêté⋅es sont également accusé⋅es d’avoir reçu de l’argent de sources suspectes provenant de l’étranger. Le gouvernement a également accusé un certain M. Povey, citoyen britannique, d’être impliqué dans une tentative de coup d’État et l’a déclaré «recherché».

Cette campagne menée par l’État nigérian est fondée à la fois sur la crainte gouvernementale des manifestations et sur une tentative de coup de force visant à susciter la peur et à paralyser le mouvement sur le terrain. On ne sait pas encore jusqu’où elle ira, avec les procès, les condamnations, etc.

Lorsque Bola Tinubu est devenu président du Nigeria en mai de l’année dernière, le prix d’un litre d’essence était de 167 Naira (0.13$ CAN). L’augmentation du prix de 300% décrété par l’État, le fixant à 670 Naira (0.55$ CAN), n’a rien fait pour mettre de l’essence dans les stations-service. La pénurie actuelle a fait monter le prix du litre entre 800 et 1 200 Naira (0.66 et 1$ CAN) sur le marché noir, où le carburant est plus facile à obtenir que dans les stations-service!

Les prix des denrées alimentaires augmentent de la même manière. Le Naira est la deuxième monnaie la moins performante au monde. Une série de grèves, dont beaucoup ont été reportées par les directions syndicales, a contraint le gouvernement à augmenter le salaire minimum mensuel de 30 000 à 70 000 Nairas (25$ et 58$/mois). Cette mesure n’a pas encore été mise en œuvre et la majorité des gouverneurs de l’État ont déclaré qu’ils n’étaient pas en mesure de payer.

Le Movement for a Socialist Alternative (MSA), l’ensemble du mouvement syndical et les organisations sympathisantes mènent une campagne pour que les charges soient abandonnées et que toutes les personnes militantes détenues soient libérées.

Agissez maintenant pour la solidarité ! Envoyez des lettres de protestation à la police et aux autorités!

 

Envoyez-les:

Au bureau du président Tinubu

info@osgf.gov.ng

 

À la police d’Abuja

pressforabuja@police.gov.ng

 

Exemple de lettre 

Free Daniel Akande and all arrested!

On Sunday, 1 September, Daniel Akande, member of MSA (ISA in Nigeria) was arrested by police in Abuja, the Nigerian capital. We demand his immediate release, with all charges dropped.

We demand the release of all protesters arrested and held in custody since the #EndBadGovernanceProtest ended on August 10. In total hundreds have been arrested.

We are closely following events in Nigeria, where the huge price increases on fuel, transport and food caused mass protests this year, latest and largest in early August. We have also noted the new minimum wage not being implemented.

The response of the regime under president Tinubu has been increased repression against activists and labor, with completely unfounded charges.

We urge labor, left wing and democratic grassroot organisations to engage and spread information and protests for the immediate release of all arrested.

City and date:

Names and organisation:

Des membres de Lutte socialiste durant les protestations du 2 et 3 septembre en Israël

L’outrage des otages tués entraîne une grève générale historique

Les protestations de ces derniers jours en Israël ont atteint des proportions historiques. Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche et une grève générale s’est déroulée ce lundi. Une décision de justice a mis fin prématurément à la grève. Le premier ministre Netanyahou s’est vivement opposé aux grévistes. Vous trouverez ci-dessous la traduction d’un tract de nos camarades de Lutte Socialiste, la section de l’ISA en Israël/Palestine.

Après une grève d’avertissement, créons une dynamique pour une grève de deux jours!

  • Stoppons la guerre maintenant!
  • Pour l’échange de tous les otages d’un côté contre tous les otages de l’autre!
  • Pour la reconstruction et le bien-être pour tout le monde!
  • Pour le renversement du gouvernement israélien sanguinaire!

L’assassinat des six personnes enlevées à la suite de la décision du «cabinet de la mort» israélien de perpétuer l’occupation du «corridor de Philadelphie» entre Gaza et l’Égypte a porté l’indignation générale de la société israélienne à son comble. Face à l’insistance du gouvernement minoritaire de Netanyahou et de l’extrême droite à torpiller un accord et à poursuivre la guerre – qui n’était pas destinée à défendre la sécurité de millions d’Israéliens et d’Israéliennes, mais bien les intérêts du régime d’occupation et la domination du capital, au prix de rivières de sang – l’indignation et la mobilisation de masse ont réussi à déclencher une grève générale sans précédent dans le contexte de guerre.

De la base de la classe travailleuse, à la fois juive et arabe, est né un mouvement de grève générale politique «non autorisé». L’élément déclencheur immédiat a été le torpillage illégitime des ministres du gouvernement sanguinaire d’un accord de cessez-le-feu, et donc d’un échange d’otages et de prisonniers. Les grévistes voulaient plutôt contraindre le gouvernement à signer un accord. Quelque 300 000 personnes ont afflué à Tel-Aviv, la plus grande manifestation depuis le 7 octobre 2023 et l’une des plus importantes jamais organisées dans la société israélienne.

Le président de la principale fédération syndicale israélienne Histadrut, Arnon Bar-David, a finalement succombé à la pression des masses. Il était jusqu’à très récemment totalement opposé à la mobilisation de la force organisée de la classe travailleuse en faveur d’un accord de cessez-le-feu. Cela s’est passé de la même manière que lors de la grève générale de mars 2023. Comme à l’époque, Bar-David n’a pas l’intention de mener une lutte sérieuse dans le but de renverser le gouvernement, mais plutôt de protester et de laisser la pression sortir, tout en se présentant comme le seul responsable de la prise de décision au nom de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs.

Certains capitalistes, profitant du fait que le ministre des finances Smotrich et le gouvernement sanguinaire sont occupés à répercuter les coûts économiques de la guerre sur les travailleurs et les travailleuses, ont exprimé leur soutien à la grève générale de protestation. Mais ils le font pour des raisons de «relations publiques» et parce qu’ils reconnaissaient que la grève était un moyen d’accroître la pression sur Netanyahou afin qu’il fasse preuve de souplesse sur la question d’un accord. Ultimement, ces capitalistes estiment nécessaire un cessez-le-feu dans l’intérêt de la stabilité. Ils étaient convaincus que la grève se limiterait à une opération de défoulement. Ils étaient donc prêts à y participer.

D’autres secteurs de la classe dirigeante israélienne craignent que la légitimation d’une grève générale politique contre le gouvernement, même dans le contexte de crise d’une guerre, se retourne contre eux dans le cadre de futures luttes sociales. Ainsi, le procureur général libéral Baharav-Miara, soi-disant champion de la «démocratie», s’est joint à Smotrich pour tenter de mettre fin à la grève en exigeant la délivrance d’une ordonnance anti-démocratique. Elle a effectivement été délivrée par le président du tribunal régional du travail de Tel-Aviv-Jaffa. Elle a ordonné la fin de la grève à 14h30, après 8 heures et demie de grève, dans une décision destinée à dissuader légalement toute future grève générale politique.

Le gouvernement ne bougera pas après une grève de protestation de quelques heures

Les travailleuses, les travailleurs et les jeunes se sont mis en grève et sont descendus en masse dans les rues pour changer une réalité horrible. Cet élan combatif pour un «accord dès maintenant» ne doit pas céder à un relâchement de la pression, à un retour à la routine et à l’idée que «rien ne peut être fait» face à la puissance de ce gouvernement sanguinaire.

Après cette importante grève d’avertissement, le gouvernement doit recevoir un ultimatum clair de deux jours de grève générale dans le cadre d’un plan d’escalade de la lutte. Entre-temps, les délégations et les syndicats devraient organiser les employé⋅es dans chaque milieu de travail pour renforcer les manifestations. Tous les syndicats doivent adopter un plan d’action clair et le soumettre aux personnes élues de la Histadrut pour discussions et adoption, ainsi aux organes similaires des autres syndicats et organisations.

Cette lutte appartient aux masses qui y participent. La mobilisation de masse nous a même permis d’aboutir à une grève générale. Aujourd’hui, les réunions (virtuelles ou en personne) dans les milieux de travail, dans les écoles et les campus, et parmi les groupes de protestation, peuvent contribuer à renforcer les discussions qui évaluent la situation afin de prendre des décisions démocratiques pour construire la lutte.

La lutte met également à l’ordre du jour la question de la fin de la guerre. Il est important de se méfier des voix de droite qui tentent de réduire l’horizon de la lutte à la question d’un accord qui n’a soi-disant rien à voir avec la poursuite de la guerre. Sans la fin de la guerre et le retrait des troupes de Gaza, la possibilité d’un accord est très faible. Et de toute façon, sans la fin de cette guerre de destruction, l’horrible spirale sanglante de ces derniers mois se poursuivra, à grands frais. Des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes, toute la bande de Gaza a été détruite et la quasi-totalité de la population a été déplacée sous des tentes. Des communautés en Israël et au Liban restent déplacées. Pendant ce temps, le gouvernement Netanyahu et l’extrême droite poussent vers une guerre régionale.

Par conséquent, cette lutte doit être dirigée sans équivoque contre la violence de la guerre – à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et dans toute la région – et contre le gouvernement capitaliste sanguinaire qui la dirige, et pour une alternative de changement socialiste face à l’occupation et à la domination sanglantes du capital.

Lutte socialiste demande :

  • Après cette grève d’avertissement, créons une dynamique pour une grève de deux jours comme étape d’un plan d’escalade de moyens de pression. Paralysons l’économie israélienne. Exigeons la fin de la guerre et le retour de tous les otages (All for All) dans le cadre d’une lutte générale contre le gouvernement capitaliste sanguinaire de Netanyahou et de l’extrême droite. Lutton contre leur agenda qui sert la domination du capital et du régime d’occupation. Pour le retrait complet de toutes les troupes de la bande de Gaza. Pour l’arrêt des attaques militaires et des colons en Cisjordanie. Pour l’arrêt de la politique d’assassinats et de bombardements. Refusons une guerre régionale sous les auspices des puissances impérialistes de l’Ouest et de l’Est.
  • Pour des manifestations et des grèves à travers toutes les communautés nationales, les campus et les milieux de travail. Luttons contre les tentatives de restriction du droit de grève. Oui aux actions de protestation et de grève de masse des deux côtés de la Ligne verte, dans toute la région et dans le monde entier pour mettre fin au massacre à Gaza. Pour des actions syndicales visant à arrêter l’armement d’Israël et des manifestations pour mettre fin au soutien politique, économique et militaire impérialiste des gouvernements et des entreprises du monde entier au massacre à Gaza. Oui au refus du service militaire au sein de la population israélienne pour protester contre la guerre. Oui à l’appel des syndicats palestiniens pour des actions de solidarité internationale et à des mesures organisationnelles pour aider à arrêter le carnage à Gaza. Oui aux manifestations et aux grèves de protestation palestiniennes, telles que la «grève de la dignité» de mai 2021, des deux côtés de la Ligne verte, dans le cadre d’une lutte de masse organisée démocratiquement par des comités d’action élus, y compris des aspects d’autodéfense organisée, pour la libération nationale et sociale.
  • Pour la fin de la persécution politique et de la violence policière de Ben-Gvir. Elle vise à protéger le gouvernement, à perpétuer l’oppression nationale et à «diviser pour mieux régner». Elle veut faire taire la lutte pour un «accord dès maintenant» et pour mettre fin à la crise de la guerre et aux massacres à Gaza. Non au retrait des libertés démocratiques et à la hausse de la persécution politique. Non à l’émission d’ordonnances d’urgence. Exigeons que des comités ouvriers et que toutes les organisations de travailleurs et de travailleuses protègent les personnes persécutées par la chasse aux sorcières nationaliste contre les opposants et opposantes à la guerre. Non à la campagne de persécution du syndicat national des étudiants et étudiantes: pour le blocage de la loi visant à faire taire les voix dans le monde universitaire.
  • Pour la fermeture du centre de détention et de torture au Yémen, le «Guantanamo israélien». Pour la fin de la détention massive de Palestiniens et Palestiniennes, y compris des enfants, avec ou sans procès militaires. Pour la fin des détentions administratives, de la torture et des mauvais traitements infligés aux prisonniers de Palestine. Pour la fin de la légitimation, par l’extrême droite, de la torture et du viol, dans le cadre d’un programme réactionnaire qui promeut l’oppression nationale extrême et le meurtre de Palestiniens et Palestiniennes. Pour la fin de l’oppression fondée sur le genre et le sexe, et contre l’imposition des inégalités et de la pauvreté.
  • Assurons plus de préparation aux mesures d’autodéfense lors des manifestations. Oui à la prise de mesures de sécurité indépendantes de la police, à l’organisation de l’autodéfense et au maintien de la paix entre les personnes manifestant contre le gouvernement capitaliste sanguinaire, la guerre et l’occupation. Oui aux comités de défense créés sur une base démocratique dans les communautés, et à la coopération intercommunautaire au niveau local et national. Oui au droit à l’autodéfense organisée des résidents et résidentes sous occupation militaire et en état de siège, y compris avec l’aide d’une sécurité armée, organisée démocratiquement par des comités de défense élus.
  • Pour la fin du carnage, pour la fin de la famine de masse et pour des investissements massifs dans la reconstruction de Gaza et de toutes les communautés aux frais des capitalistes. Pour le transfert massif de nourriture, d’eau potable, de produits de base et d’équipements médicaux sans frais pour les habitants et habitantes de Gaza dans le cadre d’investissements massifs dans la reconstruction sous le contrôle démocratique de ces derniers et dernières, aux dépens des capitalistes des pays qui ont financé la guerre. Pour l’expropriation des banques, des grandes chaînes et des infrastructures clés de l’économie israélienne et leur intégration dans le secteur public, sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs et travailleuses. Pour des investissements massifs dans l’indemnisation et la reconstruction des deux côtés de la barrière.
  • La paix passe par la lutte pour une transformation socialiste de la société. Pour la fin de cette guerre qui cherche à restructurer et à perpétuer la dictature du siège de Gaza, de l’occupation, des colonies, de la pauvreté et de l’oppression nationale extrême imposée à des millions de Palestiniens et Palestiniennes. Pour la fin de la domination du capital. Luttons pour une solution qui va à la racine, basée sur la fin de l’oppression nationale, l’égalité des droits à l’existence, à l’autodétermination et à une vie de dignité, de bien-être et de sécurité pour tout le monde. Oui à la lutte pour un État palestinien indépendant, démocratique, socialiste et doté de droits égaux. Oui à la lutte pour la démocratie et le changement socialiste en Israël et dans la région. Oui à deux capitales à Jérusalem. Pour la réalisation d’une solution juste à la question des personnes réfugiées par le biais d’un accord reconnaissant l’injustice historique et le droit au retour des personnes qui souhaitent revenir d’où elles ont été chassées, tout en garantissant une vie de prospérité et d’égalité à tout le monde.
  • Pour la solidarité internationale, dans les luttes des travailleurs, des travailleuses et des gens ordinaires à travers la région, dans le cadre d’une lutte pour le changement socialiste et la paix dans la région. Pour la création d’une confédération de pays socialistes de la région, qui promouvra la démocratie et la sécurité et utilisera les ressources clés, dans le cadre d’une propriété publique démocratique, pour le bien commun, tout en garantissant l’égalité des droits pour toutes les nations et toutes les minorités.
  • Pour la promotion de mesures visant à construire une alternative politique de classe, internationaliste et combative de gauche, sous la forme de partis de lutte larges des deux côtés de la Ligne verte. Pour une coopération des uns avec les autres dans la lutte contre la domination israélienne du capital et de l’occupation et pour un changement socialiste. Pour la coopération face aux politiques capitalistes nationalistes et à l’agression impérialiste qui défendent des régimes oppressifs et tout un système d’inégalité et de crises multiples, qui ont causé l’actuel bain de sang à Gaza.
Cheminots des Teamsters en grève

Solidarité avec les cheminots!

Le gouvernement canadien, avec l’appui du CCRI, a forcé les 9 300 cheminots, membres du syndicat des Teamsters, à reprendre le travail le 26 août. Cette mesure bafoue le droit démocratique des syndiqué⋅es à faire grève. Les travailleurs et travailleuses ont voté à 99% en faveur d’un mandat de grève en mai dernier. La Cour suprême du Canada a pourtant statué qu’ils et elles avaient le droit de faire la grève.

Le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a ordonné le 22 août que le conflit soit soumis à l’arbitrage. Le 24 août, le CCRI a ordonné la fin des grèves au Canadien National (CN) et au Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) d’ici le 26 août.

Il s’agit d’une attaque contre tous les travailleurs et travailleuses. Si les employeurs bloquent les négociations et demandent ensuite au gouvernement d’intervenir, le droit de grève n’a plus aucun sens.

Le syndicat des Teamsters s’est conformé à la décision du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), mais il fera appel de la décision devant les tribunaux. Il a déclaré à juste titre que la décision «crée un précédent dangereux» et que «les droits des travailleurs canadiens ont été considérablement réduits aujourd’hui».

Il est important de se rappeler que les préoccupations du syndicat portent essentiellement sur les projets des entreprises de modifier les horaires et les modalités de travail, ce qui rendra le transport ferroviaire encore plus dangereux. Les trains transportent déjà de nombreuses marchandises à haut risque et déraillent parfois. C’est une préoccupation pour tous les Canadiens et Canadiennes, car les trains de marchandises circulent dans presque toutes les villes et villages du pays.

Le réseau ferroviaire canadien a été paralysé. Les deux sociétés, le CN et le CPKC, qui contrôlent les chemins de fer du pays, ont mis en lock-out leurs 9 300 travailleurs et travailleuses peu après minuit le 22 août, au moment où la grève des Teamsters débutait. Cette décision fait suite à des mois d’impasse dans les négociations. Les travailleurs et travailleuses, membres de la Conférence ferroviaire Teamsters Canada, ont voté à 99% en faveur d’une grève. Ce mandat écrasant démontre leur détermination à obtenir un contrat solide et à résister aux grandes sociétés ferroviaires.

Le gouvernement intervient dans les négociations

Les grandes entreprises ont demandé au gouvernement fédéral de soumettre le conflit au Conseil canadien des relations industrielles pour un arbitrage exécutoire, ce qu’elles ont refusé de faire avant le lock-out. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a demandé avec insistance aux deux parties de «parvenir à une entente . Le gouvernement a souligné que les travailleurs et les travailleuses ont le droit de faire la grève en vertu de la loi canadienne et que la meilleure approche est de mener de véritables négociations. Après avoir rencontré Teamsters Canada, le CN et la CPKC, la ministre du Travail a qualifié les négociations «d’une lenteur inacceptable».

Pourtant, 17 heures seulement après le début de la paralysie, le gouvernement a ordonné que le conflit soit soumis à un arbitrage exécutoire. Le gouvernement a agi comme le voulaient les employeurs et les grandes entreprises. Le syndicat avait refusé l’arbitrage exécutoire, qui donnerait l’illusion d’un «accord équitable pour les deux parties», mais qui donnerait très probablement aux compagnies ferroviaires ce qu’elles veulent.

Le lock-out aurait menacé considérablement les profits des grandes entreprises, car il touche presque tous les grands secteurs d’activité. Comme on pouvait s’y attendre, les gouvernements provinciaux, les chambres de commerce et les associations d’entreprises ont supplié le gouvernement fédéral d’agir, que ce soit par une loi de retour au travail, en déclarant le transport ferroviaire comme service essentiel, ou en recourant à l’arbitrage exécutoire. Les patrons sont unanimes pour ne pas demander aux sociétés ferroviaires de présenter une offre constructive, car les entreprises et leurs politiciens et politiciennes agissent dans l’intérêt de leur classe.

Le gouvernement de la Saskatchewan a demandé au gouvernement fédéral d’adopter une loi de retour au travail. Plusieurs chambres de commerce ont demandé que les chemins de fer soient considérés comme un service essentiel. Cependant, les sociétés ferroviaires ne sont pas d’accord et le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a déclaré que le transport ferroviaire n’était pas un service essentiel.

Il semble que dès le départ, les compagnies ferroviaires espéraient que le gouvernement agirait en leur nom plutôt que de négocier sérieusement. Cette approche est similaire à celle des employeurs lors de la grève de l’an dernier dans les ports de la Colombie-Britannique. Toutefois, dans ce cas-là, les compagnies portuaires ont dû négocier une entente.

Les chemins de fer privilégient les profits à la sécurité

Le conflit de travail ne porte pas seulement sur les salaires, mais aussi sur des conditions de travail sécuritaires. Les compagnies ferroviaires ont fait passer la rentabilité avant la sécurité des employé⋅es et de tous ceux et celles qui vivent à proximité d’une voie ferrée. Cela comprend des changements dans le pointage de fin des heures de travail. Si les employé⋅es terminent leur travail plus tôt que prévu, ils et elles peuvent être réaffecté·es à de nouvelles tâches.

Les Teamsters ont souligné le danger que représentent des travailleurs et travailleuses fatigué·es. Dans le même temps, les entreprises veulent limiter les intervalles de 10 à 12 heures entre les quarts de travail. Les chemins de fer veulent s’assurer que les travailleurs et les travailleuses passent chaque instant de leur journée sur les voies, ce qui leur laisse à peine assez de temps pour dormir et se déplacer. De plus, il y peu de limites quant au moment où les employé⋅es peuvent être appelés pour une période de travail, ce qui accroît les risques de fatigue.

Les capitalistes se préparent à l’impact

On ne saurait trop insister sur le pouvoir dont disposent les travailleurs et les travailleuses du rail dans cette grève : des marchandises d’une valeur d’un milliard de dollars circulent chaque jour par train. Une grève ou un lock-out ferroviaire peut mettre un terme aux activités capitalistes habituelles, en raison de la nature de l’infrastructure de la chaîne d’approvisionnement canadienne. Et contrairement aux conflits ou aux grèves ferroviaires précédents, le CN et la CPKC ont tous deux mis en lock-out les travailleurs et les travailleuses en même temps.

Les deux entreprises ont commencé à réduire leurs approvisionnements en début de mois, en prévision d’un lock-out. Les messages creux des patrons du rail, qui accusent le syndicat d’être responsable de la fermeture, contredisent leurs propres actions. Les patrons se sont préparés à une confrontation.

De nombreuses industries ont tiré la sonnette d’alarme : les secteurs des engrais et de l’agriculture ont mis en garde contre les effets potentiels sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire. Le secteur de l’élevage a signalé les effets sur les viandes périssables. Les industries du chlore, utilisé pour traiter l’eau potable, allaient être touchées. Les industries non alimentaires, comme l’automobile, la médecine, les matières dangereuses et le fret allaient également être touchées.

Sur le plan international, les entreprises canadiennes craignent une détérioration des relations commerciales. Le président de l’Association canadienne de gestion du fret a déclaré que cette grève «est très néfaste pour notre réputation en tant que nation commerçante». De nombreuses entreprises ont des liens étroits avec les entreprises américaines et certaines craignent que des contrats soient supprimés en raison du lock-out. «D’un point de vue international, si vous perdez un contrat… qui sait s’il reviendra.»

Solidarité avec les cheminots

Les entreprises ont utilisé les effets d’une grève sur les travailleurs et travailleuses et les petites entreprises comme un argument dans l’espoir de mobiliser un soutien massif contre une grève. La réalité est tout autre.

Le président des Teamsters, Paul Boucher, a déclaré que les entreprises (le CN en particulier) «se soucient peu des agriculteurs, des chaînes d’approvisionnement ou des petites entreprises. Cette entreprise très rentable joue dur avec l’économie canadienne, faisant tout ce qu’elle peut pour remplir les poches de ses dirigeants et de ses actionnaires, peu importe les conséquences.»

Le CN et la CPKC privilégient les profits au détriment de la sécurité et des bonnes conditions de travail, préférant mettre les travailleurs et les travailleuses en lock-out et paralyser l’économie. Les travailleurs et travailleuses doivent être solidaires des cheminots et s’opposer à la cupidité des entreprises.

La décision du gouvernement libéral de soumettre le lock-out au CCRI pour arbitrage est un cadeau fait aux autres employeurs et une attaque contre les droits des travailleurs, des travailleuses et des syndicats. Chaque employeur sera tenté de mettre ses travailleurs et travailleuses en lock-out, en espérant que le gouvernement interviendra. C’est un problème qui concerne tous les syndicats.

L’issue de l’arbitrage pourrait constituer un défi pour les travailleurs et travailleuses si elle se prononce en faveur des patrons. Le syndicat a le pouvoir d’obtenir un bon contrat. Contrairement aux patrons, il est nécessaire à la gestion de la société. Pour gagner, il devra rester uni et fort.

Les cheminots ne doivent pas lutter seuls. La solidarité des autres travailleurs et travailleuses renforcerait leur pouvoir. Organisé·es et luttant ensemble, les travailleurs et les travailleuses ont le pouvoir de gagner. Solidarité avec les cheminots!

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