Sur les barricades de la Rue Soufflot, Paris, 25 juin 1848, par Horace Vernet

Le 18 Brumaire de Marx et la nouvelle ère de “l’homme fort”

L’approche de «l’homme fort» en politique se répand en cette période de nationalisme capitaliste et de militarisme. Orban en Hongrie, Yoon en Corée du Sud, Erdogan en Turquie et maintenant, bien sûr, Donald Trump aux États-Unis, exercent le pouvoir d’État dans leur propre intérêt, en sapant et en rejetant directement les normes «démocratiques», sans consultation des partis ou du parlement.

La France de 1848 à 1852 correspond à une période de révolution, de lutte des classes, de répression, de démocratie vacillante et de populisme qui s’est terminée par une dictature bonapartiste. Cette expérience est riche d’enseignements pour aujourd’hui.

Le livre de Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, offre une analyse incroyablement lucide de ces événements. Il explique la manière dont un «homme fort» médiocre est arrivé au pouvoir dans une société dans l’impasse.

Les révolutions sont invariablement suivies de contre-révolutions visant à restaurer l’ancien système ou du moins une partie de celui-ci. Cela est plus marqué que partout ailleurs dans l’histoire de la France, avec les suites de la grande révolution française, la révolution bourgeoise par excellence, qui a commencé en 1789.

Cette révolution, explique Marx, avait pour tâche de «briser tous les pouvoirs indépendants, locaux, territoriaux, municipaux et provinciaux, pour créer l’unité bourgeoise absolue : la centralisation, mais, en même temps aussi, l’étendue, les attributs et l’appareil du pouvoir gouvernemental». Cela était nécessaire pour ouvrir la voie au développement économique capitaliste. Cette révolution n’est possible que grâce à l’action de masse de la classe ouvrière naissante, les Sans-culottes, qui permet à la bourgeoisie (la classe capitaliste) de prendre le pouvoir et qui, à travers ses couches les plus déterminées, fait avancer la révolution.

En 1799, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir par un coup d’État, s’érige en empereur et mène une dictature brutale et personnelle. Même si plusieurs des mesures les plus radicales de la Révolution française sont annulées, les acquis économiques de la révolution bourgeoise restent en place, c’est-à-dire la fin du féodalisme et l’établissement du capitalisme en tant que système dominant. Grâce aux guerres qui ont éclaté sur une grande partie du continent européen, les acquis de la révolution se sont également étendus au-delà de la France.

Napoléon perd le pouvoir en 1815 et la monarchie conservatrice des Bourbons, fondée sur les propriétaires terriens, revient au pouvoir. Mais elle ne bouleverse pas les relations de propriété capitaliste. Lors de la révolution de 1830, une autre branche de la famille royale (les Orléans) monte sur le trône en s’appuyant sur la branche financière et industrielle de la bourgeoisie. Son règne instable ouvre la voie à la révolution de 1848.

Révolution de 1848

La principale force de la révolution de 1848 est la classe ouvrière en pleine expansion. Débutée en France, la révolution se répand en une série de révolutions dans toute l’Europe, ébranlant les classes dirigeantes. À Paris, un gouvernement bourgeois provisoire est formé, toujours sous la forte pression du prolétariat. Un chef républicain circonstanciel, François-Vincent Raspail, «Au nom du prolétariat parisien, il ordonna au Gouvernement provisoire de proclamer la République, déclarant que si cet ordre du peuple n’était pas exécuté dans les deux heures, il reviendrait à la tête de 200 000 hommes».

Une «république sociale» est donc constituée. Cependant, elle cherche immédiatement à désarmer et à écraser la classe ouvrière. Provoqués par la nouvelle Assemblée nationale, les ouvriers tentent de reprendre l’initiative, d’abord en mai en prenant d’assaut le Parlement, puis lors des «Journées de juin», avec «la formidable insurrection où fut livrée la première grande bataille entre les deux classes qui divisent la société moderne». Il faut cinq jours à l’armée et à la Garde nationale mobile pour vaincre les ouvriers, en massacrant 3 000 d’entre eux et en en déportant 15 000. Les dirigeants ouvriers sont emprisonnés, le plus connu d’entre eux, Louis Blanqui, est condamné à 10 ans de prison. Le mouvement de la classe ouvrière est repoussé pour plusieurs décennies.

Marx explique que ce contexte montre «comment la lutte des classes en France créa des circonstances et une situation telles qu’elle permit à un personnage médiocre et grotesque de faire figure de héros […] Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter: la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce».

«Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé».

En d’autres termes, l’évolution qui a conduit à la dictature de Bonaparte n’était ni inévitable, ni le résultat de l’action d’un individu particulièrement intelligent.

En désarmant la classe ouvrière, en s’appuyant sur la force de l’armée, en négligeant tout droit démocratique, la bourgeoisie démocratique s’est engagée sur la voie de la dictature.

Le renversement de la révolution

Toutes les forces réactionnaires et bourgeoises se dressent contre la classe ouvrière. Marx explique que «Pendant les Journées de juin, toutes les classes et tous les partis s’étaient unis dans le “parti de l’ordre” en face de la classe prolétarienne, du “parti de l’anarchie”, du socialisme, du communisme. Ils avaient “sauvé” la société des entreprises des “ennemis de la société”. Ils avaient repris et lancé parmi leurs troupes les vieux mots d’ordre de l’ancienne société: “propriété, famille, religion, ordre”, et crié à la croisade contre-révolutionnaire: “Sous ce signe, tu vaincras!”».

Au lieu de faire avancer la révolution, comme de 1789 à 1815, 1848 représente un renversement. «Lors des Journées de juin 1848, la bourgeoisie et la petite bourgeoisie, en tant que garde nationale, s’étaient unies avec l’armée contre le prolétariat. Le 13 juin 1849, la bourgeoisie fit disperser la garde nationale petite bourgeoise par l’armée. Le 2 décembre 1851, la garde nationale bourgeoise disparaissait d’elle-même, et Bonaparte ne fit que constater un fait accompli, lorsqu’il signa après coup son décret de dissolution». Le général Cavaignac, qui a dirigé le massacre de juin, s’impose comme dictateur.

La propagande réactionnaire contre le prolétariat commence à toucher les ailes démocratiques et libérales de la bourgeoisie. «Toute revendication de la plus simple réforme financière bourgeoise, du libéralisme le plus vulgaire, du républicanisme le plus formel, de la démocratie la plus plate, est à la fois punie comme “attentat contre la société” et flétrie comme “socialiste”». Marx conclut: «Mais ce que la bourgeoisie ne comprenait pas, c’était que son propre régime parlementaire, sa domination politique, en général, devaient fatalement à leur tour être condamnés comme socialistes».

La bourgeoisie est divisée entre deux ailes royalistes (qui soutiennent chacune un prétendant au trône) ainsi qu’en tendance républicaine ou démocrate. Ces derniers, «occupés à concevoir, discuter et voter» une nouvelle constitution, sont les premiers à perdre tout pouvoir. Tout en parlant de droits démocratiques, ils ne s’opposent pas au massacre de juin ni au fait que Paris soit sous régime militaire de juin à décembre 1848. Lorsque les monarchistes réunis dans le «Parti de l’Ordre» se retournent contre eux, ils ne ripostent pas.

Le président

Louis Bonaparte, neveu de Napoléon, remporte les élections présidentielles de décembre 1848. Il est le seul candidat connu et les différentes factions bourgeoises sont sûres de pouvoir le contrôler. Marx décrit sa victoire comme «une réaction de la campagne contre la ville», avec un large soutien dans l’armée et parmi les monarchistes. Même de nombreux ouvriers et petits bourgeois pensaient qu’il ferait contrepoids à Cavaignac.

En tant que président, il contrôle officiellement l’armée et nomme les ministres du gouvernement. Au départ, il n’intervient pas dans les débats de l’Assemblée nationale entre les différentes ailes de la bourgeoisie et ne voit pas d’inconvénient à ce qu’elles le critiquent verbalement, lui ou ses ministres. Bien entendu, il soutient toutes les mesures visant à supprimer l’opposition démocratique.

L’opposition au parlement est constituée par la Montagne, un parti social-démocrate dont la base se trouve parmi les travailleurs, y compris parmi quelques socialistes autoproclamés et dans la petite bourgeoisie. Lors des élections législatives du printemps 1849, il remporte tous les sièges de député à Paris. En juin, cependant, la Montagne est écrasée et ses dirigeants partent en exil.

Marx explique comment leur programme, qui recherchait l’harmonie, visait à affaiblir l’antagonisme entre les travailleurs et le capital. En juin, la Montagne est provoquée par Bonaparte qui rompt avec la constitution dans une aventure militaire contre Rome. La Montagne parle de lutte armée, mais mobilise pour une manifestation pacifique en faveur de la constitution, pensant qu’elle sera soutenue par la Garde nationale. Cependant, comme le commente Marx, «Si l’on se proposait sérieusement une démonstration pacifique, il était stupide de ne pas prévoir qu’elle serait accueillie belliqueusement».

Les monarchistes du Parti de l’Ordre acceptent la répression des parlementaires de Montagne. Il s’agit d’une victoire importante pour Bonaparte. Les gardes nationaux qui soutiennent Montagne sont exilés.

Populisme et pré-fascisme

Bonaparte encourage le mécontentement croissant à l’égard des partis politiques, de l’Assemblée nationale et de «Paris». Il exprime clairement «son opposition à l’égard de l’Assemblée nationale et de laisser entendre par une secrète arrière-pensée que, seules, les circonstances l’empêchaient momentanément d’ouvrir au peuple français ses trésors cachés». Dans la foulée, il propose de manière populiste une augmentation de la solde des officiers et la possibilité pour les ouvriers de contracter des emprunts.

Bonaparte parcourt également les campagnes avec sa campagne populiste: «Dans ses voyages, les sections de cette société, emballés dans les wagons de chemins de fer, avaient pour mission de lui improviser un public, de simuler l’enthousiasme populaire, de hurler “Vive l’empereur!”, d’insulter et de rosser les républicains, naturellement sous la protection de la police». Le populisme remplit un vide politique, quand il n’y a pas de mouvement ouvrier et de gauche de la base.

Bonaparte se prépare à un combat final, contrairement au parti de l’Ordre qui espère éviter une confrontation avec lui. «Bonaparte qui, précisément, en tant que “Bohémien”, que gueux princier, avait sur le bourgeois gredin l’avantage de pouvoir mener la lutte bassement». Marx explique comment Bonaparte a organisé la Société du 10 décembre, prototype d’une organisation fasciste basée sur le lumpenprolétariat parisien, des bourgeois ruinés, des criminels, etc. Elle était organisée secrètement et comptait dix mille membres. Cette armée privée est dissoute officiellement, mais pas dans la réalité.

Les manœuvres populistes de Bonaparte comprenaient également une «loterie des lingots d’or», une escroquerie qui lui rapporta des millions.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase

Sans même combattre, le parti de l’Ordre, cette coalition de monarchistes, est passée d’un contrôle apparemment total à celui d’une perte totale au profit de Bonaparte. Le parti a accepté les paroles de paix et de calme de Bonaparte et ignoré les avertissements de plus en plus nombreux concernant un coup d’État. Il a envoyé une délégation pour convaincre Bonaparte de ne pas renvoyer le général Changarnier, que le parti espérait être de son côté. Mais comme le disait Marx, «Quand on cherche à convaincre quelqu’un, c’est qu’on le reconnaît maître de la situation». Bonaparte renvoie donc Changarnier.

Avant cela, le parti de l’Ordre a refusé à plusieurs reprises de mobiliser les masses qui, lors de plusieurs élections, ont continué à voter pour les candidats les plus révolutionnaires. Bonaparte réagit en supprimant le droit de vote pour trois millions de personnes. La classe ouvrière, sans direction et encore sous le coup de la défaite de la révolution de 1848, suit généralement les démocrates et il n’y a pas de lutte.

En 1851, Bonaparte est aidé par une récession économique et une augmentation du chômage. Cette situation est imputée aux hommes politiques et la majeure partie de la bourgeoisie, dans la finance et l’industrie, devient partisane du bonapartisme. Il en va de même pour les représentants de la bourgeoisie dans les villes qu’il visite. Le parti de l’Ordre se contente de faire campagne pour ne pas réviser la constitution, selon laquelle Bonaparte ne peut être réélu, tandis que la grande bourgeoisie «se prononcèrent presque unanimement en faveur de la révision, par conséquent contre le Parlement et pour Bonaparte».

La bourgeoisie s’associe également à Bonaparte pour critiquer et attaquer vivement la presse, obligeant d’abord les journaux révolutionnaires à fermer leurs portes, puis sa propre presse bourgeoise.

Le bonapartisme

«La bourgeoisie avait tenu la France toute haletante dans la crainte des horreurs futures de l’anarchie rouge, et c’est Bonaparte qui lui escompta cet avenir en faisant, le 4 décembre, descendre de leurs fenêtres à coups de fusils, par les soldats de l’ordre saouls d’eau-de-vie, les bourgeois distingués du boulevard Montmartre et du boulevard des Italiens». Les troupes sont dans les rues et les principaux hommes politiques sont emprisonnés. Les dirigeants de la classe ouvrière sont déjà en prison, ce qui, avec la défaite de juin 1848, explique l’absence d’opposition de la part des masses.

L’impasse de la société est clairement exprimée lorsque «la bourgeoisie française s’écria au lendemain du coup d’État : Seul, le chef de la société du 10 Décembre peur encore sauver la société bourgeoise! Seul le vol peut encore sauver la société bourgeoise ! Seul le vol bâtardise la famille, le désordre, l’ordre!»

Louis Bonaparte devient Napoléon III, un «homme fort», la dictature d’un seul homme. Il est le représentant de la société bourgeoise capitaliste, mais plus encore des paysans conservateurs, une grande partie de la population française. Les paysans étaient écrasés par les propriétaires terriens capitalistes et les banques, mais ils gardaient l’espoir que Bonaparte les sauverait.

À la tête de l’immense appareil d’État, avec un demi-million d’hommes dans l’armée et un demi-million de fonctionnaires, Bonaparte se présente comme indépendant. «Bonaparte s’oppose à la bourgeoisie en tant que représentant des paysans et du peuple, en général, qui veut, dans les limites de la société bourgeoise, faire le bonheur des classes inférieures», espérant ainsi «apparaître comme le bienfaiteur patriarcal de toutes les classes de la société. Mais il ne peut rien donner à l’une qu’il ne prenne à l’autre».

En définitive, Bonaparte représente les capitalistes, y compris internationaux, ainsi illustrés par Marx: «Dans son numéro du 29 novembre 1851, l’Economist déclare en son propre nom: Dans toutes les Bourses d’Europe, le président est actuellement reconnu comme la sentinelle de l’ordre».

La trajectoire des bourgeois, démocrates et monarchistes, a ainsi été résumée par Marx:

«Elle avait supprimé la presse révolutionnaire, et c’est sa propre presse qui est supprimée. Elle avait placé les réunions populaires sous la surveillance de la police, et ce sont ses salons qui sont, à leur tour, placés sous la surveillance de la police. Elle avait dissous la garde nationale démocratique, et c’est sa propre garde nationale qui est dissoute. Elle avait proclamé l’état de siège, et c’est contre elle que l’état de siège est maintenant proclamé. Elle avait remplacé les jurys sont, à leur tour, remplacés par des commissions militaires».

Le retour de l’ancien monde

Napoléon III, aussi connu comme l’homme le plus stupide d’Europe, est arrivé au pouvoir comme le résultat des forces sociales, de la lutte des classes. Son nom même, Bonaparte, lui a donné un statut et une réputation de sauveur. Lorsque les dirigeants des principales classes sociales n’ont pas réussi à sortir de l’impasse sociale, la figure de l’homme fort-empereur est devenue une solution attrayante.

Pour la France, cela signifiait un retour à l’ancien monde. Pour Marx, «Tout un peuple qui croit s’être donné, au moyen d’une révolution, une force de mouvement accrue, se trouve brusquement transporté dans une époque abolie et pour qu’aucune illusion concernant cette rechute ne soit possible, réapparaissent les anciennes dates, l’ancien calendrier, les anciens noms, les anciens édits tombés depuis longtemps dans le domaine des érudits et des antiquaires, et tous les cieux sbires qui semblaient depuis longtemps tombés en décomposition».

Cependant, avec l’État au centre de son pouvoir, Napoléon III continue de prétendre représenter toutes les classes. Il combine quelques réformes limitées visant à contenir le risque de lutte des classes avec une politique coloniale agressive au profit du capitalisme et de l’impérialisme français.

Napoléon III finit par perdre la guerre contre la Prusse en 1870 et est contraint à l’exil. L’occupation prussienne entraîne à son tour le soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière à Paris. La Commune de Paris, où la classe ouvrière a pris le pouvoir pendant deux mois, est un exemple brillant qui a servi de leçon à Marx et aux bolcheviks.

Les événements de la révolution et de la contre-révolution en France il y a 175 ans sont riches d’enseignements pour aujourd’hui, même s’il est essentiel de comprendre les différences. La leçon la plus importante est le rôle joué par la classe ouvrière. Les différentes ailes de la bourgeoisie ne pouvaient parvenir à un changement que par l’action révolutionnaire des masses laborieuses. Craignant que la révolution n’aille plus loin, le désarmement politique et physique du prolétariat est devenu une priorité pour les démocrates libéraux, les républicains et les monarchistes. Mais sans les masses, ils ne pouvaient pas vaincre Bonaparte.

Louis Bonaparte (Napoléon III) n’a pu devenir empereur que sur la base de défaites majeures de la classe ouvrière. Aujourd’hui, aux États-Unis, en Hongrie et en Corée du Sud, la classe ouvrière n’a pas subi les mêmes défaites qu’en France en 1848. Les hommes forts n’ont pas le pouvoir de Napoléon III. Cependant, la menace de la répression et des attaques de l’État contre les droits démocratiques et les conditions de vie sont bien réelles. Les socialistes d’aujourd’hui doivent étudier l’histoire, en soulignant le rôle décisif de la classe ouvrière et de toutes les personnes opprimées contre les régimes autoritaires. Cette lutte doit être liée à celle pour le socialisme afin de remplacer le système capitaliste, impérialiste et militariste en crise.

Des manifestants posent avec le drapeau du Bangladesh sur un canapé pillé dans la résidence de la Première ministre. Photo: REUTERS

Vague de grèves au Bangladesh après la chute du gouvernement

Le gouvernement capitaliste «intérimaire» prépare la répression.

La lutte de masse au Bangladesh est à un point décisif. Un mois après que le mouvement de masse a contraint la première ministre Sheikh Hasina à démissionner et à s’exiler, une confrontation se dessine entre une vague croissante de grèves ouvrières et le nouveau gouvernement. Le gouvernement «intérimaire» qui représente les propriétaires capitalistes d’entreprises multinationales prépare la répression.

«Le gouvernement intérimaire a annoncé des mesures sévères contre l’anarchie, alors qu’environ 200 usines ont suspendu leur production hier sur fond d’agitation ouvrière à Gazipur, Savar et Ashulia», a rapporté le Daily Star, le dimanche 8 septembre. Une réunion d’urgence des ministres, des chefs de police et des officiers de renseignement s’est tenue le même jour. «Des mesures sévères doivent être prises à l’encontre de certaines personnes afin de sauver les usines, les travailleurs et l’économie. Nous en avons discuté», a déclaré un conseiller du gouvernement aux médias.

Les grèves s’étendent

La semaine dernière a été marquée par une forte recrudescence des manifestations de travailleurs et de travailleuses dans l’industrie dominante de l’habillement, où les femmes sont majoritaires, mais aussi dans les usines pharmaceutiques et les fabriques de chaussures. Les grèves se sont propagées d’une usine à l’autre par des marches, des blocages de routes et des manifestations de masse devant les bureaux des entreprises et des autorités. Le mouvement et les méthodes sont clairement inspirés par le mouvement aux caractéristiques révolutionnaires de cet été.

De nombreuses entreprises ont fermé leurs usines, sur les conseils de la police. Au cours de la fin de semaine, «la police, l’armée et les gardes-frontières ont été déployés» pour assurer la reprise de la production. La police tente également «d’identifier et d’arrêter les personnes à l’origine des troubles». Le gouvernement et les entreprises accusent des «étrangers» d’en être à l’origine. Mais le conseiller du gouvernement admet qu’«il était difficile de distinguer les travailleurs des étrangers».

Un autre site web, bdnews24.com, a titré Qu’est-ce qui motive la soudaine augmentation des protestations des travailleurs de l’industrie de l’habillement au Bangladesh?, commentant que «tout à coup, les travailleurs de l’habillement font des demandes que personne n’a jamais entendues auparavant».

«Le groupe Sharmin, l’une des plus grandes usines de confection d’Ashulia, emploie environ 20 000 travailleurs. Après deux jours consécutifs d’attaques contre les portes de l’usine, celle-ci a été déclarée fermée. Une liste de 20 revendications a été soumise aux autorités de l’usine, la plupart d’entre elles étant nouvelles pour l’industrie.»

Salaires, congé de maternité et nationalisation

Sur d’autres lieux de travail, des listes de 10 à 15 revendications ont été présentées. Ces listes comprennent:

  • des augmentations de salaire de 15 à 20%,
  • des augmentations de salaire pour les heures supplémentaires et les équipes de nuit,
  • des indemnités de déjeuner et de transport,
  • des traitements médicaux,
  • le transport si un travailleur ou une travailleuse est malade,
  • un congé et une rémunération de maternité,
  • un avancement de grade pour les employé⋅es permanents ou permanentes tous les deux ans,
  • des primes et des jours de congé pour l’Aïd el-Fitr
  • la fin du harcèlement et des punitions dans le milieu de travail (y compris le fait d’être inscrit ou inscrite sur une liste noire).

L’un des principaux problèmes à l’origine des grèves est le non-paiement des salaires dans de nombreuses usines. Ces conditions ne sont pas nouvelles. La surexploitation brutale des travailleuses et des travailleurs du Bangladesh existe depuis des années. Elle constitue en fait la base du «miracle économique» du capitalisme bangladais, ayant attiré les multinationales. C’est l’impact de la lutte de masse qui a enhardi les travailleuses, les travailleurs et les masses pauvres à refuser d’accepter ces injustices plus longtemps et à s’engager sur la voie de la lutte militante.

L’augmentation du coût de la vie est à l’origine d’une nouvelle revendication réclamant davantage de travailleurs masculins dans l’industrie de l’habillement. Dans de nombreuses familles, les travailleuses du textile sont les seules à disposer d’un revenu. Cette demande souligne la nécessité de disposer de deux revenus.

Pour protéger les emplois dans une période de fermetures d’usines et de réductions d’effectifs, la revendication de nationalisations a été soulevée. Il s’agit d’une revendication essentielle dans un pays qui compte autant d’entreprises multinationales et de sous-traitants. Elle devrait être liée à la création d’organisations de travailleuses et de travailleurs capables de jeter les bases d’un contrôle de l’industrie par ces derniers et dernières.

Dans certains cas, les entreprises ont fait des promesses qu’elles n’ont pas tenues lorsque le travail a repris. En général, les capitalistes attendent leur moment et menacent les protestataires. Comme le rapporte un média, «Mohammad Hatem, président de l’Association des fabricants et exportateurs de tricots du Bangladesh, a déclaré que certaines revendications étaient “illogiques” […] “S’ils viennent avec de simples revendications, nous pouvons en discuter à la table, mais ils descendent plutôt dans la rue”, a déclaré Hatem, blâmant les “groupes d’intérêt” qui veulent nuire à l’industrie, sans donner d’autres détails.»

L’escalade

Au cours de la semaine dernière, les grèves et les manifestations ont continué de s’intensifier. Les travailleuses et les travailleurs exigent des réponses immédiates à leurs revendications et refusent de reprendre le travail malgré les menaces et les fermetures d’usines. L’expérience d’autres luttes ouvrières et mouvements de masse montre que cela ne peut pas durer indéfiniment – de nouvelles étapes dans la lutte sont nécessaires.

Le mouvement de grève doit être organisé et coordonné démocratiquement. Il n’y a pas seulement un risque d’intervention de la police. Plus grave encore, il n’y a pas d’organisation et de direction adéquates pour la classe ouvrière. Les syndicats ne regroupent que 5% de la main-d’œuvre du pays et sont dans la plupart des cas contrôlés par les deux principaux partis politiques pro-capitalistes (la Ligue Awami de Hasina et le Parti nationaliste du Bangladesh). Ils disent ouvertement qu’ils «n’ont pas les ressources» pour organiser des réunions dans les usines et certains dirigeants syndicaux ont remis en question le mouvement actuel.

L’absence de leaders expérimenté⋅es ainsi que d’une véritable organisation crée un vide qui peut être comblé par d’autres forces et semer la confusion. Par exemple, des politiciens corrompus se battent pour conserver leur influence, notamment sur le marché lucratif du «jhoot», c’est-à-dire la vente de déchets de tissus de vêtements. Il existe également des organisations non gouvernementales (ONG), souvent financées par l’étranger, qui ont la fâcheuse habitude de s’opposer à la «politisation» et de faire dérailler les luttes vers le «compromis».

Le mouvement de masse initié par les manifestations étudiantes contre le système des quotas s’est transformé en peu de temps en une révolte contre le gouvernement autocratique et corrompu, culminant avec la participation de centaines de milliers de personnes à la «Longue Marche vers Dhaka» le 5 août. Face à l’échec de la répression – bien que des centaines de manifestants aient été tués, plus de 20 000 personnes blessés et 11 000 arrêtées – les militaires ont conseillé à Sheikh Hasina de démissionner et les généraux ont mis en place un nouveau gouvernement afin de garder le contrôle de la situation pour le compte de la classe capitaliste.

Le nouveau gouvernement

Le mouvement étudiant a donné lieu à des confrontations physiques avec la police ainsi qu’avec les fiers-à-bras de l’aile étudiante de la Ligue Awami de Hasina. Des manifestations de masse ont incendié des postes de police, protesté devant les domiciles des leaders de l’Awami, défié les couvre-feux et le verrouillage de l’Internet et des systèmes de transport. Ces luttes explosives et l’apparence de victoire, du moins avec la défaite de l’aile la plus ouvertement réactionnaire du système capitaliste, ont clairement inspiré les manifestations actuelles de travailleuses et de travailleurs.

Les manifestations de masse du mouvement étudiant ont également interrompu la production de l’industrie de l’habillement du pays. Elle représente 85% des exportations et se classe au deuxième rang des exportations mondiales de textile, derrière la Chine.

La tâche du nouveau gouvernement est donc de «rétablir le calme» (c’est-à-dire le contrôle), a conclu le International Crisis Group (CPI), un groupe de réflexion de l’establishment capitaliste mondial. «Le gouvernement intérimaire devra rapidement restaurer la confiance dans l’économie et, en particulier, remettre le secteur de l’habillement – qui représente 85% des recettes d’exportation du pays – sur les rails.»

Le conseil donné aux militaires, qui ont organisé le nouveau gouvernement en très peu de temps, est que «sans le soutien des étudiants, le gouvernement intérimaire n’aurait eu qu’une crédibilité limitée et aurait même pu être confronté à de nouvelles manifestations». Le CPI poursuit : «ils ont également besoin d’une certaine expérience, ils ont nommé le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, pionnier du microcrédit et figure chevronnée de la société civile, pour diriger le gouvernement intérimaire». La CPI a également préconisé l’abolition de la règle constitutionnelle prévoyant l’organisation de nouvelles élections dans un délai de 80 jours. En fait, deux semaines seulement après le début de son mandat, Yunus a déclaré qu’il ne serait lié à aucun calendrier électoral et a souligné qu’il devait d’abord mener à bien des «réformes vitales».

Les luttes qui ont mis fin au régime de Hasina ont sans aucun doute donné confiance aux travailleuses et travailleurs. Mais la contradiction fondamentale de la «Révolution de juillet» est qu’en dépit de nombreuses caractéristiques extrêmement progressistes et importantes en termes d’organisation et d’héroïsme, la lutte a abouti – du moins pour l’instant – à l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement souhaité par les capitalistes internationaux et nationaux. Il est là pour maintenir et restaurer l’ordre du système.

Tel qu’exigé par le mouvement, deux leaders étudiants ont rejoint le gouvernement. Ils l’ont fait en tant que ministres des postes, des télécommunications et de l’informatique ainsi que de la jeunesse et des sports. Cela a pour effet de donner au gouvernement une plus grande crédibilité auprès des masses. Parmi les autres ministres figurent un ancien général de brigade et un ancien gouverneur de la Banque du Bangladesh. Yunus dirige lui-même 27 ministères, dont ceux de la défense, de l’éducation, de l’alimentation, du textile et des femmes. Il ne s’agit pas d’un gouvernement de la Révolution de juillet, mais d’un gouvernement d’exploitation capitaliste continue. Le mouvement de masse ne doit pas se faire d’illusions. Elle doit lutter pour un gouvernement révolutionnaire basé sur la classe ouvrière et les masses pauvres.

La lutte de masse au Bangladesh a lancé un avertissement aux capitalistes et aux multinationales du monde entier. Elle est un signe des explosions sociales qui peuvent éclater dans toutes les parties du monde dans cette nouvelle ère de crise. Les racines de la révolte de masse sont communes à de nombreux autres pays:

  • forte inflation et hausse des prix,
  • emplois précaires,
  • longues heures de travail et chômage croissant,
  • gouvernement de plus en plus autoritaire.

L’impérialisme, par l’intermédiaire des multinationales, exploite depuis des décennies une classe ouvrière de plus en plus nombreuse au Bangladesh. Cependant, la forte croissance économique n’a en aucun cas profité aux travailleurs et aux travailleuses qui produisent les richesses. Le changement de gouvernement a donné un sentiment temporaire de liberté, mais n’a pas modifié les conditions fondamentales.

Une étape démocratique?

À l’instar de nombreux mouvements de protestation dans d’autres pays, une question apparemment restreinte – celle des quotas d’emploi – s’est rapidement transformée en un mouvement contre le gouvernement et les forces de l’État. Les revendications initiales contre les quotas ont été plus ou moins mises en œuvre lorsque le tribunal (c’est-à-dire le gouvernement) a reculé à la mi-juillet. Mais à ce moment-là, les revendications étaient dirigées contre la répression massive exercée par le gouvernement et les forces de l’État à l’encontre de manifestations initialement pacifiques. La principale revendication à partir de la fin du mois de juillet a été la démission du gouvernement, la libération des leaders étudiants arrêtés et l’arrestation des officiers de police responsables. Lorsque le gouvernement a proposé des pourparlers, la dynamique était telle que les leaders étudiants ont refusé d’y participer.

Le mouvement a également montré comment les revendications peuvent être mises en œuvre par la base, sans attendre le gouvernement ou les tribunaux. Le mouvement a exigé l’interdiction de la branche étudiante du parti au pouvoir, la Ligue Chhatra, mais il l’avait déjà chassé de nombreux campus, les déclarant Chhatra free. Le mouvement ne s’est pas limité aux universités et aux collèges, mais a également défilé dans les villes et bloqué les autoroutes et les voies ferrées.

Les manifestations du mois de juillet au Bangladesh ont présenté de nombreuses caractéristiques communes avec les révoltes d’autres pays. Elles ont été menées par des jeunes, des étudiants et des étudiantes, avec de nombreuses jeunes femmes en première ligne. Ils ont été rejoints, d’abord par le corps enseignant, puis par des avocats et des avocates ainsi que des couches plus larges de travailleuses et de travailleurs. La répression de l’État est rapidement devenue la question la plus importante, éclipsant les autres.

Ce mouvement a ébranlé la classe dirigeante. Les orientations suivantes ont été données par le mouvement étudiant du 3 août, un ultimatum pour la démission du gouvernement:

  • non-paiement des impôts et des factures de services publics
  • fermeture de toutes les institutions (tribunaux, bureaux)
  • appel à l’arrêt de tout travail dans les ports, les transports collectifs et les usines.

Il a même appelé à l’arrêt des transferts de fonds provenant de l’étranger, une source importante de revenus.

Après la victoire contre le gouvernement, même les forces de police tant détestées se sont mises en grève du 6 au 11 août dans le but d’éviter les représailles et de rejeter l’entière responsabilité de leurs actions sur le gouvernement.

Le mouvement au Bangladesh présente certaines des caractéristiques d’une révolution politique: un mouvement de masse qui chasse un gouvernement autoritaire. Toutefois, comme l’ont montré tant d’autres luttes historiques, il ne peut s’agir que du début d’un processus révolutionnaire.

Lorsque le président Hosni Moubarak a été renversé en Égypte en 2011, l’ISA a souligné la victoire et la force des masses. Mais elle a également mis en garde contre la contre-révolution dans le contexte de l’absence d’une alternative politique révolutionnaire. L’impérialisme et l’establishment militaire, qui constituent au Bangladesh une partie essentielle de la classe capitaliste, prépareront inévitablement une contre-révolution. La question de savoir si cela réussira dépend du degré d’organisation de la classe ouvrière en tant que force la plus révolutionnaire de la société. Cela dépend aussi du fait qu’elle soit armée d’une stratégie de combat et d’une direction socialiste consciente. Au Bangladesh aujourd’hui, cette tâche commence par la reconnaissance du fait que les travailleuses, les travailleurs, les étudiantes et les étudiants ne doivent pas soutenir le gouvernement intérimaire du dirigeant capitaliste Yunus, soutenu par les États-Unis, ni lui accorder leur confiance.

La leçon la plus importante pour les luttes révolutionnaires peut être tirée de la Révolution russe de 1917. La révolution de février a renversé le tsar détesté, créant un espoir massif de changement et de démocratie. Cet état d’esprit a même touché les leaders bolcheviks, dont Staline, qui a d’abord apporté un soutien «critique» au nouveau gouvernement provisoire. Aujourd’hui encore, les staliniens prônent une théorie étapiste, qui commencerait par une soi-disant «étape démocratique» préalable à une prétendue lutte pour le socialisme par la suite. Lénine, cependant, a souligné les limites de la révolution de février et la nécessité pour la classe ouvrière de construire son propre parti révolutionnaire et de prendre le pouvoir par l’intermédiaire de ses propres comités, les soviets, afin d’obtenir la paix, la terre et le pain. Le gouvernement provisoire, fondé sur le capitalisme et l’État tsariste, ne changerait pas fondamentalement la société et deviendrait plutôt, comme l’a prévenu Lénine, le «centre d’organisation» de la contre-révolution.

Aujourd’hui au Bangladesh, les travailleuses et les travailleurs devraient exiger la création d’une véritable assemblée constituante du peuple pour remplacer le Parlement national (la Chambre des nations), corrompue et dominée par l’élite. Une telle assemblée devrait avoir le pouvoir de prendre le contrôle des plus grandes entreprises dans le cadre d’une propriété publique démocratique ainsi que de mettre en œuvre des réformes sociales de grande envergure telles:

  • l’augmentation des salaires et des pensions,
  • la protection des emplois et des soins de santé.

Cela ne peut être gagné que si la classe ouvrière, soutenue par les étudiants, les étudiantes et les autres secteurs de la population, s’organise pour forcer la convocation d’un nouveau pouvoir de la base, à travers la création de comités d’usine de travailleurs et de travailleuses, de véritables syndicats de masse et d’un parti politique de la classe ouvrière.

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