Illustration inflation

Récession, chaos et résistance pour 2024!

L’année 2023 a été marquée par une forte instabilité économique et politique. Comme le souligne le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, «le monde entre dans une ère de chaos» pour 2024. Plus que jamais, il est nécessaire d’organiser l’ensemble des classes ouvrières et populaires autour d’un projet socialiste pour sortir l’humanité de la barbarie capitaliste.

Les catastrophes climatiques et les conflits armés (en particulier en Ukraine et au Moyen-Orient) ont tué et déplacé des dizaines de milliers de personnes à travers le monde, en plus d’engendrer des bris sans précédent dans les chaînes d’approvisionnement. Les gouvernements haussent leurs dépenses en armement. Les manœuvres commerciales qui haussent les prix s’accentuent. Nous assistons à la plus forte inflation depuis les années 1970.

D’une part, les politiques monétaires mises de l’avant pendant la pandémie ont consisté à imprimer de l’argent supplémentaire pour maintenir artificiellement un certain niveau d’activité économique. En conséquence, les différentes monnaies ont été dévaluées. Ces politiques – qui ont bien plus aidé les grandes compagnies que les gens ordinaires – ont été un facteur d’inflation.

Désormais, les banques centrales du monde entier doivent hausser leurs taux d’intérêt à des niveaux records pour endiguer cette inflation. Qui paie la note? Tous ceux et celles qui ont des dettes – soit la majorité de la population – après avoir déjà vu le coût de la vie exploser au cours des dernières années. Ces hausses des taux directeur sont en fait un transfert de valeur forcé de la classe ouvrière vers le capital financier.

D’autre part, les grandes entreprises n’ont pas perdu de temps pour trouver de nouvelles manières de maintenir la croissance de leurs profits. Avec la complicité ou l’indifférence des différents gouvernements, les compagnies d’énergie, de nourriture et de développement immobilier profitent de la situation pour hausser leurs prix bien au-delà des nécessités de la nouvelle situation. Ces hausses records alimentent à leur tour l’inflation.

C’est le monde ordinaire et les petites entreprises qui sacrifient ainsi leur richesse pour maintenir la croissance des profits des banques et des plus grandes compagnies.

L’an dernier, les économistes capitalistes prévoyaient une récession imminente. Aux États-Unis, l’écroulement de plusieurs banques majeures – comme la SVB – et la baisse de l’activité manufacturière laissaient craindre le pire.

L’économie de la zone euro est probablement entrée en récession l’année dernière. Mais, plusieurs facteurs internationaux et locaux ont empêché l’économie mondiale de connaître un ralentissement aussi marqué que prévu. L’hiver plus doux en Europe a diminué la demande en énergie qui se serait vendu à gros prix. Aux États-Unis, les licenciements ont été moins importants que prévus, sauf dans le secteur des technologies. Les aides financières de l’ère pandémique ont stimulé la demande, tout comme l’épargne d’une partie de la population travaillant à domicile.

En conséquence, le Fonds monétaire international (FMI) a revu ses prévisions de croissance mondiale pour 2024 de 2,9% à 3,1%, notamment en raison des «bonnes performances» de l’économie américaine et de certains pays émergents comme la Chine.

La menace de récession mondiale plane toujours

Or, le spectre d’une récession planétaire est toujours présent. L’économie mondiale a connu son plus faible taux de croissance depuis les années 1990. La prévision de 2024 est inférieure à celle observée entre 2000 et 2019, qui était de 3,8 % en moyenne.

Le remboursement des dettes publiques nationales, en particulier dans les pays néocoloniaux, atteint des records. Ces remboursements aux institutions bancaires internationales détournent le peu de ressources disponibles au détriment des secteurs critiques tels la santé, l’éducation et l’environnement. La situation n’a pas engendré d’effet domino en 2023. Mais son aggravation actuelle – dont l’exemple le plus extrême est l’Argentine – laisse supposer l’imminence de crises en chaîne.

La consommation continue de ralentir au fur et à mesure que les effets des hausses de taux d’intérêt se font sentir. L’endettement personnel atteint des niveaux record dans de nombreux pays, tout comme le nombre de faillites d’entreprises.

La crise de l’économie chinoise l’empêche désormais de jouer le rôle qu’elle a tenu lors de la crise de 2008, soit celui du moteur économique mondial. La Chine fait face à un ralentissement économique d’envergure combiné à une spirale déflationniste. Le secteur immobilier chinois est en chute libre. Le secteur manufacturier ralentit et le chômage chez les jeunes est de 21%.

Il est très difficile de prédire le moment exact de la prochaine récession en raison de l’éventail des variables en jeu. Les économistes capitalistes ont tout intérêt à minimiser les dangers qui menacent leur système. Une récession, en particulier une grave récession, sera un désastre pour les travailleurs et les travailleuses. Elle signifiera le retour du chômage de masse, la perte de logements et l’augmentation de la pauvreté. Dans tous les cas, un ralentissement économique mondial est en cours.

«Nouvelle Guerre froide» et démondialisation

La capacité des capitalistes à résoudre cette crise économique à travers l’endettement est fortement réduite. Les coupures et l’austérité vont continuer. Un tournant vers les politiques protectionnistes s’opère pour que chaque grand capitaliste protège «son» économie nationale. Une relative «démondialisation» s’opère avec la restructuration des chaînes d’approvisionnement stratégique, notamment avec le développement de la filière des supraconducteurs, de puces électroniques et de minerais stratégiques.

Les grandes puissances utilisent leur influence géopolitique, et s’affrontent pour éviter le ralentissement économique chez elles. Les politiques impérialistes ont pour objectif l’accaparement de nouveaux marchés. Durant la période néolibérale, cela était possible le plus souvent sans affrontement militaire, c’est-à-dire uniquement en utilisant la guerre économique des traités de libre-échange. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

Le réalignement économique actuel favorise la cristallisation des économies capitalistes avancées autour de deux blocs impérialistes. L’un est centré autour des États-Unis et l’autre autour de la Chine. Ces blocs se solidifient, même s’ils sont traversés par des contradictions internes.

Cette «Nouvelle Guerre froide» n’est pas tellement froide ni nouvelle. Il s’agit d’un nouvel épisode dans la bataille inter impérialiste pour acquérir le contrôle de la plus grande proportion des marchés mondiaux possible.

Selon Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, la période qui vient en est une d’instabilité durable qui va entraîner de faibles taux de croissance, des coûts plus élevés et des partenariats économiques incertains. S’ajoute à cela l’instabilité qui sera causée par les luttes de résistance des classes ouvrières et populaires ainsi que par les conflits militaires visant des objectifs économiques et politiques.

Par exemple, le massacre qu’Israël effectue à Gaza a brisé l’équilibre fragile entre les forces impérialistes de la région. Les escarmouches en Iran, au Liban et au Pakistan pourraient déboucher sur un conflit régional ouvert. Le prix du pétrole et du transport international est affecté, notamment par les blocus Houthis dans le golfe du Yémen.

Bien qu’une régionalisation de la guerre soit latente, les contradictions sociales s’aggravent aussi dans un certain nombre de pays de la région. L’inaction des régimes arabes bourgeois face au carnage continu des Palestiniens crée une colère dans les populations. L’éruption de vastes mobilisations internationales en solidarité avec la population Gazaouie, un mouvement anti-guerre d’une ampleur sans précédent depuis plus de 20 ans, ébranle la conscience de nouvelles générations quant aux horreurs déchaînées par le capitalisme en crise.

Davantage de tensions militaires

Ce n’est pas un hasard si la Russie est le pays dont les prévisions de croissance se sont le plus améliorées pour 2023 et 2024. Son invasion de l’Ukraine, soutenue par un fort volume de dépenses publiques et militaires, permet à son économie de mieux performer. Pris dans un contexte de fort ralentissement économique, les capitalistes russes et leur gouvernement ont saisi l’occasion de l’invasion de l’Ukraine pour  rétablir leurs profits.

Par ailleurs, les sanctions occidentales sur l’énergie russe, dont le but était d’affamer la machine de guerre de Poutine, n’ont pas eu les effets escomptés. Selon certaines sources, les revenus mensuels russes provenant des exportations de pétrole seraient désormais même plus élevés qu’avant l’invasion de l’Ukraine. Pour contourner l’effet des sanctions occidentales, Moscou a réacheminé ses exportations de pétrole en particulier vers la Chine et l’Inde, cette dernière ayant augmenté ses achats de brut russe de plus de 13 fois par rapport aux quantités d’avant-guerre, selon l’analyse du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA).

Les dépenses militaires mondiales ont atteint un record en 2022. L’invasion de l’Ukraine et les tensions en Asie de l’Est représente une nouvelle phase des politiques d’expansions impérialistes mondiales. Une fois la guerre déclenchée, l’alignement des gouvernements devient inévitable. Les alliés les plus fidèles envoient des armes et déploient des ressources gigantesques. En Europe centrale et occidentale, le niveau de dépenses est revenu à celui de la guerre froide. Les États-Unis sont en tête de file, suivis par la Chine, la Russie, l’Inde, le Royaume-Uni et l’Arabie Saoudite. D’autres pays connaissent aussi un tournant militariste marqué, comme la Suède ou le Japon.

Les économies occidentales, dont les États-Unis et le Canada, ont un avantage économique à voir perdurer le conflit en Ukraine. Elles peuvent ainsi écouler leur matériel militaire et continuer la privatisation du territoire et des infrastructures de l’Ukraine. Le Canada tente aussi de miser sur l’insécurité énergétique européenne pour augmenter sa production de pétrole issu des sables bitumineux.

D’autres conflits armés sanglants sont aussi influencés par les nouvelles dynamiques de guerre froide inter impérialistes. La région de l’Afrique de l’Ouest a connu plusieurs coups d’État depuis 2021 (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger, Gabon). Ces coups ne sont pas l’œuvre des classes populaires. Ils sont la résultante d’un vide politique ayant laissé orphelines les aspirations des masses à en finir avec des régimes corrompus et de mèche avec l‘impérialisme occidental (français en particulier). Les pouvoirs impérialistes chinois et russes y ont à leur tour saisi une opportunité pour asseoir leur influence et étendre leur soutien aux nouvelles juntes militaires. Même s’ils instrumentalisent les sentiments anti-impérialistes français, ces militaires troquent un impérialisme pour un autre en s’alliant avec d’autres capitalistes pour leur offrir les lucratifs contrats d’exploitation.

Certains régimes autoritaires profitent du fait que les grandes puissances sont «occupées ailleurs» pour agir. Ils en profitent pour faire du nettoyage ethnique et des déplacements de population, comme à Gaza, au Pakistan, en Inde et dans le Haut-Karabagh.

La polarisation politique s’accentue

Les promesses faites par les partis traditionnels aux classes ouvrières et populaires se sont bel et bien brisées. Depuis la crise de 2007, de nouvelles forces politiques ont émergé et parfois pris le pouvoir. En s’amplifiant, les différentes crises découlant du capitalisme (économique, climatique, guerres, etc.) entraînent une instabilité politique grandissante.

L’effet politique de la crise multidimensionnelle du système capitaliste s’exprime à travers une polarisation politique, à droite comme à gauche. Il en découle une accélération de la lutte des classes. Les événements importants se succèdent à un rythme plus élevé.

Toutefois, un fossé énorme sépare l’ampleur de la crise actuelle et l’organisation et la conscience politiques de la classe ouvrière nécessaire pour renverser le capitalisme. Une lutte efficace contre la détérioration de nos conditions de vie et pour combler nos besoins est désespérément nécessaire. Mais elle tarde à se mettre sur pied.

Par exemple, les phénomènes d’immigration massive engendrés par les conflits et les catastrophes climatiques sont utilisés par les groupes d’extrême droite pour diviser la classe ouvrière. Le mouvement ouvrier et la gauche sont incapables d’élaborer une réponse solidaire à la hauteur de la situation. Dans le pire des cas, la «gauche» saute elle-même dans le bateau du racisme et du militarisme ouvert, comme en Allemagne ou en Suède. Partout dans le monde, l’extrême droite grandit et occupe l’espace politique que lui laisse prendre la gauche et le mouvement ouvrier.

Libertariens en Argentine
L’exemple le plus frappant est celui de l’élection du libertarien Javier Milei en Argentine. Le pays a connu une inflation record en 2023 (211%) en plus d’avoir contracté l’une des pires dettes au FMI. Dans ce contexte capitaliste insoluble, le candidat réactionnaire anti-establishment a écrasé son adversaire péroniste au 2e tour avec la promesse de s’attaquer aux élites pourries, de supprimer plusieurs ministères (Éducation, Santé, Travaux publics et Développement social, Femmes), de libéraliser le port d’armes ou encore d’autoriser le commerce d’organes.

La coalition parlementaire de groupes révolutionnaires, principalement regroupés au sein du Frente de Izquierda y de Trabajadores-Unidad (FIT-U), n’a pas réussi à rassembler le vote anti-système, notamment en raison de ses conflits internes.

Quelques mois après l’élection de Milei, le mouvement syndical a tenu une grève générale le 24 janvier contre son projet de loi Omnibus réactionnaire. La loi a été défaite au niveau législatif, mais la direction syndicale nationale n’a pas l’intention de faire tomber Milei. Elle est entre les mains des péronistes qui préfèrent que Milei gère la crise qu’ils ont eux-mêmes alimentée pendant des décennies. Arrêter la crise nécessiterait de recourir à un réel programme socialiste.

Plan de «remigration» en Allemagne

Depuis quelques semaines, les plus grandes mobilisations de l’histoire de la République fédérale allemande secouent le pays. Plus de 1,5 million de personnes ont pris la rue à la fin janvier pour dénoncer les politiques et la montée du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Cela suffit à disqualifier les prétention de l’extrême droite à représenter la majorité silencieuse!

La participation d’une dirigeante de l’AfD à une réunion avec de riches donateurs néonazi a mis le feu aux poudres. Durant cette réunion, ces gens ont discuté d’un plan de «remigration» visant à déporter des millions de personnes issues de l’immigration vers un pays africain. Cela fait écho aux discussions similaires tenues par les conservateurs britanniques et les ultranationalistes flamands.

Les partis capitalistes, leurs ministres et leurs maires ont invoqué une nécessaire «unité des démocrates» contre l’AfD. Mais c’est précisément leurs politiques d’austérité et de xénophobie qui ont permis à l’AfD de devenir le 2e parti dans les sondages nationaux, avec 23%, et le premier parti dans l’Est.

La baisse des salaires réels, la hausse des loyers et les coupes dans les programmes sociaux ont engendré frustration et colère, en particulier dans l’Est. L’AfD s’est positionnée comme la seule force anti-establishment dans ce contexte d’insécurité croissante.

Le parti de gauche Die Linke s’est déchiré en tendances concurrentes durant 2023. Son ancienne porte-parole parlementaire a créé son propre parti (l’Alliance Sahra Wagenknecht – Pour la raison et la justice), un parti anti-immigration pro russe. Plutôt que de confronter le programme de l’extrême droite, elle préfère l’adopter!

Macron au service du racisme

En France, Macron et son gouvernement sont sortis victorieux de l’affrontement sur la réforme des retraites, mais profondément affaiblis. Le mouvement syndical s’en sort vivifié par une nouvelle couche de membres qui veulent se battre.

Pour reprendre le contrôle de la situation, Macron a tenté d’amadouer l’extrême droite avec une série de déclarations et de politiques racistes, en particulier l’adoption de la loi sur l’immigration. Durant le conflit sur les retraites, les directions syndicales ont été incapables d’élargir la lutte vers le mouvement de révolte contre les violences policières.

Cette division s’est en partie reflétée à l’Assemblée Nationale au sein de la NUPES, l’alliance de partis dont la France Insoumise (FI) est partie prenante. Contrairement aux autres partis de gauche européens, FI ne connaît pas de crise majeure. Cela est en partie dû à la stratégie de mobilisation active de sa base militante. Cependant, le manque de démocratie interne ainsi que le programme essentiellement réformiste de FI ont aussi limité sa capacité à dépasser un certain seuil de soutien. FI n’est pas à l’abri de sérieuses difficultés comme l’a montré, par exemple, la gestion désastreuse du «cas Quatennens».

Vague «rose» en Amérique latine

Durant les dernières années, une vague de partis de centre gauche a remporté les élections en Amérique latine (Brésil, Chili, Colombie, Mexique, Pérou, Guatemala, etc.) Contrairement à la vague «rose» du début des années 2000, cette fois les réformistes ont moins de marge de manœuvre qu’avant. Comme le réformisme sans réforme ne fait que des mécontents, leur appui vacille.

Les coups d’État récents contre les gouvernements du Brésil, de Bolivie ou au Guatemala ont été déjoués par la mobilisation des masses. La situation est moins évidente au Pérou, bien que les mobilisations et les grèves contre le coup d’État parlementaire de l’an dernier continuent. Néanmoins, les soulèvements spontanés n’empêchent pas la réaction de se consolider. Seule la présence constante d’un leadership socialiste militant dans les partis et mouvements ouvriers sera en mesure de barrer la route à la droite réactionnaire.

À l’opposé de la tendance vers l’extrême droite, le même réflexe anti-establishment pousse, dans certains pays, une partie de la jeunesse vers les vieux partis staliniens, notamment vers le Parti communiste du Brésil. Ce regain d’intérêt pour les «communistes» est aussi visible en Europe, notamment dans la ville de Graz, en Autriche, ou à travers la montée du Parti du travail de Belgique.

Une riposte ouvrière mondiale

La relative «pause» des mouvements de masse durant la pandémie n’a fait que planter les graines de conflits futurs. L’année 2023 a connu un nombre record de mouvements de masse, de grèves et de soulèvements. Des millions de personnes ont été lancées dans l’action industrielle, souvent pour la première fois.

Le mouvement ouvrier s’est retrouvé au centre de l’organisation de mouvement sans précédent, même dans des endroits où il est handicapé par des contradictions. On peut penser aux conditions de répression ou de corruption dans lesquelles se sont déroulés les soulèvements et les grèves générales au Myanmar, au Sri Lanka, en Colombie ou au Nigeria.

De grandes grèves ont aussi secoué l’Amérique latine. Plusieurs se sont organisés contre la spoliation des compagnies minières au Chili, en Équateur et au Panama, résistance souvent dirigée par des forces autochtones.

En Europe, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient, l’inflation et l’austérité ont déclenché des vagues de grèves massives et même de grèves générales, surtout dans le secteur public.

La lutte active est riche en enseignement. Les révoltes sociales donnent un aperçu du pouvoir potentiel que détient la classe ouvrière. Le rôle de frein souvent joué par les bureaucraties syndicales est de plus en plus défié par les membres de la base — bien que le rôle des appareils continue dans bien des cas d’exercer un poids important sur l’issue des luttes. En Angleterre, les leaders syndicaux accueillis une journée comme des rock star doivent essuyer les votes de rejet massif de leurs ententes pourries le lendemain.

La tendance au rejet des ententes de principes (ou à leur faible acceptation) est également une caractéristique des relations industrielles aux États-Unis et au Canada. De nouvelles vagues de grèves sont à prévoir, partout. Les socialistes devront s’y préparer en cristallisant des oppositions socialistes dans les organisations syndicales.

Les luttes de masse spontanées contre les différentes formes de racisme, de sexisme, d’ultranationalisme et d’intolérance ne peuvent que réémerger avec la crise du capitalisme. Ç’a été le cas avec la 2e vague de Black Lives Matter aux États-Unis en 2021, avec le mouvement Femmes, vie, liberté en Iran (2022), avec les mouvements pour l’avortement au Mexique (2023) et en Argentine (2020) ou encore avec les manifestations spontanées contre les féminicides en Italie (2023) et en Irlande (2022). La possibilité de larges mobilisations anti-guerre, anti-militaristes et anti-impérialistes demeure actuelle.

Les syndicats et les partis ouvriers doivent s’emparer des questions d’oppression. Ils ont un rôle central à jouer pour développer les campagnes de masse et le programme socialiste nécessaire pour améliorer les conditions de vie des classes ouvrières et populaires dans toute leur diversité. Ces organisations qui rassemblent toutes les travailleuses et travailleurs doivent expliquer à leurs membres que les politiques en faveur des grandes entreprises sont à l’origine même de la crise du logement, de l’effondrement des services publics, de la crise de la santé mentale et de la hausse des violences faites aux femmes. Pas les personnes réfugiées, trans ou syndiquées. Il en revient aux forces marxistes actives dans le mouvement ouvrier et syndical de se battre pour que ces organisations prennent ces questions à bras le corps au travers de campagnes militantes.

S’organiser politiquement contre la barbarie

Plus que jamais, il est nécessaire d’organiser l’ensemble des classes ouvrières et populaires autour d’un projet socialiste pour sortir l’humanité de la barbarie capitaliste. Les nouveaux conflits participent à former une nouvelle couche d’activistes dont la tâche historique est de rebâtir un mouvement ouvrier combatif.

Mais la détermination et la radicalité ne sont pas suffisantes. Les échecs et les trahisons des réformistes radicaux (Sanders, DSA, Corbyn, PODEMOS, SYRIZA, etc.) montrent comment manquer son rendez-vous avec l’histoire.

Durant l’année 2024, des élections générales se tiendront dans près de 70 pays. Dans la majorité de ces pays, la classe ouvrière a besoin d’une nouvelle force politique de masse pour contrer les partis capitalistes. Les marxistes révolutionnaires ont un rôle important à jouer pour bâtir des partis démocratiques basés sur des politiques socialistes combatives.

Grâce à son programme et ses méthodes de luttes marxistes, un groupe comme International Socialist Alternative (ISA) peut jouer le rôle d’un pôle contre la désorientation et le pessimisme en préparant la classe ouvrière pour les grands bouleversements sociaux qui viennent!


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