Les régimes et les forces oppressifs ne sont pas nos alliés dans la lutte contre l’oppression et l’exploitation

L'Ayatollah Khamenei

Le président américain Joe Biden a déclaré lors de sa dernière campagne électorale qu’il voulait mettre fin aux « guerres éternelles » au Moyen-Orient. La réalité l’a rattrapé. Les liens étroits qu’entretiennent les États-Unis avec le terrorisme d’État israélien et la large solidarité populaire avec les victimes palestiniennes contribuent à l’escalade régionale et affaiblissent la position de l’impérialisme américain.

Les Houthis au Yémen lient leurs actions au sort du peuple palestinien, en partie en réponse à leur propre impopularité croissante. Les attaques contre les routes commerciales que sont la mer Rouge et le canal de Suez ont un impact majeur. En janvier, le volume de marchandises traversant la mer Rouge était inférieur de 80% à ce qu’il était auparavant. L’itinéraire plus long le long de l’Afrique du Sud implique des coûts et des délais supplémentaires, ce qui a entraîné une baisse de 25% du nombre de navires accostant dans les grands ports tels qu’Anvers, Rotterdam, Hambourg et Bremerhaven en janvier. Bombarder les Houthis dans le nord du Yémen n’y changera rien. Après des années de bombardements par l’Arabie saoudite voisine, les opérations militaires américaines et britanniques font pâle figure.

Pendant ce temps, les tensions augmentent dans le reste de la région. Au moins 170 attaques ont déjà été menées par des milices chiites contre des cibles militaires américaines en Irak, en Syrie et en Jordanie. Après une attaque qui a tué trois soldats en Jordanie, l’armée américaine a lancé des attaques en représailles contre les milices en Irak et en Syrie. Par ailleurs, fin janvier, des bombardements iraniens ont eu lieu sur le territoire pakistanais et vice-versa, visant officiellement des militants nationalistes du Baloutchistan dans chaque cas. Cela a abouti à une désescalade rapide entre le Pakistan et l’Iran, mais cela montre à quel point les confrontations militaires peuvent rapidement avoir une expansion régionale.

Ni l’impérialisme américain ni le régime réactionnaire religieux-conservateur iranien ne souhaitent une nouvelle « guerre perpétuelle » l’un contre l’autre. Pour les États-Unis, l’armée iranienne est un adversaire d’un autre calibre que les Houthis au Yémen ou les milices soutenues par l’Iran en Irak et en Syrie. Une guerre ouverte avec les États-Unis serait par ailleurs un choc en Iran et pourrait menacer la position fragile de ce régime régulièrement confronté à des mobilisations de masse. D’un autre côté, il existe déjà des éléments d’escalade régionale et rien ne peut être exclu dans cette «ère du désordre».

Comme les Houthis, le régime iranien et ses alliés comme le Hezbollah au Liban tentent d’invoquer le sort des Palestiniens  et Palestiniennes persécuté·es et exterminé·es à Gaza. Ils évoquent «l’axe de la résistance» et peuvent ainsi compter sur une certaine sympathie, jusque dans les manifestations de solidarité avec les masses palestiniennes où la médiatique confrontation entre les Houthis et l’impérialisme américain peut être présentée comme un combat de David contre Goliath. L’histoire d’un siècle de lutte palestinienne contre le colonialisme, le sionisme et l’oppression montre cependant que les régimes réactionnaires de la région n’ont jamais représenté des alliés fiables. Comment le régime iranien, qui opprime et persécute durement son propre peuple, pourrait-il jamais obtenir la libération des masses palestiniennes? La vague de protestation féministe massive en Iran après la mort de la jeune femme kurde Jina Amini en septembre 2022 a montré que la lutte contre l’oppression doit également être dirigée contre ce régime.

Lorsque Biden appelle le gouvernement Netanyahou à la prudence, cela n’a rien à voir avec une soudaine découverte d’humanité, mais tout à voir avec la pression de l’élection américaine. L’opinion publique rejette de plus en plus explicitement une politique militaire qui persécute et extermine une population entière, détruit toute l’infrastructure et le secteur des soins de santé, et ce au nom de la « civilisation démocratique ». Les crimes de guerre n’ont rien de civilisé.

Seule la lutte de masse des peuples opprimés peut offrir une issue. C’est de cette façon qu’apparaissent de manière limpide qui sont nos alliés et qui ne le sont pas. Les manifestations de masse contre le massacre de Gaza exercent une pression qui s’est reflétée dans les procédures devant la Cour internationale de justice de La Haye. Dans les manifestations de masse, la solidarité s’accroît. Lors des manifestations, les féministes et les activistes queer apportent leur soutien, tandis que des délégations de solidarité palestinienne ont participé à des manifestations féministes ou à des actions en faveur du climat. Il est essentiel d’étendre cette solidarité au mouvement ouvrier.

La libération de l’oppression et de l’exploitation ne sera jamais l’œuvre de régimes et de forces oppressifs, mais de la classe ouvrière et de la majorité opprimée de la population, sur base de l’auto-organisation et de la lutte une transformation de toute la société.


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