Nous sommes en danger

Les nouvelles de catastrophes naturelles inédites se succèdent à un rythme effréné à travers le globe. Qu’il s’agisse de vagues de chaleur mortelles, de pluies diluviennes ou de tornades historiques, les signes sont clairs: nous sommes déjà entrés dans l’ère de la crise climatique. Faire confiance aux puissants et à leurs gouvernements n’est clairement pas une solution. Que faire alors?

Les solutions que tentent de nous vendre les élites, comme le captage de carbone, ne sont qu’illusions. Présenter l’année 2100 comme la date butoir de la crise climatique, comme le font de nombreuses études et rapports, est en soi une tromperie.

En réalité, les changements climatiques sont en train de dépasser les pires scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). L’exemple le plus récent est l’effondrement potentiel du courant atlantique nord (AMOC), qualifié dans le rapport du GIEC de 2019 comme «très improbable, mais physiquement plausible». Selon une étude récente de l’Université de Copenhague, cet effondrement pourrait survenir entre 2025 et 2095, avec une probabilité accrue pour 2050, si les émissions mondiales de carbone continuent au même rythme.

Le Québec brûle

La forêt, essence même de notre identité québécoise, est assaillie par les flammes. Si les incendies naturels font partie du cycle de vie forestier, ce que nous observons aujourd’hui dépasse largement ce que nous avons connu par le passé.

À l’heure actuelle, 5 650 feux de forêt ont déferlé sur le territoire de l’État canadien. Ils ont englouti plus de 13,4 millions d’hectares. C’est presque le double de la superficie brûlée lors de ce qui était considéré comme la pire saison de feux de forêt jamais documentée au pays, avec 7,6 millions d’hectares, en 1989. Cet été seulement, 11 000 Québécois et Québécoises ont été contraints d’évacuer leurs foyers face à l’avancée inexorable des flammes.

En matière de reboisement, la loi actuelle oblige les compagnies forestières à favoriser certaines espèces de conifères, en gros celles utilisées pour les matériaux de construction. Maintenir le statu quo favorable à l’industrie, c’est laisser des forêts très peu diversifiées, donc vulnérables aux prochains feux, à la sécheresse, aux insectes et aux maladies.

Notre santé est affectée

En juin, une épaisse fumée a enveloppé le sud de la province, dégradant par endroits la qualité de l’air à un niveau si alarmant que la population a été exhortée à rester à l’abri et à éviter toute activité extérieure. Même en temps ordinaire, 4 000 décès prématurés sont enregistrés chaque année dans la province à cause de la pollution atmosphérique, dont 2 800 dus aux particules fines qui proviennent des feux de forêt. Les changements climatiques exercent une pression supplémentaire sur notre réseau de santé. Maintenir ce dernier dans son état de délabrement actuel, c’est causer des décès qui seraient évitables autrement. 

Des catastrophes naturelles inédites se multiplient à travers le monde. Entre vagues de chaleur meurtrières, pluies torrentielles sans précédent, tornades frappant des régions historiquement épargnées, vortex polaires déstabilisés, rivières atmosphériques et fonte du pergélisol, le constat est clair: nous sommes à l’aube de la crise climatique, bien plus tôt et bien plus intensément que les pires scénarios l’avaient anticipé. Depuis des décennies, l’industrie des combustibles fossiles est consciente de ses impacts négatifs sur le climat grâce à ses propres études scientifiques, qu’elle a souvent minimisées ou occultées publiquement dans un effort d’auto-préservation.

L’avenir incertain de notre sécurité alimentaire

Plus chaud que l’année précédente, moins que l’année prochaine, les étés ne seront plus jamais ceux que nous avons connus. Cette année marque la fin du cycle froid d’El Niña. El Niño prend le relais, entraînant un réchauffement généralisé du climat. Ces conditions, marquées par la sécheresse et la chaleur, exacerbent les risques d’incendie et ont des répercussions majeures sur divers secteurs économiques, y compris au Québec.

Avec l’augmentation globale de la température de 1°C, l’atmosphère a désormais la capacité de retenir 7% d’humidité supplémentaire. Cette variation perturbe le cycle régulier des précipitations, conduisant à des périodes de sécheresse et de fortes pluies plus fréquentes. La sécheresse de 2021, la pire en 50 ans, a réduit la production de blé de 39% et celle de canola de 35%. Et lorsque ce ne sont pas les vagues de chaleur, ce sont les pluies diluviennes qui nuisent aux cultures, les laissant pourrir sur pied.

De plus en plus souvent, le manque de fourrage dû aux diverses variations extrêmes du climat pose problème à plusieurs producteurs agricoles. Ils peinent à nourrir leur bétail ou doivent se résigner à les abattre à perte. La gestion agroalimentaire privée produit du gaspillage alimentaire alors que des milliers de personnes ici même ne mangent pas à leur faim.

Notre destruction financée à même l’argent public

Les élites politiques, en collusion avec les intérêts capitalistes, nous maintiennent actuellement dans une dépendance aux énergies fossiles. Une étude publiée en 2021 par l’Institut Fraser estime qu’il en coûterait annuellement aux Canadiens et Canadiennes entre 16 et 37 milliards de dollars pour effectuer la transition vers des énergies vertes. Or, en 2022 seulement, le gouvernement du Canada a versé plus de 22 milliards de dollars aux compagnies pétrolières pour financer leurs divers projets.

Un point est clair: les gouvernements en régime capitaliste accordent d’abord de l’importance aux plus puissantes entreprises. Armées de leurs vastes ressources financières et de leurs lobbyistes, ces entreprises ont une emprise sur les décisions de nos gouvernements. Les entreprises «vertes» innovantes n’obtiennent ce genre de pouvoir que lorsqu’elles représentent une source gargantuesque de profits pour les élites.

Cela explique le financement gouvernemental monstre à des compagnies minières milliardaires, alors que les travailleurs et les travailleuses du réseau de la santé n’ont même pas des salaires indexés au coût de la vie, ni des conditions de travail décentes.

Une économie écologique à notre service

On ne peut régler des problèmes systémiques dans le cadre du système qui les engendre. Les capitalistes ne peuvent agir bien longtemps contre leurs propres intérêts économiques. Leur course aux profits les pousse vers la catastrophe, et ils le savent. Pourtant, quand on pense à une société basée sur les besoins et non les profits, les solutions sautent aux yeux.

Si les revenus des plus grandes corporations – comme Loblaws, Amazon ou les grandes banques – étaient utilisés pour répondre à nos besoins dans le respect de l’environnement, il serait possible de financer des projets de restauration d’écosystèmes à grande échelle. Une transition vers les énergies renouvelables pourrait être orchestrée massivement et procurerait à des millions de travailleuses et de travailleurs des emplois syndiqués de qualité. Ces initiatives pourraient rapidement donner naissance à des infrastructures durables.

Une planification nationale du transport public permettrait de développer des réseaux urbains et interurbains électriques, accessibles et gratuits. Un immense chantier de construction de logements publics de qualité, écoénergétiques et à haute densité pourrait également diminuer les émissions de CO2, tout en améliorant considérablement la mobilité urbaine et la qualité de vie des citoyens.

La plupart des emplois du secteur pétrolier et gazier pourraient être intégrés dans ces projets d’envergure et reconvertis sans perte de salaire. Plus question de perdre le soutien des communautés à qui le patronat oppose emplois et transition écologique. Québec solidaire l’a appris à ses dépens à Rouyn. 

Comment financer la transition?

Il est impératif de mobiliser massivement des ressources. Mais les richesses générées par notre travail sont monopolisées par les grandes entreprises et mal gérées par les gouvernements capitalistes. Un programme de lutte doit viser à récupérer nos ressources, notamment en taxant les ultra-riches, les grandes entreprises et en redirigeant le financement de la police vers les services publics. 

Mais taxer ne suffit pas. Le vrai défi climatique ne sera pas résolu en laissant le pouvoir de décider entre les mains de la classe politique qui perpétue le statu quo. La question centrale est la suivante: qui contrôle ces ressources? Et dans l’intérêt de qui? Nous devons nous battre pour placer les principales industries polluantes sous contrôle public démocratique, gérées par les travailleurs et les travailleuses.

Comment aller chercher ce pouvoir?

Un programme de cette envergure ne trouvera jamais d’écho au sein des partis traditionnels comme la CAQ, le PQ ou le PLQ. Même Québec solidaire a renoncé à s’attaquer à la propriété privée des grands pollueurs en 2019.

L’insécurité alimentaire, la détérioration alarmante de nos forêts, la privatisation croissante des sols, des sous-sols et des milieux humides mettent en péril notre santé et nos vies! La solution réside dans la nationalisation démocratique des terres, des sols urbains, des eaux et des forêts, une étape cruciale pour gérer nos ressources selon nos besoins. Ni Québec, ni Ottawa, ni les instances internationales ne peuvent autoriser un tel projet socialiste.

La tâche qui nous attend est indéniable et incontournable. Nous devons agir sans délai, en partant de là où nous sommes. Nous avons besoin de personnes engagées dans nos communautés, sur nos campus, dans nos lieux de travail, dans les rues et lors des élections. Toutes nos luttes locales représentant les priorités des gens peuvent prendre un aspect politique plus large, une dimension de lutte pour un projet socialiste de prise en main collective.

La bonne nouvelle, c’est qu’un mouvement composé de travailleuses, de travailleurs et de la jeunesse représente la force de changement social la plus puissante. Notre survie collective dépend de la capacité de notre classe à s’éduquer, à se mobiliser, à s’organiser et à s’affirmer politiquement. 

Si vous contestez un projet nuisible à l’environnement dans votre localité, si vous affrontez un propriétaire malhonnête refusant de faire des rénovations urgentes ou si vous êtes en négociation de convention collective, contactez-nous pour qu’on puisse s’entraider et développer les meilleures stratégies militantes pour obtenir des victoires. 

Notre force est dans notre nombre. Luttons pour la solidarité de notre classe, pour le socialisme!


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