Dévoilée durant la campagne électorale, la politique migratoire xénophobe du chef de la CAQ François Legault pourrait devenir réalité dès 2019. Legault dit vouloir réduire de 20 % le nombre de personnes admises en sol québécois, incluant les réfugié·e·s et les personnes qui rejoignent leur famille. Le fera-t-il aux dépens des profits des patrons?
Les contrats temporaires demeureront
Legault a annoncé sa politique aux Serres Lefort, à Ste-Clotilde-de-Châteauguay en Montérégie, où travaillent 250 personnes. Près de 70 % d’entre elles sont liées à un contrat temporaire avec des conditions réduites et la non-possibilité de demander leur résidence permanente. Legault s’est alors fait rassurant auprès du propriétaire de l’entreprise : le nombre de contrats temporaires ne sera pas touché. Au contraire, il risque d’augmenter. Un nombre grandissant d’emplois s’ouvre à ce type de contrat, auparavant concentré dans certains secteurs comme le travail domestique et agricole. Ces personnes sont le plus souvent attitrées à un employeur exclusif, avec tous les abus que cela peut engendrer. De plus, elles sont pour l’essentiel exclues de la couverture qu’offre la Loi sur les normes du travail.
La discrimination au travail restera
Ce statut de travail discriminatoire pénalise les personnes migrantes et encourage la division entre les travailleurs·euses. Il s’ajoute à une longue liste de mesures qui ne favorisent que les patrons et leurs gouvernements : non-reconnaissance des formations reçues à l’extérieur du Québec, détentions ou encore déportations. Les capitalistes au pouvoir, qu’ils soient libéraux, conservateurs, caquistes ou péquistes, ont toujours favorisé l’augmentation de cette main-d’œuvre à bon marché tout en resserrant les possibilités d’acquérir la citoyenneté. Il y a plus de 35 000 personnes qui travaillent de manière temporaire au Québec. Une bonne partie d’entre elles effectue un travail agricole dont les patrons ne peuvent pas se passer.
Toute personne en sol québécois devrait être totalement couverte par les normes du travail — incluant le droit à la syndicalisation — ainsi qu’avoir droit à un statut et à l’asile sans être menacée de détention ou de déportation. Ces droits sont toutefois insuffisants pour assurer l’amélioration de leurs conditions de vie à plus long terme. La question du salaire décent, des logements abordables et des services publics gratuits et accessibles est centrale pour répondre autant aux besoins des personnes migrantes que de celles qui résident déjà au Québec. Les luttes contre la précarité des uns bénéficient aux autres. Et vice-versa. Toutefois, ce n’est pas sous le capitalisme administré par l’équipe de Legault ou de Trudeau que nous réussirons à profiter durablement de telles réformes.
La migration économique, conséquence du capitalisme
Les capitalistes engendrent le chômage, les catastrophes environnementales, l’oppression sexiste et de genre, le racisme et les guerres en prétextant lutter contre la drogue, le terrorisme ou les « dictatures ». En conséquence, des millions de personnes se voient contraintes de quitter leur pays pour améliorer leur sort ou carrément sauver leur vie. Nous assistons depuis quelques années à un mouvement de réfugié·e·s jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. La vaste majorité (80 %) est déplacé·e·s dans un pays voisin du « Sud » — comme le Liban, la Jordanie, la Turquie, le Pakistan, l’Iran, l’Éthiopie et le Kenya — et une minorité se rend dans les pays du « Nord ».
Les politiques impérialistes canadiennes participent à engendrer ces guerres, ce pillage des ressources naturelles et cette exploitation de la main-d’œuvre. Il ne suffit pas de faire de beaux discours en parlant d’ouverture et de diversité. Il faut lutter pour une société solidaire au niveau international. Une société débarrassée de l’exploitation, des oppressions, des guerres, de la misère et qui construit un avenir pour tous et toutes en harmonie avec les écosystèmes. Il s’agit d’une société socialiste reposant sur le pouvoir de la vaste majorité laborieuse.
Combattre le racisme et la xénophobie implique de construire des luttes unifiées, dans la rue et les milieux de vie, pour des emplois décents et de meilleurs salaires, pour des logements sociaux et abordables ainsi que pour des services publics gratuits en santé, en éducation, dans les CPE et dans le transport en commun. À travers ces luttes s’adressant au plus grand nombre, nous lutterons également contre les attaques dont nos frères et nos sœurs de classe sont la cible.
Les organisations syndicales et Québec solidaire doivent faire plus qu’appuyer les initiatives de la base. Avec leurs capacités et leurs moyens, elles peuvent être au cœur des luttes de la majorité tout en favorisant l’inclusion des couches de notre classe qui sont vulnérables et plus isolées. Comme l’ont scandé nos camarades du Parti socialiste anglais le 17 novembre à Londres lors d’une manifestation de dizaines de milliers de personnes contre le racisme et le fascisme : « Brisons le racisme! Du travail et un logis pour tout le monde! ».
William G.