Marine Le Pen, grande gagnante du mouvement contre la réforme des retraites?

Combattre l’extrême droite par la lutte sociale, dès septembre!

Mi-juin, l’intersyndicale a acté la fin du mouvement contre la réforme des retraites. Un puissant mouvement social, qui n’a pas obtenu le retrait de la réforme, mais qui a pesé et va peser lourdement sur l’atmosphère sociale et politique durant les 4 années de mandat qu’il reste à Macron.

Depuis avril, on assiste à un certain retour des thèmes de la droite et de l’extrême droite. Situation renforcée début juin par l’attaque au couteau par un réfugié syrien à Annecy, qui a blessé 6 personnes, dont 4 enfants. Le fait que l’assaillant ait crié « Au nom de Jésus-Christ ! » n’a pas freiné la droite et l’extrême droite dans sa tentative d’ajouter de l’huile raciste sur le feu.

Marine Le Pen, un colosse aux pieds d’argile

Selon les sondages, Le Pen l’emporterait aujourd’hui contre Macron. Ce n’est pas surprenant. Qu’elle soit considérée comme l’opposante par excellence, plutôt que la France Insoumise, c’est le but de Macron et de ses ministres. C’est la raison pour laquelle les macronistes distillent le plus consciemment le racisme et la division, avec notamment la loi JO 2024, la future loi immigration et l’opération militaire raciste anti-migrants comoriens à Mayotte (« l’Opération Wuambushu »).

La popularité de Le Pen repose en fait essentiellement sur la détestation généralisée de Macron, sur son image prétendument « anti-système », sur ses éléments de programme (faussement) sociaux et, bien sûr, sur la faiblesse d’une véritable alternative de gauche.

Une couche non négligeable de travailleurs et travailleuses a tendance à estimer – à tort – que le Rassemblement National s’est adouci en matière de racisme et que son vernis social n’est pas qu’un attrape-voix. Mais soyons clairs : son projet politique reste clairement d’extrême droite. Il repose sur l’admiration des régimes autoritaires et vise à appliquer une politique sévèrement raciste, antisociale, anti-femmes et anti-LGBTQIA+.

L’extrême droite se nourrit du désespoir et du manque de perspectives sans y apporter la moindre solution. Mais parallèlement, le puissant mouvement social de cette année 2023 a poussé Marine Le Pen dans un coin du ring. Elle s’est vue forcée de se déclarer opposée à la réforme sans pouvoir apporter un soutien réel à la lutte car ses intentions sont à l’exact opposé des intérêts de la classe travailleuse.

Elle a tout à gagner de l’essoufflement du mouvement social. Les solutions institutionnelles régulièrement défendues par les directions syndicales et la gauche parlementaire sont à son avantage. Les institutions sont façonnées pour déraciner la colère de la rue et des piquets de grève afin de la laisser s’éteindre dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Leur raison d’être est d’affaiblir le potentiel de l’action collective de la classe ouvrière. L’extrême droite se nourrit des frustrations qui en découlent.

L’antidote de la lutte sociale

En dépit de tous les efforts de l’establishment, la situation diffère totalement d’il y a deux ans, lors de la « hype » Zemmour. Les thèmes sociaux, sur les salaires d’abord et puis sur les retraites, ont unifié dans la lutte les différentes couches du mouvement ouvrier.

Même si Le Pen était élue aujourd’hui, le rapport de forces actuel davantage favorable au mouvement des travailleurs et travailleuses ne lui laisserait pas beaucoup d’espace pour appliquer son programme. Mais il est certain qu’elle ferait tout pour nourrir les orientations sexistes, LGBTQIA+phobes et racistes dans nos rangs et que cela encouragerait les intimidations et actes de violence néofascistes.

Le rapport de forces créé par la lutte contre la réforme des retraites rend difficile aux directions syndicales de prendre les combats suivants trop à la légère. Le potentiel de lutte va rester explosif, avec une avant-garde renforcée numériquement et qualitativement au côté de couches larges de travailleurs et travailleuses enrichies par ce combat historique et qui ont repris confiance dans la force de la lutte collective.

C’est dès septembre que le combat doit recommencer, et c’est cet été que la bataille doit être préparée, en tirant collectivement les leçons politiques et syndicales des mois de lutte qui viennent de se dérouler.


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