Le 6 juillet, une grève féministe transfrontalière a lieu à travers le Moyen-Orient. Naira Ashraf en Égypte. Eman Rashid en Jordanie. Lubna Mansour aux Émirats arabes unis. Jewel Khnifiss à Shefa-‘Amr. Summer Clancy à Haïfa. Raneen Salous en Cisjordanie. Ce ne sont là que quelques-uns des noms des femmes assassinées ces dernières semaines au Moyen-Orient. Ces meurtres ont été accompagnés d’une vague de réactions conservatrices et de menaces sur la vie des femmes. À la suite de ces événements, des organisations de femmes ont lancé un appel à la grève.
La grève intervient dans un contexte de crise systémique du capitalisme dans le monde, qui touche les femmes en général et les femmes du monde néocolonial en particulier. Les femmes voient leur vie menacée par des hommes violents, mais aussi par le chômage, la faim, la pauvreté, la guerre, la migration forcée, le commerce des filles, la crise climatique et le déni des droits démocratiques sous des régimes dictatoriaux et réactionnaires.
Les femmes arabo-palestiniennes, en Israël et dans les territoires occupés, sont également menacées par le régime israélien d’occupation et de discrimination. Les femmes arabo-palestiniennes en Israël représentent plus de 40% des meurtres alors que leur part dans la population ne dépasse pas 20%. 84% des meurtres de femmes arabo-palestiniennes en Israël ne sont jamais résolus. À Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza, les femmes sont également exposées aux démolitions de maisons, à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire imposées par l’occupation israélienne.
Les femmes ont joué un rôle de premier plan dans les protestations et les révolutions qui ont éclaté au Moyen-Orient depuis le «printemps arabe» jusqu’à aujourd’hui. À travers ces protestations, elles ont également soulevé des demandes de protection contre la violence sexuelle en particulier, et la violence en général.
Ce qu’il faut pour arrêter les féminicides, c’est une organisation transnationale de femmes et d’hommes sur les lieux de travail, dans les établissements d’enseignement et dans les quartiers, qui lutte contre les féminicides et la violence de genre au Moyen-Orient, mais aussi contre la violence institutionnelle et impérialiste que le capitalisme impose à la région, et en faveur d’une société socialiste et démocratique. Cette grève pourrait constituer une étape importante sur la voie d’une telle organisation.
ROSA International Socialist Feminists soutient pleinement cette journée d’action transrégionale. L’orientation vers la grève à l’échelle internationale contre la violence sexiste est un développement très encourageant. Les syndicats et les organisations de travailleurs feraient bien de ne pas rester sur la touche mais d’adopter une position audacieuse en soutenant activement ces actions et en en organisant d’autres contre la violence, l’exploitation et l’oppression endémiques et croissantes que subissent les femmes dans toute la région.