Nous avons besoin de manifestations de masse contre l’extrême droite

La menace de l’extrême droite ne disparaît pas après la tentative de coup d’État du 6 janvier. Une nouvelle série de rassemblements armés est prévue et peut-être même d’autres tentatives d’occupation de bâtiments législatifs à partir de ce samedi 16 janvier, pour aboutir à une éventuelle confrontation le jour de l’investiture, le mercredi 20 janvier.

Comme nous l’avons vu avec l’émeute du Capitole et avec la succession de meurtres racistes de la part de la police, nous ne pouvons pas dépendre des flics pour nous défendre contre l’extrême droite. Au lieu de cela, le mouvement ouvrier et les leaders de gauche comme Bernie Sanders, AOC (Alexandria Ocasio-Cortez) et The Squad (nom informel d’un groupe de quatre femmes élues aux élections de 2018 à la Chambre des représentants) devraient appeler à l’organisation de manifestations de masse pour chasser les fascistes, les racistes et l’extrême droite en général de nos rues du 16 au 20 janvier. Nous avons pu constater l’efficacité des rassemblements de masse en 2017 après le rassemblement de l’extrême droite à Charlottesville, lorsque 40 000 personnes se sont réunies à Boston pour chasser les fascistes des rues, non seulement à Boston mais aussi au niveau national.

Les paroles vides de sens des dirigeants syndicaux ou les actions théâtrales des politiciens ne suffiront pas à vaincre la menace permanente de l’extrême droite. Bien que nous soutenions la procédure de destitution ou d’autres mesures constitutionnelles visant à démettre Trump de ses fonctions, nous ne pensons pas que la gauche devrait concentrer son énergie sur cela. Dans les heures et les jours critiques qui ont suivi le siège du Capitole, les déclaration de The Squad étaient presque indiscernables des articles de l’establishment capitaliste en expliquant que cette stratégie était un moyen d’empêcher Trump de se représenter en 2024, mais cette disqualification n’est pas automatique et seul le Sénat – et seulement avec un vote des deux tiers – peut exclure Trump d’une fonction élue. Au-delà de toutes les difficultés rencontrées avec cette approche, ce n’est pas non plus un moyen efficace de neutraliser l’extrême droite. Même si Trump ne pouvait pas se représenter, un autre dirigeant d’extrême droite se présenterait à sa place.

Alors que la principale tâche immédiate est de porter un coup à l’extrême droite et aux fascistes, la lutte contre l’extrême droite et le populisme de droite en général, qui dispose d’une audience de millions de personnes, ne sera pas gagnée dans les deux prochaines semaines. La classe dirigeante s’est maintenant tournée contre Trump qui a franchi une ligne rouge en s’attaquant directement à ses principales institutions politiques. Les grandes entreprises retirent leur soutien à Trump et à d’autres républicains clés tels que Ted Cruz et Josh Hawley. Twitter a banni Trump à vie. Mais la droite ne sera pas vaincue par les patrons des entreprises technologiques qui l’ont acceptée pendant des années. Nous savons que demain, de telles mesures seront utilisées contre la gauche dans le cadre d’une campagne contre «l’extrémisme». Mais en tant que socialistes, tout en ne faisant pas confiance à l’establishment, aux entreprises américaines ou à l’État, nous sommes pour que des mesures soient prises contre l’extrême droite, comme la purge des forces de l’État, y compris la police, des racistes connus et de toute personne ayant des liens avec la droite dure et les groupes fascistes.

L’extrême droite disposera d’un potentiel pour croître avec une administration Biden qui n’a aucune solution pour les problèmes profonds du capitalisme. Le Tea Party s’est d’ailleurs développé sous Obama après le sauvetage des banques. Nous ne pouvons pas miner efficacement l’extrême droite en nous unissant à un establishment démocrate contrôlé par les entreprises qui alimentera l’ouverture pour ces idées en attaquant encore et encore les intérêts des travailleurs. Nous devons plutôt construire un front uni de la classe ouvrière qui lutte contre les menaces racistes et propose un programme pour faire face aux crises économiques, sanitaires et sociales de la société.

Le mouvement antifasciste doit défendre un programme capable d’unir les travailleurs : un système de soin de santé accessible à tous, une allocation de soutien COVID pour les travailleurs et la fin des pratiques policières racistes. Cela doit être combiné à une action de masse visant à empêcher l’extrême droite de colporter ses mensonges dans nos rues. Les petites confrontations aventureuses avec des éléments violents d’extrême droite ne sont pas notre objectif. Nous avons plus que jamais besoin d’un mouvement de masse de millions de personnes.

Socialist Alternative appelle à des réunions d’urgence des militants syndicaux, des socialistes et des organisations communautaires pour planifier des actions de masse du 16 au 20 janvier afin de vaincre les menaces de la droite. Des actions réussies contre l’extrême droite pourraient contribuer à lancer un front uni pour lutter contre le racisme et la classe des milliardaires. Ces problèmes n’ont pas disparu. La menace est immédiate, et nous devons agir de toute urgence. Même si les racistes violents sont repoussés dans la semaine à venir, l’extrême droite pourrait encore se développer, et il est essentiel que la gauche et le mouvement ouvrier prennent au sérieux cette lutte en cours.


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