Projet de loi 17 : Contre l‘industrie du taxi
Le ministre des Transports, François Bonnardel, a déposé un projet de loi 17 pour déréglementer l‘industrie du taxi au profit de compagnies comme Uber, qui ne seront que superficiellement réglementées. Au nom de la concurrence, on va donner l‘opportunité à une multinationale d‘écraser une industrie locale, déjà à bout de souffle avec toutes les contraintes que les chauffeurs doivent respecter pour leur travail. Les taxis auront certains accès réservés moyennant la condition d‘avoir un tarif maximal fixé par la Commission du Transport du Québec, alors que ce ne sera pas le cas des autres compagnies privées, qui sans un taximètre, auront la possibilité de recourir à des tarifications variables en fonction de l‘offre et de la demande. L‘abolition des agglomérations de taxi qui obligeaient de détenir un permis de taxi pour les desservir va permettre aux compétiteurs de tuer les quelques avantages qu‘avaient les taxis dans certaines régions.
Les représentants du « regroupement des intermédiaires de taxi du Québec« et des « Taxis du Grand Montréal« se sentent littéralement trahis par le ministre. Ils ont mis d‘énormes efforts et beaucoup d‘argent pour contribuer à la modernisation de l‘industrie du taxi sous le précédent gouvernement, pour faire face à la menace que représente Uber face à l‘industrie du taxi québécoise. Naturellement, Uber se réjouit de ce projet de loi, qui lui permet d‘étendre allègrement ses activités sur le territoire Québec de façon durable, en promettant des mesures pour faire du transport plus écologique, question d‘amadouer la population en se donnant un lustre plus vert.
Faut-il rappeler qu‘Uber est une multinationale, comme bien d‘autres, qui pratique l‘évasion et l‘évitement fiscal en minimisant les paiements d‘impôts par une optimisation fiscale de leurs gains. Leur chiffre d‘affaire est caché, de sorte qu‘on ne peut pas évaluer avec certitude le montant des sommes détournées. De plus, les bénéfices sont placés dans des paradis fiscaux comme les Bermudes à 0% d‘imposition et aux Pays-Bas à 25% d‘imposition. Ils arrivent même à ne pas se faire imposer du tout aux Pays-Bas moyennant une niche fiscale. Uber pousse même l‘odieux jusqu‘à faire payer certaines taxes du pays desservi par leurs propres chauffeur·euse·s. Cette entreprise n‘a aucun respect pour l‘économie locale, qui ne paie pas sa juste part pour développer les services publics, qui exploite ses employé·e·s et qui fait une compétition déloyale contre des industries locales. Ces dernières sont soumises à des contraintes qui les mettent au pied du mur et qui, avec ce nouveau projet de la loi de la CAQ, risquent d‘être clouées au pilori pour le sacro-saint libre-marché du plus fort la poche.
Premier budget de la CAQ : Aucunes mesures significatives pour l‘environnement
Le premier budget de la CAQ consacre une augmentation d‘un peu moins de 400 millions de dollars pour l‘environnement dans les prochains 2 ans et une augmentation de 15 milliards de dollars du budget alloué aux infrastructures, pour un total de 115 milliards dans les 10 prochaines années. Le pourcentage du budget consacré à l‘environnement était déjà minime dans les gouvernements précédents, mais il baisse encore passant de 0,35% à seulement 0,2% du budget total. Le désintérêt de la CAQ sur la question environnementale et l‘aveuglement volontaire sur l‘urgence d‘agir dès maintenant sont flagrants. Il n‘y a d‘ailleurs aucun plan clair pour s‘attaquer aux problèmes climatiques.
Alors que 43% de l‘empreinte écologique du Québec est causé par le transport, la CAQ ne voit aucun inconvénient à mettre sa priorité sur les infrastructures routières plutôt que sur le transport en commun. En fait, à peine un peu plus de 1/4 des investissements dans le transport vont pour les transports publics, alors que même l‘Ontario, avec le très peu écologique Doug Ford, consacre de son côté plus de 75% du budget pour le transport en commun, pas parce que c‘est écologique, mais parce que ça facilite la vie des travailleurs et travailleuses tout simplement. Legault préfère plier au projet du troisième lien plutôt que d‘améliorer le réseau de métros par exemple, qui explose au niveau de son utilisation. L‘achalandage devient insoutenable pour une population aussi concentrée dans la métropole montréalaise.
De plus, on nous dit que la CAQ soutien les entreprises afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Vraiment? Les entreprises ont besoin de notre argent pour réduire leur pollution? C’est encore une autre façon de déresponsabiliser les premiers coupables d‘un système axés sur les profits et la consommation et refiler la facture aux travailleurs et travailleuses.
Projet de loi 21 : Discrimination au sein de la classe ouvrière
Le gouvernement tente de museler une partie des travailleurs, et surtout des travailleuses, en utilisant faussement le prétexte de la laïcité pour les exclure. On est même allé aussi loin que de suggérer que l‘on pourrait faire intervenir la police pour faire appliquer la loi, rien de moins! Cette mesure ne fera qu‘exacerber le racisme systémique dans les milieux de travail, surtout dans la fonction publique, en excluant ceux et celles qui montrent des symboles religieux. Déjà qu‘une certaine forme insidieuse et subtile de discrimination raciale survient dans certains milieux de travail au privé, on vient maintenant l‘officialiser par une loi puisqu‘il sera dorénavant légal de discriminer certaines personnes qui ne respectent pas la perception imposée de la neutralité religieuse. Signes ostentatoires ou non, ce n‘est en rien un gage de respect de la neutralité de l‘État par les gens qui y travaillent. Où est le signe ostentatoire d‘un policier qui fait du profilage racial? Où est le signe ostentatoire d‘un juge qui ne reconnait pas la culpabilité du violeur et fait des remarques paternalistes et sexistes à la victime? Où est le signe ostentatoire d‘une conseillère municipale qui passe son temps à dévoiler son islamophobie sur les réseaux sociaux? Le devoir de réserve d‘un ou une fonctionnaire de l‘État passe par ses actions et son interaction avec le public, pas par son apparence ou son habillement.
La nécessité d‘en finir avec le capitalisme
On ne pourra pas s‘empêcher de répéter l‘importance de se préparer à changer radicalement le type de gouvernance et d‘économie pour les prochaines années. Chaque jour, nous avons des preuves tangibles d‘un système qui s‘accroche en exploitant toujours plus la classe des travailleurs et travailleuses, en cherchant constamment à nous diviser pour nous empêcher, tant bien que mal, de nous révolter contre les insanités qu‘il nous fait subir. Il est temps de réaliser que le capitalisme n‘est pas un système durable et n‘offre aucun avenir écologique viable, aucunes conditions intéressantes à toute la classe ouvrière et aucune garantie de paix et d‘équité sociale.
Alternative socialiste milite :
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Pour un vrai développement durable basé sur une économie planifiée, qui gère la production des biens exclusivement selon les besoins des travailleurs et travailleuses plutôt que la soif de profits d‘une poignée de personnes;
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Pour la fin de l‘exploitation de notre souveraineté économique par les multinationales au profit d‘entreprises locales gérées par les travailleurs et travailleuses;
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Pour l‘intégration et le droit au travail de toute personne indépendamment de son genre, son orientation sexuelle, ses croyances, son apparence et son origine ethnique;
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Pour une urbanisation qui favorise un marché de proximité et des déplacements en transport public, autant en région que dans la métropole;
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Pour la gratuité des transports en commun;
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Pour des emplois verts utilisant des énergies renouvelables.