Environnement, services publics, racisme, etc : faire de 2019 une année de lutte !

Le système capitaliste traverse une grave crise. Les inégalités sociales atteignent des niveaux records. La catastrophe climatique est imminente. De larges pans de la population perdent confiance envers les institutions politiques. Les fondements du système capitaliste commencent à être ébranlés. Durant la dernière année, la volonté de changement de larges couches de la population a été canalisée par l’élection de la CAQ à Québec. Ce désir de changer les choses a aussi entraîné l’essor de QS et celui de mobilisations de masse sur de nouveaux enjeux. Avec cette polarisation politique, l’année 2019 a le potentiel d’être une période de luttes explosives.

En 2018, des milliers de personnes ont manifesté partout au Québec contre les changements climatiques, le racisme et les violences faites aux femmes. L’essor de QS donne une bouffée d’air frais à de tels mouvements de lutte. Les socialistes joueront un rôle actif dans ces combats, soulignant la nécessité d’une lutte de toute la classe travailleuse contre les intolérant·e·s, les millionnaires et leurs gouvernements.

Une situation qui s’aggrave

Les inégalités sociales continuent de se creuser depuis la récession de 2008. L’endettement des ménages n’a jamais été aussi grand. Le pouvoir d’achat continu de diminuer, provoquant la colère. Nous faisons face à une nouvelle menace de ralentissement économique mondial. Même si les médias nous disent que l’économie « se porte bien », la reprise des dernières années ne profite qu’aux riches. Que ce soit dans la construction, chez ABI, à Postes Canada ou à la SAQ, les travailleurs et les travailleuses font face à des patron·ne·s intransigeant·e·s et à des gouvernements complices qui votent des lois spéciales pour décréter les conditions de travail. Toutefois, les développements suite à la grève à la SAQ montrent que la lutte paie.

Des mouvements à construire

En 2019, un certain nombre d’enjeux clés pourraient déclencher des mouvements de lutte. Ces luttes doivent converger le plus possible dans une lutte commune contre le programme politique des grandes compagnies et des gouvernements qui les défendent. Durant l’année qui vient, nous assisterons probablement à des manifestations de masse en réaction aux attaques ou aux menaces du gouvernement Legault. Nous constaterons les vraies priorités de la CAQ lors du dévoilement de son premier budget ce printemps. La lune de miel d’une partie de son électorat risque de se terminer.

Contre le désastre environnemental

Les enjeux climatiques ont figuré parmi les plus mobilisant en 2018. Pourtant, le gouvernement de la CAQ s’entête à aller de l’avant dans des projets autoroutiers insensés et polluants, comme le 3e lien à Québec. Des manifestations massives ont été organisées partout au Québec, en particulier à Montréal où la plus importante a rassemblé 50 000 personnes. Lors de la campagne électorale, QS a revendiqué la diminution de moitié des tarifs de transport en commun, forçant les autres partis à se positionner sur cet enjeu. L’an dernier, le parti de Valérie Plante, Projet Montréal, s’est fait élire sur la base du développement du transport en commun. Néanmoins, les tarifs continuent d’augmenter et le service ne s’améliore pas. Partout au Québec, organisons-nous contre ces hausses et pour la gratuité du transport en commun! Liée à la demande d’un vaste programme d’infrastructures vertes, comme des systèmes de transport en commun structurants, des milliers d’emplois bien rémunérés pourraient être créés. De tels projets peuvent sortir le Québec des combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables.

Contre le racisme

Le gouvernement Legault s’attaque déjà aux travailleurs et aux travailleuses les plus vulnérables. On parle ici de la diminution des possibilités d’emploi pour les réfugié·e·s, les immigrant·e·s et les femmes voilées. Depuis l’élection de la CAQ, les manifestations contre le racisme, notamment celle de Montréal forte de 5 000 personnes, montrent qu’il est possible de tisser une solidarité massive sur ces enjeux. Réclamons des emplois décents pour tout le monde, du logement public abordable ainsi que des services publics gratuits, accessibles et universels!

Contre le sexisme

La même logique s’applique aux Marches des femmes contre la violence sexiste qui ont rassemblé des milliers de personnes, notamment des syndiqué·e·s. La pression de la rue, mais aussi celle des campagnes pour le consentement ainsi que celle des accusations d’agressions sexuelles fortement médiatisées contre des hommes puissants, pousse le gouvernement à réagir. Un projet de tribunal spécialisé pour les agressions sexuelles s’élabore actuellement à Québec. Au-delà des réformes des tribunaux ou de la police, réclamons le contrôle démocratique de leurs pratiques par les communautés concernées!

Contre la dégradation des services publics

Les syndiqué·e·s du secteur public et parapublic se sont fait promettre la ligne dure par Legault. Les négociations de 2020 s’annoncent difficiles. Les employé·e·s auront toutes les raisons du monde de se battre pour faire tomber le gouvernement. L’unité intersyndicale à la base est toutefois nécessaire pour y arriver. L’entrée en action d’un demi-million de travailleurs et de travailleuses a le potentiel de fédérer l’ensemble des secteurs de la société qui luttent contre l’austérité et les oppressions. Un tel mouvement souligne inévitablement la nécessité de construire une alternative politique qui représente les intérêts de la majorité, non pas ceux des banquiers·ères et des entrepreneurs·euses capitalistes.

Contre les stages non rémunérés

La vague de grève qui secoue les institutions étudiantes concernant la rémunération de tous les stages constitue un mouvement très porteur. Il s’agit d’un jalon important dans la lutte contre la précarité des étudiant·e·s, mais aussi pour l’amélioration des conditions de travail de toute la classe travailleuse. L’accent mis par la campagne sur la situation plus précaire des femmes stagiaires montre que les luttes économiques peuvent être des luttes concrètes contre le sexisme. Réclamons la rémunération, et éventuellement la syndicalisation, de tous les stagiaires! La lutte pour la rémunération des stages va de pair avec celle pour un enseignement public gratuit, accessible et de qualité!

Une stratégie pour gagner

Comme l’histoire l’a démontré à plusieurs reprises, l’ampleur d’une lutte sociale est le facteur clé de sa réussite. Son caractère de masse détermine son potentiel d’améliorer la situation pour toute la classe travailleuse. Du Front commun de 1972 en passant par les mouvements des années 60 et 70 pour les droits des femmes ou les droits linguistiques, les principaux gains – sur le lieu de travail ou dans la société en général – ne sont acquis que par une lutte de masse déterminée.

Pour qu’un mouvement soit suffisamment puissant pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, il lui faut :

– la participation la plus large possible de la classe travailleuse;
– des structures démocratiques permettant de prendre des décisions pour orienter la lutte;
– et un leadership déterminé à faire avancer le mouvement, un leadership qui ne limite pas ses demandes et ses stratégies à ce qui est acceptable pour l’establishment politique.

La force motrice du changement social réside dans l’activation de la classe travailleuse. Les travailleurs et les travailleuses constituent l’épine dorsale de notre société. Comme le montre le mouvement des gilets jaunes en France, les gens ordinaires ont le pouvoir collectif de stopper la société.

Des mouvements combatifs et démocratiques pour vaincre

Peu importe le combat choisi, un mouvement de lutte doit tenter de se lier au plus grand nombre de travailleurs et de travailleuses possible pour les entraîner dans la lutte. Cela nécessite d’expliciter les liens entre les différentes formes d’oppression et celles liées à l’exploitation du travail. L’objectif est de mettre de l’avant des revendications dans un esprit de solidarité afin de remporter des victoires qui bénéficieront au plus grand nombre de personnes possible.

Les manifestations ponctuelles et les pétitions sont d’excellents outils de visibilité. Toutefois, elles sont insuffisantes pour forcer la main des gouvernements et des compagnies. Lorsqu’elles sont utilisées dans le cadre d’une variété de tactiques – protestation, occupation, grève – elles peuvent participer à inverser un rapport de force. Les mouvements de lutte ont constamment besoin d’identifier où et comment exercer la plus forte pression sur les personnes au pouvoir. Ils devront faire preuve de la détermination nécessaire pour maintenir cette pression tant que leurs exigences ne seront pas satisfaites.

Ces questions de stratégie et de tactiques sont liées à celle de la direction politique des mouvements. Malgré la puissance et la mobilisation historique du Front commun 2015, les reculs essuyés par les employé·e·s du secteur public et parapublic montrent la vulnérabilité des mouvements lorsque leur direction ne fait pas preuve de la combativité nécessaire. Une participation démocratique de la base dans la lutte, y compris dans la formulation des stratégies et des tactiques, est nécessaire pour contrer les pressions des classes dirigeantes. Des structures démocratiques doivent aussi exister pour remplacer les dirigeant·e·s qui n’agissent pas dans les intérêts des personnes en lutte.

Cette situation met en évidence la nécessité de construire un parti politique démocratique fondé sur la défense des travailleurs et des travailleuses et indépendant de l’argent de l’État et des compagnies. Son rôle consiste à renforcer le pouvoir de la majorité, autant au parlement qu’en organisant la lutte dans la rue. Bien que QS ne constitue pas un tel parti, son développement représente une étape dans sa construction. En luttant pour un programme, des méthodes et des stratégies socialistes dans QS, les socialistes mettent ainsi les bases de ce futur parti de masses des travailleurs et des travailleuses.

 

Julien D.


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