Livre : Le Talon de fer

C’est l’été, l’occasion de se détendre, et pourquoi pas avec un bon bouquin… forcément un peu politique. Alors, avec un bon Mojito à côté de soi, on se plonge dans Le Talon de fer, un roman d’anticipation sociale signé Jack London (1876-1916) qui est quelque part l’ancêtre de 1984 et de toutes les dystopies modernes.

Quand on pense à Jack London, on pense généralement à Croc-Blanc (surtout pour celles et ceux dont l’enfance fut marquée par l’excellente adaptation de 1991 avec Ethan Hawke…), à la nature sauvage et à l’aventure. Mais il y a bien plus à découvrir chez l’auteur de L’Appel de la foret. Une partie généralement négligée de son œuvre très considérable ne fait pas de mystère de ses opinions politiques clairement socialistes révolutionnaires. Il a notamment publié en 1905 un recueil intitulé La Guerre des classes, fut un partisan et il fut militant du Socialist Labor Party puis du Socialist Party qu’il quitta l’année de sa mort en lui reprochant son réformisme et sa désertion de l’approche révolutionnaire.

« Un optimiste au regard aigu et perspicace »

C’est ainsi que parlait de lui Léon Trotsky dans une lettre écrite à la fille de Jack London, Joanne London, en 1937 dans laquelle il louait l’intuition puissante de l’artiste révolutionnaire : «Un fait est indiscutable, dès 1907, Jack London a prévu et décrit le régime fasciste comme le résultat inéluctable de la défaite de la révolution prolétarienne.» On ne peut qu’être frappé effectivement par la justesse d’anticipation de ce roman qui décrit une révolution socialiste aux États-Unis – la Commune de Chicago – et sa répression pendant trois cents ans par une société de type fasciste.

Le narrateur est une femme d’origine bourgeoise, Avis Cunningham, qui tombe progressivement amoureuse du révolutionnaire Ernest Everhard et qui relate le développement de la classe ouvrière nord-américaine et ses combats contre la classe capitaliste. Le récit est parsemé d’astérisques et de notes de bas de pages écrites par un observateur du XXIVe siècle destinées à faire comprendre le récit à des lecteurs enfin libérés de l’exploitation capitaliste toute l’absurdité de notions telles que loyer.

L’ambition du roman est limpide: vulgariser différents éléments de la théorie marxiste au travers d’une histoire fictive toute entière construite autour de la lutte des classes et de la nécessité d’une révolution pour renverser l’ordre établi. Un récit original et passionné qui n’a fait que gagner en pertinence avec le temps.


par
Alternative Socialiste (Québec)