Avec un peu moins de 25% des voix aux dernières élections en Flandre, soit 16% à l’échelle de la Belgique, Bart De Wever se considère toujours comme l’empereur du pays. Il a mis en attente les partis qui souhaitent le prolongement du délai pour un avortement légal, des partis qui constituent une large majorité au Parlement fédéral. Si ces partis procèdent à un vote, la N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie, Nouvelle Alliance flamande, parti nationaliste conservateur) n’entrera pas avec eux dans un gouvernement fédéral. Selon lui, la proposition dispose d’un soutien de 0,0% en Flandre, alors que les partis pro-avortement y ont obtenu près de la moitié des voix. Il présume que sa Flandre a le droit de placer tout le pays sous le signe de la droite conservatrice.
Il ne joue bien entendu pas qu’avec les cartes qu’il a en main, dont il en a perdu bon nombre par rapport aux élections précédentes et encore plus depuis lors selon tous les sondages. Il joue aussi avec celles du VB (Vlaams Belang, Intérêt flamand, parti nationaliste d’extrême-droite) et du CD&V (Christen-Democratisch en Vlaams, Chrétiens-démocrates et flamands, parti démocrate de centre-droite). Cependant, après les élections précédentes, il est apparu clairement qu’en dehors de la N-VA, aucun parti n’est disposé à coopérer avec le VB tandis que le CD&V, le traditionnel parti du pouvoir dans le pays, est devenu un petit parti.
Par opportunisme populiste, le VB s’est exprimé en faveur d’un certain nombre de revendications du mouvement ouvrier, mais le VB n’a pas non plus d’importance pour De Wever. Une majorité au Parlement pour un salaire minimum de 14 euros/h, par exemple, serait tout aussi bien condamnée par De Wever, cette fois-ci en comptant les voix des partis libéraux avec les siennes.
Ce ne serait qu’un spectacle tragicomique si les partis favorables au droit à l’avortement ne s’en souciaient pas. Le CD&V pourrait alors quitter le gouvernement flamand, s’il osait le faire. Cependant, il est à craindre que les partis traditionnels de la majorité pro-avortement soient à nouveau victimes de chantage de la part de l’empereur autoproclamé de Flandre qui, selon tous les sondages de cette dernière année, ne bénéficie aujourd’hui que du cinquième des voix flamandes.
La seule façon de sortir de l’impasse est de mobiliser dans la rue le soutien à un assouplissement de la législation sur l’avortement. De Wever est – bien sûr! – également un adversaire résolu de la mobilisation sociale. Après tout, De Wever ne nous permet d’être infectés par le virus qu’au travail et dans les magasins, en aucun cas lors de manifestations et d’actions de masse.
Si les partis en faveur de l’assouplissement de la législation sont sérieux concernant ce sujet, le projet de loi sera adopté la semaine prochaine – enfin! – et l’« empereur » sera là, debout, et nu. Pour le PvdA/PTB (Partij van de Arbeid van België, Parti du travail de Belgique, parti de gauche réformiste) – les seuls qui, dans le passé, n’ont pas laissé les petits jeux de pouvoir prendre le pas sur leurs principes – il est important de lancer cette mobilisation et de dénoncer les partis dont le comportement se moque des principes.