Le régime iranien a arrêté une trentaine de travailleurs de la sidérurgie à Ahvaz, capitale de la province du Khuzestan, riche en pétrole. Cela s’est produit au 36e jour de grève des travailleurs, suite à un débrayage à cause de salaires impayés.
Ces dernières semaines, des travailleurs affamés du groupe industriel de l’acier national et leurs familles sont descendus dans les rues d’Ahvaz. Ils/elles ont crié contre les responsables locaux, la direction de l’usine et la « mafia de l’acier », qui a plongé les travailleurs dans la misère et la faim. Les luttes récentes des travailleurs de Haft-Tappeh et d’Ahvaz ont inspiré d’autres couches de la population. Des étudiant·e·s d’universités de différentes villes ont exprimé leur solidarité et des militant·e·s écologistes se sont joints à la marche des travailleurs à Ahvaz.
Le régime, qui craint que les protestations continuelles ne s’étendent à d’autres branches, a décidé d’intimider les travailleurs. Cependant, un jour après la répression, les travailleurs sont toujours dans la rue et réclament la liberté de leurs collègues. Karim Sayyahi, un ouvrier métallurgiste, a pris la parole devant un rassemblement la veille de son arrestation et a déclaré : « Le pouvoir des travailleurs est le pouvoir suprême. Ne craignez ni les menaces ni la prison. Ne craignez ni l’emprisonnement ni l’exécution, parce que vous êtes dans la rue pour vos droits. »
Travailleurs affamés
La réponse du régime aux travailleurs affamés ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Le régime qui a dépensé extravagamment des milliards de dollars pour sa politique expansionniste ambitieuse au Moyen-Orient, équipant et armant des groupes paramilitaires en Irak et en Syrie, et empochant la palme de chefs religieux réactionnaires dans de nombreux pays, est incapable de payer les salaires des travailleurs! La machine à propagande du régime diffuse hypocritement les luttes du peuple français, mais réprime brutalement les travailleurs affamés dans ses villes.
Le groupe industriel national de l’acier, fondé en 1960, a une capacité de production de deux millions de tonnes de produits en acier. En 2009, il a été privatisé. Cependant, dans une situation qui a pris de l’ampleur à la suite des sanctions nucléaires et de la corruption et des conflits internes croissants, le régime a pris la place du propriétaire de l’usine, magnat et collaborateur d’un réseau de contrebande de pétrole qui travaillait de concert avec les forces militaires. Lors d’un procès-spectacle, le propriétaire de l’usine, Amir Mansour Arya, a été condamné à mort et l’usine a été confiée à de grandes banques d’État. Les banques, au lieu de rétablir la production, ont pillé l’usine et vendu une partie de ses machines. La crise qui a paralysé les usines du Khuzestan va se produire dans presque toutes les industries iraniennes. De toute évidence, ni le régime islamique fanatique ni aucun autre agenda procapitaliste ne peut régler le problème. Les travailleurs ayant évoqué l’idée d’une gestion par des conseils, seule une renationalisation sous le contrôle des travailleurs, capable d’organiser la production et la distribution en fonction des intérêts publics, peut constituer une solution urgente et immédiate.
Dans ces circonstances difficiles et face à l’un des régimes les plus oppressifs du monde, les travailleurs iraniens ont besoin d’un message solidaire internationaliste fort de la part des travailleurs et travailleuses du monde entier.