La grève générale illimitée est lancée dans l’industrie de la construction depuis hier. Le gros du litige concerne les horaires de travail et les heures supplémentaires. Les travailleurs-euses s’opposent à la demande patronale de revenir travailler les fins de semaine lorsqu’une journée est perdue À TAUX SIMPLE, en plus de devoir donner une disponibilité de 5 à 20 heures par jour. Il s’agit d’une attaque directe sur les conditions de travail et sur les familles des travailleurs-euses.
Les négociations
Dès le 16 mai, l’Alliance syndicale de la construction, regroupant 175 000 travailleurs-euses des différentes organisations syndicales de la construction[1], annonçait que, si une entente n’était pas conclue d’ici le 24 mai, la grève serait déclenchée.
Or, les associations patronales ont tout fait pour étirer les négociations et acculer au mur la partie syndicale afin de les pousser vers la grève. Il faut savoir que dans le secteur de la construction, il est INTERDIT DE NÉGOCIER la rétroactivité dans la nouvelle convention, ce qui a pour conséquence de favoriser systématiquement la partie patronale. Celle-ci ne fait que gagner au fur et à mesure que les jours s’écoulent.
De plus, l’importance de l’industrie de la construction dans l’économie du Québec en fait une matière cruciale et hautement politique. Pour le gouvernement Couillard pro-patronal, il est « inacceptable » qu’une grève paralyse le Québec. La menace d’une loi spéciale brandie par le gouvernement pour forcer le retour au travail pèse sur les travailleurs-euses en grève. Aucune considération pour les demandes raisonnables et légitimes de ces derniers-ères! Ce qui est inacceptable ce sont bien les demandes patronales, qui demandent à leurs employé-es de sacrifier leur famille!
Il faut aussi se rappeler que le 11 mai dernier l’Alliance a remis une pétition de plus de 40 000 noms (rien de moins!) au ministre du Travail afin de pouvoir négocier de bonne foi la rétroactivité, ce qui mettrait fin à l’avantage de l’ACQ dans sa stratégie délibérée d’allonger les négos. La réaction du gouvernement? Rien. Ça ne fait que montrer une nouvelle fois le parti pris pro-patronal du gouvernement Couillard.
Le comble de la ronde des négociations est survenu lorsque l’association de la construction du Québec (ACQ), a tenté de rejeter l’odieux sur la partie syndicale dans une capsule mensongère et méprisante[2] en affirmant que c’était les syndicats qui avaient tenté de ralentir la négociation et que la seule chose que ces derniers voulaient était de faire la grève. Il s’agit d’ailleurs de leur cassette dans les médias, tout en ajoutant que la population est prise en otage et qu’elle ne veut pas de cette grève…
… de la belle marde patronale si vous voulez mon avis.
La grève est le moyen de dernier recours et il est nécessaire dans la situation actuelle.
La première journée de grève générale illimitée est lancée
Dans la construction, il est encore possible LÉGALEMENT pour les employeurs d’engager des briseurs de grève (scabs pour les intimes). Le respect de la grève demande une mobilisation et une solidarité fortes chez les grévistes, qui doivent parfois affronter leurs collègues manipulés par les patrons.
Les employeurs n’ont pas perdu de temps. Dans certaines localités, les employeurs convient leurs employé-es dans des salles pour leur dire «qu’il n’y a pas de grève», «que ceux-ci peuvent aller travailler», etc. Certains patrons sont allés jusqu’à menacer de renvoi… Même les médias se sont empressés de rappeler «que pendant une grève on peut aller travailler»[3]. Les gens ont surtout le DROIT D’APPUYER LA GRÈVE et de se DÉFENDRE CONTRE LE PATRONAT. Avec des mandats de grève adoptés à environ 95% sur l’ensemble du territoire, on peut se passer de l’avis de Radio-cadenas. Cette grève est légitime et un droit de grève ça se respecte !
La première journée s’est passée avec des tournées sur les chantiers afin de faire respecter le débrayage. Quelques échauffourées avec des boss[4] ou des travailleurs-euses ont eu lieu, mais globalement les lignes se tiennent et les gros chantiers de Montréal comme celui du CHUM ou du pont Champlain sont à l’arrêt.
Le gratin de la classe politique n’a pas attendu pour montrer son vrai visage. Le maire de Québec Régis Labeaume déclarait hier qu’il accueillerait positivement une loi spéciale[5]. Il y a deux ans c’était la loi 10 contre les travailleurs-euses du municipal et aujourd’hui une autre pour les travailleurs-euses de la construction. Le gouvernement a réaffirmé de son côté qu’il était dit prêt à imposer une loi spéciale. Bref, des élus grassement payés avec nos taxes pour nous faire courber l’échine.
Les parties syndicale et patronale ont été appelées en matinée hier à Québec pour résoudre le conflit et l’on verra bien ce qui en ressortira. Il ne faut toutefois pas se faire d’illusions : la grève reste le meilleur moyen pour contrer la régression dans la prochaine convention.
En guise d’ouverture
Le parti pris pro-patronal du gouvernement et les lois permettant les briseurs de grève montrent encore une fois la nécessité de s’ingérer dans la politique. Il faut pousser nos propres candidatures issues des syndicats à l’Assemblée nationale (et pourquoi pas au municipal et au fédéral aussi) afin de changer les politiques et les lois contre les travailleurs-euses.
De meilleures conditions de travail se sont bâties sur les luttes passées. En 2017, il s’agit d’une nouvelle lutte nécessaire pour se protéger face à la cupidité des patrons et au mépris du gouvernement.
SOLIDARITÉ AVEC LES GRÉVISTES !
DÉFIONS LA LOI SPÉCIALE !
POUR DES CANDIDATURES SYNDICALES AUX ÉLECTIONS !
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