Retour sur la grève au Vieux-Port de Montréal

Après 5 mois de conflits, la grève des employé-e-s du Vieux-Port de Montréal (SEVPM) s’est terminée le 27 octobre 2016.

Ils/elles auront une augmentation salariale de 12% sur cinq ans, le salaire d’entrée passera de 10,67$ à 12,38$ et certains auront droit à des congés mobiles sous certaines conditions. Cette entente fut acceptée en assemblée générale par une mince majorité de 52%. Ils/elles ont essentiellement accepté les propositions initiales de l’employeur, il n’y a donc pas eu de gain significatif dans cette négociation.

Malgré tout, ce fut une grève exemplaire dès le départ. Ce conflit a été le moteur de la lutte pour le 15$ pendant des mois, a réussi à mobiliser plusieurs secteurs de la communauté et a mené des actions locales pratiquement toutes les semaines avec une forte implication des membres.

Malheureusement, cela n’a pas débouché sur les gains escomptés. Plusieurs facteurs extérieurs l’expliquent et témoignent du climat défavorable dans lequel s’exerce aujourd’hui le droit de grève dans plusieurs secteurs.

Sur la nécessité d’un syndicat de masse

Mais avant de voir les facteurs négatifs, il faut tout de même souligner que ce conflit n’aurait jamais duré 5 mois, si le SEVPM n’avait pas été affilié à une fédération syndicale nationale, dans le cas présent l’AFPC, un syndicat de 170 000 membres à travers le pays. Sans cela, les travailleurs-euses n’auraient jamais pu tenir économiquement aussi longtemps sans salaire.

Il faut donc couper court à toute prétention sectaire de créer des syndicats à l’extérieur des syndicats de masse existants. Ce n’est que par l’unité la plus vaste possible des travailleurs-euses dans les organisations existantes que nous sommes le plus aptes à vaincre.

Pour le droit de faire grève quand nous le voulons

C’est vrai pour le Vieux-Port, mais également pour l’ensemble du mouvement syndical : il faut gagner le droit de faire grève quand nous le voulons, pas uniquement dans les limites très étroites de la négociation de nos conventions collectives. Les patrons ont déjà la majorité des juges et des arbitres dans leurs poches, il ne faut pas en plus leur laisser le temps de se préparer!

Nous devons mener des campagnes énergiques pour forcer les directions syndicales à élargir le droit de grève.

Une grève, c’est toujours politique

À deux reprises pendant la grève, le gouvernement de Justin Trudeau aurait pu mettre un terme au conflit, mais il ne l’a pas fait. Premièrement, en refusant d’élever le salaire minimum fédéral à 15$/H. Deuxièmement, en votant contre le projet de loi anti-scabs. Les travailleurs-euses du SEPVM étant sous juridiction fédérale, l’employeur pouvait utiliser des scabs.

Sur ces deux questions, les libéraux fédéraux ont voté, comme les conservateurs, dans l’intérêt des grands patrons. Cela démontre clairement que dans n’importe quel conflit économique se trouve la question politique.

Le mouvement ouvrier ne peut pas lutter comme si la question politique n’existait pas. LE SEVPM l’avait clairement compris et, dès le début, il a démasqué les prétentions «progressistes» de Trudeau et cherché des alliés politiques du côté du NPD et de QS.

Cela ne fut pas suffisant, mais démontre clairement la nécessité, pour les syndicats locaux, de bâtir des relais pour leurs revendications, autant au niveau politique, que dans la communauté.


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