1er mai : Plus que jamais, les travailleurs et travailleuses ont un monde à gagner!

Déclaration de l’ISA pour la Journée internationale des travailleurs 2025

Le 1er mai est la Journée internationale des travailleurs et travailleuses. Elle a vu le jour lorsque la classe ouvrière s’est soulevée en tant que force collective et a réclamé une journée pour marquer ses luttes. Les travailleurs et travailleuses ne l’ont pas fait pour se rappeler d’envoyer de chaleureuses salutations de solidarité une fois par an, mais dans leur propre intérêt de classe. Pour tester leur potentiel et leur pouvoir, et surtout pour renforcer leur cohésion et leur solidarité. Que peut-on obtenir si les classes laborieuses du monde entier unissent leurs forces?

«Que voulons-nous?» (What do we want?) est une phrase souvent criée lors des manifestations. La réponse est celle du mot d’ordre du Manifeste communiste : «Nous avons un monde à gagner». Lorsque la classe ouvrière mondiale se soulèvera et mettra fin à l’exploitation constante des travailleurs et des travailleuses par le capitalisme, elle ouvrira en même temps la voie à la libération de toute l’humanité et à la protection de l’environnement.

La guerre et l’autoritarisme en hausse

Le drapeau rouge du 1er mai 2025 est hissé sur un ciel assombri par les bombes et les ombres des «hommes forts». Il est obscurci par la pollution et à moitié caché par les murs tarifaires d’un monde dominé par l’intensification du conflit entre l’impérialisme américain et l’impérialisme chinois. Les enfants et le personnel paramédical de Gaza sont délibérément assassinés par le régime meurtrier d’Israël qui, avec le soutien de Donald Trump, prévoit des déplacements massifs et un nettoyage ethnique.

Le nombre de guerres dans le monde est le plus élevé depuis le début des relevés, en 1946. Le nombre de personnes réfugiées dans le monde bat des records. Mais la situation est pire encore. De plus en plus de pays prévoient produire davantage d’armes nucléaires. Les dirigeantes et dirigeants européens aiment (à juste titre) qualifier Trump de dangereux, mais leur réponse consiste à l’imiter. Le nouveau programme d’armement de l’Union européenne est astronomique, d’une valeur de 800 000 000 000 €. Le monde est pris d’une frénétique course aux armements. Ce militarisme est la voie de la guerre dans un système dont l’économie et les fondements reposent sur la concurrence et la domination.

Trump est en train de mettre en place un régime autoritaire. Cela inclut le contrôle politique et la répression, des universités aux musées, ainsi que les attaques contre les droits syndicaux. Trump veut réécrire l’histoire. Il est «négatif» de parler de racisme, déclare le dirigeant d’un État dont l’essor et la richesse reposent sur le colonialisme et le racisme. Tous les commentateurs du monde font des comparaisons avec les années 1930, qui ont été la pire décennie de l’histoire moderne. Le nationalisme et le racisme extrême ont conduit à l’extermination et à la guerre mondiale.

Le problème fondamental n’est pas que la nation la plus puissante du monde ait un mauvais dirigeant. C’est le fait que le système crée les dirigeants qui correspondent à cette époque : Trump, Poutine, Xi, Modi, Milei, et bien d’autres. C’est pourquoi notre réponse doit être une opposition à l’ensemble du système, en construisant la lutte anticapitaliste et socialiste de la classe ouvrière. Alors que le capitalisme devient plus autoritaire et impose des limites à l’arène parlementaire, la résistance doit être construite encore davantage sur le plan extraparlementaire, avec des grèves, des mobilisations de masse et des blocages. Si nous nous penchons sur les racines du problème, nous trouverons des réponses sur la manière d’y répondre.

L’héritage du 1er mai

Les travailleurs et travailleuses ont commencé à s’organiser à l’échelle mondiale pour garantir la paix. Dès le début, le 1er mai a été une journée de lutte de masse internationale pour la journée de travail de huit heures et le suffrage universel, ainsi que pour la paix mondiale et le socialisme.

C’est la première organisation internationale socialiste des travailleurs et travailleuses, la IIe Internationale, dite Internationale socialiste, qui a décidé de faire du 1er mai une journée mondiale annuelle de lutte des travailleurs et travailleuses en 1889. Pour que l’antimilitarisme ne reste pas lettre morte, la IIe Internationale a également imposé à tous les parlementaires socialistes de refuser d’allouer quelque fonds que ce soit à des fins militaires et de répondre à l’agitation en faveur de la guerre par des manifestations de masse pour la paix et par des campagnes internationales antimilitaristes.

Cependant, l’antimilitarisme a toujours été un test décisif pour le mouvement ouvrier et la gauche. Il divise ceux et celles qui osent rejeter le militarisme impérialiste de ceux et celles qui, invoquant la complexité de la «situation», cèdent au bellicisme, au nationalisme et aux demandes véhémentes des élites capitalistes en faveur de la prolifération militaire.

Les premiers mouvements syndicaux ont utilisé le marxisme pour comprendre la racine du problème. L’exploitation des travailleurs et travailleuses dans le monde entier signifie que la richesse s’accumule au sommet. La richesse des milliardaires a augmenté trois fois plus vite en 2024 qu’en 2023. Depuis 2020, cinq milliards de personnes se sont appauvries, tandis que les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune, selon le rapport d’Oxfam de l’année dernière. Nous devons inverser cette pyramide.

Le capitalisme dresse les personnes qui travaillent les unes contre les autres, jetant ainsi les bases du racisme. À l’inverse, la lutte contre le racisme est dans l’intérêt de tout le monde. L’oppression des femmes et des personnes trans découle des structures patriarcales du capitalisme exprimées dans le milieu de travail, à la maison et dans l’État. La violence sexuelle renforce ces structures. Accepter l’oppression ou fermer les yeux sur elle nous affaiblit.

Notre solidarité commune nous rend plus forts et plus unis, non seulement en paroles, mais aussi en actes. Malcolm X et le mouvement des droits civiques aux États-Unis a été parmi les premiers à reconnaître la nécessité de lutter contre la guerre de l’impérialisme américain au Viêt Nam. Dix ans plus tard, un mouvement de masse mondial au potentiel révolutionnaire a mis fin à la guerre.

Un système parasitaire et en crise

Avec la nouvelle poussée militariste mondiale, de nouvelles guerres menacent tandis que toute ambition d’arrêter la destruction de l’équilibre écologique de la planète par le capitalisme est jetée par-dessus bord. En 2024, la température moyenne de la planète a dépassé pour la première fois de 1,5°C les niveaux préindustriels. En un an, 151 événements climatiques extrêmes ont contraint 800 000 personnes à fuir leur domicile, le chiffre le plus élevé depuis le début des relevés. Le fait que le dirigeant du pays le plus riche du monde réponde à la crise climatique par Drill, baby, drill symbolise à quel point le système capitaliste en crise est devenu un parasite pour la société.

Lorsque la guerre commerciale brutale de Trump a été lancée le «Jour de la libération», il s’agissait, comme l’ont même noté certains commentateurs bourgeois, d’une déclaration de guerre au monde entier. Comme l’expliquait Léon Trotsky dans les années 1930, les barrières tarifaires sont érigées «parce qu’elles sont rentables et indispensables à une bourgeoisie nationale au détriment d’une autre, indépendamment du fait qu’elles retardent le développement de l’économie dans son ensemble». Et comme dans les années 1930, le réarmement militaire va de pair avec un protectionnisme économique accru. Tout tourne autour de l’impérialisme et de la domination de la puissance impérialiste la plus forte sur la plus faible. Avec les visées de Trump sur le canal de Panama, le Groenland et Gaza, l’impérialisme nu et tyrannique s’expose aux yeux de centaines de millions de travailleurs et travailleuses dans le monde.

Pour la classe ouvrière, le passage du capitalisme de la mondialisation néolibérale au nationalisme économique et à une nouvelle course aux armements impérialiste revient à passer de la poêle à frire au feu. Nous devons lutter contre le pire des scénarios, à savoir que les travailleurs et les pauvres soient montés les uns contre les autres dans de nouvelles guerres dans l’intérêt de la classe dirigeante. Bien entendu, la fermeture des frontières ne sauvera pas l’économie ni les emplois de part et d’autre des murs. Le capitalisme est ancré depuis plus de 100 ans dans une économie mondiale où le développement économique repose sur une division internationale du travail. Espérer que le renversement de cette situation relancera l’économie en difficulté n’est rien d’autre qu’une utopie réactionnaire. Au contraire, la guerre commerciale de Trump risque de plonger l’économie mondiale dans un chaos et une crise profonds, comme dans les années 1930.

La guerre commerciale est une autre tentative d’échapper aux contradictions inhérentes du système capitaliste qui ont conduit à la «polycrise» actuelle, caractérisée par une société au bord de l’effondrement ou en train de s’effondrer. La guerre et le désastre des personnes réfugiées au Soudan, ainsi que la guerre génocidaire à Gaza et le «hachoir à viande» de la guerre en Ukraine, sont un rappel sinistre de ce qui nous attend, à moins qu’une alternative socialiste ne puisse être construite.

Construire une alternative par la lutte

Pour la classe ouvrière, la nouvelle ère est synonyme de tempêtes, mais aussi d’une période au cours de laquelle la lutte et la conscience peuvent se développer rapidement. L’instabilité, les fluctuations rapides et les crises politiques renforcent le caractère de la période actuelle, celle des révolutions et des contre-révolutions.

Sur le plan politique, la classe ouvrière n’a toujours pas de voix, mais l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite et des autoritaires ainsi que l’effondrement du «centre» ouvrent inévitablement la voie à la conclusion que de nouveaux partis de lutte pour la classe ouvrière doivent être construits.

En Europe, les travailleurs, les travailleuses et les jeunes de Serbie, de Grèce et de Belgique ont ouvert la voie en organisant des manifestations de masse et des grèves générales. L’Argentine a connu sa troisième grande grève contre Javier Milei en avril. Aux États-Unis, l’opposition à Trump s’est considérablement intensifiée avec les plus grandes manifestations depuis BLM en 2020. En Hongrie, Viktor Orbán, qui se présente comme le prédécesseur de Trump, a été confronté à des protestations massives de la part des étudiants et étudiantes lorsque le droit de manifester a été restreint. Les mobilisations de masse ont permis d’arrêter la tentative de coup d’État et d’évincer le président Yoon Suk-yeol, le Trump de la Corée du Sud.

Une alternative au capitalisme ne peut être construite que par la lutte. Ni le libre-échange ni les tarifs douaniers ne sauveront le niveau de vie de la classe ouvrière. Au contraire, ces deux options visent à enrichir une petite élite.

Pour une économie planifiée et un monde socialiste

Seule une alternative socialiste, où la recherche capitaliste du profit et la soif impérialiste de pouvoir sont brisées, fournit la base pour redistribuer les ressources de la classe milliardaire et des usines d’armement vers les besoins réels en termes d’alimentation, de logement, de soins de santé ou d’éducation pour l’ensemble de la population mondiale. Dans une économie socialiste, l’économie et le commerce sont basés sur la propriété publique des moyens de production et des principaux leviers de l’économie, ainsi que sur la planification démocratique de la production. Une économie planifiée est également le seul moyen de mettre fin à la dépendance de la société à l’égard des combustibles fossiles. Seule la planification permettra d’opérer la transition vers une réduction rapide des émissions de CO2 et la réduction de l’exploitation des ressources naturelles qui détruisent notre planète. Seule cette avenue permettra de prendre les mesures nécessaires pour restaurer les écosystèmes dégradés.

Au milieu de la crise et du chaos du capitalisme, la nécessité d’une alternative socialiste devient plus évidente. L’humanité n’a jamais été aussi bien placée pour vivre une vie de prospérité sans pauvreté, sans guerre et sans oppression. Avec une utilisation planifiée des ressources, une production et une distribution en fonction des besoins, nous pourrions assister à un véritable «Jour de la libération» pour l’ensemble de l’humanité. Cela nécessite la lutte unie et internationale de la classe ouvrière pour renverser l’ensemble du système capitaliste parasitaire. C’est pour cela que l’Alternative Socialiste Internationale se bat. Vive le 1er mai et l’unité internationale de la classe ouvrière!


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