La CAQ met la table pour de l’austérité

L’an dernier, la CAQ prédisait un regain économique pour le Québec. La réalité a été  moins positive qu’espérée. Le PIB réel a stagné en 2023, avec une hausse de 0,2%. Le budget a été réduit de 2,4 milliards $. Mais le gouvernement nous promet quand même une «reprise durable dès le deuxième semestre de l’année 2024». À votre avis, cette reprise s’effectuera sur le dos de qui? 

Le radeau de l’économie du Québec sur la rivière de l’économie mondiale

Pendant les années de la pandémie, notre économie a grandement ralenti. Lorsqu’on est sorti des confinements, les années de privations ont donné lieu à un regain de  consommation élevé. Ce moment ne pouvait que passer considérant la hausse de l’endettement et l’inflation. Couplée à une situation internationale de plus en plus instable,  l’économie mondiale connaît un ralentissement. Elle va maintenant de mal en pis et rien n’indique que cette tendance s’inversera.

Selon les dernières données, le PIB du Québec présente un taux de croissance de 0,2 %. Or, la CAQ annonce une économie à la hausse. On pourrait s’attendre à des «prix plus stables et des conditions de crédit plus avantageuses», ainsi qu’à une meilleure croissance économique en 2024-2025. 

Faut-il avoir peur du déficit?

Le déficit budgétaire québécois 2023-2024 se situe à un niveau historique en termes de montant d’argent, soit 11 milliards $. Bien que ce gros nombre peut faire peur, on doit voir les choses de manière relative. Les déficits s’expriment en relation au PIB. Le déficit actuel représente 1,9% de celui-ci, ce qui est bien en dessous d’autres taux historiques, comme celui du déficit de 1980-1981 à 4,7%. Mais il permet à la CAQ d’apeurer les gens pour éventuellement légitimer une nouvelle vague d’austérité.

La plus grande source du déficit: les coupures de taxes

Environ un tiers des revenus du Gouvernement du Québec (146,8 G$) vient de l’impôt des particuliers (42 G$). Ce nombre est suivi par les revenus des taxes à la consommation (26,5 G$). L’impôt des sociétés (13,2 G$), ainsi que le revenu des entreprises du gouvernement (6,6 G$) sont loin derrière. Le budget provincial est donc principalement  prélevé à même les revenus  de la population du Québec.

C’est pourquoi les coupures de taxes de 2023 ont eu un si grand poids dans le budget. À l’époque,  la CSQ calculait que ces coupures coûteraient 1,6 G $ aux finances publiques. Mais ces coupures ne sont pas les seules à affecter le déficit actuel. Il faut aussi ajouter les coupures antérieures. D’après la centrale syndicale, c’est plus de 6 G $ sur les  11 G $ du déficit  qui seraient attribuables aux plus récentes coupures de taxes. 

La source du déficit selon la CAQ: trop de services et de programmes sociaux

Pour la CAQ, la stagnation économique compterait pour environ 1 milliard (0,9 G $) du déficit. De plus, Hydro-Québec a eu une faible hydraulicité, ce qui a coûté 1,6 G $. Certes, ces nombres sont importants.

Mais, attachez votre tuque avec de la broche, les vraies raisons du déficit seraient plutôt attribuables, selon la CAQ, à « la mise à jour de la planification des travaux en matière de logements sociaux » (1,7 G $), à « des initiatives ciblées » pour « soutenir la transition climatique, soutenir les communautés, offrir un meilleur accès au logement » (1,4 G $) ou encore « soutenir les élèves en difficulté pour le retour en classe » et « financer la rénovation des habitations à loyer modique ». Ces investissements, qui sont en fait insuffisants, démontrent l’absence de volonté des gouvernements capitalistes d’aller au-delà de ce que le privé veut bien faire.

Pour résoudre le déficit, la CAQ propose:

  • «D’examiner» des dépenses pour réduire la bureaucratie de l’État, soit  éliminer 15 000 postes à la suite de départs à la retraite.
  • «Réviser» certaines aides aux entreprises, soit faire des coupures de taxes comme en 2023 pour  «aider» l’économie.
  • Hausser la taxe sur le tabac. Nous faudrait-il plus de fumeurs pour sortir du déficit?
  • Promettre que le Fédéral nous donnera plus d’argent en lien avec l’immigration, ce qui est loin de se réaliser.
  • Quitter le nouveau Régime canadien de soins dentaires et l’éventuel Régime canadien d’assurance-médicaments. 
  • Baisser les impôts des particuliers, une fois de plus. 

«Optimiser» l’état, «examiner» les dépenses et quitter les régimes d’assurances santé sont toutes des déclarations d’austérité future. C’est tout simplement faux de penser que de couper du personnel n’affectera pas l’accès et la qualité des services. On va attendre plus longtemps, nos services seront moins disponibles ou simplement indisponibles. Il y aura davantage de charge de travail sur le personnel restant. Le prix à l’utilisation risque de monter. La porte sera davantage ouverte au privé et aux dépenses que devront y faire les contribuables (qui paient déjà pour les services publics). 

Le CAQ tire la couverte, notre classe n’a pas à se laisser faire

Ces annonces de coupures arrivent à un moment où notre classe subit déjà une crise du logement et des coûts alimentaires qui montent en flèche. De plus, la droite conservatrice se décomplexe et gagne en popularité. Dans ce contexte de tensions économiques, on peut prédire que la fréquence et l’intensité des luttes seront en hausse durant la prochaine période. Que seront les mots d’ordre à adopter pour contrer cette austérité future?

Opposons-nous à toutes les coupures de postes dans le secteur public!

Luttons pour des réinvestissements massifs dans les services publics, leur expansion et l’amélioration des conditions de travail! Où trouver l’argent? En taxant les profits des grandes compagnies, en récupérant l’argent caché dans les paradis fiscaux et en nationalisant les grandes entreprises du secteur de la santé, notamment.

Il existe déjà différentes campagnes syndicales de sensibilisation sur ces enjeux. Toutefois, elles répètent le modèle lobbyiste des dernières décennies, axé sur la publicité et les relations publiques. Elles tentent de changer «l’opinion publique», sans toutefois bâtir de rapport de force économique et politique.

Nous avons besoin d’une base syndicale consciente que son pouvoir réside dans son organisation. Aucune revendication d’envergure ne se gagnera à travers le lobbying ou «l’éducation» des patrons, des propriétaires ou des élu∙es. C’est à travers la grève, les occupations et la désobéissance des lois patronales que toutes les grandes réformes ouvrières ont été gagnées au Québec. Mais aucune de ces méthodes n’est envisageable sans l’implication volontaire et consciente des membres de la base.

Cette force politique autonome, basée sur le monde du travail, est absolument nécessaire pour un jour rompre avec l’austérité. Tous les mouvements sociaux en lutte pour les intérêts de notre classe sociale doivent avoir leur place dans ce projet de parti des travailleuses, des travailleurs et de la jeunesse. Alternative socialiste cherche des volontaires pour poser les bases d’un tel projet.

À la relation de mendiant envers le Fédéral, il est du devoir des mouvements ouvriers et sociaux de remettre à l’ordre du jour un projet d’indépendance du Québec qui expose clairement les manœuvres d’Ottawa et des supposés partis nationalistes à Québec, en particulier le PQ, pour faciliter l’exploitation des travailleuses et travailleurs du Québec. Un développement économique et écologique démocratique ne pourra se faire que si le peuple québécois contrôle ses ressources à travers la nationalisation des secteurs clés de  l’économie, surtout dans le domaine énergétique. 

Les personnes migrantes doivent jouir des mêmes droits que tout le monde. Une intégration réussie nécessite notamment la reconnaissance de leur expertise et leur francisation aux frais des employeurs et durant  le temps de travail.

La CAQ s’apprête à attaquer notre classe sociale encore plus fort. Notre préparation politique doit commencer maintenant!


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