Un demi-million de personnes en grève aux États-Unis : les leçons de la vague de grève de 2023

Photo : Grévistes de l’UAW. Photo: Bill Pugliano, Getty Images

L’année 2023 est entrée dans les livres d’histoire. Près d’un demi-million de personnes se sont mises en grève, soit le nombre le plus élevé depuis les années 1980. Cela constitue une véritable avancée pour la classe ouvrière américaine. Mais l’année 2023 n’a pas été importante uniquement en termes de chiffres bruts. S’inspirant des tactiques qui ont fait leurs preuves par le passé, les travailleuses et travailleurs ont commencé à formuler des revendications audacieuses et à s’organiser sur le plancher pour les défendre.

L’essor de la lutte des classes a été alimenté en partie par la colère des travailleuses et travailleurs face à la dégradation de leur niveau de vie, notamment en raison de l’inflation historique des dernières années, ainsi que par leur influence accrue sur le patronat dans le contexte de niveaux d’emploi élevés.

Aux États-Unis et dans le monde, la situation économique reste désastreuse, malgré le report temporaire apparent d’une récession. Quel que soit le niveau d’éducation ou de formation requis pour votre emploi, les salaires n’ont, dans l’ensemble, pas réussi à suivre le coût des produits de première nécessité tels que le loyer, les produits alimentaires et les transports. Ils ont tous augmenté de façon vertigineuse.

La fin des programmes de l’ère COVID a également eu un effet profond. Il a provoqué la colère de millions de travailleuses et travailleurs frappés par le contraste entre leurs luttes quotidiennes et les profits historiques engrangés par le milieu des affaires américain.

Ces personnes sont également confrontées à des conditions de travail qui se dégradent considérablement. La diminution du nombre de personnes disponibles pour effectuer la même charge de travail entraîne de l’épuisement et de longues files d’attente dans les épiceries, les cafés et les hôpitaux. Les entrepôts d’Amazon affichent des taux d’accidents du travail deux fois plus élevés que ceux des autres entreprises du secteur. La chaleur alimentée par les changements climatiques tue des travailleuses et travailleurs de la logistique.

Comment pouvons-nous changer cette situation?

La classe ouvrière ne l’entendra jamais dans les médias de masse, mais le meilleur moyen d’améliorer nos vies est de s’organiser et de riposter. En particulier par la grève et en arrêtant la machine à profit du patronat.

L’année dernière, nous avons vu d’importants exemples de riposte syndicale. Les travailleuses et travailleurs américains de l’automobile membres du syndicat United Auto Workers (UAW) des Big 3 (General Motors, Ford et Stellantis), se sont mis en grève et ont remporté des victoires décisives. Les syndicats de scénaristes (Writers Guild of America, WGA) ainsi que celui d’acteurs et d’actrices (Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists, SAG-AFTRA), ont également mené une grève importante.

L’effort de syndicalisation en cours dans le plus grand centre aérien d’Amazon, à KCVG dans le nord du Kentucky, est la campagne syndicale la plus importante du pays. Si les travailleuses et travailleurs parviennent à se syndiquer et à décrocher le premier contrat syndical chez Amazon, ce ne sera rien de moins qu’un bouleversement des relations industrielles.

Mais pour réussir ces batailles et reconstruire un mouvement syndical militant en Amérique, il y a des leçons importantes à tirer des expériences actuelles et historiques.

​L’audace de la classe ouvrière inspire une action plus large

Les victoires dans les luttes ouvrières n’ont pas seulement un impact sur ceux et celles qui font grève. Elles servent à inspirer d’autres travailleuses et travailleurs à se lever et à se battre à leur tour.

Dans une certaine mesure, c’est ce qui s’est passé en 2023. La vague de grèves de l’année dernière s’est appuyée sur le Striketober de 2021 et sur le mouvement Red for Ed de 2018. Les syndicats de l’enseignement ont alors été contraints de faire grève en raison de la rébellion des membres de la base contre les mauvais contrats. L’année 2018 a également été marquée par des débrayages de personnes non syndiquées. Plusieurs chez des géants de la technologie comme Google ou dans la restauration rapide comme chez McDonald dans le cadre du mouvement MeToo exigeant la fin du harcèlement sexuel au travail.

Puis, en 2020, c’est tout le système capitaliste qui est entré en état de choc. Avec la pandémie et les fermetures d’entreprises, le terme «travailleur essentiel» est apparu dans la conscience publique. Il est rapidement apparu que ce n’étaient pas des PDG et des cadres moyens dont on avait besoin de toute urgence pour que la société continue de fonctionner. Mais bien des infirmières, des commis d’épicerie et des livreurs. 

Ces travailleuses et travailleurs ont été salués comme des «héros», mais souvent sans aucune compensation supplémentaire. Certains ont pu obtenir des augmentations de salaire temporaires sous la forme d’une «prime de risque». Mais cela était souvent loin de ce qui était nécessaire, tandis que les entreprises réalisaient des bénéfices historiques. Cette situation a mis en lumière une vérité sous-jacente majeure: ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font fonctionner la société. Et non les milliardaires comme Jeff Bezos et Warren Buffet. Ils ont besoin de nous, nous n’avons pas besoin d’eux.

​Nous devons savoir qui est de notre côté

Les besoins des travailleuses et travailleurs sont donc irréconciliables avec ceux des patrons. Cette prise de conscience est le point de départ du succès de la vague de grèves de 2023. Shawn Fain, président nouvellement élu de l’United Auto Workers (UAW), a déclaré: «La guerre des classes fait rage dans ce pays depuis quarante ans. La classe des milliardaires s’est emparée de tout et a laissé les autres se battre pour les miettes».

Il est malheureusement trop rare, à l’heure actuelle, que le mouvement syndical formule les choses avec une telle clarté. Trop souvent, nous entendons plutôt des excuses pour les mégaprofits des entreprises et l’idée selon laquelle les patrons et les gens qui travaillent ont des intérêts communs dans cette rentabilité. Cela fait partie des idées ratées du «syndicalisme d’affaires» qui se fonde sur un «partenariat» entre les travailleurs et les patrons. Il se concentre sur des arguments moraux à la table des négociations plutôt que sur l’organisation du pouvoir des travailleuses et travailleurs à faire la grève lorsque c’est nécessaire.

La grève de la WGA et de la SAG-AFTRA a été un exemple flagrant des intérêts irréconciliables entre le patronat et les travailleuses et travailleurs. Un patron de studio a déclaré aux médias: «Notre but est de laisser traîner les choses jusqu’à ce que les membres des syndicats commencent à perdre leurs appartements et leurs maisons».

La WGA et la SAG-AFTRA ont montré qu’elles savaient qui était de leur côté. Les syndicats ont non seulement collaboré pour affronter les patrons, mais ils ont également mené une grève illimitée. Plutôt que d’adopter une approche qui avance à tort que les grèves réussies sont une guerre statique d’attrition (un jour de grève de plus = une grève plus forte), ils ont fermé tous les sites de travail et ont activement construit des piquets de grève solides avec des messages clairs expliquant comment et pourquoi les autres travailleuses et travailleurs pouvaient les soutenir. Ils se sont également attaqués à la question clé de l’utilisation de l’intelligence artificielle et ont obtenu des avancées importantes!

Un pourcentage impressionnant de 72% des personnes vivant aux États-Unis ont soutenu les grévistes plutôt que les studios. Reconnaître l’importance de ce soutien et l’utiliser pour empêcher les patrons de talk-shows comme Bill Maher et Drew Barrymore de briser la grève a été crucial pour obtenir 233 millions $ de plus par an pour les membres de la WGA. La solidarité intersyndicale aurait pu être encore plus efficace si la WGA et la SAG-AFTRA avaient entamé et terminé leurs grèves en même temps.

​Nécessité d’une approche de lutte des classes

Les travailleuses et travailleurs de l’United Auto Workers (UAW) ont également mené une grève en 2023. Une direction réformatrice a été élue plus tôt dans l’année, sous la houlette du nouveau président de l’UAW, Shawn Fain. Il s’est engagé à se battre pour reprendre ce qui avait été perdu à cause des concessions contractuelles passées.

Lors des dernières négociations de conventions collectives avec Stellantis, Ford et GM, l’ancienne direction de l’UAW a estimé qu’il était dans son intérêt que les patrons continuent à faire des bénéfices. Et elle ne ciblait qu’une seule entreprise dans sa campagne pour une éventuelle grève. Cette approche syndicale de protection des deux tiers des patrons de l’industrie automobile signifiait que les travailleuses et travailleurs se battaient avec un bras attaché dans le dos.

Cette année, l’UAW s’est mise en grève simultanément chez les trois constructeurs automobiles. Le syndicat s’est battu pour des revendications audacieuses, notamment des augmentations salariales de 40% sur les quatre prochaines années, la fin des paliers de salaires inférieurs, la protection des emplois contre la menace croissante de la production de véhicules électriques non syndiquée, et une semaine de travail de 32 heures payées pour 40 heures.

Grâce à leur grève et à leur influence sur l’économie, les travailleuses et travailleurs de l’automobile ont obtenu de grandes victoires, comme une augmentation de 25% des salaires et des avancées considérables vers l’élimination du système des paliers, qui crée de profondes divisions. Les gains salariaux prévus dans les contrats étaient quatre fois plus importants que ceux prévus dans l’accord de 2019. L’importance de cette victoire est énorme. Des milliers de constructeurs automobiles dont la main-d’œuvre est non syndiquée ont été contraints d’accorder ce que l’on a appelé la UAW bump, soit entre 9 et 25% d’augmentations immédiates!

Ce contrat montre ce qu’il est possible de faire lorsque des revendications combatives sont associées à une action de grève militante. Ce contrat a permis de supprimer le système de paliers qui enfermait de manière permanente toutes les nouvelles personnes embauchées dans des salaires inférieurs. Il a également permis de garantir la réouverture de l’usine Stellantis de Belvidere, qui emploie des milliers de personnes.

Mais la grève a connu des limites qui doivent être prises en compte pour la reconstruction d’un mouvement ouvrier combatif. Avec la stratégie de Shawn Fain, la «grève sélective» (Stand-Up Strike), la plupart des travailleuses et travailleurs ne se sont jamais mis en grève. Les constructeurs automobiles ont donc subi beaucoup moins de pression pour accéder aux revendications ouvrières. Le journal probusiness Automotive News a rapporté que «la grève sélective de Fain – qui a finalement entraîné la fermeture de neuf usines d’assemblage et de 38 installations de distribution de pièces détachées – a permis à environ deux tiers des usines des constructeurs automobiles à continuer de produire des voitures».

Alors que la grève se prolongeait pendant des semaines, les membres de l’UAW ont exprimé le souhait d’une escalade plus rapide pour faire pression sur les patrons. Plutôt que de débrayer une fois par semaine, les membres souhaitaient une grève illimitée.

Cette frustration et le sentiment que la grève a été réglée sans mobiliser toute la force des membres se sont manifestés lors du vote sur le contrat. Après un vote de mandat de grève retentissant de 96%, certains établissements ont vu 45% de leurs effectifs voter contre le contrat. Une plus grande implication de la base dans les décisions de grève aurait permis d’exercer une pression plus forte et d’obtenir davantage de concessions de la part des patrons, comme par exemple la revendication d’une semaine de travail de quatre jours. L’UAW la réclamait au début de la grève, mais l’a malheureusement abandonnée.

L’une des caractéristiques qui ressortent comme une leçon majeure de la grève de l’UAW pour 2024 est la manière dont le syndicat a géré les pressions du cycle des élections présidentielles. L’UAW a refusé de sauter dans le train des syndicats qui offrent un soutien anticipé à Joe Biden. Au lieu de cela, Shaun Fain et l’UAW ont exigé des concessions politiques: ils voulaient que Joe Biden soutienne publiquement la syndicalisation des usines de véhicules électriques. En utilisant leur pouvoir de cette manière, ils ont forcé Biden et Trump à prendre la parole lors de rassemblements prosyndicaux soutenant la grève de l’UAW, augmentant ainsi la pression sur le patronat.

Qu’en est-il des 350 000 travailleurs d’UPS?

Les camionneurs d’UPS représenté⋅es par les Teamsters, comme les membres de l’UAW, exercent une influence considérable sur l’économie. Tout au long de l’été, les Teamsters de tout le pays se sont préparé⋅es à la grève. Ses membres ont participé à des «piquets de pratique» et ont refusé les offres insultantes de la direction. Tous les médias de masse ont fait des prédictions terribles sur la manière dont les travailleuses et les travailleurs d’UPS, qui gèrent 6% du PIB des États-Unis, pourraient mettre un terme à la situation.

Quelques jours avant l’expiration du contrat de travail, le président des Teamster, Sean O’Brien, a accepté un accord de principe. Cet accord prévoyait des avancées importantes en termes de protection contre la chaleur et une augmentation de salaire de 48% sur cinq ans pour les travailleuses et travailleurs à temps partiel.

Ces avancées montrent que les patrons d’UPS craignaient une grève et que les travailleuses et travailleurs d’UPS disposaient d’un rapport de force dans leur lutte pour un nouveau contrat de travail. Mais ces avancées ont été bien en deçà des revendications des membres.

Malheureusement, au lieu de s’appuyer sur les préparatifs de la grève pour la mener à bien et obtenir davantage, la direction des Teamsters a plutôt vanté publiquement les mérites de l’accord de principe comme étant le plus solide de l’histoire. Les médias et les démocrates comme Biden ont célébré le fait qu’une grève soi-disant catastrophique ait été évitée, tout en faisant circuler une image de la direction des Teamsters affirmant que les travailleuses et travailleurs gagneraient désormais 180 000$ par an. Mais ce chiffre ne correspond pas à ce que la majorité des membres gagneront: seuls les chauffeuses et chauffeurs les plus anciens effectuant de nombreuses heures supplémentaires toucheront ce genre de salaire.

Un groupe appelé Teamsters Mobilize a plaidé pour que les travailleuses et travailleurs d’UPS se battent pour obtenir davantage. Selon ce groupe, si l’employeur était déjà disposé à supprimer le très détesté système de salaire à deux paliers «22-4», la grève pourrait permettre d’obtenir des avantages tels que la climatisation dans tous les camions, et non plus seulement dans les nouveaux camions comme le prévoyait l’accord de principe.

Le contrat UPS a permis d’obtenir des avancées substantielles, notamment le droit de ne pas être surveillé⋅e par des caméras orientées vers la personne qui conduit. Néanmoins, plus de 21 000 membres du syndicat de camionneurs ont voté «non».

​Quelle est la prochaine étape?

L’une des leçons clés de 2023 est que la grève est le meilleur outil de la classe ouvrière pour remporter des victoires. Il s’agit là d’une caractéristique du «syndicalisme de lutte des classes», qui est la base sur laquelle le mouvement syndical américain a été construit. La force d’un syndicat repose sur la mobilisation de ses membres et sur la compréhension claire que les intérêts du patronat sont en conflit avec ceux de la classe ouvrière. Cette approche contraste avec le syndicalisme d’affaires, qui s’appuie sur la volonté de jouer le jeu avec les patrons.

L’importante campagne syndicale menée à l’aéroport KCVG d’Amazon est un exemple clair de syndicalisme de lutte des classes. Les travailleuses et travailleurs du plancher se battent pour des revendications audacieuses telles que 30$/heure, 180 heures de congés payés et des services de traduction pour toute personne qui en a besoin. Reconnaître que le lieu de travail est un champ de bataille où l’on se bat pour les besoins des travailleuses, des travailleurs, de leurs familles et de leur communauté au sens large fait du syndicalisme de lutte des classes un outil qui s’appuie sur l’énorme soutien dont bénéficient les employé⋅es face aux patrons.

Une autre leçon est de réaliser que ni le parti démocrate ni le parti républicain ne sont du côté de la classe ouvrière. Les médias de masse et l’establishment politique nous disent que le vote est le seul moyen de changer la situation. Mais Donald Trump et Joe Biden – dont la sélection devient le seul choix possible pour leur parti respectif – n’offrent aucune perspective d’avenir. C’est évident pour de nombreux travailleurs et travailleuses en raison de leur expérience vécue sous leurs deux administrations désastreuses à la Maison-Blanche. Ce sont eux qui nous ont menés là où nous sommes. Le populisme de droite de Trump est un danger permanent pour la classe ouvrière. Mais nous avons également vu comment Biden, en tant que soi-disant «président le plus pro-syndical de l’histoire», était désireux de briser la grève des cheminots pour protéger les profits des patrons du rail.

Le pouvoir montré par les travailleuses et travailleurs en 2023 est comme un génie qui s’est échappé de sa bouteille. Les milliers de personnes qui se sont syndiquées à l’UAW suite de la grève peuvent en témoigner. Shawn Fain a annoncé une stratégie ambitieuse visant à organiser une «grève générale» en 2028 grâce à la négociation simultanée de grands contrats nationaux.

Ces développements sont excitants, mais ils ne se produiront pas sans une organisation réussie de la base ainsi que par la défense de revendications claires et audacieuses qui attirent des couches de plus en plus larges de travailleuses et travailleurs dans la lutte.

L’inclusion des usines de batteries pour véhicules électriques dans l’accord-cadre de l’UAW est une victoire qui découle de la tâche essentielle d’organiser les personnes non syndiquées. La campagne de syndicalisation des nouvelles usines de batteries devra faire face à certains des plus anciens briseurs de syndicats en activité chez Ford et Stellantis. Les patrons n’hésiteront pas à doubler les salaires des personnes non syndiquées ainsi qu’à recourir à des tactiques d’intimidation pour empêcher le syndicat de s’implanter.

Et bien sûr, il y a la question des élections présidentielles de 2024.

Les élu⋅es des deux grands partis sont le plus souvent aux ordres du patronat et, dans le meilleur des cas, restent à l’écart des conflits de travail. Les travailleuses et les travailleurs ont besoin d’un parti prêt à se battre. Un parti présent sur les piquets de grève qui s’oppose aux patrons. Un parti qui se bat réellement pour un système universel d’assurance-maladie, un salaire minimum à 25$/h et un enseignement supérieur gratuit. Un parti qui exige un cessez-le-feu à Gaza et la fin du financement américain de la machine de guerre israélienne. Mais pour construire un tel parti, les travailleuses et les travailleurs doivent s’organiser.

Il est essentiel de tirer les leçons de la vague de grèves de 2023 pour s’assurer que la classe ouvrière et les jeunes continuent à gagner du terrain contre le patronat.

Le temps est venu: les travailleuses et les travailleurs doivent s’organiser d’urgence pour lutter pour un avenir meilleur. Rejoignez le mouvement en devenant membre de Workers Strike Back dès aujourd’hui!


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