Manifestation contre l'occupation israélienne en Palestine à Montréal, le 8 octobre 2023. Photo: Bastien Durand

8 mars 2024 – Pour la libération nationale et sociale de la Palestine!

Manifestation contre l'occupation israélienne en Palestine à Montréal, le 8 octobre 2023. Photo: Bastien Durand

À l’occasion de la Journée internationale des femmes cette année, mobilisons-nous pour intensifier la lutte afin:

  • d’arrêter la guerre génocidaire contre Gaza;
  • mettre fin au soutien militaire et impérialiste au capitalisme israélien;
  • renverser le siège et l’occupation israélienne!

Au moment d’écrire ces lignes, même l’étape insuffisante d’un cessez-le-feu temporaire n’a pas encore été franchie. Au contraire, les menaces d’étendre l’invasion à Rafah et d’escalader l’agression en une guerre régionale continuent de souligner les dangers de catastrophes encore plus horribles. Les attaques génocidaires du régime israélien ont déjà tué plus de 30 000 personnes à Gaza, dont une majorité de femmes et d’enfants. Des milliers de personnes sont portées disparues sous les décombres.

Le régime israélien impose des conditions de famine. Les mères n’ont plus de lait pour nourrir leurs enfants. Les centaines de milliers de personnes menstruées n’ont plus de conditions d’hygiène minimale. Les femmes enceintes sont contraintes d’accoucher dans les décombres, tandis que des familles et des communautés entières ont été décimées et déplacées. Elles vivent dans des tentes, dans le froid, exposées à la propagation rapide des maladies.

L’oppression nationale à son paroxysme

L’assaut génocidaire sur Gaza se produit en même temps que l’agression militaire et coloniale s’intensifie en Cisjordanie et dans Jérusalem-Est occupée. Le nettoyage ethnique s’accélère là-bas, tout comme dans le désert du Néguev. Même chose pour la discrimination suffocante et la répression politique à l’intérieur des territoires de 1948. Une chasse aux sorcières nationaliste s’effectue contre les Palestiniens et Palestiniennes.

Tout cela fait partie d’un pic historique d’oppression nationale brutale et d’expropriation du peuple palestinien. Simultanément, la lutte pour mettre fin à l’assaut sanglant et à l’oppression palestinienne fait aussi partie intégrante de la lutte internationale pour la libération contre l’oppression de genre.

Ce n’est pas seulement parce que la catastrophe actuelle tue, blesse et pousse les femmes et les filles dans des conditions de survie horribles. Ou parce que l’occupation met en danger la vie et le bien-être de centaines de milliers de femmes et de filles. Mais parce que de manière générale, c’est le même système qui engendre la catastrophe historique actuelle. Ce système est responsable de perpétuer et d’aggraver l’oppression de genre, la pauvreté des femmes et celle de la classe ouvrière du monde entier.

Des luttes anti-oppression interreliées 

Le féminisme socialiste consiste à lutter contre l’oppression et l’exploitation partout. Pour une lutte de classe et une alternative socialiste au système en crise des classes dirigeantes, combattre l’assaut israélien sur Gaza, l’occupation ainsi que ses alliés impérialistes fait partie intégrante de la lutte contre le système capitaliste impérialiste mondial. C’est ce dernier qui perpétue la violence, la guerre et la domination.

L’oppression nationale, le colonialisme et l’impérialisme engendrent et normalisent la violence sociale et la misogynie. Nous nous opposons à toute utilisation du viol et de l’agression sexuelle comme arme de guerre. Des rapports font état de soldats d’occupation israéliens et de gardes de prison agressant sexuellement des Palestiniens et des Palestiniennes. D’autres rapports parlent de colons et de soldats israéliens perpétrant ces attaques en Cisjordanie.

La Hamas, une force réactionnaire

La violence sexuelle commise par le Hamas et d’autres milices lors de l’attaque du 7 octobre a été cyniquement exploitée par les représentants de l’État israélien. Elle a été présentée de manière démagogique et manipulatrice pour justifier les horreurs que l’assaut génocidaire de l’État israélien a infligées au cours des cinq derniers mois. Le rapport scandaleux du New York Times n’a pas été publié par empathie pour les victimes israéliennes d’abus sexuels. Mais plutôt pour justifier le soutien du journal à la guerre génocidaire, alimentant aussi des stéréotypes islamophobes et racistes.

Toutefois, les rapports crédibles (comme celui de Physicians for Human Rights Israel) sur les violences sexuelles commises envers les femmes et les filles israéliennes le 7 octobre devraient être crus, comme l’ont souligné les organisations féministes palestiniennes opérant dans les territoires de 1948. Les violences décrites, tout comme le meurtre et l’enlèvement de femmes, de filles et d’autres personnes, doivent être fermement dénoncées.

Cela est aussi nécessaire du point de vue de la lutte de libération palestinienne face à la terreur de l’État israélien. De telles méthodes et programmes réactionnaires échouent à saper l’occupation israélienne et renforcent plutôt sa mobilisation pour un assaut sanglant contre les Palestiniens et Palestiniennes. Les féministes socialistes ne doivent pas ignorer les autres oppressions, mais s’opposer partout au terrorisme d’État israélien, à la destruction, aux déplacements forcés, au meurtre, à la torture, à la violence sexuelle d’État et coloniale de toutes sortes.

Les travailleuses à la tête des soulèvements

À l’échelle mondiale, les femmes travailleuses ont joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l’oppression nationale, le colonialisme et l’impérialisme. Les femmes font partie intégrante de la lutte pour la libération nationale palestinienne depuis ses débuts. Depuis la Palestine d’avant 1948, puis au fil des décennies et surtout pendant la première Intifada. Les femmes palestiniennes se sont organisées, ont manifesté et se sont battues contre le régime israélien oppressif.

Ces dernières années, les femmes palestiniennes ont été au premier plan des Marches du retour de 2018 à Gaza. Même chose pour la manifestation de masse intercommunautaire et la grève des femmes contre le féminicide dans les territoires de 1948, auxquelles ont participé des femmes palestiniennes-arabes et israéliennes-juives. La Grève de la dignité de 2021 a vu la participation de personnes de tous les genres, dans une démonstration de force inspirante.

Aujourd’hui, dans le cadre de cette guerre génocidaire, de ce nettoyage ethnique et de cette oppression nationale, nous avons vu des Palestiniens et des Palestiniennes de tous âges survivre héroïquement à Gaza, dans ce qui ne peut être décrit que comme l’enfer sur Terre.

À l’échelle internationale, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour manifester leur solidarité. Ces dernières années, surtout dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les femmes ont pris la tête des manifestations et des révoltes contre l’oppression, qu’il s’agisse du soulèvement Femmes, vie, liberté en Iran (qui a éclaté à la suite du meurtre brutal de Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde, par la «police de la moralité»), ou des mouvements en Tunisie, au Soudan, au Liban et dans d’autres pays encore. La région est particulièrement touchée par la crise capitaliste, l’inflation et les prix des denrées alimentaires, ainsi que par la catastrophe climatique qui se profile à l’horizon.

  • Féministes socialistes et internationalistes contre la guerre, l’impérialisme et le capitalisme!
  • Pour la libération nationale et sociale palestinienne!
  • Pour la fin de toutes formes d’oppression et de division!

 

Comment mettre fin à la guerre génocidaire?

Nous appelons les syndicats du monde entier à reprendre à leur compte la demande formulée par les syndicats palestiniens le 16 octobre dernier. Ils demandent de «mettre fin à toute complicité et d’arrêter d’armer Israël» ainsi qu’aller plus loin dans les actions de solidarité de masse. Au cours des derniers mois, nous avons assisté à:

  • Des manifestations de masse et des protestations dans le monde entier: du Royaume-Uni au Yémen en passant par l’Afrique du Sud.
  • Les syndicats belges ont appelé leurs membres à refuser de manipuler le matériel militaire envoyé en Israël.
  • Des manifestants aux États-Unis et au Canada ont bloqué des livraisons militaires des États-Unis à Israël.
  • La fédération syndicale représentant les travailleurs et travailleuses de 11 grands ports indiens a déclaré qu’elle refusait de charger et décharger des armes à destination d’Israël.
  • Des manifestations en Égypte – y compris celles récentes de centaines de journalistes – demandant l’arrêt de l’assaut et du siège ainsi que l’ouverture du point de passage de Rafah. En outre, des manifestations de milliers de personnes, ainsi que des marches vers la frontière, ont été organisées en Jordanie. Ces régimes, qui craignent pour leur stabilité et leurs intérêts dans le cadre de leurs collaborations stratégiques avec l’occupation israélienne et l’impérialisme américain, ont répondu par une répression brutale des manifestations et des médias sociaux.

Ces actions des travailleurs et travailleuses doivent être organisées de manière plus systématique afin d’arrêter efficacement la machine de guerre israélienne. Tous les syndicats doivent intensifier cette lutte! Les régimes impérialistes qui soutiennent les attaques génocidaires d’Israël ne doivent pas faire comme si de rien n’était.

Organisons-nous pour mettre fin à la guerre génocidaire, contre l’impérialisme et le colonialisme, qui sont liés à la lutte contre le capitalisme et pour les droits des femmes et des LGBTQIA+. Luttons pour la vie, la libération et le bien-être des gens ordinaires dans le monde entier. Mettons fin à l’occupation, au siège et à l’oppression nationale du peuple palestinien. Arrêtons l’intervention impérialiste au Moyen-Orient et la menace d’une guerre régionale!

Pour mettre fin à la guerre génocidaire à Gaza et obtenir une véritable libération palestinienne, la solidarité régionale et internationale est nécessaire. Cependant, nos véritables alliés dans la région sont les travailleurs, les travailleuses, les pauvres et les personnes opprimées – et non les tribunaux internationaux, l’ONU ou les gouvernements réactionnaires de la région.

Une action de masse dans toute la région ainsi qu’une solidarité et des actions internationales de masse sont nécessaires pour mener à bien ce projet. C’est pourquoi nous appelons à une journée d’action à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Toutefois, la lutte doit également se poursuivre après le 8 mars.

Ce que nous défendons

Les institutions internationales et les gouvernements capitalistes «occidentaux» ont une fois de plus montré qu’ils autorisent les attaques génocidaires afin de préserver les intérêts de leurs classes dirigeantes. De Milei en Argentine à l’AfD en Allemagne, l’extrême droite internationale ainsi que les gouvernements actuels exploitent la situation pour attiser criminellement le racisme et l’islamophobie et justifier l’horrible massacre. Une lutte féministe socialiste contre l’impérialisme doit prendre en charge la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et toute forme de racisme et de division afin de construire une résistance tangible contre la menace de l’extrême droite.

Les féministes socialistes n’ont aucune confiance dans les institutions internationales telles que la Cour internationale de justice, l’ONU ou les puissances capitalistes «occidentales». En laissant les attaques génocidaires se poursuivre, en réduisant le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et en armant activement la machine de guerre israélienne, les gouvernements et les institutions capitalistes ont prouvé à maintes reprises que leur façade de démocratie est creuse lorsque leurs intérêts économiques et stratégiques sont en jeu.

Dans le meilleur des cas, certains se contentent d’un soutien symbolique. Quoi qu’il en soit, ils ne mettront pas fin à l’occupation et à la profonde oppression de la Palestine. Ils continueront à s’en prendre aux femmes et à la classe ouvrière, poussant le monde vers de nouvelles catastrophes.

Les régimes de la région ne sont pas des alliés

La complicité continue des régimes arabes bourgeois face au carnage incessant du peuple palestinien souligne, une fois de plus, qu’aucune consolation ni solution ne peut venir de ces régimes oppressifs, autoritaires et corrompus. Les paroles creuses des élites dirigeantes régionales à l’encontre du régime israélien ne font que refléter la pression sociale qu’elles subissent. Elles s’inquiètent de l’effet que cela aura sur leur propre stabilité.

Ces régimes ne sont pas les amis des personnes opprimées. De nombreux pays du Moyen-Orient et du Golfe appliquent encore des lois qui imposent l’obéissance des femmes à leur mari, les empêchent de se déplacer librement, de voyager à l’étranger ou de travailler sans l’autorisation d’un tuteur masculin.

Les Houthis au Yémen, qui prétendent défendre le peuple palestinien par leurs attaques en mer Rouge, étouffent également les droits des femmes dans leur pays, notamment en renforçant les lois sur la tutelle masculine, mais aussi par des politiques de droite pro-capitalistes désastreuses.

Les impérialismes russe et chinois ne sont pas une alternative. Nous sommes aux côtés des travailleurs, des travailleuses, des personnes LGBTQIA+ et des personnes qui luttent pour la libération nationale contre ces régimes brutalement oppressifs. L’occupation israélienne et les régimes impérialistes «occidentaux» dénoncent cyniquement l’idéologie réactionnaire du Hamas pour justifier leurs attaques contre tous les personnes habitant à Gaza. Ces pouvoir utilisent parfois une rhétorique «pro-femmes» de manière hypocrite pour justifier le bombardement… des femmes et des personnes LGBTQIA+ de Gaza!

Mais comme la répression brutale du régime iranien contre le soulèvement Femmes, vie, liberté l’a montré, la postures que les régimes d’oppression barbares prennent pour prétendre être les champions des personnes opprimées ne sont rien d’autre que de cyniques paroles en l’air.

L’Autorité palestinienne discréditée

L’Autorité palestinienne (AP), attaquée et en proie à une profonde crise financière provoquée par le régime d’occupation, a réprimé les dernières manifestations palestiniennes. Elle s’est révélée être un sous-traitant de l’occupation israélienne. Le Hamas, bien que considéré par certains comme une alternative «militante» à l’AP contrôlée par le Fatah, est basé sur une idéologie islamiste de droite pro-capitaliste. Il a finalement démontré que son programme et ses méthodes constituent une impasse dans la lutte contre le siège, l’occupation et l’oppression.

Le Hamas ne s’appuie pas sur une lutte indépendante et démocratique des masses palestiniennes et de la classe ouvrière en tant qu’agents du changement social. L’attaque du 7 octobre menée par le Hamas reposait sur un effet de choc qui mobiliserait les puissances capitalistes, et non sur la mobilisation de la force révolutionnaire potentielle des masses palestiniennes.

En effet, le Hamas aspire à un État autoritaire sur le modèle de la dictature iranienne. Cela serait désastreux pour le peuple palestinien, en particulier pour les femmes et les personnes LGBTQIA+. La seule voie viable pour la libération nationale et sociale plaestinienne passe par une lutte de masse indépendante, organisée démocratiquement, comprenant des comités populaires élus qui pourraient aider à organiser des actions et une défense armée dans le meilleur intérêt du mouvement. C’est la voie pour une nouvelle intifada populaire et démocratique, et pour l’intensification des mobilisations et des actions de solidarité internationale.

Nous nous battons pour mettre fin à la guerre, au siège, à l’occupation et à l’oppression. Nous appelons à un échange d’otages contre prisonniers «tous pour tous» et à la fin des enlèvements et des incarcérations de masse de Palestiniens et de Palestiniennes. Nous demandons l’arrêt de tout soutien impérialiste à l’occupation. L’arrêt des attaques contre l’UNRWA. Toutes les forces militaires et étatiques israéliennes doivent quitter Gaza et la Cisjordanie. Mettons fin au projet de colonisation. Mettons fin à toutes les politiques de discrimination et de ségrégation, ainsi qu’aux politiques racistes qui soutiennent la logique du nettoyage ethnique de masse de la Nakba de 1948.

Nous luttons pour la pleine égalité et la libération pour toutes les communautés. Pour des investissements publics massifs et la réhabilitation complète des communautés dans une Gaza libre. Même chose pour toutes les communautés à travers la région touchée par la guerre. Cette réhabilitation doit être menée sur une base démocratique. La classe dirigeante israélienne, les riches oligarchies de la région et les classes dirigeantes des puissances impérialistes mondiales doivent en supporter les coûts financiers.

Pour la libération nationale et sociale du peuple palestinien. Les impérialistes doivent cesser de soutenir du bout des lèvres un État palestinien, alors qu’ils entendent poursuivre l’oppression nationale sous d’autres formes. Une Autorité palestinienne «améliorée» n’est au mieux qu’un État fantoche asservi.

Pour lutter efficacement en faveur d’une véritable libération pour tout le monde, nous devons construire une alternative politique. Une lutte révolutionnaire basée sur un programme politique féministe socialiste. La lutte contre l’oppression fait partie de la lutte nécessaire pour renverser le capitalisme et l’impérialisme. Cette lutte est nécessaire pour construire une société socialiste qui ne laisse personne derrière. La lutte pour renverser tous les régimes d’oppression, dans le cadre d’une lutte pour une transformation socialiste régionale, est nécessaire afin de permettre l’exploitation démocratique des vastes ressources de la région. Elle est nécessaire pour garantir un niveau de vie élevé et l’égalité de toutes les nations, y compris le droit à l’autodétermination et le droit au retour.

Les femmes de la classe ouvrière ont toujours joué un rôle essentiel dans tous les mouvements anti-guerre de l’histoire. Faisons de cette journée internationale des femmes une démonstration de force dans la lutte contre la guerre génocidaire à Gaza et poursuivons la lutte pour la libération nationale palestinienne après le 8 mars. Nous devons peser de tout notre poids dans la lutte contre la guerre et l’occupation – et contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression!


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