Vers une grève générale pour faire tomber Macron et lutter contre le capitalisme

Pancarte lors de la manifestation du 21 janvier à Paris : l'utilisation de l'article 49.3 une 11e fois signifie la révolution.

Depuis le 19 janvier, des millions de travailleurs et travailleuses et de jeunes manifestent et font grève contre la réforme des retraites de Macron. Il faut désormais construire une grève générale, reconductible sur base de votes en assemblées générales sur les lieux de travail, pour en finir avec Macron et toutes les politiques d’austérité. 

La réforme des retraites de Macron, la mesure clé et emblématique de son second mandat, ferait passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, en plus d’autres mesures qui auront un impact négatif sur les travailleuses et travailleurs. Le plan initial prévoyait de passer à 65 ans, mais le gouvernement a finalement abaissé ce chiffre dans l’espoir d’atténuer les protestations attendues et d’essayer d’obtenir le soutien du parti de droite Les Républicains (ex-UMP, Union pour un Mouvement Populaire) pour obtenir une majorité au parlement.

Un démarrage en trombe qui ne s’est pas démenti

Plus de deux millions de personnes ont manifesté à travers le pays lors de la première journée d’action contre la réforme des retraites, organisée par l’intersyndicale – composée des huit plus grands syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) – quel début historique et prometteur !

Dès le début, les couches les plus combatives de la jeunesse ont montré une détermination plus forte que lors des précédentes mobilisations à rejoindre le mouvement et à lutter aux côtés des syndicats et des travailleurs et travailleuses. La manifestation de 150.000 personnes à Paris le 21 janvier, deux jours après la première mobilisation syndicale, qui avait été planifiée et mobilisée des semaines à l’avance par les organisations étudiantes et de jeunesse ainsi que par la France Insoumise, a tout de suite donné le ton. Dans certains endroits, les syndicats étudiants ont réussi à obtenir des dispenses de cours pour celles et ceux qui veulent manifester ; des manifestations étudiantes sont parties de différents campus pour rejoindre les manifestations syndicales ; et, depuis le 7 février, plusieurs lycées et universités ont été bloqués. Le 11 février, 120.000 jeunes ont participé à la grosse mobilisation nationale dans toute la France et, pour le 9 mars, les organisations étudiantes et de jeunesse ont appelé à la prochaine journée d’action nationale. Certaines universités ont déjà prévu des blocages durant toute la semaine du 6 mars, qui pourraient être renouvelés tout au long du mois par des assemblées générales étudiantes.

L’un des éléments les plus cruciaux dans le développement du mouvement jusqu’à présent, sont les démonstrations impressionnantes du pouvoir et du contrôle de la classe ouvrière sur la production privée à travers les actions « Robin des Bois » : des hôpitaux, des centres sportifs publics, des bibliothèques, des lycées, des crèches, des logements sociaux, etc. ont été placés sous le régime de « électricité et gaz gratuits ». Quelle illustration puissante de ce à quoi ressemblerait une société dirigée par la classe ouvrière.

Cela montre clairement que le mouvement est encore plus large que les millions de personnes de la classe travailleuse qui ont pu participer aux mobilisations jusqu’à présent. La colère et le rejet contre la réforme des retraites et le système que Macron et Borne représentent sont dominants dans la société et augmentent : l’opposition globale à la réforme des retraites a augmenté de 6% entre janvier et février, passant de 61% le 18 janvier à 67% le 15 février (sondage publié par CSA). Chez les femmes et les jeunes de moins de 35 ans, l’opposition est encore plus forte, s’élevant actuellement à 71% et 81% respectivement.

Après la première mobilisation nationale intersectorielle du 19 janvier, quatre autres ont suivi : Le 31 janvier, ce sont 2,8 millions de personnes qui ont participé dans tout le pays ; le 7 février, plus de 2 millions ; le 11 février, plus de 2,5 millions ; et le 16 février, 1,3 million ont rejoint les manifestations. La participation globale au mouvement de grève est encore plus élevée, car de nombreuses autres personnes sont restées sur les piquets de grève et n’ont pas rejoint les manifestations.

La manifestation du samedi 11 février était la 4e journée de mobilisation de l’intersyndicale et la 1ère organisée pendant un weekend. C’était important pour pouvoir mobiliser les travailleuses et travailleurs aux conditions de travail très précaires et toutes celles et ceux qui ne pouvaient généralement pas participer aussi facilement aux grèves en semaine. Cela renforce également le lien avec les jeunes et la classe ouvrière au sens large.

Des militants d’ASI sont intervenus à cette manifestation à Paris. L’ambiance y était très combative et il y avait non seulement une colère palpable contre Macron, mais aussi une véritable volonté de le stopper. Le mouvement est clairement prêt à aller plus loin. En même temps, il y a aussi une compréhension de base qu’une série de manifestations de masse en elles-mêmes, sans être connectées les unes aux autres et sans une stratégie d’escalade, ce ne sera pas suffisant. Un cheminot syndiqué de 54 ans a été cité dans Le Monde : « Ces manifestations ne suffiront pas à ralentir le gouvernement ». Il appelle à « un mouvement de masse subversif » avec « trois ou quatre jours de blocage total, et pas seulement des cheminots, des enseignants et des raffineurs. »

Mettre le pays à l’arrêt, mais pas seulement pour une journée

Pour l’instant, le gouvernement et Macron ne reculent pas. Ils espèrent une répétition du mouvement de 2019/début 2020, lorsque la lutte, bien que titanesque, avait souffert de l’absence d’un plan d’action audacieux vers une grève générale reconductible. Le mouvement s’essoufflait après neuf jours de mobilisations intersectorielles qui n’étaient pas connectées de manière assez étroite pour canaliser la colère de manière à pouvoir créer une dynamique continue et ascendante liée à une perspective de victoire. Tout le monde le sait : sans l’arrivée du Covid, la réforme des retraites serait passée en 2020.

En gardant cela à l’esprit, une partie de la classe dirigeante pourrait souhaiter que les faibles taux de participation des troisième et cinquième journées de mobilisation intersectorielle soient le signe d’un pic du mouvement, mais elle ne doit pas se faire d’illusions. Le succès de la quatrième journée de mobilisations a consolidé le mouvement et la plus faible participation de la cinquième journée est très probablement plutôt basée sur le fait qu’il s’agissait d’une journée d’action intermédiaire peu après la grande mobilisation du weekend, pendant les vacances scolaires, et dans la perspective d’une mobilisation extrêmement forte le 7 mars. Globalement, la situation semble différente de celle de 2019/2020 et la dynamique est très prometteuse. Le niveau de cohésion que l’on constate au sein de l’intersyndicale est le plus élevé depuis 2010. Cela ne vient pas volontairement de la direction mais c’est dû à la pression massive de la base. Le fait que la réforme soit considérée comme la réforme anti-ouvrière centrale de Macron-Borne, ainsi que l’impact du mouvement contre la crise du coût de la vie qui s’est développé à l’automne, ont mis une forte pression sur les directions syndicales pour qu’elles aillent plus loin que ce qu’elles avaient initialement prévu. Avec le recul, on peut dire que le mouvement de l’automne dernier comportait un élément de préparation au mouvement contre la réforme des pensions. Beaucoup de celles et ceux qui espéraient gagner davantage à l’époque verront leur chance de mener une véritable bataille maintenant.

Pour le 7 mars, l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée nationale de grèves et d’actions pour  » bloquer la France  » ; 6 personnes sur 10 en France soutiennent cet appel, et parmi les travailleuses et travailleurs et les jeunes le soutien est encore plus élevé avec 72%. Plusieurs syndicats de l’intersyndicale sont allés plus loin et ont appelé à une grève générale, reconductible sur vote des assemblées générales des travailleurs et travailleuses. Parmi eux, l’intersyndicale des transports parisiens RATP (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) et plusieurs fédérations CGT : cheminots ; mines et énergie ; ports et docks ; verres et céramiques ; et industries chimiques, y compris les raffineries pétrolières. Il s’agit d’un premier pas positif, mais il faut aller plus loin. Il faut renforcer la dynamique et la pression de la base pour pousser les autres syndicats qui traînent encore les pieds à se joindre à la mobilisation pour une grève reconductible – ou leur faire payer un sérieux prix politique s’ils ne le font pas.

La direction de la fédération syndicale CFDT, qui compte le plus grand nombre d’adhérents dans le pays, n’est pas « de gauche ». Elle est clairement opposée à l’idée d’une grève reconductible et espère une sortie du mouvement. Mais la pression exercée par la base ne leur a pas permis de se retirer des mobilisations jusqu’à présent. La séquence des débats à l’Assemblée Nationale en février leur a été utile car elle est favorable à une situation dans laquelle, après une adoption parlementaire de la réforme, elle pourrait dire « nous avons tout essayé, nous nous sommes battus, mais l’Assemblée a décidé et c’est tout ». Et ce scénario serait encore meilleur pour la direction de la CFDT si cela s’accompagne de quelques concessions mineures qu’elle pourrait vendre à ses membres pour adoucir l’accord.

La bataille sera gagnée dans les rues et sur les lieux de travail

Le 7 février, le Financial Times écrivait : « c’est au parlement que réside le véritable risque. […] Une faction rebelle au sein des Républicains a émergé et fait pression pour de nouvelles concessions afin d’atténuer l’impact sur les personnes qui commencent à travailler à un jeune âge. » Bien sûr, s’ils n’appellent pas à des concessions par bienveillance, mais pour paraître plus ‘sympathiques’ et séduire certains électeurs au vu de l’opposition extrêmement forte à la réforme parmi la classe travailleuse. Le gouvernement a besoin du soutien des LR pour éviter d’utiliser l’article 49.3 pour faire passer la réforme par décret, comme ils l’ont déjà fait 10 fois avec le budget 2023 à l’automne et à l’hiver 2022. L’utilisation de cette mesure antidémocratique pour réprimer le mouvement pourrait agir comme le “fouet de contre-révolution”, alimentant davantage les protestations et les grèves.

Cela souligne à quel point le gouvernement et Macron sont en réalité faibles, ce qui a été révélé à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. En janvier, deux jours avant le premier jour de grève, Macron a rencontré 10 rédacteurs en chef de différents médias français lors d’une réunion secrète pour leur transmettre le langage et les arguments à utiliser de leur côté. La révélation la plus claire de la faiblesse du gouvernement dans ce contexte a probablement été l’exposition de leurs mensonges autour de la fausse promesse d’augmenter la pension minimum de 900€ à 1200€. Le groupe Mediapart avait calculé que seules 48 personnes y auraient droit si toutes les conditions d’éligibilité sont prises en compte. Après quelques jours, même les grands médias pro-gouvernementaux ont dû accepter qu’il s’agissait d’un mensonge gouvernemental. Le ministre du travail Dussopt a ensuite essayé de parler de 40.000 bénéficiaires, mais c’était un autre mensonge : il s’agit des personnes qui recevraient une augmentation de 100€ de leur retraite.

L’attention accrue portée au Parlement a été stimulée notamment par une avalanche de plus de 20.000 amendements pour avancer les arguments contre et pour ralentir le processus par le biais des procédures parlementaires, déposés principalement par la NUPES, cette coalition de gauche dirigée par la France Insoumise et comprenant le PS, le PCF et les Verts. Les alliés de la FI ont retiré un grand nombre de leurs amendements, pour tenter d’arriver à un vote sur l’article 7 de la réforme, celui-là même qui prévoit de porter l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les directions syndicales ont plaidé dans le même sens, y compris le secrétaire général de la CGT Martinez. Mélenchon et la FI s’y sont opposés : « pourquoi se précipiter sur l’article 7 ? Le reste de la loi ne compte-t-il pas ? », comprenant qu’un vote sur cet article emblématique sera de toute façon remporté par Macron, malgré sa très faible majorité.

La très forte volonté de se battre des militants de la CGT (notamment) contraste avec l’attitude générale de la direction du syndicat, qui a un œil sur une éventuelle victoire à l’Assemblée nationale, comptant sur la division dans les rangs de la fragile coalition entre Renaissance (Macron/Borne) et Les Républicains. Mais c’est dans les rues et sur les lieux de travail que la bataille sera gagnée. Mi-février, dans les médias, mais surtout lors d’un meeting à Montpellier, Mélenchon a lancé un long appel à la mobilisation de toutes et tous le 7 mars : « Dès mardi 7 mars, on bloque tout, partout ! ». Il a motivé les militants de la FI à discuter avec leurs collègues, leurs familles et dans leurs quartiers, pour essayer de mobiliser toutes celles et ceux qui les entourent vers le 7 mars, qui s’annonce comme l’une des dates les plus importantes depuis le début du mouvement et le début possible d’une intensification de la lutte.

Malgré les faiblesses réelles présentes dans la direction de la France Insoumise, Mélenchon et son entourage ont, dès le début du second mandat de Macron, stimulé à plusieurs reprises la lutte dans les rues et sur les lieux de travail. Ils ont appelé les syndicats à construire la riposte et ont eux-mêmes organisé des manifestations réunissant plus de 100.000 personnes, comme lors de la  » Marche contre la vie chère et l’inaction climatique  » du 16 octobre 2022.

Au début du mouvement contre l’inflation et la crise du coût de la vie en automne, la direction de la CGT n’avait pas l’intention de généraliser le mouvement de grève. Au contraire, c’est la colère croissante de la base qui a d’abord déclenché les actions de grève, puis a également poussé les directions syndicales à aller plus loin que ce qu’elles avaient initialement prévu. Et la pression exercée sur les directions syndicales par la France Insoumise a permis d’exprimer la volonté de lutter qui existe au sein de la base. Martinez (secrétaire général de la CGT), quant à lui, ne s’est pas amusé de cette situation. Il a rejeté les appels de Mélenchon et s’est clairement prononcé contre l’attitude constructive de la FI en lui répondant en juin 2022 : « Les mobilisations sociales sont de la responsabilité des syndicats ».

S’il est correct de souligner l’importance de s’opposer à la réforme des retraites dans son ensemble, en mettant en garde contre les tentatives de diviser le mouvement en offrant des concessions, Mélenchon aurait tout de même dû clarifier le point : La bataille ne se gagnera pas dans les través parlementaires, mais dans la rue. David, un postier lillois de 37 ans, le disait clairement : « L’opposition viendra de la rue. C’est nous qui produisons, c’est nous qui décidons. Il n’y a que la grève qui fera avancer les choses ». Une partie de la presse bourgeoise sait très bien ce qui sera le facteur décisif à la fin, comme l’indique un article de Bloomberg : « L’ampleur et la dynamique des manifestations de rue en France se sont souvent avérées déterminantes pour les efforts de réforme des présidents précédents. En 1995, le gouvernement sous Jacques Chirac a abandonné un projet de réforme des retraites après des grèves paralysantes. Des manifestations prolongées menées par des étudiants ont forcé un revirement sur les lois travail en 2006, même après que le parlement ait approuvé les changements. » Ce dernier point est en fait la dernière victoire significative du mouvement ouvrier et de la jeunesse au niveau national.

Une grève générale reconductible ne tombe pas du ciel

Il est urgent d’organiser des assemblées de lutte sur les lieux de travail ouvertes à tous les collègues, syndiqués ou non, et d’organiser des comités similaires dans les lycées, les universités et les quartiers pour construire une grève générale reconductible.

Les plans de blocage des écoles et des universités durant la première semaine de mars ainsi que l’appel à une grève féministe de toutes et tous le 8 mars sont importants dans ce contexte. La plate-forme « grève féministe » est soutenue par de nombreuses organisations féministes, des syndicats et des groupes et partis politiques, dont #NousToutes, la CGT et le NUPES. Ils appellent à une grève féministe contre les violences sexistes en France et dans le monde, contre la réforme des retraites et pour le droit à l’avortement – « pour gagner l’égalité au travail et dans nos vies, pour garantir notre indépendance économique ». Par ailleurs, une dizaine de syndicats et de collectifs ont appelé à un « Printemps du service public ». Ils prévoient un mouvement d’actions communes en mars et exigent plus d’investissements publics, notamment pour sauver les hôpitaux publics. Tout ceci peut contribuer à une intensification du mouvement en mars. Nous pourrions assister à une situation dans laquelle la CGT et d’autres syndicats seraient poussés par la pression de la base à lancer une grève générale reconductible, entraînant derrière elles des couches plus importantes du mouvement. Dans un tel scénario, la CFDT pourrait être contrainte de changer de cap elle aussi.

Au cours des prochaines semaines, nous devons nous mobiliser à 100% sur nos lieux de travail, dans les écoles, les universités et les quartiers. C’est ainsi que nous pourrons stopper l’ensemble de la réforme des retraites et faire tomber le gouvernement Macron-Borne et ses politiques d’austérité. L’organisation à la base est essentielle pour garantir le maintien du contrôle du mouvement et s’assurer qu’il ne s’essouffle pas. La grève des contrôleurs SNCF pendant les vacances de Noël a montré la voie. Ils ont organisé la grève via la page Facebook « collectif national ASCT » (Agents, service commercial, trains), confrontant la direction du syndicat, qui refusait de se mobiliser pour la grève, se sont engagés sur le terrain et ont ainsi contraint la direction à déposer le préavis de grève. Des actions comme celles-ci évoquent des souvenirs du mouvement des Gilets Jaunes.

Un autre exemple important de démocratie des travailleurs et travailleuses sont les grèves renouvelables des raffineries de TotalEnergies à l’automne dernier. La poursuite de la grève a été assurée par un vote démocratique quotidien du personnel lui-même. C’est avec ce genre de méthodes que l’on assure l’implication de toutes et tous et donc le succès de la lutte. Malheureusement, le mouvement de grève des raffineries, à quelques petites exceptions près, a été maintenu dans l’isolement (malgré un large soutien passif), ce qui a permis aux autorités d’imposer la réquisition du personnel. Cela ne fait que souligner la nécessité de construire un large mouvement basé sur l’implication maximale de l’ensemble de la classe ouvrière en France et au niveau international.

La mobilisation du weekend du samedi 11 février et l’attention portée à la mobilisation dans les petites villes ont été de bons premiers pas pour élargir le mouvement. En plus de la mobilisation des travailleurs et travailleuses et des jeunes qui sont impatients de lutter (mais qui n’ont pas pu participer pendant la semaine), il est crucial d’essayer tout ce qui est possible pour convaincre les couches qui jusqu’à présent n’ont pas participé, ne voyant potentiellement pas la possibilité d’une victoire. Politiquement, il serait important de reprendre la question de la crise du coût de la vie et de la lier à la lutte contre la réforme des retraites et contre le régime d’austérité porté par Macron. Pour avoir l’impact le plus fort possible et pour contrer la presse bourgeoise, les délégations de grève pourraient produire des tracts et des journaux de grève ainsi qu’organiser des visites sur les lieux de travail, en particulier à celles et ceux qui n’ont pas encore rejoint les grèves. Des assemblées sectorielles et intersectorielles devraient être organisées dans tout le pays pour renforcer et démocratiser l’intersyndicale par le bas, comme un moyen de prendre et de conserver le contrôle de la base sur le mouvement, ses revendications et ses décisions clés, y compris celles concernant les grèves. De cette manière, de telles assemblées peuvent considérablement renforcer le processus d’apprentissage collectif de la classe ouvrière.

Des mouvements de grève ont lieu dans de nombreux pays. Pourquoi ne pas les coordonner au niveau international ? Fin septembre, la lutte des travailleurs des raffineries a reçu la solidarité de plusieurs syndicats en Europe. D’importantes luttes syndicales se développent dans les pays voisins. En Grande-Bretagne, décembre 2022 a vu le plus grand nombre de jours de travail – 1,5 million – perdus par des grèves depuis juillet 1989. Cela a conduit à l’action de grève coordonnée du mercredi 1er février, la plus grande journée d’action de grève coordonnée depuis 2011. La Belgique connaît également des mouvements de grève dans divers secteurs depuis plusieurs mois, qui ont culminé enune grève générale de 24 heures le 9 novembre dernier. Une approche internationaliste devrait faire partie de chaque lutte. Pourquoi ne pas essayer d’aller vers une journée de grève européenne contre les politiques d’austérité et pour des augmentations de salaires supérieures à l’inflation ? Pour commencer, des délégations de grévistes pourraient être envoyées et invitées en Grande-Bretagne, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal, où des grèves et des mouvements de protestation sont également en cours. D’ailleurs, les discussions autour d’une future réforme des pensions ont également commencé en Belgique.

Pour une société socialiste démocratique

Ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent. TotalEnergies vient d’annoncer un bénéfice net de 19 milliards d’euros en 2022, le plus important de son histoire. Les entreprises du CAC 40 ont versé 80,1 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2022, alors qu’elles sont aussi celles que l’État cajole le plus avec 157 milliards d’euros d’aides publiques par an. Ces criminels climatiques et ces entreprises rapaces doivent être expropriés et nationalisés sous le contrôle et la gestion des travailleurs et travailleuses. En allant vers la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, transport, agriculture, construction, grandes entreprises…), nous pourrions développer une planification rationnelle et démocratique de l’économie qui assure un avenir décent pour tous et toutes dans le respect de notre planète.

Pour appliquer un tel programme et aller vers un changement fondamental de la société, la classe ouvrière organisée doit jouer le rôle central dans cette lutte et s’imposer comme la classe dirigeante de la société en entraînant derrière elle les mouvements climatiques, féministes et autres mouvements sociaux. Cela permettrait de jeter les bases d’un éventuel renversement du système capitaliste. Les actions « Robin des Bois » sont un pas dans cette direction. Les travailleurs de l’énergie en grève ont pour la première fois mené une action coordonnée à l’échelle nationale pour établir la gratuité du gaz et de l’électricité pour les écoles, les hôpitaux, les logements sociaux, les centres sportifs publics et les associations d’intérêt public. Ils ont également rétabli la distribution aux usagers qui avaient été coupés pour cause de factures impayées et ont proposé un taux réduit allant jusqu’à 60% pour les petits commerçants, qui n’ont reçu aucune aide comparable du gouvernement face à la flambée des prix. Ces actions sont des initiatives prises et coordonnées par les travailleuses et travailleurs de tout le pays sur leur lieu de travail. Les décisions et les actions sont votées démocratiquement par la base. Cela donne une idée de la manière dont la richesse produite par la classe ouvrière pourrait être gérée dans une société socialiste démocratique. De plus, en aidant les petits commerçants, cette couche de la société se tournera probablement davantage vers la classe travailleuse et augmentera considérablement son soutien au mouvement de grève et sa volonté de se joindre à la lutte.

Quelles revendications pour gagner contre Macron et son monde?

  1. Retour à la retraite à 60 ans
  2. Retraite minimale à 1400€ net
  3. Salaire minimum à 2000€ net
  4. Augmentation immédiate de tous les salaires de 10% et retour de l’échelle mobile des salaires.
  5. Nous avons besoin d’un plan d’investissement public massif : dans les secteurs du soin et du lien, pour la prévention des violences sexistes et envers les personnes LGBTQIA+ et pour davantage de refuges, dans l’éducation, les logements sociaux, les transports publics durables, ainsi que dans les mesures de protection du climat.
  6. Exproprier et saisir la richesse des milliardaires et réintroduire l’ISF (impôt sur la fortune).
  7. Nationalisation des secteurs de l’énergie et bancaire sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe ouvrière.
  8. Il est prouvé que la 5e République est une république qui ne fonctionne que pour les riches ; il faut construire une véritable assemblée constituante révolutionnaire démocratique basée sur des délégués élus des comités de lutte sur les lieux de travail, dans les quartiers, les universités et les écoles comme étape nécessaire vers un gouvernement ouvrier véritablement démocratique qui fonctionne en fonction des besoins de tous et toutes, et non des profits de quelques-uns.
  9. Nous avons besoin d’une économie publique et écologiquement planifiée avec un véritable contrôle démocratique par les travailleurs et travailleuses et de la société dans son ensemble pour créer des millions d’emplois bien payés et durables et construire une nouvelle économie verte.
  10. Vers une société socialiste démocratique basée sur les besoins de la classe travailleuse, des jeunes, des opprimé.e.s et de la planète.

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