Annie colère : un film militant de Blandine Lenoir

Annie est ouvrière dans une petite usine qui produit des matelas. Elle a deux enfants mais ne souhaite pas en avoir plus. Quand elle se retrouve involontairement enceinte, elle fait appel à une antenne locale du MLAC1 qui milite, dans une ambiance chaleureuse, pour la légalisation de l’avortement en aidant les femmes à avorter par la méthode Karman, par aspiration, avec l’aide de médecins et de bénévoles. Cela se passe en France en 1974, dans une petite ville de province. Et à l’époque, l’avortement est totalement interdit.

Dans un premier temps Annie estime ne pas avoir le temps de s’engager dans l’association car elle est déjà fort occupée par son travail et sa famille. Mais lorsque Christiane, sa voisine meurt des suites d’un avortement clandestin, elle décide de s’engager dans le mouvement. Elle y découvre une grande solidarité et apprend progressivement à pratiquer elle-même des avortements.

Le mouvement a du mal à répondre à une demande croissante de la part des femmes. Des tensions éclatent avec les jeunes médecins (tous des hommes2). Annie et d’autres bénévoles y voient l’occasion de rendre aux femmes le contrôle de leur corps.

Lorsque la loi Veil3 est adoptée par l’Assemblée nationale et que l’avortement est dépénalisé, la question de la dissolution de l’association local du MLAC  est posée. Mais l’avortement à l’hôpital ne sera pas gratuit et la clause de conscience pour les médecins limite de fait l’accès à l’avortement.  Touchée par le mouvement de solidarité qu’elle a découvert au MLAC, Annie décide de commencer des études d’infirmière.

En Belgique, l’avortement figure toujours dans le code pénal bien qu’il ait été partiellement dépénalisé en janvier 1990 (loi Lallemand-Michielsen). Baudouin 1er,,roi des Belges à l’époque et membre d’une secte catholique4, refusera d’apposer sa signature sous cette loi.

Courez vite voir ce film militant qui m’a fort émue car, professionnellement avant 1990, j’ai vu tant de jeunes femmes venues mourir à l’hôpital à la suite d’un avortement clandestin!


Notes:

[1] MLAC : Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception.
[2] A l’époque les hommes sont largement majoritaires chez les médecins généralistes. Ce qui a changé aujourd’hui.
[3]La loi Veil, votée en décembre 1974 (274 députés de la gauche et du centre votent pour, 189 députés de droite votent contre) autorisera l’avortement pratiqué par un médecin dans un délai de dix semaines.
[4]Le Renouveau charismatique.


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