Quel est « le système » contre lequel nous nous battons?

Dans la culture populaire, la rébellion apparaît parfois comme une lutte contre « le système ». Dans le rap ou le rock engagé, la devise est « fight the system ». Les artistes qui ont un certain sens de leur époque dénoncent, à travers leurs créations, la structure dominante reposant sur les inégalités et l’oppression. Le dénominateur commun? Un système où le pouvoir de l’argent règne en maître et où les décideurs politiques rampent aux pieds des riches.

Voir un modèle récurrent dans le déclin social et l’oppression est un pas en avant pour ce que les marxistes appellent la conscience. Il ne s’agit plus seulement de révolte contre son propre patron, qui s’en prend cyniquement aux emplois pour augmenter ses profits. Le contrôle policier raciste n’est plus considéré comme un acte isolé d’abus de pouvoir. Il y a derrière cela un ensemble cohérent d’idées élitistes et de structures antidémocratiques, ancrées dans le système.

Des femmes ou des personnes au genre non conformes se font insulter dans la rue : même si ces actes sont commis par des travailleurs inconscients, ils sont ancrés dans un ensemble d’idées et de structures discriminatoires qui perpétuent le règne du capital. Généraliser les « problèmes individuels » – voir un fil conducteur dans toutes les manifestations de l’exploitation, de l’oppression et de la violence d’État – est une étape cruciale dans le rejet de l’ensemble du système.

La forte baisse du pouvoir d’achat et des salaires n’est pas seulement le résultat de la méchanceté d’un PDG. C’est la politique générale des patrons, la classe économiquement dominante. La classe dirigeante, comme Karl Marx l’appelait. Les politiciens établis, l’appareil judiciaire et étatique, les grands groupes médiatiques… défendent les intérêts du système économique dominant : le capitalisme.

Nommer le système : le capitalisme en crise

Marx a analysé les différents modes de production à travers l’histoire. Le développement des forces productives s’inscrit dans un cadre de relations de production ou de propriété. Lorsque le développement des forces productives se heurte aux relations de propriété qui prévalent s’ouvre alors une période potentiellement révolutionnaire. La bourgeoisie émergente a ainsi renversé l’ancien pouvoir féodal. La classe ouvrière a quant à elle la tâche de renverser la bourgeoisie en tant que classe économique dominante.

Chaque mode de production formait un « système », parfois encore combiné avec des éléments de modes de production antérieurs. Marx soulignait la caractéristique commune des sociétés divisées en classes sociales : les classes dominantes s’accaparent un produit excédentaire des classes exploitées. Marx a également analysé en détail les spécificités du capitalisme et en a exposé les lois : un système où la majorité est obligée de vendre sa force de travail à un patron et n’a plus accès à ses propres moyens de production pour subvenir à ses besoins.

De la propriété privée des moyens de production en vigueur sous le capitalisme découle un certain nombre de lois. Les tendances objectives de la crise, comme la sur-accumulation de capital par rapport à ce que le marché peut absorber, que nous voyons fortement aujourd’hui. L’automatisation – le remplacement de la force de travail par des machines – menace de saper la création de plus-value par l’exploitation. Les capitalistes tentent de surmonter les lois de la crise en conquérant de nouveaux marchés, en accumulant des montagnes de dettes, en créant des monopoles qui permettent de réaliser davantage de profits, en érodant encore plus le pouvoir d’achat….

En fin de compte, les marchés sont divisés et le système capitaliste ne peut redistribuer les marchés que par la guerre. Les solutions pour augmenter les profits et éviter une crise plus grave reviennent comme un boomerang dans le visage de la classe capitaliste. Pour combattre le système le plus efficacement possible, nous devons l’analyser et le décrire tel qu’il est : une production privée pour le profit, qui conduira toujours à la crise, à la pauvreté et à la misère. Nous avons besoin d’un autre système : la propriété collective socialiste des moyens de production, sous le contrôle de conseils démocratiquement élus sur les lieux de travail et à tous les niveaux de l’État ouvrier.


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