Pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes?

Mais pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes? Une plus grande proportion de femmes vit dans la pauvreté; elles n’ont pas autant accès à leur droits; elles vivent des violences structurelles. Elles ont ainsi moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique.

Le réchauffement climatique n’est plus un scénario catastrophique lointain, il est présent, urgent et mondial. Le rapport du GIEC l’a montré, tout comme que les catastrophes telles que les immenses feux de forêts en Sibérie et Europe du Sud, les records de chaleur au Canada et les inondations de cet été en Belgique et en Allemagne. Il est indéniable que la lutte pour le réchauffement climatique est primordiale. Ce combat ne fonctionnera que s’il prend en compte les oppressions, couplé au changement climatique, que le capitalisme provoque. Focus sur l’impact de ces crises sur les femmes.

L’adaptation agricole au dérèglement climatique précarise plus durement les femmes

Tout le monde n’est pas touché de la même manière par les crises: elles touchent les personnes les plus précarisées de manière plus forte. Pendant la pandémie, aux USA, les personnes noires et hispaniques ont été les plus impactées. Au Royaume-Uni, pendant la première vague, une femme avait deux fois plus de risque de perdre son emploi qu’un homme.

Mais pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes? Une plus grande proportion de femmes vit dans la pauvreté; elles n’ont pas autant accès à leur droits; elles vivent des violences structurelles. Elles ont ainsi moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique.

Prenons par exemple l’agriculture qui est le secteur le plus touché par le dérèglement climatique. Adapter ses cultures nécessite des moyens financiers que tout le monde n’a pas. Par exemple, au Népal, les paysans qui font face à un appauvrissement de leurs terres ont, quand ils en avaient la capacité, changé de culture au profit du sarrasin qui pousse bien sur un sol pauvre. Cette flexibilité n’est possible qu’avec des moyens! Un autre problème s’ajoute: les techniques agricoles nécessite elles aussi d’être adaptée, mais encore faut-il les connaître. Or, les femmes ont moins accès à l’éducation et aux informations en générales.

Dans les sociétés divisées en classes sociales (comme le système capitaliste), il y a une division genrée du travail au sein de la famille. Les hommes y ont plus souvent une place de décideurs, tandis que les femmes prennent sur leurs épaules le travail supplémentaire de soin à la famille. Ce travail domestique tant à augmenter avec les dérèglements climatique qui peuvent par exemple tarir les sources d’eau. Ainsi, les femmes ont moins de temps et de possibilités pour acquérir une indépendantes financièrement. La dépendances envers leur partenaire occasionne plus de vulnérabilité.

Les femmes plus victimes de catastrophes naturelles

Les femmes sont aussi beaucoup plus touchées pendant les catastrophes naturelles qui sont pour elles trois fois plus meurtrières que pour les hommes. Une des principales raisons est la position secondaire de la femme dans la société. Ça s’est par exemple illustré lors de cyclones et d’inondations au Bangladesh. Les femmes ne sont pas associées à la prise de décision concernant l’évacuation et ne peuvent donc y réagir aussi rapidement. Souvent, elles n’entendent pas l’ordre d’évacuation, car elles sont beaucoup moins dans l’espace public. Et même dans ce cas, elles n’ont pas la possibilité de partir sans l’aval de leur mari/père (manque d’indépendance financière, injonction sociale à rester au foyer…). Et puis, elles sont conscientes qu’après l’évacuation, le risque d’agression sexuelle dans les refuges est très élevé. Souvent, il n’y a pas d’endroit privé où elles peuvent se changer, aller aux toilettes.

Une fois la catastrophe passée, les femmes sont toujours en charge de leur foyer et donc de la nécessité de le reconstruire. Elles ont ainsi moins de temps pour se rétablir elles-mêmes.

Ce ne sont pas tant les hommes qui ont trop de facilités pour faire face aux événements inattendu. Mais la surexposition des femmes aux catastrophes climatique illustre l’absolue nécessité de continuer la lutte pour que chacun.e puisse rencontrer ses besoins et être en sécurité que ce soit avant, pendant et après la catastrophe.

Impact des inondations sur les femmes

Les inondations de cet été ont montré à tout le monde que le réchauffement climatique est présent. On pourrait croire, intuitivement, qu’une rivière en crue touche de manière indiscriminée les pauvres et les riches. Mais dans les faits, les zones inondables sont celles où les populations les plus précarisées doivent habiter, faute de moyens. Les loyers y sont les plus bas, là où les logements sont construits en zones inondables, moins bien localisées et en moins bon état. Il sera beaucoup plus difficile pour la population la plus pauvre de se rétablir. Combien de personnes sans-papiers ont tout perdu lors de ces inondations? Combien de mères célibataires (dont 80% d’entre-elles sont sous le seuil de pauvreté) ? Et même des inondations «minimes», comme la perte de son lave-linge, peuvent avoir des conséquences pratiques importante lorsqu’on n’a pas de réserve et qu’il faut attendre des mois avant d’avoir une indemnisation pour pouvoir le remplacer. Et puis, de plus en plus de personnes n’ont pas les moyens de payer les primes d’assurance (de plus en plus chères) et ne sont donc pas assurées. Ça doit changer ! Nous ne voulons pas d’assureurs privé dont nos primes vont dans les poches des actionnaires et qui rechignent à nous indemniser lorsque c’est nécessaire. Les assurances devraient être un service publique contrôlé et gérer démocratiquement par la population!

Et la responsabilité individuelle dans tout ça?

Nous entendons partout qu’il faut que tout le monde fasse attention à sa consommation. Il faut acheter bio, local, diminuer son empreinte carbone, arrêter de manger de la viande, passer au zéro déchet… Si on apprécie fabriquer sa propre lessive, etc., il ne faut surtout pas s’en priver, mais ces injonctions à améliorer notre consommation individuelles renforcent la division genrée du travail et sont insuffisantes pour faire face au défi climatique. En effet, cinq entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays. C’est par elle qu’il faut commencer si l’on veut un réel changement.

Et puis, cela demande du temps, de chercher les bons ingrédients, d’utiliser des cotons et serviettes réutilisables (et donc à laver), de faire plusieurs magasins plutôt qu’un seule supermarché, de remplacer les produits transformés par des faits main. Cette revalorisation des arts ménagers liée aux injonctions à avoir une consommation plus «verte» renferme les femmes dans les rôles de mère nourricière, dévouée à son foyer. Devoir faire tous ces efforts augmente la double journée de travail des femmes (rémunéré au boulot puis gratuit à la maison) et la charge mentale.

N’oublions-pas que les autorités vont utiliser cette mentalité pour pouvoir justifier des politiques d’austérité. Dans de nombreuses commune, les poubelles à puces voient le jour, les ménages doivent désormais payer leurs déchets au poids. Et lorsque des mères se plaignent que cette taxe est un surcoût important pour les ménages avec des enfants en bas-âges, vu le poids des langes, on leur a répondu «passez aux langes lavables». Facile à dire! Pour que tout le monde puisse passer aux langes lavables, il faudrait établir un service public qui ramasserait les langes sales pour les nettoyer à haute température ensemble et en rapporterait des propres. Il existe déjà des compagnies privées qui font déjà cela. Aujourd’hui, pour être écologique, il faut en avoir les moyens! De plus, il n’est pas possible de passer aux langes lavables si les crèches (en ce compris les crèches communal de celles qui disent vous n’avez qu’à passer au lavable) n’acceptent que les langes jetables, plus rapide à mettre. Pour que les crèches acceptent les réutilisables, il est important d’avoir plus de plus de personnel dans les crèches…

Si les femmes ont en moyenne une emprunte carbone inférieur à celle des hommes, c’est parce qu’elles sont en moyenne plus pauvres et n’ont donc simplement pas la possibilité de partir en vacances, etc. Mais contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire, changer ses comportement individuel nécessite un minimum de moyens financier et un filet de sécurité derrière. Et surtout, pour faire face à l’ampleur du dérèglement climatique, c’est la société entière qui doit changer. Il est nécessaire de contrôler pour gérer démocratiquement les secteurs clés et polluant tel que la production d’électricité, d’investir massivement dans les transport public aussi pour les parents (qui en ont la possibilité) ne doivent pas se transformer en taxi le mercredi après-midi. Il est aussi important d’avoir une prise en charge collective des tâches ménagères se qui permettrai de s’attaquer à la fois au problème environnemental et à la double journée de travail des femmes, avec par exemple des laveries et des cantines publiques qui propose des produits sains et durables, des écoles et crèches de qualités et correctement isolées.

Les femmes aux devant de la lutte contre la crise climatique et le capitalisme

Le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles ne visent évidemment pas en soi plus les femmes que les hommes. C’est la société capitaliste – qui repose sur l’exploitation de la force de travail des humains et l’exploitation de la nature – qui provoque le dérèglement climatique. C’est aussi le capitalisme qui crée les inégalités et place les femmes et les autres populations opprimées dans des situations économiques précaires et plus exposé aux crises! Le dérèglement de la climatique, le sexisme, le racisme et toutes les oppressions ne sont pas le propre de la nature humaine, mais le résultat du mode de production capitaliste. Le capitalisme vert est un mensonge!

Si l’on regarde le mouvement climat de 2019, les grandes figures étaient pour la plupart des femmes. Greta Thunberg internationalement, Anuna de Wever et Adélaïde Charlier en Belgique, et surtout parmi les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté dans la rue, le nombre de femmes est impressionnant! Les femmes étant plus durement touchées tant par la crise climatique que par la pauvreté, le sexisme, etc., elles sont beaucoup plus nombreuses à s’impliquer dans le mouvement climatique et dans tous les mouvements contre les oppressions! Organisons-nous pour que toutes celles et ceux qui veulent se battre pour un futur puisse se réunir autour de revendications, d’un programme claire pour une transformation socialiste de la société ! Par-là, nous voulons dire une société qui ne repose plus sur l’exploitation de l’humain et de la nature au profit des capitalistes, mais une société qui permettent à chaque personne de s’épanouir.

Nos revendications

La lutte contre le sexisme et contre le réchauffement climatique se font en commun par la lutte contre le capitalisme.

La pandémie et les inondations ont démontré la nécessité d’investir massivement dans les services publics et sociaux. Luttons pour le refinancement public des soins de santé, de la protection civile, des pompiers!

Luttons pour des transports en commun gratuits, mieux desservis et avec des accompagnateurs dans chaque bus, métro et train. Cela permettrait la diminution des déplacements en voiture, mais aussi à toutes les personnes subissant du harcèlement de rue et craignant de sortir la nuit de pouvoir compter sur des transports en commun fiables. La présence d’un accompagnateur permettrait également d’établir un climat de confiance.

Une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec une réduction des cadences permettrait à de nombreuses femmes de ne plus être obligées de travailler à temps partiel (et d’avoir un salaire partiel). Une plus grande prise en charge des tâches ménagères par les services publics renforcerait également cet aspect. De meilleurs salaires rendent les femmes économiquement moins dépendantes de leur partenaire et moins vulnérables aux crises.

Le scandale de 3M, qui laisse des déchets toxiques empoisonner l’environnement, leurs travailleurs et travailleuses, et les habitants et habitantes d’Anvers montre que les multinationales n’ont que le profit en tête, au détriment du bien commun. Cinq entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays: nous devons reprendre le contrôle de ces entreprises. Exproprier les criminels climatiques est la seule solution pour qu’une transition écologique soit possible!

Le capitalisme vert est impossible : la propriété privée des moyens de production fait primer le profit à court terme plutôt que la survie de notre espèce. Les secteurs clés de l’économie doivent être sous contrôle démocratique des travailleurs et travailleuses, pour créer ensemble une économie à l’écoute des besoins de chaque individu: une économie socialiste démocratiquement planifiée.


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