Mobilisation contre la répression : Liberté pour Pablo Hasel

Photo : Stringer

Pablo Hasel est un rappeur de gauche emprisonné neuf mois pour des paroles anti-monarchistes et avoir parlé de terrorisme. Une campagne est en cours pour le libérer.

À mesure que les crises du capitalisme s’aggravent, la répression d’État s’intensifie. L’emprisonnement de Pablo Hasel est la dernière attaque en date de l’État espagnol contre les libertés fondamentales qu’il est censé protéger. Nous devons y faire face en nous mobilisant et en nous organisant, mais aussi en comprenant que nous devons lutter pour la fin du système capitaliste, seul moyen de garantir la liberté artistique, économique et sociale.

Nous sommes aux côtés de Pablo

Le combat de Pablo remonte à 2011. Depuis lors, il a constamment été harcelé et arrêté pour ses opinions. Cette dernière attaque, qui a abouti à son emprisonnement, fait suite à son arrestation en 2018, avec un autre rappeur, Valtonyc, pour des paroles et des commentaires sur les médias sociaux contre la monarchie et pour avoir parlé de terrorisme. Pablo est un rappeur provocateur, qui continue de dire ce qu’il pense et refuse d’être réduit au silence.

Cette répression de la liberté d’expression a fait de nombreuses victimes dans l’État espagnol (Valtonyc, Pablo Hasél, César Strawberry et plus récemment le renvoi de la chaîne publique TVE du scénariste Bernat Berrachina pour un signe humoristique contre la monarchie). Mais la répression va plus loin que cela, elle est orientée contre les luttes ouvrières.

Pendant la crise économique qui a commencé en 2008-2009, les procureurs ont soudainement demandé jusqu’à 8 ans de prison pour ceux qui ont participé aux piquets de grève. Puis, en octobre 2017, le monde entier a assisté à l’attaque brutale contre le vote pacifique en Catalogne et à la répression contre la lutte pour l’indépendance en général.

La «Ley Mordaza» – la «loi du bâillon» – approuvée en 2015 a servi à poursuivre les journalistes pour avoir informé sur la répression policière et à réprimer le droit de protester et de manifester. Elle a été utilisée pour poursuivre des militantes et militants qui ont participé à des piquets de grève pendant les grèves féministes de 2018-2019.

Toutes ces attaques, souvent au cours d’incidents relativement mineurs, démontrent la volonté de l’État capitaliste de freiner toute lutte politique considérée comme une menace pour l’ordre social qu’il défend. Les autorités veulent nous faire vivre dans la peur et elles rétablissent des méthodes de contrôle franquistes. Si nous ne résistons pas de toute notre énergie, elles continueront à accentuer la répression jusqu’à nous réduire au silence.

Il est absolument hypocrite qu’ils essaient de réprimer les voix contre la monarchie sans lever le petit doigt contre la corruption profonde de ce vestige féodal ou contre les représentants du régime coupables de violations brutales des droits humains. Les artistes critiques sont envoyés en prison pour leurs textes alors que l’ancien roi corrompu vit dans un exil luxueux. Cette hypocrisie se manifeste également dans le silence de l’UE face à des attaques aussi flagrantes contre la liberté d’expression, cette même UE qui s’empresse de réprimander les États membres pour ne pas avoir respecté ses réglementations néolibérales.

La liberté des arts et la lutte pour changer la société

La culture capitaliste est saturée de sexisme, de glorification de l’argent et de culte de l’individualisme. Chaque jour, la publicité utilise des méthodes créatives pour augmenter les profits, sans tenir compte des besoins des gens ou de l’environnement. La culture du capitalisme est essentiellement un véhicule pour augmenter les profits des super-riches.

Nous devons nous opposer à ce courant culturel négatif et nous concentrer sur la construction d’une culture alternative. Nous devons renforcer la culture de la classe ouvrière qui parle d’unité, de lutte collective et de diversité. Nous ne devons pas compter sur l’État capitaliste pour choisir ce qui est bon et mauvais, beau et laid. En fin de compte, cet État existe pour défendre le système social et économique qui est la cause profonde des problèmes et des enjeux auxquels nous sommes confrontés.

L’art et la culture sont détruits par la crise économique qui a accompagné la pandémie. Même avant cette crise, les artistes connaissaient très bien la nature précaire du travail, sans contrats, sans opportunités ni espaces de travail. On attend souvent des artistes qu’ils travaillent gratuitement, simplement parce que leur travail découle de leur passion. Cette exploitation était déjà extrême, mais après cette dernière crise économique, ils se battent pour le droit même de créer. Se battre pour les arts et la culture, c’est se battre pour être un être humain libéré des contraintes du système de profit.

Non seulement nous devons défendre la liberté d’expression, mais nous devons aller plus loin et défendre le droit d’être créatif, d’avoir un travail décent et des conditions de travail qui donnent à chaque personne la dignité nécessaire pour mener une vie épanouissante. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une redistribution complète et démocratique des richesses de la société. Nous devons inscrire clairement à notre agenda la lutte pour une société socialiste.

Lors de la manifestation à Lleida le 10 février, Pablo Hasel a soulevé à juste titre la complaisance du gouvernement PSOE/Unidas Podemos concernant cette dernière attaque et la nécessité d’un mouvement populaire pour changer la société. Le gouvernement dit de gauche s’est limité à quelques vagues promesses de réforme de la législation qui punit actuellement les artistes pour leurs paroles. Si nous ne devrions pas être surpris de la passivité du PSOE sur cette question, puisque ses dirigeants ont pris le parti du statu quo il y a longtemps, cela soulève la question de savoir comment nous devons nous organiser pour changer la société.

Comme l’a dit Pablo :

Ils répriment. Et la répression n’est pas une question individuelle, elle est collective. S’ils s’en prennent à une personne comme moi, c’est pour effrayer les autres. Nous devons faire passer le message, sur Internet mais aussi dans la rue, sensibiliser les gens pour développer un mouvement qui mène au rejet de masse, à l’action révolutionnaire. Nous devons organiser la solidarité pour développer la liberté d’expression. Toutes les conquêtes précédentes ont été gagnées par l’action révolutionnaire […] nous n’avons pas seulement besoin d’organiser la solidarité, mais d’une organisation qui unit les luttes pour tous les droits et libertés, ce qui va de pair avec le fait de s’attaquer à la racine du problème…

En nous organisant et en menant la lutte dans la rue, nous pouvons obtenir des améliorations, beaucoup d’ailleurs, mais pas de solution profonde. Nous ne pouvons pas réformer cet État. Nous avons besoin de changements profonds, en annihilant cet État et en conquérant une république populaire où la classe ouvrière aura le pouvoir et pourra garantir les droits et libertés qu’on nous refuse par la violence, et nous pourrons alors obtenir ce que nous voulons tous, c’est-à-dire gagner une vie décente…

Nous sommes d’accord : il faut développer un mouvement à caractère ouvertement révolutionnaire forgé dans la lutte de masse dans les rues, sur les lieux de travail et dans les écoles. Il y a de nombreuses questions sur lesquelles nous pouvons travailler ensemble sur des bases communes, l’une des plus critiques étant l’unité contre la répression d’État. La tâche urgente est d’unir les travailleurs et les jeunes de différents secteurs dans un mouvement non sectaire et démocratique afin de développer un programme et une action anticapitaliste et socialiste révolutionnaire qui répondent aux besoins de la lutte.

  • Mobilisation, agitation et organisation pour libérer Pablo Hasel et toutes les autres victimes de la censure d’État !
  • Défendons la liberté d’expression artistique en construisant une unité dans le mouvement de lutte contre le système capitaliste !

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