Critique de film : Rocks

Rocks, réalisé par Sarah Gavron, est un film moderne centré sur le passage à l’âge adulte, sur la vie et les luttes du personnage principal, Olushola «Rocks» Omotoso. Le film se déroule dans le Londres d’avant la pandémie et suit Rocks et ses amies adolescentes dans leur vie quotidienne dans un milieu ouvrier et multiculturel. L’intrigue principale tourne autour de la réaction de Rocks face à une crise familiale.

Au début du film, la mère de Rocks abandonne à la fois Rocks et son jeune frère. Ce n’est pas la première fois que la mère de Rocks prend son envol. Elle a des antécédents de maladie mentale. Dans une lettre laissée à sa fille, sa mère explique qu’elle a besoin de «se vider la tête» et «je devrais vraiment être meilleure pour toi». Les détails de la crise qui touche la mère de Rocks sont filtrés pour le public tout au long du film.

Le film est à la fois une évaluation réaliste de la maladie mentale sous le capitalisme et de ce que cela signifie de vivre sous le seuil de pauvreté. La maison familiale est un appartement d’une tour d’habitation. Le film a été tourné dans les années qui ont suivi l’incendie de la tour Grenfell à Londres. Si aucune référence n’est faite à cet incendie, la précarité de l’existence dans une tour ouvrière multiethnique qui y est relatée fait immanquablement penser à cette catastrophe.

L’un des thèmes principaux du film est la résilience. Rocks utilise son intelligence et sa réflexion pour survivre. Subitement seule à s’occuper de son jeune frère, Rocks, qui n’a pas plus de 14 ou 15 ans, doit trouver chaque jour comment veiller sur son jeune frère et comment échapper aux services sociaux. Elle connaît bien la nature des services sociaux en Grande-Bretagne et est déterminée à ne pas être prise en charge avec l’espoir que sa mère réapparaisse après une période de convalescence.

Rocks est née d’une mère nigériane et d’un père anglais, elle n’a pas de famille en Grande-Bretagne. Après sa mère, son plus proche parent est sa grand-mère qui vit à Lagos. L’école de Rocks est représentative du Londres multiethnique. À l’école, elle ne subit aucun racisme de la part de ses camarades de classe. Sa meilleure amie est d’origine nord-africaine, et ses autres amis viennent de milieux aussi divers que ceux des Roms ou des Anglais blancs. Une scène montre la jeune fille d’origine rom raconter comment son arrière-grand-parent a péri à Auschwitz. On y voit les filles se moquer d’Hitler, avec un argot londonien et une façon de parler tout à fait authentique. La représentation des personnages est sincère et crédible.

Mais Rocks n’est pas seulement l’histoire des épreuves du personnage principal. C’est bien plus que cela. Au-delà des dures réalités de la vie quotidienne, on y trouve une réflexion sur le véritable sens de la vie et de la lutte. Au-delà des difficultés, le film aborde la solidarité et les liens qui unissent les jeunes. Le spectateur sera parfois près des larmes, mais il sera inspiré par la représentation sincère de ces adolescentes issues de la classe ouvrière et de différents milieux qui prennent soin les unes des autres.


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