2021 : Dangers et opportunités dans un monde en désordre

Manifestation de milliers de soignants en France en novembre 2020. Photo AFP

La pandémie de la COVID-19 a changé le monde à jamais. Elle a jeté le capitalisme dans un tourbillon de crises d’une ampleur sans précédent. Ces crises ont des conséquences dramatiques partout sur la planète sur tous les aspects de la vie.

La crise actuelle a considérablement aggravé le conflit stratégique mondial entre les deux plus grandes puissances impérialistes, les États-Unis et la Chine, bloquant encore davantage les efforts visant à trouver une réponse «mondiale» à la situation actuelle.

La pandémie: causes et résultats

Les causes fondamentales de cette crise résident dans les contradictions de l’économie capitaliste. La COVID-19 n’est pas une anomalie ni un «grain de sable dans l’engrenage capitaliste». Elle est un sous-produit de ces contradictions. En particulier de la destruction de l’environnement que le système a lui-même engendré.

Le passage même du coronavirus des animaux aux êtres humains démasque les effets désastreux du mode de production actuel. Le capitalisme déséquilibre complètement les écosystèmes. Il génère des dangers biologiques et environnementaux à une échelle croissante. Il fait planer la menace d’une extinction massive des espèces, incluant la nôtre.

Le virus est bien plus qu’un simple catalyseur de la dépression économique actuelle. Les effets de la pandémie ne sont pas à «sens unique». Ils s’insèrent dans des interactions dialectiques où la cause devient effet et l’effet devient la cause. La pandémie intensifie la crise systémique l’ayant engendrée en premier lieu.

Une situation hors de contrôle

D’un point de vue économique, cette pandémie a complètement mis en pièces l’idée du capitalisme comme système «autorégulateur». La «main invisible du marché» a totalement perdu le contrôle des forces qu’elle a libérées. Elle a été forcée de faire place à la «main directrice de l’État» dans une tentative désespérée de retrouver un semblant de contrôle sur la situation.

Cette tentative est vouée à l’échec. Elle ne fera qu’aggraver la situation étant donné que la propriété privée des moyens de production, la maximisation du profit et la concurrence entre les États-nations restent les pierres angulaires du capitalisme mondial. La gestion initiale, désastreuse, de l’épidémie par l’État chinois souligne également les limites des «solutions» autoritaires étatiques.

Le monde est entré dans une phase qualitativement nouvelle d’instabilité généralisée qui remodèle les relations mondiales ainsi que celles entre les classes sociales. Elle accentue toutes les contradictions préexistantes, tout en en créant de nouvelles. Des phases temporaires de stabilisation dans tel ou tel pays ou région sont inévitables. Toutefois, les convulsions révolutionnaires et contre-révolutionnaires, caractéristiques importantes de la décennie précédente, seront considérablement amplifiées.

D’énormes changements à prévoir

Cette crise crée des calamités monumentales pour les masses et ouvre la voie à des calamités encore plus grandes dans l’avenir. D’énormes changements dans la conscience de dizaines de millions de jeunes, de travailleurs et de travailleuses du monde entier sont aussi à prévoir. La crise laisse envisager des bouleversements politiques et sociaux explosifs sur tous les continents. Les questions posées auparavant par une minorité socialiste politiquement avancée deviendront de plus en plus brûlantes d’actualité pour une grande masse de personnes. Déjà, la crise a ébranlé de nombreuses croyances établies. Elle a bouleversé les pratiques néolibérales. Elle a provoqué un débat à une échelle jamais vue depuis plusieurs décennies sur la manière dont la société devrait être organisée.

Les conditions matérielles auxquelles l’humanité est aujourd’hui confrontée exigent une planification démocratique de la production ainsi qu’un socialisme international comme jamais auparavant. Cependant, comme Lénine l’a souligné, il n’y aura pas de crise finale du capitalisme. Le capitalisme continuera à faire souffrir des milliards de personnes, à détruire l’environnement et à provoquer de nouvelles guerres, à moins qu’il ne reçoive le coup de grâce de la classe ouvrière.

L’intervention consciente des marxistes dans cette période menaçante et explosive consiste à construire de puissants partis révolutionnaires ainsi qu’une Internationale afin d’aider la classe ouvrière à renverser le capitalisme et à construire le socialisme. Cette tâche demeure en fin de compte le seul vaccin contre ce système malade.

«Relancer l’économie» au Québec

Cette tâche s’impose également au Québec, où les enjeux internationaux se répercutent de manière spécifique. Afin de «relancer l’économie», le gouvernement de François Legault déroule le tapis rouge aux multinationales du secteur des mines et des hydrocarbures et permet aux compagnies de construction de contourner les lois environnementales.

Or, plus de 200 000 emplois ont été perdus au Québec en 2020, du jamais vu depuis 40 ans. Le prix des logements et de la nourriture continue d’exploser. L’itinérance se répand et une vague d’évictions massives est à prévoir. Ce n’est pas l’économie qui est relancée, ce sont les profits des riches! Or, ce sont les banques, les géants du web et les multinationales qui devraient allonger l’argent pour l’écroulement de leur propre système.

Nous faire payer la note

Avec la 2e vague de la COVID-19, la vaste majorité des infections se produisent dans les écoles, dans les milieux de travail et dans les résidences privées pour personnes âgées. Contrairement au premier confinement, le 2e n’implique plus la fermeture des écoles, du secteur manufacturier ou celui de la construction. Des centaines de personnes paieront de leur vie cette gestion sanitaire orientée vers le profit d’une toute petite élite.

L’austérité des dernières décennies a entraîné des milliers de travailleurs, en particulier des travailleuses, à déserter le secteur public pour la pratique privée. Incapable de retenir son personnel en pandémie, l’État a du faire massivement appel à la sous-traitance et à des personnes demandeuses d’asile pour combler les postes dans les services essentiels. Déjà soumises à des salaires de misère et des conditions dangereuses, ces dernières doivent maintenant se battre afin de régulariser leur statut.

S’organiser, même en pandémie

En pleine négociation du secteur public avec l’État, les grandes directions syndicales québécoises ont fait preuve d’une paralysie injustifiable durant la dernière année. Partout sur la planète, le corps infirmier et enseignant est entré en action et en grève pour réclamer un retour au travail sécuritaire. Ici aussi, des organisations syndicales combatives sont nécessaires afin de répondre aux besoins et à la colère qui grondent dans les rangs syndiqués québécois. Il en va de la légitimité même des syndicats auprès de leurs membres.

La course au vaccin

L’incompétence et le chaos qui ont caractérisé la ruée vers les EPI, les tests de dépistages et les respirateurs au début de l’année 2020 ont refait surface avec la recherche d’un programme de vaccination mondial. Les intérêts nationaux et corporatifs concurrents interfèrent avec la distribution rapide et efficace des vaccins existants.

Un parti politique qui défend la classe ouvrière du Québec doit démasquer sans relâche la participation du gouvernement Legault à toutes ces manœuvres capitalistes. Sans alternative politique combative et socialiste, des masses de gens continueront à être séduites par le nationalisme identitaire et à croire aux théories complotistes.

En 2021, nous avons besoin d’un programme mondial de vaccination massive, universelle et gratuite contre la COVID-19. Un programme qui donne priorité aux travailleurs et travailleuses de première ligne ainsi qu’aux personnes vulnérables. Un tel programme ne peut se réaliser qu’en établissant un contrôle public démocratique sur toutes les compagnies privées liées à la santé (cliniques, pharmaceutiques, agence de personnel, matériel médical, résidences pour aîné·es).

En 2021, vous pourrez compter sur la combativité des membres d’Alternative socialiste afin de lutter pour un tel programme. Nous participerons à alimenter la résistance de la classe ouvrière, à renforcer sa force organisationnelle, son programme, ses stratégies et ses tactiques afin de forger un nouveau leadership grâce à l’expérience de la lutte. Vous aussi, devenez membre et participez à cette tâche historique sans précédent.

 


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