La droite tente de prendre sa revanche sur Kshama Sawant

Les grandes entreprises et la droite sont furieuses de l’impact de la politique socialiste à Seattle, et font tout pour tenter de démettre de ses fonctions Kshama Sawant, élue de Socialist Alternative au conseil de ville. Ils ont lancé une campagne visant à sa destitution.

Cette campagne contre Kshama Sawant intervient quelques mois seulement après que le bureau de Kshama et un mouvement populaire aient remporté à Seattle l’imposition de la Taxe Amazon : une taxe sur les 500 plus riches entreprises basées à Seattle (dont la multinationale Amazon) qui devrait rapporter entre 210 et 240 millions de dollars par an, lesquels seront utilisés pour créer des dizaines de milliers d’emplois verts avec protection syndicale en construisant des logements sociaux. Cette victoire capitale représente un transfert de richesse de 2 milliards de dollars des mains des grandes entreprises vers les travailleurs et travailleuses au cours de la prochaine décennie.

Depuis plus de sept ans, le bureau de Kshama Sawant a démontré ce que se tenir sans ambiguïté du côté des gens ordinaires en tant qu’élue signifie. L’approche unique de Kshama en matière de construction de mouvements sociaux a conduit à des victoires historiques. Parmi elles, l’imposition du salaire minimum de 15 dollars de l’heure pour la première fois dans une grande ville des États-Unis, des législations inédites sur les droits des locataires (comme l’interdiction de procéder à des expulsions en hiver) et une interdiction des armes de contrôle de foules par la police, la première loi du genre dans le pays à la suite des soulèvements contre le racisme et la violence policière liées au meurtre de George Floyd cet été.

En tant que conseillère, Kshama n’a pas basé son action sur des changements législatifs obtenus par des compromis avec ses collègues conseillers liés au Parti démocrate et aux intérêts des grandes entreprises. Dès son premier jour en fonction, elle s’est orientée vers la classe ouvrière, la jeunesse et les organisations progressistes de la ville de Seattle. À leurs côtés, elle a travaillé à la construction d’un rapport de forces sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers, pour exiger de la mairie ce qui est nécessaire (et non ce qui est acceptable pour le pouvoir en place). C’est de cette façon qu’elle a pu remporter des victoires historiques à Seattle tout en étant isolée au sein du conseil.

L’actuelle campagne en faveur de sa révocation vise à revenir sur chacune de ces conquêtes et à repousser la politique de Seattle vers la droite. Il ne s’agit là que de la dernière d’une série d’attaques de la droite et des grandes entreprises. Nous devons nous attendre à ce que ce type d’attaque ne fasse que croître en importance et en fréquence à mesure que nous nous battons pour obtenir plus de victoires, et de moyens, pour les travailleurs et travailleuses de Seattle.

Il y a moins d’un an, Jeff Bezos, les grandes entreprises et la droite ont tenté d’acheter le conseil de ville de Seattle en dépensant des millions de dollars pour soutenir des candidats pro-entreprises dans toute la ville. Les militants et militantes de Socialist Alternative se sont organisé·es, ont mis sur pied une campagne de terrain et ont frappé à plus de 120 000 portes pour finir par vaincre l’homme le plus riche du monde! Alors que la classe dirigeante pensait avoir vaincu Kshama lors de la première tentative d’imposer par la force d’un mouvement social la Taxe Amazon en 2018, elle a été réélue en 2019 et a ensuite aidé à faire passer une deuxième taxe sur les grandes entreprises qui était quatre fois plus importante que la première. Après avoir échoué à maintes reprises à battre la triple élue socialiste au Conseil par le biais d’un scrutin, l’establishment capitaliste tente maintenant d’utiliser les tribunaux pour la démettre de ses fonctions en introduisant un processus de destitution antidémocratique.

Les victoires sociales remportées à Seattle ont changé la vie d’innombrables personnes et ont donné des exemples puissants qui se sont répandus dans tout le pays. L’exemple de Kshama a renforcé la confiance des travailleurs et travailleuses dans le fait que nous pouvons nous battre pour une alternative à la misère et à la brutalité de la vie sous le capitalisme. C’est cet exemple qui est plus menaçant pour la classe dirigeante que toutes les victoires concrètes remportées. La classe dirigeante fera tout son possible pour écraser la confiance que Kshama inspire aux mouvements sociaux.

Un tsunami d’argent des grandes entreprises va être injecté dans ce combat. La propagande médiatique va se déchaîner. La campagne d’éviction de Kshama a déjà récolté plus de 123 000 dollars, parmi lesquels 50 000 de dollars de dons anonymes, une tentative évidente de dissimuler qui sont se trouve derrière. Martin Selig, un milliardaire qui a financièrement participé à la campagne de réélection de Trump, soutient la campagne de révocation. Il avait déjà dépensé 25 000 dollars pour abroger la première Taxe Amazon et a contribué aux campagnes de l’adversaire de Kshama l’an dernier. Nous avons toutes les raisons de nous attendre à ce que les entreprises versent à nouveau des sommes considérables par le moyen des Comité d’action politique (une manière particulière de levée des fonds), comme en 2019. Parmi les donateurs publics de cette campagne d’éviction se trouvent de nombreux « Investisseurs », « CEO », « investisseurs en capital-risque », « banquiers d’affaires » et autres « conseillers financiers ». Il est évident qu’il s’agira d’une répétition de la liste des donateurs de droite ultra-riches qui ont essayé en vain d’acheter le siège de Ksama Sawant lors des dernières élections locales.

Nous savons très bien que les tribunaux – tout comme la police – ne sont pas les amis des travailleurs et travailleuses. Nous l’avons déjà constaté lorsqu’une Cour suprême a confirmé les charges de destitution contre Kshama pour avoir soutenu le mouvement Black Lives Matter, alors que cette même Cour suprême avait rejeté à l’unanimité les charges de destitution contre la maire démocrate Jenny Durkan qui l’accusaient d’avoir dirigé la brutale répression du mouvement. Kshama aura besoin de se défendre à de multiples occasions contre ces accusations : la loi de l’État de Washington stipule que les charges n’ont pas besoin d’être prouvées pour figurer sur le bulletin de vote comme s’il s’agissait de faits établis.

Les médias pro-entreprise sont déjà passés à l’offensive et ont publié des articles prétendant faussement que Kshama encourageait « la violence et l’anarchie » puisqu’elle se trouve du côté des manifestant·es pacifiques réclamant la justice après le meurtre de George Floyd. Le Seattle Times, par exemple, a tenté d’assimiler Kshama et le mouvement Black Lives Matter au complot de droite visant à kidnapper le gouverneur du Michigan pour avoir manifesté pacifiquement dans le quartier de la maire Durkan. Voilà le type d’actions jugées suffisamment horribles pour que Kshama mérite la destitution!

Ce que ces articles des médias dominants oublient de mentionner, c’est que les manifestations de masse de cette année ont été en grande majorité pacifiques et ont eu un impact puissant pour faire reculer le racisme à l’ère de Donald Trump. À Seattle, elles ont également contribué à deux victoires historiques : l’interdiction, pour la police, d’utiliser des armes chimiques, une première du genre dans le pays, et la Taxe Amazon pour des logements abordables. Nous savons ce qui assure réellement la sécurité de nos communautés : des emplois bien rémunérés et protégés par les syndicats, des logements abordables et une éducation et des services publics qui disposent de suffisamment de moyens en taxant les riches. C’est pour cela que Kshama et les divers mouvements sociaux de Seattle ont dû se battre contre l’opposition de l’establishment politique. Malgré les énormes ressources dont dispose la droite et les grandes entreprises, nous devons nous souvenir que nous pouvons gagner lorsque nous nous organisons.


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