La CAQ échoue encore: Luttons pour notre santé! Pas pour les profits du privé!

photo : Renaud Philippe / Le Devoir

Incapable d’endiguer la 2e vague de la COVID-19, le gouvernement Legault a forcé la majeure partie du Québec à retourner en confinement dès la fin septembre. Depuis, le bilan ne cesse de s’alourdir. Si la santé publique est censée être la priorité, c’est plutôt le maintien des profits privés qui est au cœur de la stratégie de la CAQ. 

Cet automne, le Québec connaît un nombre record de contaminations à la COVID-19. La province continue d’avoir le plus haut taux de cas confirmés par 100 000 habitants dans tout le Canada. Elle demeure toutefois 4e pour le nombre de personnes testées. Même si le taux de létalité est dix fois moins élevé que durant la première vague, le Québec présente le second taux de décès par million d’habitants au monde, après l’Espagne.

La 2e vague d’infections a pourtant été envisagée dès le printemps par le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ). La rentrée scolaire et le retour au travail ont quand même donné lieu à une explosion de cas. Même après un mois et demi de reconfinement, la situation ne cesse d’empirer.

Le nombre de cas explose

Selon les chiffres du gouvernement de la mi-novembre, plus du tiers des écoles publiques et privées comptent un cas actif d’infection à la COVID-19. C’est plutôt la moitié des écoles qui seraient touchées d’après l’initiative citoyenne Covid Écoles Québec. Environ 46 Centres de la petite enfance et garderies seraient aussi concernés.

Le milieu scolaire compte pour plus du quart des éclosions durant le dernier mois, ce qui en fait un foyer de contagion important. Toutefois, ce sont les milieux de travail qui constituent les foyers principaux. Selon les données du gouvernement du Québec, plus de 50% des éclosions s’y produisent, sans compter celles des milieux de vie et de soins comme les CHSLD (13%). Cela laisse un maigre 4,5% pour les autres milieux, activités et événements.

Culpabiliser les gens pour couvrir l’échec sanitaire

Pourtant, le premier ministre et ses dociles collaborateurs n’hésitent pas à culpabiliser la population pour cette 2e vague. Les partys, bingos, tams-tams ou karaoké déclenchent leur colère et contraigne le gouvernement à envoyer tout le monde en pénitence sanitaire, dans son coin!  

Même si elle critique certaines mesures de confinement  imposées durant les dernières semaines, la directrice régionale de la Santé publique de Montréal, Dre Mylène Drouin, ne cible pas moins les comportements individuels. Elle estime qu’il faille désormais tracer et encadrer les «événements d’hyper-transmission» comme les fêtes et les rassemblements.

Ce discours fait reposer l’évolution de la pandémie sur les épaules des individus. Certes, les comportements sanitaires sont importants et participent à freiner momentanément la propagation de la COVID-19. Toutefois, ils ne peuvent pas endiguer le coronavirus et encore moins l’éradiquer.

Échec sanitaire

Dans le secteur de la santé et des services sociaux, le manque d’équipement de protection individuelle (EPI) ou encore la mobilité du personnel autorisée par les gestionnaires ont entraîné près de 17 000 infections de travailleurs et travailleuses. Depuis le début de la pandémie, ces personnes ont compté pour 25% des cas d’infections à la COVID-19 au Québec. Cette proportion est beaucoup plus élevée qu’en Ontario (16%), qu’aux États-Unis (17%) ou qu’en Espagne (16%).

Malgré cela, la gestion catastrophique du gouvernement caquiste s’est étendue au milieu scolaire. Dès la fin de l’été, des syndicats de l’enseignement ont dénoncé le manque de ressources et de personnel pour faire face à la 2e vague. Se sont ajoutées à cela des consignes sanitaires variables et contradictoires, en plus d’annonces de financement supplémentaire insuffisant.

Le problème de la ventilation inadéquate dans plus de la moitié des bâtiments scolaires – identifié comme un vecteur de contagion – n’a pas été pris en charge. Pas plus qu’une campagne de dépistage massif et accéléré chez les élèves et le personnel scolaire, exigée notamment en Cour supérieure par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) au début du mois de septembre. Une contagion massive s’est ainsi répandue partout dans les écoles du Québec.

Beaucoup de gens ont l’impression d’avoir fait d’énormes sacrifices pour rien. Le «relâchement» dont parlent avec mépris les autorités sanitaires est une expression de leur perte de confiance envers une gestion gouvernementale autoritaire, incohérente et inefficace. Pourquoi le gouvernement a-t-il encore échoué si lamentablement?

La priorité du gouvernement, c’est l’économie, pas notre santé!

Parce que la priorité du gouvernement, c’est la «relance de l’économie», pas la santé publique. Pour renvoyer les gens au travail, d’autres doivent s’occuper de leurs enfants. Tous les arguments défendus par les autorités concernant l’épanouissement des enfants – aussi valables soient-ils – ont été utilisés pour renvoyer les élèves à l’école et relancer les machines à profit des grandes compagnies le plus vite possible, aux dépens de notre santé.

Pour avoir l’air de faire quelque chose, le gouvernement Legault se donne en spectacle en train d’imposer des mesures sanitaires strictes aux lieux d’éclosion marginaux (ex. bars, restaurants, gyms, etc.). Pendant ce temps, les secteurs privés les plus lucratifs de l’économie québécoise – comme ceux de la construction, de l’exploitation minière ou de l’énergie – ne sont tout simplement pas concernés par l’alerte maximale que constitue une «zone rouge».

Le gouvernement de banquiers de la CAQ a annoncé, fin septembre, sa volonté d’investir jusqu’à 1,4 milliard $ pour mettre sur pied une industrie axée sur la batterie au lithium. L’objectif est d’attirer ici des multinationales étrangères pour exploiter nos ressources minières et notre main-d’œuvre, avec un coup de pouce d’argent public pouvant aller jusqu’à 7 milliards $ sur dix ans.

Lors de sa mise à jour budgétaire de novembre, le ministre des Finances, Éric Girard, a annoncé un investissement exceptionnel de 1,5 milliard $ pour sa relance économique. Cet argent ira essentiellement dans les poches des compagnies privées. De ce montant, environ 4% est dédié aux écoles. La CAQ veut aussi conserver un horizon de cinq ans pour le retour à l’équilibre budgétaire, ce qui pave la voie à de nouvelles mesures d’austérité budgétaire.

Dans le contexte économique mondial actuel, ces milliards investis dans «l’économie d’ici» n’empêcheront pas les compagnies québécoises d’être avalées ou éliminées par les gros joueurs internationaux à moyen ou à long terme. En déroulant le tapis rouge aux multinationales, le gouvernement québécois ne permet qu’à leurs actionnaires de profiter de la crise sanitaire et économique actuelle. 

Défendre nos emplois

On le voit bien, le gouvernement trouve toujours l’argent lorsqu’il s’agit d’offrir des milliards $ aux compagnies privées afin de «stimuler l’investissement». Mais où est cet argent lorsque vient le temps d’ajuster minimalement au coût de la vie les salaires des employé·es du secteur public? Ou encore d’engager le personnel requis pour éviter les vagues de burn-out et de démissions actuelles?

S’ajoutent à cela tous les profits records que dégagent les géants du web, les banques, les compagnies de construction ou de distribution. Ces profits doivent revenir aux travailleurs et aux travailleuses qui les rendent possibles! En se réappropriant une partie de la richesse que nous créons pour une minuscule élite, de nouvelles opportunités s’offriront à nous. En mai dernier, Alternative socialiste a lancé une pétition pour taxer les riches afin de financer les services publics. La Coalition main rouge vient aussi tout juste de lancer la sienne et Québec solidaire prend également cette orientation politique.

Une relance économique au service des travailleurs et des travailleuses passe inévitablement par des investissements massifs visant à créer des emplois syndiqués pour des services publics accessibles, gratuits et de qualité. La fonction publique est le plus grand fournisseur d’emplois au Québec.

Défendre notre santé

Si on veut un jour endiguer puis éradiquer le coronavirus, nous aurons spécialement besoin de campagnes massives et gratuites de dépistage, puis de vaccination. L’état précaire du réseau de santé et de services sociaux rend cette tâche difficile.

Le libre marché nous laisse à la merci des fabricants de matériel médical véreux et des compagnies pharmaceutiques avides de profits. On a vu la surenchère de la course aux équipements de protection individuelle ce printemps. Cette fois, c’est plutôt de juteuses promesses d’achat de vaccins et d’équipement aux premiers joueurs qui arrivent avec leurs solutions. Or, seul l’État peut se saisir des secteurs économiques stratégiques afin de produire de manière démocratique ce dont la majorité de la population a réellement besoin, au moment où elle en a besoin.

Il est nécessaire de lutter pour un réinvestissement massif et une nationalisation démocratique de toutes les grandes compagnies privées liées à la santé (cliniques, pharmaceutiques, agence de personnel, matériel médical, résidences pour aîné·es). Et ces compagnies souvent multinationales n’ont pas à être compensées financièrement si elles font leur profit avec nos maladies ou nos besoins en soins.

Un tel programme est toutefois impossible avec un gouvernement à la solde des banques et du patronat, comme celui de la CAQ. Ce projet ne serait pas davantage possible avec un gouvernement qui tiendrait à faire cohabiter des multinationales vampirisantes aux côtés d’entreprises d’État sur la corde raide.

Pour être comblés, les besoins de santé des travailleurs, des travailleuses et de leurs familles devront prendre la forme de demandes concrètes qui seront arrachées de chaude lutte. La situation actuelle nécessite une opposition de gauche radicale. Une opposition qui va au-delà du cadre des conventions collectives, au-delà des campagnes électorales et de la vie parlementaire.

Tant sur le plan syndical que politique, nous avons besoin d’une vision plus large. Le système capitaliste est en faillite. Nous devons construire un rapport de force offensif de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses. Il nous faut remplacer ce régime d’une élite corrompue par un système où l’économie est planifiée par et pour les gens qui travaillent.

Nous avons besoin d’un socialisme démocratique pour garantir la santé publique et nos besoins essentiels.


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