Le gouvernement grec viole la constitution pour réprimer les commémorations de la révolte contre la dictature

Le gouvernement grec augmente ses attaques violentes contre le peuple grec et le mouvement social. Le dernier épisode en date est celui de l’interdiction des manifestations en commémoration de la révolte contre la dictature militaire à l’Ecole Polytechnique en 1973.

Chaque année une manifestation massive a lieu à Athènes (et d’autres ont lieu ailleurs dans le pays) en l’honneur de cette révolte, mais toujours liée aux enjeux actuels. Vendredi, le gouvernement a annoncé que les manifestations seraient interdites, sous prétexte des mesures CoVid. Le mouvement a tout de suite réagi : les organisations de gauche ont annoncé qu’elles prévoyaient des protestations avec respect des mesures sanitaires.

Le gouvernement a répondu en interdisant tout rassemblement public de plus que 4 personnes du 15 au 18 novembre! C’est une interdiction dont le sens, ainsi que la formulation, rappellent les verdicts de la junte militaire! Jamais aucun gouvernement n’a pris une décision pareille depuis la chute de la dictature en 1974.

L’association des juges a accusé le gouvernement en expliquant que cette interdiction constitue une violation de la Constitution : celle-ci prévoit que les citoyens ont le droit de manifester et que ceci ne peut être interdit en aucun cas, sauf en état de siège ou en condition de danger extrême pour la sécurité publique. Le gouvernement a utilisé la santé publique comme équivalent de la sécurité publique! Syriza, le Parti communiste grec (KKE) et MERA 25 (le parti de Varoufakis) ont signé un appel commun au gouvernement en demandant que l’interdiction anticonstitutionnelle soit levée.

Le matin du 17 novembre, le KKE a organisé un rassemblement statique avec respect des distances sociales devant l’Ambassade des Etats Unis. Ceci fut une preuve exemplaire du fait que le mouvement est parfaitement capable d’organiser des manifestations sans mettre en péril la santé publique. Les participant·es ont continué avec une manifestation, toujours en respectant les distances. Cette manifestation a été brutalement attaquée, malgré la présence du secrétaire général du parti et de députés du parti communiste. Certain·es député·es ont été attaqués; la police a utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène contre des manifestant·es totalement pacifiques et discipliné·es! Il en a été de même à Thessalonique, où les manifestant·es ont été encerclé·es, puis brutalement attaqué·es. Six de nos camarades de Xekinima se sont retrouvé·es piégé·es avec d’autres manifestant·es, au moins un a été blessé et emmené à l’hôpital, plusieurs ont dû se réfugier chez des habitant·es du quartier qui ont ouvert leurs portes pour protéger les manifestant·es attaqué·es par la police. La solidarité des gens fut remarquable.

Des attaques pareilles ont eu lieu dans d’autres villes comme Patras et Volos. Des dizaines des manifestant·es ont reçu des amendes, malgré le fait qu’ils ont tous respecté les distances et porté des masques et alors qu’ils avaient avec eux et elles des documents nécessaires justifiant leur sortie. Les amendes sont extrêmement lourdes: 300€ pour participer à la manifestation, jusqu’à 5000€ pour les organisateurs·e. C’est une des raisons pour lesquelles les manifestations n’ont pas été aussi massives que les années précédentes. trices. Pourtant, plusieurs centaines de personnes y ont participé, malgré la peur du CoVid, de la répression et des amendes.

Le gouvernement grec – qui n’a rien fait depuis le mois de mars pour financer le secteur de la santé, embaucher du personnel médical et de nettoyage pour les hôpitaux et les écoles ou des enseignant·es pour pouvoir dégager les classes de 30 élèves – a pris la décision de mettre le pays en lockdown encore une fois depuis la mi-octobre, pour faire face à l’augmentation vertigineuse de cas de CoVid et du nombre de morts. Le gouvernement a imposé un couvre-feu à partir de 21h, sans pour autant limiter la circulation des gens pour des raisons de travail. Plusieurs entreprises restent ouvertes, le télétravail n’est pas appliqué.

Le gouvernement grec profite de la crise sanitaire pour attaquer la population et ses droits démocratiques. Les Grec·ques protestent contre la gestion ridicule de la crise par le gouvernement, ainsi que leur appauvrissement qui continue suite à la nouvelle récession à laquelle le pays est confronté. Le gouvernement montre son visage, autoritaire et totalitaire, pour discipliner le peuple qui se plaint contre le fait qu’encore une fois, c’est aux travailleuses et aux travailleurs de saigner, et non pas les propriétaires d’entreprises, les riches ou la classe dirigeante.

La seule solution pour le peuple grec, comme pour tous les autres peuples, est de s’organiser contre cette nouvelle attaque et de lutter pour défendre ses droits démocratiques et ses conditions de vie.


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