Le 1er Mai – 12. Le 1er mai, de 1915 à 1939

Littérature communiste confisquée dans le cadre de la Loi protégeant la province contre la propagande communiste (Loi du Cadenas), Montréal 22 janvier 1938

Ce texte est tiré de la brochure de Claude Larivière Le 1er mai, fête internationale des travailleurs parue aux Éditions coopératives Albert Saint-Martin en 1975. Il s’agit d’une version corrigée de ce rare ouvrage consacré à l’histoire du 1er Mai au Québec.


1915

« ll s’est trouvé samedi dernier une centaine de socialistes pour parader dans nos rues sous une pluie battante. La fanfare Power précédait le cortège et presque chaque manifestant portait une bannière ou une inscription. Les inscriptions les plus fréquentes étaient celles-ci: « Abolissons le Capitalisme, la Misère et le Désespoir »; « Nous nous battons pour du pain et de la liberté »: « Tu ne tueras point »; « $100 000 000 pour la guerre, rien pour les sans-travail »; « Il faut combattre pour la liberté »; « Droits égaux pour tous ». La plus remarquée et la plus nouvelle des inscriptions était bien celle-ci: « Le suffrage féminin ». Bon nombre de femmes l’air miséreux, suivaient le défilé. Une bande de gamins s’étaient groupés autour de la bannière: « Jeunes socialistes ». (Le Devoir).

1916

« Le mauvais temps s’est chargé d’empêcher la manifestation socialiste du 1er mai et de tempérer l’ardeur de nos socialistes qui, tous les ans, à pareille époque, remplissent nos rues de leurs bruyantes affirmations révolutionnaires. Hier soir, une pluie abondante a dispersé les plus courageux des manifestants – et la parade a été remplacée, au petit bonheur, par une réunion à la salle Prince-Arthur.

Quelques orateurs ont porté la parole; ils ont ressassé les mêmes utopies, ils ont fait appel à l’ambition des ouvriers dans la revendication de leurs droits, toujours méconnus et méprisés, d’après eux, et payé un tribut d’hommage à leurs gloires socialistes: Jean Jaurès et Keir Hardie. » (Le Devoir)

1917

« En dépit de la pluie, la parade socialiste a eu lieu hier soir. De deux à trois mille personnes formaient le cortège à son départ de l’angle des rues Prince-Arthur et Saint-Laurent. Fanfare en tête, cette foule défila, en grossissant son parcours, jusqu’au Champ-de-Mars; hommes, femmes, filles et garçons marchaient derrière le drapeau rouge, en chantant des airs révolutionnaires anglais, français, israéliens, allemands, italiens et russes. De temps à autre, on entendait le cri de « liberté! » poussé par la multitude, ou des « hourrah » puissants en l’honneur de la révolution russe et de son gouvernement. Le drapeau rouge était porté par une femme russe. La procession se continua sans désordre jusqu’au Champ-de-Mars où devaient avoir lieu des discours, mais à cause de l’averse il n’y eut point d’arrêt – et le défilé se continua jusqu’à la salle Prince-Arthur par les rues Saint-Denis, Sainte-Catherine et Saint-Laurent. Une fois arrivée là, l’assemblée entendit des orateurs russes et israéliens qui prononcèrent les uns et les autres l’éloge de la révolution qui vient de s’opérer en Russie et dont les juifs surtout retireront les bénéfices. » (Le Devoir)

1919

« Toute la matinée, une grande activité régnait en face du Monument National – et aux abords de la salle Alexandra, 314 rue Sainte-Catherine Est, où le Parti socialiste a ses quartiers généraux. La plus grande partie des manufactures de confection de vêtements sont fermées – et des centaines d’ouvriers commençaient à circuler portant à la boutonnière la rosette rouge, insigne du parti socialiste. Au coin des rues, des jeunes filles offraient ce même insigne aux passants. En même temps, des jeunes gens distribuaient gratuitement dans les rues, un manifeste adressé: « Aux ouvriers canadiens ». Il est publié par le Parti communiste, l’une des sections les plus avancées du Parti socialiste, et est signé par le comité central exécutif de ce parti. C’est un appel violent à la révolution. On y demande que les ouvriers renversent les pouvoirs établis en les remplaçant par la dictature du prolétariat. »

« Les socialistes de Montréal ont affiché ouvertement leur doctrine, hier, par le moyen de circulaires distribuées dans les rues et par les discours qui ont été prononcés dans l’après-midi au Champ-de-Mars, après la procession. Les manifestants, hommes, femmes et enfants, ont bruyamment acclamé les appels à la révolution et les attaques lancées un peu contre tout. Le défilé dans les rues, auquel ont pris part quelque trois mille personnes, n’a pas donné lieu à des scènes de violence, mais il faut dire que la police avait supprimé un beau brandon de discorde en confisquant les drapeaux rouges que l’on s’apprêtait à arborer. Les autorités municipales avaient aussi pour les appuyer dans leur interdiction la requête d’une délégation de vétérans qui s’était prononcée énergiquement contre la sortie du drapeau rouge ».

« Ainsi que nous le disions, la fin de la procession a été marquée par des harangues enflammées prononcées au Champ-de-Mars et plus tard à l’Auditorium. Les amateurs y ont fait acclamer la Russie socialiste, les gouvernements des soviets de Bavière et de Hongrie et ont réclamé les mêmes réformes pour les pays alliés. Les noms de Trotsky, de Lénine et du Spartacus d’Allemagne ont été aussi salués d’applaudissements. »

1920

« La fête s’ouvrit à 2 heures par une grande assemblée publique, à l’Aréna Mont-Royal, à l’angle des rues Mont-Royal et Saint-Urbain. Une foule considérable y assistait. Sur l’estrade destinée aux orateurs, on remarquait MM. Albert Saint-Martin, qui remplissait les fonctions de grand-maréchal; U. Binette, Mlle Buhay, Gaston Pilon, Jos. Shubert, l’échevin Heaps de Winnipeg et un grand nombre d’autres officiers des différentes sections du Parti socialiste de Montréal. M. Albert St-Martin, qui prit le premier la parole, demanda aux manifestants de ne pas provoquer de désordres. Il dit que sur la terre entière les socialistes se réjouissent et célèbrent la fête du 1er mai. Mlle Buhay dit que l’union  internationale (américaine) a fait son temps, et que les travailleurs doivent se chercher une forme nouvelle de protection. Elle recommanda la One Big Union. » (Le Devoir)

1921

« Les socialistes de Montréal ont célébré la fête du premier mai, hier, avec tout le cérémonial accoutumé. Il n’y a eu ni incident ni désordre. À 3 heures, une procession se forma sur la rue Prince-Arthur, à l’angle de la rue Saint-Dominique et descendit la rue Saint-Denis jusqu’au Champs-de-Mars. Environ trois mille personnes, y compris des femmes et des enfants y prirent part. La parade était précédée d’un corps de musique. Les divers groupes du Parti socialiste, et les unions de l’industrie du vêtement y prirent part avec leurs bannières déployées. Au Champs-de-Mars, une foule de curieux attendait les manifestants. »

1922

« Le poste central de la police est aujourd’hui orné de deux trophées, souvenirs de la mémorable journée d’hier. Ce sont deux drapeaux rouges que les socialistes ont remis d’eux-mêmes, pour ainsi dire, sur demande, aux policiers qui escortaient la paisible procession du régime… »idéal » ».

La démonstration avait commencé par une assemblée dans la salle de la rue Prince-Arthur, près Saint-Dominique, vers deux heures de l’après-midi. On y distribua des pamphlets dans toutes les langues et on vendit des rosettes rouges; on entonna ensuite comme un seul socialiste, « L’Internationale », le « Drapeau Rouge », « Levez-vous, prisonniers de la faim », et tout le répertoire. Après les chansons qu’on ne pouvait pas répéter indéfiniment, la procession fut distribué par bataillons, gardes et portes-étendards et la colonne se mit en marche. On remarquait, parmi les sigles, des inscriptions en anglais, russe, français et juif, stigmatisant dans une phrase succincte propriétaires et patrons, glorifiant les bolchévistes. » (La Presse)

1923

« Les socialistes ont célébré le 1er mai, à Montréal, avec leur enthousiasme ordinaire. Un seul incident notable à signaler: la police, au cours de la parade, a saisi cinq drapeaux rouges, sans résistance de la part des manifestants. La procession s’est formée à 3 heures aux abords de la salle Prince-Arthur, No 37 Prince-Arthur. Outre les sections du Parti socialiste, les unions des ouvriers de la confection se sont jointes à la manifestation. La procession, une fois organisée, descendit la rue Saint-Denis, accompagnée de deux fanfares et conduite par MM. Albert Saint-Martin et Ovide Marsolais. » (La Presse)

1924

« Il était un peu plus de 2h30, cet après-midi, quand les socialistes réunis à l’angle du boulevard Saint-Laurent et de la rue Prince-Arthur ont commencé leur défilé, par le boulevard Saint-Laurent, vers le sud de la ville. Il se trouvait peut-être douze cents personnes dans les rangs de la procession, qu’une fanfare accompagnait. Après le départ, deux grands drapeaux rouges furent déployés, sans produire d’incident. Mais quand le défilé atteignit l’angle de la rue Ontario, une escouade de policiers à pied et à cheval barra la rue à la procession. Quelques-uns des policiers s’emparèrent des drapeaux rouges – et d’autres enlevèrent les petits drapeaux que tenaient à la main des enfants dans une automobile. La foule hua les policiers. La procession se remit ensuite en marche vers le Champ-de-Mars au chant de l’Internationale. » (La Presse)

1925

« La parade annuelle des communistes de Montréal à l’occasion du 1er mai, s’est mise en marche à 1h45 à l’angle de la rue Prince-Arthur et du boulevard Saint-Laurent. Le grand drapeau rouge qu’un des manifestants portait fut aussitôt saisi par la police, sans aucune résistance de la part des communistes. » (La Presse)

1927

La police de Montréal est chargée de s’opposer à toute manifestation extérieure des socialistes. Dorénavant, les socialistes devront tenir leurs assemblées dans des salles.

1928

« Une foule considérable de citoyens de tous âges, de toutes nationalités et de toutes conditions a envahi le Monument National, hier soir, pour entendre les orateurs socialistes et communistes exposer leurs réclamations à l’occasion du premier mai. M. Albert Saint-Martin, de Montréal, et M. Morris Spector, de Toronto, adressèrent la parole, le premier en français, le second en anglais. Tous deux s’efforcèrent de démontrer que les principes du Parti socialiste sont aujourd’hui répandus dans le monde entier – et que c’est en s’appuyant sur ces principes seuls – que les déshérités de la fortune pourront réussir à obtenir pleine et entière justice. Ils ont évoqué la mémoire de Sacco et Vanzetti, qu’ils ont appelés des martyrs de la cause prolétarienne. » (La Presse)

1929

« Un peu après une heure, la police faisait irruption à l’Université ouvrière, 85 Craig Est, où flottaient trois grands drapeaux rouges. Le capitaine Hébert et le sergent Laliberté ont enlevé les drapeaux qui flottaient sur l’édifice et les ont portés aux quartiers généraux. »

« Défense a été faite aux communistes de faire des démonstrations dans les rues et, afin de sanctionner cette défense, le chef a ordonné à tous les agents d’être sur le qui-vive. Les constables de jour et de nuit seront de service jusqu’après les démonstrations de ce soir à l’Aréna et à la salle Prince-Arthur. Deux cents constables en uniforme avaient été dépêchés dans différents quartiers de la ville dès 6 heures ce matin, afin de s’opposer à toute sortie des communistes. » (La Presse)

1930

« Toute manifestation communiste a été promptement réprimée ce matin, à Montréal, et quatre individus, ayant refusé d’obéir aux ordres de la police ont été incarcérés ».

Environ cinq ou six cents communistes avaient répondu à l’appel du manifeste distribué dans les rues par l’organisation centrale communiste de la métropole. Vers dix heures, un homme montait sur un banc du carré Viger, lieu de ralliement, et commença un discours: « C’est le premier mai, aujourd’hui, » commença-t-il. Il n’alla pas plus loin. Plusieurs constables étaient apparus et notre orateur sauta de sa tribune improvisée et se faufila dans la foule. Malheureusement pour lui, il alla se jeter dans les bras du sergent Wagner, qui le saisit par l’épaule et l’arrêta. »

« Les autres manifestants voulurent intervenir. C’est alors que la réserve de police, qui attendait que le trouble commençât pour se mettre dans la foule et, en quelques minutes, le parc était aussi désert qu’en pleine nuit. »

« Plusieurs admiratrices du bolchévisme voulurent également se mettre de la partie. Mal leur en prit, car elles durent évacuer le carré promptement sous la menace des bâtons constabulaires. L’une d’elles s’en prit même au capitaine Alfred Bélanger, mais un constable la raisonna en peu de temps. Une autre égratigna la figure d’un constable spécial. » (La Presse)

1931

« Les démonstrations communistes à l’occasion du premier mai, annoncées par un flot de circulaires distribuées à tous les coins de la ville, se sont réduites à deux assemblées, tenues hier soir dans l’immeuble Prince-Arthur. L’une de ces assemblées avait été convoquée par l’Union des Travailleurs. Cette union se compose de socialistes et est opposée au Parti communiste. L’assemblée socialiste fut la plus considérable des deux réunions. Environ 1 000 personnes, des étrangers pour la plupart, y assistaient. L’un des principaux orateurs fut l’échevin Jos. Schubert. »

« Quant à l’assemblée communiste, elle a été tenue dans une petite salle, au dernier étage de l’édifice. Environ une centaine d’hommes et de femmes y assistaient. »

Rouyn: « Une centaine de communistes, dont plusieurs femmes, ont tenté d’organiser une manifestation publique, hier, à l’occasion du premier mai. Le chef de police Lapointe et ses constables, aidés de plusieurs citoyens, réussirent à frustrer la manifestation. Au cours de la mêlée, un citoyen, M. Olivier Burke, fut blessé d’un caillou lancé par le chef du groupe « rouge ». Celui-ci fut immédiatement mis en état d’arrestation. » (La Presse)

1932

Rouyn: « Une véritable émeute a caractérisé la célébration du premier mai par les communistes de Noranda et de Rouyn, qui ont voulu faire une grande manifestation de protestation contre les autorités du pays et contre les moyens adoptés pour venir en aide aux chômeurs. »

« Vers deux heures, hier après-midi, environ 400 communistes se réunirent dans la salle ukrainienne, à Rouyn, pour organiser une grande parade dans les rues. Le chef de police Lapointe, de Rouyn, le chef de police Perrault, de Noranda, et le constable Audette, de la gendarmerie à Cheval, avec le concours de plusieurs citoyens, leur ordonnèrent de se disperser. Au lieu d’obéir, les communistes tirèrent sur la police des coups de fusil et de révolvers et lancèrent des pierres et autres projectiles. »

« Le chef de police Lapointe reçut une balle dans le bras gauche et fut frappé à la figure par une femme. Le constable Audette a été aussi blessé à la tête par une pierre qui lui fit une large entaille. Plusieurs citoyens ont aussi reçu de légères blessures. Parmi les communistes, il y eut plusieurs blessés. Les pompiers furent appelés et lancèrent sur les manifestants de nombreux jets d’eau qui les dispersèrent. Quatre hommes et une femme ont été arrêtés. »

« Il n’y a pas eu de parade du premier mai hier, à Montréal, car quelles qu’aient été les dispositions des communistes, toutes possibilités de tentatives de ce genre avaient été prévues et la police gardait avec soin tous les endroits où des réunions auraient pu avoir lieu. »

Le Square Victoria et le Champ-de-Mars, où les communistes devaient se réunir, étaient gardés par des détectives, des agents et un groupe de gendarmes à cheval. Il eut une assemblée de communistes dans la salle Prince-Arthur, mais la présence de la police étouffa dans l’oeuf toute velléité de démonstration ou de parade. » (La Presse)

1933

« À midi et demi, Montréal n’avait pas connu l’ombre d’une manifestation communiste. La police n’avait même pas eu à distribuer les taloches. À peine a-t-on dispersé quelques groupes de flâneurs et de curieux sur le carré Victoria.

La grande démonstration annoncée pour midi sur la place, et à laquelle des malins avaient eu soin d’inviter, par une circulaire apposée la sur la porte du mess, jusqu’aux officiers du 65e Régiment, n’a pas eu lieu, faute de communistes. Personne ne s’est montré. »

« La police municipale a commencé à briser dès hier l’action du mouvement communiste projeté pour ce midi. Elle a arrêté sept personnes de nationalité étrangère, six hommes et une femme, sous l’accusation d’avoir distribué des circulaires sans permis. » (La Presse)

1934

« Les communistes n’ont demandé aucun permis pour faire des démonstrations à Montréal, le premier de mai. À tout événement, la permission de parader dans les rues leur aurait été refusée, nous déclarait, ce matin, le directeur Fernand Dufresne, de la police. Les autorités, ajouta le chef, sont prêtes à intervenir au moindre signe de démonstration. Dans de tels cas, le public paisible est prié de ne pas se mêler aux manifestants. La seule manifestation des communistes aura lieu à l’Aréna, où des policiers seront présents avec l’ordre d’intervenir au cas ou les orateurs se montreraient trop violents. Le lieutenant Ennis et ses agents de l’escouade contre les communistes ont saisi vendredi soir, plus de 50 000 pamphlets, circulaires et autres documents que les communistes se disposaient à distribuer, dit-on, dans le public, pour préparer les esprits à la démonstration de demain soir. » (La Presse)

1935

« Le calme le plus complet n’a cessé de régner à l’assemblée des communistes tenue, hier soir, à l’Aréna Mont-Royal. L’assistance était nombreuse, mais elle était composée surtout de curieux. Plusieurs orateurs ont adressé la parole. La police avait pris ses précautions en cas de troubles. De nombreuses réserves d’agents avaient été rassemblées dans les postes les plus voisins du lieu de la réunion, pendant que le capitaine De Bellefeuille, du poste no 12, à la tête d’une trentaine de constables, avait été chargé du service d’ordre. Les agents n’eurent pas à intervenir. »

1937

« Le Premier Mai 1937 a pris une signification historique par le fait qu’il s’est tenu un ralliement uni, pour la première fois à Montréal, de la C.C.F., du Parti Ouvrier et du Parti Communiste. »

« Les ouvriers de Montréal se sont réunis au nombre de 4 000 à l’aréna Mont-Royal pour célébrer la fête du premier mai. Ils ont de nouveau affirmé leur détermination d’unir les forces contre la réaction grandissante dans le Québec. »

« Parlant pour le Comité Provincial de la C.C.F., le professeur Eugène Forsey, de l’Université McGill, dénonça la fameuse loi du Cadenas de Duplessis, « sans précédent en dehors de l’Allemagne et de l’Italie”. Démontrant que la loi du Cadenas est symbolique de l’attaque générale contre le mouvement ouvrier et contre tous les éléments progressistes, il provoqua une rafale d’applaudissements lorsqu’il termina avec ces paroles: « Le peuple du Québec ne sera pas la victime passive de la tyrannie! »

« L’an passé, le fascisme semblait dans son ascendance, dit David Lewis, secrétaire national de la C.C.F. Aujourd’hui, il est victorieusement combattu en France, en Espagne, en Belgique, dans les pays scandinaves ». Exprimant les souhaits des travailleurs de son Parti, aux travailleurs de Montréal, il déclara: « Nous sommes prêts à vous appuyer dans votre lutte contre l’illégale et inconstitutionnelle loi du cadenas ».

Stanley Ryerson, secrétaire provincial du Parti Communiste du Québec, lança un appel à continuer la lutte de 1837 de Papineau et Mackenzie contre le « Pacte de Famille » contre le nouveau « Pacte des 50 grosses poches ». Les récents efforts des ouvriers pour s’organiser prouvent, a-t-il dit, le réveil du peuple du Québec, « le réveil à la lutte qui sera victorieuse contre les trusts et la clique bureaucratique dominante. » (Clarté)

1938

« De rapides manifestations ouvrières, dans le centre de Montréal, marquèrent la célébration du premier mai par les ouvriers de la métropole, samedi dernier.

« En dépit de l’interdiction de toute manifestation, deux démonstrations eurent lieu dont furent témoins des milliers de citoyens. La première eut lieu vers midi au carré Phillips. Elle fut sauvagement réprimée par la police. Quatre Canadiens français, participant à cette démonstration, furent arrêtés par les agents de l’escouade « rouge », sous les ordres du lieutenant Ennis. »

« La police saisit plusieurs bannières portant les inscriptions: À bas les fascisme! À bas la loi du cadenas! La police à cheval et les agents, mobilisés en force, surveillèrent étroitement toutes les places publiques, se tenant prêts à assaillir brutalement toute velléité de manifestation. »

Vers trois heures de l’après-midi cependant, une nouvelle manifestation eut lieu, conduite par la Ligue des jeunesses Communistes. Les manifestants se promenèrent sur la rue Sainte-Catherine près de Peel avec des bannières sur lesquelles on pouvait lire des mots d’ordre antifascistes et antimilitaires. Encouragés par l’attitude sympathique de la foule, les jeunes ouvriers marchèrent en criant: À bas le fascisme! »

« Pas un des hommes d’Ennis ou des agents spéciaux n’étaient sur les lieux pour assaillir cette paisible manifestation de la jeunesse québécoise contre le fascisme et la guerre et pour la liberté démocratique et économique. »

« Lorsqu’un journaliste demanda à la police pourquoi on avait arrêté quatre hommes, les agents répondirent: « Parce que ce sont des communistes ». L’on trouve toutefois, un peu plus tard, moyen de loger contre eux une plainte « justifiant » leur arrestation ».

« Tim Buck, secrétaire général du Parti communiste canadien, récemment de retour d’Europe, a lancé un puissant appel à l’unité du peuple canadien dans son discours du premier mai a Toronto. » (Clarté)

1939

La police montréalaise protège les consulats allemand et italien, de même que les bureaux de toutes les organisations de droite, afin d’éviter que les socialistes les assaillent.


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