Le 1er Mai – 10. Les socialistes montréalais

Répression par la police municipale lors du défilé du 1er mai 1907

Ce texte est tiré de la brochure de Claude Larivière Le 1er mai, fête internationale des travailleurs parue aux Éditions coopératives Albert Saint-Martin en 1975. Il s’agit d’une version corrigée de ce rare ouvrage consacré à l’histoire du 1er Mai au Québec.


Peu après 1900, avec la reprise économique qui suit le crise de 1890-1896, les travailleurs passent de la défensive à l’offensive. En même temps que les syndicats, l’organisation politique de la classe ouvrière se développe dans maints pays. Au Canada, des mouvements socialistes apparaissent en 1905-1906. C’est dans ce contexte que s’inscrit la célébration du 1er mai par les socialistes de Montréal.

La célébration du 1er mai par les socialistes de Montréal, en 1906, ne s’est pas faite sans incident.

Partis de la salle Saint-Joseph, empruntant la rue Saint-Denis vers le Champ-de-Mars, les manifestants devaient nécessairement passer devant l’Université Laval à Montréal. Arrivés là, les manifestants s’arrêtent et crièrent « Vive l »Anarchie! » et « A bas la calotte! ». Les fils des bourgeois montréalais et les curés qui les forment pour leur future mission de patrons sont insultés; ils invitent les travailleurs à venir se battre! Les policiers du poste 4 – tristement célèbre depuis – s’interposèrent alors.

Quand les socialistes montréalais annoncèrent leur intention de défiler pour le 1er mai 1907, le chef de la police, M. Campeau, avise le maire Ekers qu’il s’oppose au défilé et à la répétition des mêmes désordres qu’en 1906. On tolérera seulement qu’ils tiennent une assemblée publique sur le Champ-de-Mars.

Or, apprenant que les socialistes vont utiliser ce terrain, cédé par l’armée à la ville, les officiers du 65e régiment décident de faire des exercices le soir du 1er mai sur le Champ-de-Mars! Les officiers réclament donc du maire Ekers la moitié du Champ-de-Mars! Le maire répond que c’est dangereux et qu’il appréhende un conflit entre les militaires et les manifestants. De leur côté, les étudiants bourgeois catholiques de l’Université Laval à Montréal annoncent leur intention de se venger des ouvriers socialistes. Le climat est à l’émeute.

Albert Saint-Martin, pionnier du socialisme au Québec

Le maire Ekers décide de prendre l’offensive. Il rencontre Albert Saint-Martin, sténographe et leader incontesté des socialistes de Montréal à cette époque. Le maire dit que ce qui est en cause, ce n’est pas le droit pour les socialistes de manifester, mais la difficulté de les protéger contre des assauts possibles. On convient d’annuler le défilé et de s’assembler sur le Champ-de-Mars.

« Après avoir ouvert la fête à 2 heures l’après-midi par une assemblée préliminaire à la salle Saint-Joseph, où l’on fit de nombreux discours et du chant, les socialistes se préparèrent à leur grande démonstration du soir… La salle Saint-Joseph, louée aux socialistes, est décorée de différents tableaux religieux. On avait ajouté hier, à ce décor des emblèmes symboliques du socialisme, tels que des inscriptions portant les mots « Liberté, Égalité et Fraternité ». Tout l’après-midi, la salle fut remplie de femmes, d’enfants et de jeunes gens (les hommes sont au travail) ».

« Dès six heures et demie, les socialistes commencèrent à envahir leurs quartiers généraux, au coin des rues Sainte-Élisabeth et Sainte-Catherine. Ils portaient tous à la boutonnière un petit ruban rouge et, sur la poitrine de quelques-uns des plus fervents, s’étalaient en forme d’étoile de mer de larges boucles de ruban. Une demi-heure plus tard, la salle était remplie de 200 à 300 personnes, socialistes ou prétendus socialistes, le plus grand nombre de nationalité juive, russe, italienne et syrienne. En même temps, rue Sainte-Catherine, s’assemblaient un grand nombre de curieux, hommes femmes et enfants. La circulation devint impossible. Il avait été bien entendu qu’il n’y aurait pas de parade par les rues et la police était en nombre pour qu’il n’y eût pas contravention aux ordres donnés. »

« À sept heures et demie, avec beaucoup de difficultés, s’alignèrent une vingtaine de voitures. Il avait été décidé par les socialistes qu’eux-mêmes et leurs invités se rendraient individuellement au Champ-de-Mars, en voiture ou autrement, par des routes différentes. »

Les premiers qui descendirent de la salle portaient des drapeaux rouges, des flambeaux, des transparents et des chandelles romaines. Il y eut un instant d’hésitation puis la foule se rua sur le premier groupe de socialistes en même temps que la police intervenait. En un instant, les drapeaux furent arrachés des mains de ceux qui les portaient et déchirés, les flambeaux et les transparents détruits. Quatre socialistes, deux hommes et deux femmes, au milieu du brouhaha général, réussirent à atteindre une voiture et déployèrent leurs couleurs à travers les portières. La voiture fut entourée immédiatement par un groupe de policiers qui donnèrent ordre aux occupants de rentrer leurs couleurs. Il y eut probablement refus, car la minute d’après, les drapeaux disparaissaient en lambeaux aux mains des policiers. »

« La foule devint tumultueuse. Les policiers ordonnèrent aux cochers de laisser la place sans plus attendre et demandèrent du renfort. À huit heures moins quart débouchèrent par le haut de la rue Sainte-Élisabeth les hommes de la police à cheval suivis, cinq minutes plus tard, d’une escouade de cinquante hommes sous les ordres du sous-chef Leggett. Le chef de police Campeau était sur place. Il donna des ordres promptement obéis et les abords de la salle Saint-Joseph furent dégagés de la foule des spectateurs qui se dispersèrent de tous côtés et se mirent à circuler. »

« De nouveau un solide gaillard, un fervent socialiste, sortit de la salle avec un grand drapeau rouge enroulé autour d’une hampe de huit pieds de long. Il y eut un second mouvement de la foule dans cette direction, vite réprimé. Mais le gaillard au drapeau ayant refusé d’obéir aux ordres péremptoires de la police de retourner dans la salle, il fut empoigné par la constable Savard qui lui arracha son drapeau et il alla rouler sur la chaussée. Le drapeau fut déchiré et la hampe mise en morceaux. Pour que pareille scène ne se répéta plus, le chef Campeau posta deux constables avec instruction de ne laisser sortir les socialistes que deux ou trois à la fois. C’est ainsi que petit à petit se vida la salle Saint-Joseph. »

« À huit heures, l’escouade de police prenait la rue Sainte-Élisabeth pour se rendre au Champ-de-Mars, l’ordre ayant été complètement rétabli rue Sainte-Catherine. Avant que les socialistes ne vidassent la salle Saint-Joseph, le maire Ekers et le chef de police Campeau s’y présentèrent. Ils furent l’objet d’une démonstration sympathique. M. Ekers, prenant la parole, déclara qu’il avait fait tout son possible pour être impartial au sujet de la démonstration que les socialistes voulaient faire. Il les invita a se montrer citoyens paisibles, à ne provoquer aucune démonstration hostile et à se rendre au Champ-de-Mars en voiture. Il donna lecture de la loi démontrant que les socialistes, en pareille circonstance, n’avaient pas le droit de parader dans les rues. »

Il y avait bien 10 000 personnes sur le Champ-de-Mars. La plupart venaient par curiosité, d’autres pour fomenter les troubles et la minorité pour écouter les discours des paisibles orateurs de la soirée. Toutes les classes de la société étaient représentées et le haut de forme se voyait au milieu des humbles casquettes de travailleurs. Les socialistes, les vrais, arrivèrent au Champ-de-Mars par petits groupes et se rangèrent au pied du Palais de Justice, où la fanfare italienne jouait des airs nationaux de tous les pays imaginables. »

« M. Saint-Martin, le dernier parti de la salle Saint-Joseph, arriva au « forum » improvisé et les orateurs, sous la garde du chef de la Sûreté M. Silas Carpenter et de quelques agents, vinrent prendre place dans une voiture de livraison utilisée comme plate-forme. M. Saint-Martin, qui portait l’écharpe rouge, demanda à M. Carpenter s’il fallait enlever cette décoration, disant: « Si vous le désirez, M. Carpenter, j’enlèvrai l’insigne socialiste ». « Non, répondit le chef, il n’est pas besoin actuellement de faire disparaître votre ruban ». « Je suis prêt à obéir à tous vos ordres, chef, et nos socialistes feront comme vous l’entendrez ».

« MM. Ratch, Klenke, Saint-Martin et quelques femmes montèrent dans la voiture avec l’aide de quelques agents de la Sûreté. M. Ratch, président de la réunion, ouvrit les délibérations par l’explication du programme socialiste: le 1er mai est le seul jour de fête du Travail, le seul que les ouvriers prennent sans l’autorisation du Capital, et le seul qu’ils puissent chômer dans un commun accord avec les ouvriers de tout l’univers.”

Il présenta M. Saint-Martin à la foule et l’organisateur socialiste fit connaître le malheureux malentendu qui avait amené l’algarade de la rue Sainte-Catherine. Après avoir invité les auditeurs à crier des hourras pour le maire Ekers et le chef Campeau – invitation qui fut chaleureusement acceptée par tous les manifestants – M. Saint-Martin dit que les socialistes devaient se rendre au Champ-de-Mars en voiture par petits groupes et non en paradant dans les rues, par respect des ordres du maire; mais les cochers furent renvoyés avant même que les socialistes eussent pu aborder les véhicules. « La police, dit M. Saint-Martin, a forcément outre-passé les limites que lui traçait le devoir, car il n’est pas facile de retenir une foule qui attaque des citoyens paisibles comme les socialistes. »

M. Saint-Martin félicita la police sur la protection qu’elle avait accordée aux socialistes et la « Marseillaise suivit la courte allocution. Un groupe de tapageurs, dans la foule interrompit le chant national français par le chant de « Ô Canada », de Lavallée, et hua l’assemblée socialiste avant même que les discours eussent commencé. M. Saint-Martin, présenta ensuite M. Auguste Klenke, ex-candidat au poste de gouverneur de l’Illinois, qui se révéla intéressant orateur. Son entrée en matière fut saluée par des vivats. Ces applaudissements furent couverts par les chants de quelques étudiants de Laval et de McGill et de quelques hommes du peuple enthousiasmés par la présence de la jeunesse universitaire. La fanfare socialiste, à son tour, éteignit cette ardeur par la « Marseillaise ». La police chargea dans la foule, protégeant le groupe socialiste. On riait plus qu’on était sérieux et l’intervention fut plutôt décidée pour éviter des conflits possibles. Les socialistes répondaient aux chants des étudiants par le refrain de l' »Internationale »: « C’est la lutte finale; Groupons-nous et, demain, l’Internationale sera le Genre

Humain ». La police à cheval, sous le commandement du sous-chef Leggett et les cent policemen à pied, sous les ordres des capitaines en service, séparèrent les deux groupes et M. Klenke put commencer son discours. »

« Il s’adressa aux hommes et aux nombreuses ouvrières qui se trouvaient là: « Nous sommes réunis pour célébrer la fête internationale du travail, le premier mai, et pour passer en revue les luttes menées pour l’amélioration de l’état ouvrier, afin de formuler les espérances nouvelles et les ambitions légitimes des travailleurs. D’aucuns, n’ayant pas d’arguments à opposer à notre théorie, cherchent à noyer mes paroles dans un chaos de bruit, mais ils prouvent ainsi la faiblesse même de leur cause. »

« Ici, des hurlements éclatèrent dans la partie est du Champ-de-Mars. La fanfare joua « l’Internationale » et la foule chanta, pour la dixième fois, « Ô Canada ». M. Hatch, étudiant, déclara: C’est la meilleure façon d’annoncer le socialisme que de taper dessus. Allez-y mes vieux ». La foule applaudit le chant « Ô Canada » et la « Marseillaise » suivit la fanfare, les femmes, sans distinction de race, faisant chorus. « Je croyais adresser la parole à une foule intelligente, continua M. Klenke, mais je m’aperçois qu’à part les gens qui m’écoutent, il y a plus de tapageurs que de travailleurs qui veulent améliorer leur situation. Qu’importe, j’ai encore des perles à jeter. Je ne veux pas tenir la ville entière responsable de cette manifestation hostile. C’est un mouvement irréfléchi. Ce n’est pas ainsi qu’on abat le socialisme. Il faut au moins apporter des arguments et non des insultes à la discussion. Les braiements d’âne n’ont jamais convaincu personne, et moins que jamais ils ne contribueront à ébranler notre cause ».

« Les cris redoublèrent dans la foule et la police chargea encore une fois. M. Klenke salua cette charge avec des vivats que ses auditeurs répétèrent avec enthousiasme. Continuant, il dit: « Nous célébrons le premier mai parce que les ouvriers ont un jour, seulement, où ils peuvent échanger leurs idées, préparer les combats pacifiques de l’avenir et ouvrir la voie à l’amélioration des conditions actuelles de l’existence. Dans tous les pays civilisés, ce mouvement socialiste marche de front avec tous les progrès intellectuels et l’ouvrier cherche à obtenir une meilleure vie, une meilleure éducation et une meilleure appréciation de sa lourde tâche. Nous demandons la réduction des heures de travail, l’augmentation des salaires, non pas avec un déploiement d’armes et d’invectives, mais par le raisonnement et la discussion paisible. » M. Klenke fut fortement applaudi. Son discours fut interrompu par la ruée des étudiants, qui forcèrent la police à charger encore une fois. La foule fut complètement dispersée. Plusieurs hommes furent blessés légèrement dans cette fuite précipitée. M. Saint-Martin se réfugia au poste central de police et M. Klenke et les autres orateurs disparurent. À onze heures, il n’y avait personne à la salle Saint-Joseph. »

Les célébrations de 1910

MM. Florient Bernier, secrétaire du Parti Socialiste, Conrad Lacombe, trésorier du même parti, et Adélard Desjardins furent arrêtés à la veille du 1er mai 1910 pour avoir distribué la circulaire suivante:

« Travailleur, tu peines, tu es dans la misère et, cependant, c’est toi qui produis toute la richesse du globe. Pauvre esclave du salariat, quand donc comprendras-tu qu’il ne faut plus de division dans tes rangs? Entre les oppresseurs et leurs victimes, il n’y a pas d’accord possible. Pour que le sentiment de solidarité se répande et se fortifie chez nous, un jour a été choisi par un congrès universel comme étant la fête internationale des travailleurs. En ce jour, tout travailleur conscient de sa position se joint aux autres travailleurs pour célébrer la fête commune et universelle du travail. »

« La scène au Champ-de-Mars, quoique très animée, fut très pacifique. Trois drapeaux rouges servaient de signes de ralliement aux trois cohortes échelonnées sur les gradins du champ de parade militaire. Les orateurs des différents groupes parlaient simultanément, recueillant chacun leur part des applaudissements. Chez le groupe canadien-français, ont pris la parole M. Saint-Martin, H. Bernier, C. Lacombe, H. Mathurin, A. Maillard. M. Albert Saint-Martin, chef du Parti socialiste à Montréal, a déclaré: « Le socialisme est un principe de justice. La charité est avilissante pour celui qui la donne, dissolvante pour celui qui la reçoit. Ce que nous voulons ce n’est pas de faire augmenter les salaires et de faire réduire les heures de travail, mais de ne pas avoir de bourgeois, en dépit de ce que vous disent les journaux, les politiciens, la police. » M. Saint-Martin dit que les bourgeois redoutent ou feignent de redouter les démonstrations socialistes pour faire croire au peuple que ceux qui professent le socialisme sont des malfaiteurs: « Mais notre histoire est là pour démontrer que si nous sommes des agitateurs, nous le sommes d’une manière pacifique »…

La manifestation socialiste annoncée depuis déjà quelque temps a eu lieu, hier soir, mais elle n’a été l’occasion d’aucun trouble sérieux. Dès 7 heures, une troupe de manifestants, qu’on peut évaluer à environ 130 personnes, sortit de l’immeuble sis au No 330 Saint-Charles-Borromée, où le Parti socialiste a établi ses quartiers généraux. Au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Charles-Borromée, la manifestation fut organisée et se mit en marche, musique en tête, sous l’oeil vigilant d’une forte escouade de police que commandait l’inspecteur Grandchamps, assisté du capitaine Bélanger et les lieutenants Gagnon et Savard. Des deux côtés de la rue, une foule de curieux stationnait, attendant les événements. »

« Tout à coup, sur la rue Saint-Laurent, à la hauteur de la rue Dorchester, deux drapeaux rouges sont déployés. Immédiatement, ils furent saisis par les constables Martin et Saint-Pierre. Un jeune homme ayant protesté, il fut arrêté par le constable DesGroseillers et conduit au poste. Il a déclaré se nommer Zigmond Salomon. La manifestation continua sa route sans encombre jusqu’au Champ-de-Mars, où l’on discuta l’opportunité de faire une assemblée en plein air. Une grosse pluie qui vint à tomber régla la question et tout le monde s’enfuit, les uns chez eux, les autres vers la Salle moderne, 197 rue Notre-Dame Est, où devait se tenir une grande assemblée publique. »

Le premier orateur fut M. Wilson Killingback, de New York, qui parla plus d’une heure. Il prit à partie le maire Guérin et dit qu’il s’attendait à plus de liberté dans la métropole du Canada. M. Saint-Pierre, qui présidait, dit quelques mots en français, au sujet de l’arrestation de MacNamara et des autres dynamitards de Los Angeles. Il invita l’assemblée à protester contre cette arrestation. Après plusieurs autres discours, par des orateurs moins importants, la musique entonna La Marseillaise et l’assemblée se dispersa sans tumulte. »

Le défilé de 1911

“Les socialistes de Montréal ont imité leurs camarades de tous les pays en célébrant le premier jour de mai. Comme leurs camarades de tous les pays, ils ont fait une procession, avec le même drapeau rouge et ont fait les mêmes discours. Ils n’ont même pas eu l’occasion de poser aux martyrs, car n’ayant insulté personne, on ne les a pas insultés. La manifestation socialiste a été remarquable par deux choses: la fille en rouge qui portait le drapeau rouge et le masque sémitique de tous les participants. »

« On est parti à 7h30 pour le Champ-de-Mars, musique en tête. Mlle Lilly Zudick portait le drapeau rouge et a poussé l’imagination jusqu’à s’habiller tout en rouge. L’imagination a d’ailleurs joué un grand rôle dans toute l’histoire: on avait fait des insignes avec de la flanelle rouge, on a fait des discours en toutes les langues de l’Europe Centrale, on a dansé et on a refait des discours. Au Champ-de-Mars, il y avait la foule habituelle des badauds qui attendaient une intervention possible de la police et l’échange de coups de poing qui aurait réjoui son âme badaude. À toute éventualité, le Chef Campeau avait posté là une escouade de 30 agents de police, sous le commandement de l’inspecteur Grandchamps; mais voyant que tous les gens s’amusaient ferme et ne songeait pas à mal, il la rappela bientôt au poste central. »

« Les orateurs ont resservi les vieux plats de l’égalité et de la fraternité; ils ont eu le bon goût de ne pas insister sur la disparition des capitalistes, ou s’ils l’ont fait, ce fut du moins dans des langues exotiques. Pendant le bal qui eut lieu ensuite à la Salle Moderne, le citoyen Albert Saint-Martin y alla d’un autre discours dont le sujet fut que les millionnaires de la rue Sherbrooke n’auraient plus jamais un sommeil paisible après cette manifestation. » (Le Devoir).


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