Colombie : La tragédie des peuples autochtones et afrodescendants

Plus de 115 000 familles autochtones colombiennes risquent d’être infectées par la COVID-19. Plus de 16 000 autres sont déplacées ou confinées en raison de l’infection. Déjà en 2019, le nombre de personnes autochtones et afrodescendantes déplacées dans la région de Narino, Choco et Autioquia dépassait les 15 000.

En pleine crise de la COVID-19, environ 70 familles autochtones du sud-ouest de la région d’Antioquia, en Colombie, ont été déplacées le 24 avril dernier à cause de la présence de groupes armés. L’Organisation autochtone de Colombie a dénoncé cette situation.

Depuis mai 2019, au moins 1 600 Autochtones des réserves de Wounnan et Embera, dans la région de Jurado au Choco, ont été obligés de se déplacer hors de leurs foyers par peur de mourir entre les combats. De surcroît, il y a approximativement 1 000 familles autochtones des réserves Valle de Pérdidas et Andabu en Antioquia qui vivent aussi une situation risquée.

Ces combats armés ne sont qu’un des facteurs de risque que doivent affronter les communautés autochtones avant et durant la pandémie.

Les communautés autochtones sont celles qui sont les plus abandonnées par l’État colombien. Pendant les années de guerre interne dans les régions rurales, plusieurs familles ont été obligées de laisser derrière elles leurs ressources et de s’installer dans les grandes villes comme Bogotá, Medellín, etc.

La vie dans les grandes villes leur a apporté misère et dénuement. À Bogotá, par exemple, près de 500 autochtones des réserves Emberas vivent dans la rue.

Violence des groupes armés

L’organisation Human Right Watch a signalé que depuis 2019, plusieurs personnes qui défendent les droits humains, des leaders des Premiers peuples, des journalistes et des activistes afrodescendants ont souffert d’actes de violence et de menace de la part des groupes armés existants en Colombie.

Au beau milieu de la pandémie, autour de 863 personnes (312 familles) ont dû partir de la municipalité de Ituango, en Antioquia, en raison des confrontations armées où participent activement les groupes paramilitaires, la mafia et des dissidents démobilisés de la guérilla FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Selon l’Organisation nationale autochtone de Colombie (ONIC), des groupes armés empêchent de donner des aliments aux autochtones en Colombie. Actuellement, 993 personnes (220 familles) des communautés de Playita, de Villa Hermosa, d’Union Baquiaza et d’Egoroquera au département du Choco attendent de recevoir de l’aide humanitaire.

La situation des communautés de Colombie où se déroulent des confrontations armées est dramatique. Il n’y a pas de mesures appliquées pour veiller aux conditions de salubrité dans lesquelles vivent ces familles.

La pandémie exacerbe l’impact des conflits armés

Il faut souligner que les déplacements et les menaces contre ces communautés durent depuis 2019. Or, le gouvernement n’a pas pris de mesures pour les aider. Ce n’est pas une coïncidence si les groupes paramilitaires se sont installés sur place une fois que des accords de paix ont échoué.

Dès que le gouvernement de droite d’Iván Duque a pris le pouvoir, le progrès vers la paix a été torpillé et la guerre a recommencé. Ainsi, le manque respect et l’impact négatif des conflits armés sur la population civile s’intensifie avec la pandémie.

Le gouvernement a promis aux familles autochtones de l’aide humanitaire pour éviter la propagation de la COVID-19. Cependant, près de 3000 familles des régions de Casanare, Vichada et Meta vivent actuellement des problèmes de subsistance à cause de la mise en quarantaine. Selon Amnistie Internationale, les mesures de confinement pour ces familles aggravent leur situation de vulnérabilité étant donné qu’elles ne peuvent plus avoir accès à leurs moyens de subsistance.

Tandis que le gouvernement tarde à offrir les services de santé et d’alimentation nécessaires aux populations autochtones, plusieurs les familles doivent chercher leur repas à l’intérieur des ordures, comme c’est le cas actuellement dans le département de Vichada. Près de deux millions d’autochtones sont encore plus vulnérables en raison du manque d’eau potable et la malnutrition.

Le capitalisme est un système basé sur l’accumulation de profit. Cette course au profit est favorisée par l’oppression des peuples vulnérables et la violence guerrière. L’accentuation des inégalités en raison de la pandémie illustre la nécessité d’une remise en question radicale de la manière dont la société est gérée. Ce qu’il faut, c’est une économie socialiste démocratique fondée sur la propriété publique des principaux moyens de production. Pourquoi? Pour planifiée démocratiquement cette production selon les besoins des toutes les communautés, pas selon les intérêts de l’élite possédante.

Sara Cifuentes Ortiz


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