« Arrêtons tout avant qu’il ne soit trop tard ! Le virus ne s’arrête pas aux portes de l’usine ! »

Après un retard inutile, le gouvernement a maintenant décidé de renforcer les mesures visant à contenir la propagation du coronavirus en Italie. Dès mardi, un décret du président du Conseil, Giuseppe Conte, a ordonné la fermeture de toutes les activités commerciales, à l’exception des pharmacies, des kiosques à journaux et des épiceries. Cette mesure s’ajoute à la fermeture de tous les lieux d’étude et de rassemblement : universités, écoles, gymnases, cinémas, bars et théâtres. Ce décret remplace celui qui a transformé tout le pays d’abord en zone orange puis en zone rouge, et celui qui a verrouillé de nombreuses régions du nord.

Afin de contenir la propagation du Coronavirus, il nous est demandé, à juste titre, de rester chez nous et de limiter les contacts au minimum. Si nous devons quitter notre domicile, nous devons signer une déclaration certifiant que nous sommes en bonne santé. En gros, cela signifie qu’il n’est permis de quitter la maison que pour aller travailler, chez le médecin ou pour faire des courses. Une seule personne par famille est autorisée à le faire.

Si vous quittez votre domicile sans raison valable, vous risquez une amende et une mise en accusation pénale. Des centaines de personnes ont déjà été signalées par la police pour avoir enfreint cette ordonnance. La police arrête les gens dans la rue pour vérifier s’il existe des raisons sérieuses et fondées de quitter son domicile. Ces mesures drastiques ont un sens si elles sont prises par toutes les personnes de tous âges et de tous statuts sociaux.

Mais pourquoi alors, les entreprises ne ferment-elles pas ? Même s’il est nécessaire de réduire les déplacements au minimum, les entreprises restent ouvertes, ce qui démontre la servilité du gouvernement envers la Confindustria, la fédération patronale italienne, et rend vaines les autres mesures adoptées.

Quelqu’un pense-t-il sérieusement que le virus ne va pas se propager aux entrepôts logistiques, aux cantines d’usine ou dans les bus et les trains que nous utilisons pour nous rendre au travail ? Quel est l’intérêt de bloquer le transit des personnes, si les marchandises circulent librement et sans être dérangées ? Quel est l’intérêt de fermer des restaurants, mais de maintenir les services de livraison à domicile des plateformes Justeat et Deliveroo ? Pourquoi permettre aux coursiers de la BRT de continuer à travailler sans aucune mesure de sécurité, comme des masques ? Pourquoi n’est-il pas possible de distribuer gratuitement et immédiatement des masques sanitaires au personnel de la grande distribution et aux catégories de travailleurs : chauffeurs, routiers, éboueurs qui doivent continuer à travailler ?

Face à cette situation, où les profits des capitalistes sont plus importants que la santé collective de millions d’Italiens, les travailleurs de dizaines d’entreprises se sont engagés dans des grèves spontanées pour exiger que leur droit à la santé soit respecté. Des grèves et des mobilisations ont déjà eu lieu chez Fiat à Pomigliano, Pasotti à Brescia, Piaggio à Pontedera, Electrolux à Susegana et Bonfiglioli à Bologne. D’autres grèves sont prévues pour chez Fincantieri à Palerme et Vitesco à Pise. Il est probable que ces grèves s’étendront encore. Les trois principaux syndicats de métallurgistes, la FIM, la FILM et l’UILM, exigent l’arrêt complet de la production jusqu’au 22 mars. L’Unione sindacale di base (USB) a, pour sa part, annoncé un plan de 32 heures de grèves dans les secteurs industriels non essentiels, à partir d’aujourd’hui.

Pour arrêter la propagation du virus, il faut mettre un terme à tout travail inutile. Les transports aériens, ferroviaires, maritimes et routiers, sauf s’ils sont essentiels, doivent maintenant cesser. Face à la gravité de la situation, à un système de santé national qui risque de s’effondrer, entraînant avec lui des centaines de vies, nous devons immédiatement arrêter la production, juste pour faire des profits, et fermer les bureaux, les usines et les entreprises inutiles. C’est la seule décision sensée à prendre pour le moment.

Dans le même temps, des paiements spéciaux de quarantaine doivent être immédiatement introduits pour garantir que les millions de travailleurs qui perdront leur salaire à cause de la pandémie ne risquent pas de mourir de faim. Le recours au Fonds d’allocations complémentaires extraordinaires doit être immédiatement mis à la disposition de tous les travailleurs de tous les secteurs, quel que soit leur type de contrat et quel que soit le nombre d’heures travaillées. Des suppléments de salaire devraient être accordés à tous les travailleurs occupant des emplois précaires, par exemple dans le tourisme et la restauration, qui travaillaient avant l’épidémie sans contrat en bonne et due forme ou avec des contrats « à durée zéro », surtout lorsqu’ils auront plus de difficultés à trouver du travail à l’avenir.

Dès mercredi soir, avec plus de 12.000 cas confirmés, un chiffre certainement bien inférieur à la réalité, le test de dépistage de la maladie doit être effectué pour l’ensemble de la population, en commençant par les personnes les plus à risque. Des prélèvements ne devraient pas être faits uniquement pour les cas les plus graves, lorsque les symptômes de la maladie sont déjà évidents et que l’infection s’est déjà propagée. Les porteurs de virus peuvent être asymptomatiques et la période d’incubation peut durer jusqu’à vingt jours. Il est donc nécessaire de surveiller toute la population résidente afin de cartographier la population infectée pour qu’elle puisse être correctement isolée, traitée et assistée non seulement sur le plan médical, mais aussi en ce qui concerne la nourriture et les autres produits nécessaires !

Cette grave crise dans laquelle beaucoup d’entre nous risquent de perdre leur emploi, leur stabilité économique et, dans certains cas, même leur vie – il y a déjà plus de mille morts rien qu’en Italie – doit être abordée de manière décisive et transparente, avec la participation des syndicats et de l’ensemble de la population à la prise de décision.

Aujourd’hui, le Service national de santé devrait être doté de toutes les ressources nécessaires pour permettre à nos héroïques médecins, infirmières et personnel auxiliaire de mener cette dure bataille contre cet ennemi invisible. Pas un lit d’hôpital, pas une seringue, pas un seul médicament ne doit être détourné de son usage pour assurer la santé et le traitement des personnes. Les installations médicales privées doivent être réquisitionnées immédiatement ! Les cliniques et les centres de traitement privés doivent être immédiatement intégrés au NHS et le personnel qui y travaille doit bénéficier des mêmes conditions que celui qui travaille dans le système étatique.


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