Avec les femmes du monde entier : Luttons contre l’austérité! Pour la justice et la solidarité!

Que ce soit au Chili, en Russie, en Espagne ou au Brésil, de nombreuses luttes se sont cristallisées en 2019. Partout, les femmes de la classe ouvrière réclament la fin des violences sexistes, la justice et l’égalité réelle. Ces luttes ont été la bougie d’allumage de soulèvements de masse contre le système capitaliste lui-même. Pourquoi? Parce que la lutte pour les droits des femmes implique une amélioration des conditions de vie de tout le monde.

Les mesures d’austérité mises en place par les gouvernements capitalistes ont mis à mal tous les services publics. La pauvreté et la précarité des travailleuses et travailleurs s’aggravent partout dans le monde. Les violences subies par les femmes et les personnes trans sont innombrables et presque autant de mouvements les dénoncent.

Femmes du monde debout!

Au Brésil, différents groupes féministes sont impliqués dans la lutte contre les politiques réactionnaires du gouvernement Bolsonaro. Dans un pays qui vit sa pire crise sociale et économique, douze femmes sont tuées chaque jour. On constate aussi un nombre excessif de viols et un retour des politiques contre le droit à l’avortement. Toutefois, en 2018, lorsque le parlement brésilien a voulu adopter une loi restreignant ce droit, y compris dans les cas de viols, 10 000 femmes ont pris la rue faisant ainsi reculer le gouvernement.

À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, l’État espagnol a connu les plus puissantes manifestations féministes de son histoire. Encore l’an passé, des millions de personnes ont rempli les rues de nombreuses villes pour dénoncer les violences sexistes et l’oppression capitaliste. Ces manifestations se sont accompagnées d’actions de grève menées par des millions de jeunes aux études, de travailleurs et de travailleuses. Ces mobilisations ont participé à faire condamner les cinq violeurs du Wolfpack (un cas de viol de groupe contre une femme de 18 ans en 2016) à 15 ans de prison chacun.

En 2017, l’État russe a dépénalisé la violence conjugale. Résultat: les femmes russes sont de moins en moins protégées. Si en se défendant elles tuent leur conjoint, elles risquent des peines de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans. À l’appel de Sotsialisticheskaya Alternativa, une manifestation rassemblant plus de 1 000 personnes s’est tenue à Moscou le 25 novembre dernier pour soutenir les femmes victimes de violence conjugale. Il s’agit de la plus importante manifestation pour les droits des femmes depuis plus de 20 ans dans cette ville.

Au Chili, la police profite de la crise politique qui dure depuis l’automne 2018 pour violer et abuser sexuellement les manifestants et manifestantes. Le collectif Las Tesis a lancé un chant de guerre jumelé à une danse pour protester. Les paroles de cette chanson sont révélatrices:

Le violeur c’est toi
Ce sont les policiers, les juges, l’État, le président
L’État oppresseur est un macho violeur

Cette chanson, devenue un symbole féministe partout dans le monde, le dit clairement: c’est l’appareil d’état capitaliste qui nous oppresse et nous maintient dans la précarité. Dans un pays qui subit les violences néolibérales depuis 30 ans, soit la privatisation des retraites, de l’eau et des services publics, l’action des femmes et nécessaire pour améliorer les conditions de vie de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs.

Plus près de chez nous, le droit à l’avortement a été mis à mal dans plusieurs états des États-Unis. Donald Trump poussant l’audace jusqu’à participer à une marche anti-choix à Washington. Il devient ainsi le premier président états-unien à participer à une telle marche, même s’il a affirmé par le passé qu’il était pour le droit à l’avortement.

Pour la justice!

Au Canada, la campagne électorale fédérale de 2018 aura, encore une fois, remis en question ce droit fondamental. Sans oublier que les salaires des femmes sont encore de 13.3% inférieurs aux salaires des hommes. Pourquoi? Parce que les femmes sont plus nombreuses à occuper des emplois précaires et à temps partiel. Un salaire viable, des logements publics abordables et la semaine de travail à 32 h sans perte de salaire avec embauche compensatoire sont essentiels pour offrir la possibilité de quitter un conjoint violent, un logement insalubre ou un employeur abusif.

De plus, 85% des femmes n’ont pas accès aux mesures de prévention prévues par la Loi sur la santé et sécurité du travail. Elles travaillent majoritairement dans des domaines non couverts par ces mesures, tels la santé, l’éducation et les services sociaux. Les négociations qui s’ouvrent dans le secteur public concernent spécifiquement la majorité de femmes qui y travaillent. Même chose du côté des négociations avec les services éducatifs en milieu familial. Le bras de fer qui s’engage entre le gouvernement Legault et les syndicats déterminera la qualité des services qui seront offerts. Et ce sont encore les femmes qui en sont les principales utilisatrices.

Lutter contre les politiques d’austérité, c’est lutter pour les femmes. Et lutter pour les femmes, c’est lutter pour la classe ouvrière. Améliorer les conditions de travail du secteur public, c’est donc améliorer les conditions de vie de tout le monde. Les plus riches de la société peuvent s’offrir des services dans le privé. Que ce soit en éducation ou en santé, nous devons le constater: le Québec a maintenant un système à deux vitesses.

Luttons pour garantir des services publics accessibles, de proximité et gratuits qui amélioreront la qualité de vie de tout le monde, en particulier celle des groupes les plus opprimés comme les personnes racisées ou LGBTQIA+. Luttons pour un système de Centre de la petite enfance public, de proximité et gratuit ainsi que pour un salaire égal à travail égal!

Et la solidarité!

Le premier ministre québécois gouverne pour les intérêts économiques des plus riches, écorchant au passage les droits des Premières Nations et ceux des syndiqué·es du Québec. La CAQ nous a habitués à un déni de démocratie en ayant recours au bâillon pour passer des lois controversées qui attaquent les femmes, les personnes issues de l’immigration et la démocratie scolaire. Nous n’avons rien à espérer de ce gouvernement.

Le 8 mars 2020, c’est la journée de lutte pour les droits des femmes. Mais c’est aussi une journée qui pourrait marquer le début d’une plus grande solidarité dans nos luttes. Contrairement aux autres régions du monde, le Québec ne connaît pas de mouvements féministes de masse. Toutefois, ses grandes luttes actuelles – celle des employé·es du secteur public, des Premières nations ou des services de garde en milieu familial – concernent les femmes. Un combat commun sur des enjeux concrets – salaire décent, harcèlement au travail, souveraineté territoriale – offrirait de réelles perspectives d’avancement pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs.

Pour se battre contre un gouvernement de patrons et de banquiers, la solidarité et l’unité entre les travailleuses et les travailleurs sont nécessaires afin d’abattre leur système d’oppression et d’exploitation capitaliste.


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