Iran – États-Unis : Construisons le mouvement antiguerre!

Vous avez sûrement entendu parler de la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué par un drone américain.

En ce mois de janvier, les États-Unis et l’Iran apparaissaient engagés sur la voie d’une guerre totale faisant suite à des années de tensions croissantes. Cette possibilité semble repoussée pour l’instant. Cependant, l’assassinat du chef militaire constitue une escalade dramatique de la campagne de pression maximale de l’administration de Donald Trump sur l’Iran. Soleimani était considéré comme le #2 dans la structure du pouvoir en Iran après le Guide suprême Ayatollah Khamenei. Cette campagne combine des pressions diplomatiques et militaires incessantes avec une cyberguerre et des sanctions économiques dévastatrices, qui sont elles-mêmes équivalentes à un acte de guerre.

Le régime iranien face à la colère sociale

La République islamique d’Iran a été frappée d’une série d’embargos quasiment dès sa fondation. Les sanctions imposées à l’Iran par les États-Unis, mais aussi par l’Union européenne est liée à la reprise des recherches sur le nucléaire. À la suite de l’Accord de Vienne de 2016 sur le nucléaire iranien, une bonne partie de celles-ci ont été levées. Les exportations de pétroles ont doublé et les investisseurs étrangers (tels Renault, Peugeot et Total) ont profité de l’aubaine.

Avec cela, le régime iranien espérait redorer son image vis-à-vis d’une population parmi laquelle couvait le mécontentement. Il faut rappeler qu’en 2009, un soulèvement de masse a dénoncé la fraude électorale de l’élection présidentielle.

Depuis, les conditions de vie n’ont fait que s’aggraver pour le peuple iranien. Entre la levée des sanctions et 2017, la croissance économique du pays a été de 11,5%. Mais, en retirant les ventes de pétrole, cette croissance n’est en fait que de 3,3%. Bien sûr, la rente pétrolière est accaparée par la bourgeoisie iranienne. Cette croissance économique n’aide donc en rien à améliorer les conditions de vie des travailleurs et travailleuses. Quand le président Hassan Rohnani a présenté un budget d’austérité en décembre 2017, la colère accumulée a explosé dans tout le pays en un large mouvement de manifestations et de grèves contre la vie trop chère.

En 2018, Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et la restauration des sanctions contre l’Iran. La conséquence a été une détérioration de la situation économique iranienne, donc des conditions de vie du peuple iranien. De nouvelles manifestations ont eu lieu quand le régime a annoncé une augmentation du prix du carburant en novembre 2019. Les Perses ont manifesté, mais aussi les Arabes et les Kurdes du pays. Nous ne sommes pas encore au bord d’une « 3e guerre mondiale » à la suite de cette action brutale et illégale de Trump. Mais sa décision d’autoriser cet assassinat a sans aucun doute rendu la situation dans la région beaucoup plus dangereuse. Elle pourrait rapidement dégénérer en un conflit beaucoup plus grave. L’Iran a déjà démontré qu’il est capable de bloquer le trafic pétrolier dans le détroit d’Ormuz et de paralyser la production de pétrole saoudien. Le déclenchement d’un conflit plus grave dans la région pourrait avoir des conséquences majeures pour l’économie mondiale déjà confrontée à un ralentissement important.

Le déclin de l’impérialisme américain

Bien que le peuple ne le soutienne pas toujours, le régime iranien exerce une influence majeure dans un grand nombre de ses pays voisins, tels que l’Irak, le Liban, la Syrie, le Yémen et la bande de Gaza palestinienne. Les soulèvements au Liban et en Irak l’ont montré. C’est sans doute cette influence croissante de l’Iran qui a poussé l’administration Trump à une offensive mal calculée.

En mai 2018, elle s’est retirée de l’accord nucléaire iranien et lui a imposé des sanctions, en dépit de l’opposition de ses alliés européens. Trump n’a peut-être pas initié de guerre officielle avec l’Iran. Mais en ordonnant l’assassinat de Soleimani, il ouvre la voie à des conflits plus conséquents à l’avenir!

Quant aux autorités iraniennes, elles espéraient mettre à profit le risque d’une guerre avec les États-Unis afin de ressouder la population autour d’elle. Cependant, cette mécanique a rapidement été enrayée par les mensonges du régime au sujet de l’écrasement du vol 752 de Ukraine International Airlines. Il a entraîné la mort de 176 personnes, majoritairement iranienne ou d’origine iranienne, après avoir été abattu par erreur par les Gardiens de la révolution, qui est une organisation paramilitaire de la République islamique d’Iran. Cette organisation dépend
directement du Guide de la Révolution, parfois aussi dénommé Guide suprême, le plus haut responsable politique et religieux en Iran.

● La guerre, c’est le business des riches! Pas de morts pour le pétrole, le prestige et les profits!

● Non à l’intervention impérialiste au Moyen-Orient! Pour le retrait des troupes américaines, françaises,  britanniques, russes et de tous les autres pays étrangers de la région! Pour la non-intervention des gouvernements
nationaux dans les affaires des voisins!

● Soutien total aux mouvements de protestation en Irak, en Iran, au Liban et ailleurs dans leurs luttes contre la pauvreté, la corruption et la division des communautés!

● Pour la construction d’un mouvement antiguerre de masse aux États-Unis et internationalement!

● Pour l’unité des travailleurs, des travailleuses et des jeunes de toute la région afin de faire tomber les gouvernements pro-capitalistes qui reposent sur la division et les conflits ethniques!

● Pour des gouvernements de travailleurs et travailleuses véritablement démocratiques basés sur programme socialiste visant à mettre fin à la pauvreté, à la corruption et au régime autoritaire – pour une Fédération socialiste
démocratique du Moyen-Orient!

Parti Socialiste de Lutte (CIO Belgique)


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