Teamsters Canada

Grève au CN: des revendications justes

Les 3 200 cheminot·es du Canadien National (CN) ont déclenché une grève le 19 novembre dernier. Représenté·es par la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), leur convention collective est échue depuis juillet 2019. Les négociations achoppent sur les conditions de travail et non sur les augmentations salariales.

Des conditions de travail difficiles
Les conditions de travail pour les cheminot·es du CN sont difficiles. L’employeur exige que les membres du syndicat opèrent seul·es des locomotives de l’extérieur du train avec une télécommande, et ce, peu importe les conditions météo. Les longues heures de travail et la mise en disponibilité sont aussi des enjeux importants. Les représentant·es syndicaux montrent du doigt les risques de sécurité engendrés par la fatigue et les longues heures de travail. Un travailleur indique qu’en 24 mois seulement, on déplore le décès de 9 membres du syndicat.

De plus, le CN a annoncé 1 600 mises à pied en novembre, prétextant une baisse de la demande ferroviaire. Lors de l’annonce, les négociations pour le renouvellement de la convention collective étaient déjà en cours depuis 6 mois. Le syndicat avait entre les mains un mandat de grève à 99.2%. Les annonces de mises à pied de l’employeur seraient-elles des représailles déguisées envers les employée·es syndiqué·es?

Rappelons que malgré des revenus de 3.8 milliards $ en hausse de 4% au troisième trimestre de 2019, le CN s’obstine à exiger des concessions importantes de la part des employé·es qui sont pourtant au cœur de sa réussite.

Le CN a été privatisé en 1995 par les libéraux de Jean Chrétien. Depuis, la recherche du profit se fait au détriment de la sécurité. La privatisation s’est faite sans débat public et la transaction a été effectuée pour une bouchée de pain. Aujourd’hui, Bill Gates (Microsoft) est un des actionnaires principaux. Les profits de l’entreprise sont ainsi redirigés vers les États-Unis.

Menaces de loi spéciale
François Legault, le premier ministre caquiste du Québec a exigé une loi spéciale pour forcer le retour au travail en invoquant une pénurie probable de propane. Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a indiqué que, pour le moment, la négociation de bonne foi reste la meilleure solution. Legault a par la suite déclaré que le Québec dispose d’un stock de propane d’au moins une semaine. Rappelons que ce n’est pas la première fois que le premier ministre s’ingère dans un conflit de travail, allant même jusqu’à opposer travailleuses, travailleurs et Québécois·es.

Une fausse pénurie
La pénurie de propane utilisée notamment pour diviser les syndiqué·es des agriculteurs et agricultrices est, selon le syndicat représentant les cheminot·es, montée de toute pièces. Le ministre Garneau confirme d’ailleurs que des trains chargés de propane se dirigent vers le Québec et l’Ontario. En effet, il reste toujours des trains opérés par des centaines de travailleuses et travailleurs du CN. Le transport ferroviaire étant sous juridiction fédérale, c’est le Code canadien du travail qui s’applique. Honteusement, celui-ci n’a pas de dispositions anti-briseurs de grève (scabs).

C’est le CN qui détermine ce qui sera transporté sur les trains en opération. En choisissant de ne pas prioriser le propane sur ses trains, le CN provoque lui-même la crise. Par le fait même, il provoque la grogne des agriculteurs et agricultrices qui en dépendent. Encore une fois, il s’agit d’une stratégie de division que l’employeur choisit de mettre en place plutôt que de négocier de bonne foi. Cette soi-disant crise met en lumière la dépendance du Québec aux énergies fossiles.

Des transports ferroviaires collectivisés
La pression exercée par la recherche du profit est intolérable pour les travailleuses et travailleurs, et met en danger la population. Les entreprises de transport exigent des heures de travail de plus en plus longues et bafouent allègrement les règles de santé et sécurité. C’est à cause de cette pression qu’est survenu l’accident tragique de Lac Mégantic. Près de six ans plus tard, la situation n’a toujours pas été réglée.

Clairement, le transport ferroviaire doit être collectivisé et géré par ceux et celles qui connaissent les besoins des employé·es et de la population. Un réel contrôle exercé par et pour la classe laborieuse est nécessaire pour assurer un service efficace et sécuritaire, autant pour la population que pour ceux et celles qui font le travail de terrain. Qui de mieux que ceux et celles qui connaissent le fonctionnement des trains, des locomotives et de leur logistique pour assurer une transition écologique juste et équitable?

Alternative socialiste tient à exprimer sa solidarité envers les cheminot·es. Votre lutte est notre lutte!


Soulignons encore une fois que seul un rapport de force établi par les syndiqué·es de la base permet d’obtenir des ententes acceptables pour les travailleurs et travailleuses. En outre, demander une loi spéciale comme l’a fait le gouvernement Legault et les conservateurs fédéraux, c’est bafouer, entre autres, notre droit à la négociation.


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