50 ans après Stonewall : ensemble pour les droits des LGBTQIA+!

Les Pride et les Fiertés de partout dans le monde célèbrent cette année le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall. Cet événement est à l’origine des mouvements modernes de défense des droits des personnes LGBTQIA+. C’est suite à ces émeutes que des Pride ont été organisées sous la forme de marches de protestation politique. Aujourd’hui, les banques et les grandes entreprises ont pris ces marches en charge. Elles y défendent leur droit au profit, celui de toucher à « l’argent rose ».

En 50 ans, d’énormes progrès ont été réalisés au niveau de la loi et des attitudes pro-LGBTQIA+. Or, les statistiques montrent que la discrimination et les actes de violence fondés sur l’orientation ou l’identité de genre sont toujours là. Un mouvement populaire de masse demeure nécessaire pour mettre fin aux phobies LGBTQIA+ et au système capitaliste qui les soutient.

Une descente qui a changé l’histoire

Le 28 juin 1969 à 1h20, la police new-yorkaise effectue une rafle au Stonewall Inn, un bar gai de Manhattan fréquenté par une communauté marginalisée. On ne s’y attend pas. Les descentes mensuelles ont généralement lieu plus tôt dans la soirée. Cette fois, la descente de police ne fonctionne pas comme prévu. Les personnes présentes refusent de collaborer, de s’identifier et de laisser la policière vérifier leur sexe biologique. Certaines personnes tentent de quitter le bar par les portes et fenêtres, mais la police s’interpose. La foule commence alors à se masser devant le bar.

La suite passe à l’histoire. Ancrées dans les revendications liées aux mouvements de libération noire et des femmes, les émeutes de Stonewall durent cinq jours. Elles représentent un combat contre un système qui ne permet pas de vivre ouvertement et en toute sécurité. Elles servent à lancer un mouvement historique aux États-Unis et à travers le monde.

Les Stonewall québécois

En août 1969, l’adoption du bill omnibus légalise les actes homosexuels au Canada. Malgré cela, le Montréal des années 70 est caractérisé par l’intolérance, l’absence de protection juridique et le harcèlement de la police envers les LGBTQIA+. Sous ordre du maire Drapeau, la police de Montréal démantèle leurs organisations, ferme leurs bars et saccage leurs saunas en préparation des Jeux olympiques de 1976.

Le 19 juin 1976, une première manifestation de 300 personnes est organisée par le Comité homosexuel anti-répression (CHAR), fondé quelques semaines plus tôt. Le CHAR obtient un succès immédiat à l’issue du premier Stonewall québécois. Les descentes de police cessent. Or, l’année suivante, la police effectue une rafle sans précédent: 144 hommes sont arrêtés aux bars Truxx et Le Mystique. Une manifestation est organisée dès la nuit suivante aux coins des rues Stanley et Sainte-Catherine. Plus de 2 000 personnes se rassemblent et marchent sur le boulevard Dorchester (devenu René-Lévesque). Sous la pression, le parlement amende la Charte québécoise des droits et libertés deux mois plus tard pour y inclure l’interdiction de discriminer selon l’orientation sexuelle.

Le retour des « politiques familiales »

Partout dans le monde, la montée des discours et des politiques de droite affecte directement les communautés LGBTQIA+. Aux États-Unis, les politiques de Donald Trump permettront aux médecins de refuser des soins selon l’identité de genre ou l’orientation sexuelle d’une personne. L’arrivée au pouvoir des Trump, Ford et Legault a pavé la voie aux politiciens réactionnaires comme Maxime Bernier du Parti populaire du Canada et Andrew Scheer du Parti conservateur. Leurs politiques basées sur la notion de « famille traditionnelle » remettent notamment en cause le droit à l’avortement.

La marche des Fiertés, c’est politique!

Depuis Stonewall, des manifestations, des défilés et d’autres activités sont organisés partout sur la planète comme événements de visibilité pour défendre le droit des LGBTQIA+ de vivre en sécurité sans devoir se cacher. D’énormes progrès ont été réalisés au niveau de la loi et de l’acceptation des personnes LGBTQIA+. Ces changements sont toutefois le résultat de luttes et non le résultat inévitable du passage du temps.

Ici, comme ailleurs, les marches des Fiertés sont dominées par les banques et les grosses compagnies. Même les élites politiques et la police y affichent leur « inclusivité ». Le temps d’un défilé, tout ce beau monde tente de faire oublier qu’il est le seul responsable des salaires de misère, des coupures dans le réseau de la santé, des permis de polluer et de la répression qui frappent toujours les LGBTQIA+. Comment pouvons-nous compter sur ces compagnies et ces élites politiques pour nous représenter?

L’austérité et les communautés LGBTQIA+

Selon une enquête menée en 2017 pour le compte du ministère de la Justice du Québec, plus de 40% de la population sondée affirme avoir été témoin de discrimination de nature homophobe ou transphobe. Pas surprenant, puisque l’homophobie et la transphobie sont enracinées dans la société de classes. Le capitalisme défend les intérêts d’une classe de super-riches propriétaires aux dépens des gens ordinaires qui travaillent pour eux. Tel qu’il est, le système favorise les divisions et les préjugés. Cela permet aux élites dirigeantes de maintenir leurs privilèges. Encore aujourd’hui, le salaire des femmes, des personnes LGBTQIA+ et racisées est en moyenne plus bas. Selon une étude ontarienne, jusqu’à 28 % des personnes trans disent avoir été renvoyées à cause de leur identité de genre, tandis que 18 % se sont vu refuser un emploi pour la même raison.

Des oppressions enracinées dans le capitalisme

La crise actuelle du capitalisme pousse les élites a attaquer les gains réalisés grâce aux luttes passées. Les politiciens et les politiciennes pro-capitalistes continueront de couper et de privatiser les services publics afin de permettre à des compagnies privées d’en profiter. La crise du logement, les coupures dans les services publics, le manque de refuges pour personnes itinérantes et toutes les mesures d’austérité touchent durement les travailleurs et les travailleuses, en particulier les personnes LGBTQIA+. Ces dernières sont davantage touchées par certains problèmes de santé physique, mentale et sexuelle (ex. VIH/sida, anxiété, suicide). Les trans sont aussi surreprésenté·e·s parmi les personnes itinérantes.

Vaincre l’austérité et les oppressions LGBTQIA+ implique donc de reconstruire des luttes pour l’ensemble de la classe ouvrière contre le capitalisme. Rallumons la flamme de Stonewall pour combattre les conservateurs et l’intolérance! Ce type de mouvement, construit à partir de la base et reposant sur la solidarité entre toutes les travailleurs et les travailleuses, est nécessaire pour obtenir des gains pour les personnes LGBTQIA+. Ce type de mouvement doit dépendre de notre force collective et non du « soutien » cynique de milliardaires et de leur clique.

Nous avons besoin d’actions comme des rassemblements de masse, des marches, des grèves et des actes de désobéissance civile.

Que faire pour gagner?

Pour construire un tel mouvement, il est capital d’organiser des actions explicitement politiques lors des célébrations de la Fierté. Les différents combats pour la libération des LGBTQIA+ peuvent servir de porte d’entrée dans les syndicats, dans les milieux de travail, sur les campus et à la maison. L’objectif est de les connecter à la nécessité de lutter pour des politiques socialistes, à la nécessité de libérer toute la classe ouvrière et les peuples opprimés.

Les enjeux LGBTQIA+ peuvent aussi permettre au mouvement de rejoindre les employé·e·s du secteur de la santé en lutte pour un réinvestissement massif ainsi que les organisations de défense en matière de reproduction. Inversement, les syndicats doivent activement joindre les organisations LGBTQIA+ et participer à la lutte pour l’égalité des droits. Les syndicalistes de la CSN l’ont bien montré en défilant pour un salaire minimum à 15$/h lors de la marche des Fiertés de 2017 à Montréal.

À l’occasion du 50e anniversaire des émeutes de Stonewall, poursuivons cette tradition d’organisation active et militante! Organisons des actions dans nos milieux de vie davantage qu’une fois par an. Luttons non seulement contre les attaques individuelles, mais pour un changement de société. Car, ensemble, nous avons le pouvoir de renverser le système capitaliste et de construire une société socialiste fondée sur la démocratie et les besoins humains, où chaque individu peut s’épanouir sans discrimination.


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