En défense d’un féminisme socialiste

«Et enfin, aux filles du monde entier, je suis avec vous. Les nuits où vous vous sentez seules, je suis avec vous. Quand les gens vous remettent en question ou vous ignorent, je suis avec vous. Je me suis battue tous les jours pour vous. Alors n’arrêtez jamais de vous battre. Je vous crois. Les phares ne courent pas partout sur une île à la recherche de bateaux à sauver; ils se tiennent là, brillants. Bien que je ne puisse pas sauver tous les bateaux, en parlant aujourd’hui, j’espère que vous avez absorbé une petite quantité de lumière, une petite quantité de reconnaissance que la justice a été rendue, une petite assurance que nous arrivons quelque part, et une grande, grande conscience que vous êtes importantes, incontestablement, que vous êtes intouchables, que vous êtes belles, que vous devez être appréciées, respectées, indéniablement, chaque minute de chaque jour, et que vous êtes puissantes et personne ne peut vous enlever cela. Aux filles du monde entier, je suis avec vous. Merci.»1

Ce texte est devenu viral sur internet. Il s’agit de la conclusion de la déclaration d’une Américaine de 23 ans victime d’un viol. Son texte a été lu en entier sur une chaîne nationale américaine. Son agresseur, Brock Turner, était un étudiant de l’université de Stanford qu’elle ne connaissait pas et qui l’a emmenée dans une zone isolée après une soirée étudiante où elle l’avait rencontré. Elle était enivrée et inconsciente lorsqu’il l’a agressée sexuellement. Deux jeunes hommes en bicyclette, des étudiants suédois, ont interrompu l’attaque et ont poursuivi et rattrapé Turner. La victime a expliqué avec émotion qu’elle dort dorénavant avec une photo de deux bicyclettes au-dessus de son lit pour lui rappeler de toujours rester optimiste.

Dans sa déclaration de 7 000 mots, elle a vivement dénoncé le système judiciaire et les médias qui ont minimisé le crime dont elle a été victime, un crime qui, explique-t-elle, a eu un impact catastrophique sur sa santé et sa vie en général. Brock Turner, un jeune étudiant blanc de Stanford nageur de compétition – comme les médias et ses avocats n’ont cessé de le répéter – a été condamné à six mois de prison à peine dans un pays qui condamne systématiquement les jeunes de couleur à une décennie de prison voir plus pour des charges liées à la possession de drogues sans violence.

Une nouvelle vague féministe ?

L’affaire du viol de Stanford jugée en juin 2016 a eu un écho colossal à travers le monde. Ce n’est pas étonnant : dans le monde, un tiers des femmes subit des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie2.

C’est aussi en raison de l’essor d’un nouveau mouvement féministe à travers le globe. La persistance de l’oppression des femmes et des personnes LGBTQI+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers, intersexués) radicalise une nouvelle génération de jeunes femmes qui s’identifient comme féministes et, dans certains cas, s’engagent dans l’action politique. Elles ont combattu pour les droits reproductifs, en Irlande, en Pologne, dans l’État espagnol et ailleurs. Elles ont défié la culture de culpabilisation des victimes de violence masculine et sexuelle (femmes et enfants), y compris sur les campus universitaires américains. Elles ont activement participé aux mobilisations qui ont éclaté en Amérique latine ainsi qu’aux protestations explosives en Inde en 2013 (Rage Against Rape).

Les commentateurs·trices estiment qu’il s’agit d’une nouvelle vague féministe. Cette vague accepte les LGBTQIA+ et rejette les normes rigides de genre socialement imposées dans la société capitaliste. Elle rejette toute essentialisation de la féminité, typique de certaines théories qui ont émané de la deuxième vague de féminisme, à la fin des années 1960 et au début des années 1970. De ce fait, elle inclut très activement et consciemment les transgenres. Les réseaux sociaux, centraux dans la vie de nombreux jeunes, permettent la diffusion de ces idées dans de nombreuses régions du monde. Bien qu’à ce stade, elles se soient surtout répandues en Europe et aux États-Unis, elles se sont propagées bien au-delà.

Dans de nombreuses régions du monde, l’attitude est plus ouverte à l’égard de la sexualité et du genre parmi une certaine couche de la jeunesse. En Grande-Bretagne, par exemple, 49% des 18-24 ans ne se décrivent pas comme hétérosexuel·le·s, selon un sondage de YouGov, un site d’étude de marché, réalisé à partir d’août 2015.3 Il est intéressant de noter qu’un autre sondage de YouGov indique aussi que seuls 2% des hommes âgés de 18 à 24 ans se décrivent comme complètement masculins. Cela illustre que, parmi les jeunes hommes, la masculinité n’est pas nécessairement considérée positivement; c’est peut-être une conséquence concrète de la nouvelle conscience anti-macho et pro-LGBTQIA+ chez les jeunes.4

Combattre le « machisme » et le « féminicide »

En Amérique latine, la nécessité urgente de contester le « machisme » et ce que les militant·e·s appellent le « féminicide » a provoqué de grandes manifestations au Brésil, au Mexique, en Argentine, en Colombie et en Bolivie au cours de ces 12 derniers mois (5).

En juin 2016, un nouveau cas a provoqué une explosion de mobilisations massives, furieuses et chargées émotionnellement : une jeune fille de 16 ans a été violée à Rio de Janeiro par un groupe de 33 hommes. Quand elle est allée rapporter l’incident, les policiers l’ont ridiculisée. À leurs yeux, cette jeune fille, qui vivait dans une favela, méritait de subir un crime aussi horrible. L’événement a été filmé et mis en ligne par certains de ses agresseurs, qui ont reçu de nombreux « partages » et « likes » sur les réseaux sociaux.

La réaction massive de la rue a coïncidé avec le coup d’État « non-violent » de droite contre le gouvernement du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff. La nouvelle administration qui remplace Dilma est 100% blanche et masculine – un symbole qui n’est pas passé inaperçu parmi les femmes et dans la classe ouvrière, majoritairement de couleur au Brésil. De cette façon, la gauche du PSOL et du PTSU (des organisations de gauche radicale) a une réelle possibilité de travailler en coalition avec la mobilisation des femmes contre le viol et la violence masculine, de défier le gouvernement illégitime et totalement réactionnaire de Temer, mais aussi de construire une contestation
par la gauche de toutes les institutions – y compris le PT – qui ont déçu la majorité des travailleurs·euses, des pauvres, et des femmes, mais qui continuent à subsister dans une société ignoblement inégalitaire et dans un État raciste et violent.

Les grandes lignes d’un nouveau mouvement féministe apparaissent quatre décennies après la « deuxième vague » du féminisme, au cours de laquelle les mouvements de femmes et de travailleurs·euses ont arraché d’énormes avancées pour celles-ci, y compris l’égalité juridique dans de nombreux pays. Il est utile de revenir en arrière et d’analyser les points positifs de cette période : notamment les exemplaires luttes et mouvements de masse par en bas qui ont obtenu, entre autres, les lois sur l’égalité salariale, sur la contraception et le droit à l’avortement dans de nombreux États. C’est à ce moment que nous avons également vu la première vague de centres contre les viols et de maisons de refuge pour femmes.

Les points développés ci-après se concentreront toutefois sur ce que nous devons faire différemment aujourd’hui pour tenter de construire un mouvement qui pourra en finir définitivement avec l’oppression et les inégalités.

Le néolibéralisme et le profit du sexisme

Hester Eisenstein a écrit que : « (…) le mouvement des femmes a créé une « révolution bourgeoise » victorieuse pour les femmes (…) Il a fallu aux mouvements des femmes le XIXe et le XXe siècle pour revendiquer leurs droits en tant que citoyennes à part entière. Cette révolution inachevée semblait maintenant complète: les femmes, en particulier les femmes de la classe moyenne, pouvaient échapper au sort de n’être ‘‘seulement’’ que femmes et mères de famille, en entrant dans le monde du marché concurrentiel et individualiste. »6 Elle a poursuit en soutenant que la « révolution féministe » des années 1960 et 1970 était assistée par la demande de main-d’œuvre féminine de l’économie capitaliste.7

Les années 1970 ont été marquées par une crise de profitabilité pour le capitalisme, ce qui a nécessité un tournant majeur et l’arrivée du capitalisme néolibéral personnifié par Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Ce néolibéralisme peut être résumé à l’élimination de tous les obstacles à la course au profit. Il se caractérise par le recul du mouvement syndical organisé, par des attaques contre les salaires et les conditions de travail, par la déréglementation, par les privatisations, par la « financiarisation » du capitalisme ainsi que par les délocalisations.

Eisenstein aborde également divers changements indicatifs qui ont eu lieu sur le marché du travail aux États-Unis. De 1940 à 1960, la forte augmentation de la main-d’œuvre féminine a été majoritairement canalisée dans des emplois manuels et de petits secrétariats. Par contre, plus de la moitié de l’augmentation de la main-d’œuvre féminine de 1960 à 1990 a été dirigée vers des postes de direction managériale ou de secrétariat.8

L’égalité juridique a permis la progression d’une élite féminine. Nous connaissons aujourd’hui des femmes dirigeantes de grosses entreprises (même si les « maîtres de l’univers » de l’élite capitaliste restent encore principalement des hommes). La candidature d’Hillary Clinton aux élections présidentielles de 2016 est une autre expression de cette progression. Les femmes de l’élite occupant des postes de pouvoir peuvent être utilisées comme symboles par la classe capitaliste pour tenter de justifier son système.

Cependant, l’afflux de travailleuses à l’échelle mondiale au cours des dernières décennies – une source de main-d’œuvre à temps partiel, souple, non syndicale et bon marché – a été utilisé par le capitalisme dans son élan néolibéral. Alors que le féminisme bourgeois s’est concentré sur la féminisation de l’élite, l’exploitation des travailleuses a augmenté. En Occident, les femmes travaillent majoritairement dans des emplois peu rémunérés dans le secteur des services. En Orient, les filles et les femmes de couleur travaillent dans certains des emplois les plus difficiles et les moins bien rémunérés au monde, dans des usines massives. Ce phénomène est caractérisé par l’exemple de l’industrie textile au Bangladesh et par l’incendie de Dhaka de 2012, où 117 personnes ont péri dans une usine qui produisait des vêtements destinés à l’Occident.

Le capitalisme est un système opportuniste qui saisit toute possibilité de réaliser un profit à mesure qu’il évolue. Une caractéristique déterminante du féminisme de la deuxième vague est qu’il s’est déclaré hardiment en faveur de la liberté sexuelle des femmes et de l’autonomie corporelle. Cela a également été instrumentalisé par le capitalisme, qui utilise le corps féminin et diverses parties de son corps dans des publicités qui relient le sexe au consumérisme, qui réduisent les femmes à l’état d’objet et qui promeuvent l’idée dangereuse selon laquelle les femmes peuvent être considérées comme des possessions.

Cela s’inscrit dans la prolifération massive de l’industrie du sexe, l’une des plus grandes industries de la planète, qui utilise malicieusement le langage de la libération sexuelle pour justifier une activité qui continue essentiellement à promouvoir une vision patriarcale du sexe et de la sexualité, où les femmes sont l’objet des désirs et des « besoins » sexuels des hommes à la place d’être des êtres sexuels disposant de leur propre liberté et de leurs propres désirs, qui peuvent être aussi forts, aussi divers et aussi importants que ceux des hommes.

Travail domestique non rémunéré

L’ère du néolibéralisme a été synonyme d’assaut gigantesque contre l’État-providence là où il existait. Le sous-financement et la privatisation des services publics se sont généralisés. Ce processus a encore gagné en ampleur dans de nombreux pays après la crise économique mondiale de 2008.

L’idéologie reposant sur une image de la famille où le mari est le chef de famille incontesté avec une épouse servile est rejetée par la grande majorité des gens ordinaires, de tous les genres, en Irlande de même que dans beaucoup d’autres pays. Même la classe capitaliste n’a pas tendance à ouvertement promouvoir cette approche des choses. Une grande partie de la classe dirigeante soutient maintenant le mariage égalitaire (entre personnes de même sexe), mais uniquement grâce à l’énorme pression de la base exercée par le mouvement LGBTQIA+.

La réalité signifie toutefois qu’en dépit de certains changements positifs survenus dans les comportements et dans la participation des hommes au travail à la maison grâce à l’arrivée massive des femmes dans la population active, l’érosion des services publics signifie que la majorité du travail non rémunéré (le travail ménager et le travail d’assistance aux enfants et aux proches malades et âgés) reste supporté par les femmes. La famille traditionnelle peut être affaiblie, mais le « travail reproductif » des femmes persiste car leur travail non rémunéré est crucial pour élever et nourrir, affectivement et physiquement, une nouvelle main-d’œuvre pour le capitalisme.

L’impasse du féminisme bourgeois

L’égalité juridique a beau exister depuis plusieurs décennies dans de nombreux États, les femmes qui y vivent ne bénéficient toujours pas d’une réelle égalité, tout particulièrement dès lors qu’il s’agit des femmes issues de la classe ouvrière et des pauvres. Le capitalisme profite du travail peu rémunéré et non rémunéré des femmes. Les industries telles que le marché cosmétique mondial qui était d’une valeur de 460 milliards de dollars en 201410 et l’industrie mondiale de la chirurgie esthétique qui sera d’une valeur de 27 milliards de dollars d’ici 201911 profitent de la faible estime de soi et de la mauvaise santé mentale des filles et des femmes. En fait, dans le monde, les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de troubles unipolaires12. Il est ainsi impératif de
placer l’anticapitalisme au cœur de tout mouvement féministe.

Une idée inhérente à l’anticapitalisme est d’être activement antiraciste et anti-impérialiste. À Cologne, en Allemagne, une vague d’agressions sexuelles horribles commises sur les femmes autour de la ville à la veille de la Saint-Sylvestre en 2015 a été dédaigneusement utilisée par les médias et l’establishment politique pour tenter de diffuser l’islamophobie et les sentiments anti-réfugiés. Les socialistes ont appelé à des manifestations contre le harcèlement sexuel et la violence sexuelle, mais aussi contre le racisme, l’islamophobie et les tentatives d’instrumentaliser les réfugié·e·s comme bouc-émissaires. Ces manifestant·e·s ont souligné à juste titre l’existence répandue et systématique de la violence domestique en Allemagne, un pays qui n’est pas en reste en matière de sexisme.

De même, Hillary Clinton, l’apothéose du féminisme pro-capitaliste, a voté en faveur de la guerre en Irak de 2003 qui a tué des centaines de milliers d’Irakien·ne·s13 et a été soutenue dans sa candidature à la présidence par l’Organisation Nationale des Femmes (NOW) aux États-Unis. NOW est la principale organisation américaine du féminisme bourgeois qui émane du mouvement des femmes initié à la fin des années 1960.

Ce qui frappe cependant, c’est en réalité le rejet conscient du féminisme bourgeois par les jeunes femmes les plus politisées aux États-Unis, en dépit des propos de Gloria Steinem, vénérable figure de proue du féminisme de la deuxième vague, qui a réprimandé les jeunes femmes pour leur manque de soutien à la candidature de Clinton en disant : « Quand vous êtes jeunes, vous pensez: Où sont les garçons? Et les garçons sont avec Bernie [Sanders] »14. En fait, cela a provoqué l’indignation et même quelques marches pro-Sanders de protestation ont été appelées sous le slogan : « Nous ne sommes pas ici pour les garçons ».

Elma Relihan, une militante de Socialist Alternative à New York a été interrogée lors d’une de ces manifestations par Democracy Now : « La marche d’aujourd’hui est « Not Here for Boys », qui répond aux commentaires de Gloria Steinem, des commentaires très insultants, qui affirmaient que les femmes étaient ici justes pour les garçons. En fait, la campagne de Bernie et le programme de Bernie répondent à beaucoup de besoins fondamentaux des travailleuses actuelles. Le système de santé Medicare, le salaire minimum de 15 $ de l’heure, l’enseignement gratuit, etc. sont des choses qui trouvent vraiment une résonance chez les jeunes, les jeunes femmes,…»15

Les jeunes femmes ont été une force motrice clé dans le mouvement de masse en soutien à la candidature de Bernie Sanders, qui appelait à une « révolution politique contre la classe des milliardaires ». Elles n’ont pas été séduites par la perspective d’avoir pour la première fois une femme à la présidence des États-Unis. Hillary Clinton représentait le contraire de leurs aspirations radicales.

Clinton, candidate favorable à la guerre, financée par Wall Street et représentante des intérêts des grandes entreprises, a elle-même provoqué le mouvement #BernieOrBust (Bernie ou rien). L’activisme de masse que nous avons vu pourrait être canalisé vers la construction d’une troisième force politique aux États-Unis, une force en faveur des travailleurs·euses, des femmes, des personnes de couleur et des jeunes qui serait indépendante du monde de Wall Street.

Lutter contre l’oppression et le capitalisme

Ce développement d’un nouveau mouvement féministe dans le monde se produit à un moment de profonde crise économique et politique pour le capitalisme. La conscience des jeunes femmes en Irlande, qui se sont politisées en réaction à l’interdiction de l’avortement et à l’interdiction du mariage égalitaire en Irlande du Nord, a également été façonnée de façon indélébile par la politique d’austérité connue au cours de cette dernière décennie, une politique qui a détruit les conditions de vie de la majorité de la population à seule fin de sauvegarder les intérêts des entreprises et des banques.

En fait, toutes les luttes pour un renforcement des droits des femmes sont accentuées par une perspective anticapitaliste et socialiste. Par exemple, notre lutte pour abroger le huitième amendement de la constitution (l’interdiction constitutionnelle de l’avortement) est inextricablement liée à la lutte pour séparer complètement l’Église et l’État afin que nous puissions être certains que les hôpitaux publics pourront effectuer des avortements et que personne ne dépende des coûteuses cliniques privées contre son gré.  Aucun des partis de l’establishment politique, ni le Sinn Féin d’ailleurs, ne sont prêts à véritablement assumer le rôle qui est encore celui de l’Église en matière de santé et d’éducation. Seule la lutte pour un véritable gouvernement de gauche pourra nous offrir cette victoire.

Un autre exemple est le fait que la crise du logement exacerbe les dangers de la violence masculine contre les femmes dans la société. Sans accès au logement, les femmes et les enfants pourront rester emprisonné·e·s dans des situations potentiellement mortelles. La violence verbale, physique et sexuelle est l’expression d’un pouvoir conçu pour briser l’estime de soi et l’autodétermination. Par conséquent, il est toujours difficile de partir d’une relation abusive. La crise du logement, en particulier pour les femmes pauvres et les femmes de la classe ouvrière, rend cela impossible. La résolution de la crise du logement est liée à la remise en cause de la propriété privée de la richesse et des ressources, à l’annulation des bénéfices et du profit qui a provoqué un tsunami de sans-abris et à l’utilisation de la richesse et des ressources existantes pour construire des logements publics afin de répondre aux besoins de tous.

Nous avons besoin d’un mouvement capable de défier l’idéologie, les attitudes et les comportements qui conduisent à la violence machiste contre les femmes. Comme nous pouvons le voir, un tel mouvement devrait également chercher à contester le système de profit actuellement en place.

Cela signifie de défendre la propriété publique démocratique des médias de masse, car le contrôle de ces derniers par l’élite est un instrument qui sert à promouvoir les idées sexistes et racistes dangereuses pour perpétuer le règne de l’élite capitaliste.

Il nous faut systématiquement être anticapitalistes et placer la perspective d’une alternative socialiste au centre de notre approche du changement à obtenir. L’égalité est impossible à arracher dans un monde où les êtres humains les plus riches possèdent plus de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale16 et où 60 millions de personnes sont des réfugié·e·s ou déplacé·e·s à l’intérieur des pays en raison de conflits issus de l’héritage impérialiste du capitalisme et des catastrophes environnementales liées au pillage de la planète par le système de profit.17

Mouvement de la solidarité ouvrière

La classe capitaliste détient un énorme pouvoir économique et politique à l’échelle mondiale. Pour construire un monde socialiste dans lequel la richesse et les ressources sont détenues, contrôlées et utilisées dans l’intérêt de la majorité, il doit y avoir une opposition socialiste au système, fondée sur la solidarité, par toute la classe ouvrière de tous les sexes; un mouvement qui peut aussi transcender les divisions raciales et religieuses.

Les femmes ont intérêt à contribuer à la construction d’un tel mouvement et à lier leurs revendications et leurs aspirations: en tant que femmes, surreprésentées dans les secteurs à faibles revenus; en tant que jeunes femmes qui veulent la liberté sexuelle ; ou comme les personnes LGBTQIA+ qui souhaitent mettre fin à la culture hétéronormative et aux rôles rigides des sexes; comme des femmes de couleur qui veulent défier le racisme d’État et l’Europe-Forteresse.

Alexandra Kollontaï, militante bolchévique, au Zhenotdel; le premier ministère de la condition féminine du monde crée spécialement par l’Union Soviétique.

Le refus du bipartisme traditionnel et de l’establishment politique par de grandes couches de la classe ouvrière et de grandes sections de la classe moyenne en Irlande et à travers l’Europe illustre le potentiel de construction sur une révolte ouvrière qui mettrait l’Europe et le monde socialistes à l’ordre du jour.

Simultanément, il illustre le potentiel pour la croissance d’un populisme de droite bigot et dangereux. L’ascendance de forces comme Donald Trump, ou d’extrême-droite et de partis racistes en Autriche, en France et en Grande-Bretagne – des forces rétrogrades et des vues traditionnelles sur le rôle des femmes de retour à la maison – représentent une menace sérieuse pour les gains et réformes importantes que les femmes ont gagnées.

C’est précisément pourquoi il est impératif que l’anticapitalisme et le socialisme occupent une place centrale dans toute lutte pour les droits et libertés des femmes !

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Notes
1. Katie Baker, 3 juin 2016, «Voici la puissante lettre que la victime de Stanford a lu à son agresseur», Buzzfeed, buzzfeed.com
2. OMS et autres, Estimations mondiales et régionales de la violence faite aux femmes, p.2
3. 16 juin 2016, «1 à 2 jeunes disent qu’ils ne sont pas 100% hétérosexuels», YouGov.co.uk
4. 13 mai 2016, « Seulement 2% des jeunes hommes se sentent complètement masculins », YouGov.co.uk
5. Uki Goni et Jonathan Watts, 3 juin 2016, «Le Brésil et l’Argentine s’unissent pour protester contre la culture de la violence sexuelle», The Guardian, theguardian.com
6. Hester Eisenstien, 2009, Le féminisme séduit: comment les élites mondiales utilisent le travail et les idées des femmes pour exploiter le monde, paradigme, p. 64
7. Ibid, p. 48
8. Ibid, p. 52
9. Lise Vogel, 2013, Le marxisme et l’oppression des femmes: Vers une théorie unitaire, Haymarket Books
10. www.businesswire.com
11. mars 2015, «Global Cosmetic Surgery and Service Market Report», Kelly Scientific Publications, bharatbook.com
12. OMS, «Genre et santé mentale des femmes», who.int
13. www.iraqbodycount.org
14. Alan Rappeport, 7 février 2016, «Gloria Steinem et Madeleine Albright réprimandent les jeunes femmes qui soutiennent Sanders», New York Times, nytimes.com
15. 29 février 2016, «Les partisans de Sanders se rassemblent à New York, disent qu’ils ne sont« pas ici pour les garçons »», democracynow.org
16. Larry Elliot, 18 janvier 2016, «62 personnes aussi riches que la moitié de la population mondiale, dit Oxfam», The Guardian, theguardian.com
17. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, «Les chiffres en bref, tendances mondiales 2015», unhcr.org


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