Walk-Out chez Google, le symptôme d’un plus grand mal

Le 1er novembre, des employé·e·s de Google, autour du globe, ont quitté leur travail pour protester contre l’indulgence de l’Employeur face aux agressions commises par des membres de la direction. En effet, Andy Rubin a reçu 90 millions $ US comme indemnité de départ en 2014 suite à des allégations d’inconduite sexuelle. Pourtant, Google avait jugé que les allégations étaient crédibles.

La haute direction de l’entreprise a fait parvenir un courriel aux employé·e·s pour les rassurer, mais de toute évidence, pour les travailleurs et travailleuses de Google, ce n’était pas suffisant. Comment croire à la sincérité de l’Employeur quand il offre des indemnités de départ faramineuses aux présumés agresseurs? Ils et elles ont plutôt choisi de quitter le travail pour montrer leur solidarité envers les victimes et pour contester la passivité de l’Employeur.

L’informatique est souvent un Boy’s club

Le milieu de l’informatique, même au Québec, est un milieu très masculin. Malgré différentes initiatives pour encourager les jeunes femmes à poursuivre des études en informatique, il y a peu de femmes qui choisissent le domaine. Parmi celles qui terminent leurs études, plusieurs décident, après quelques années, de tout simplement quitter le métier.

Pour faire leur place dans l’industrie, les femmes doivent, trop souvent, devenir « one of the boys ». Et même lorsqu’elles y parviennent, elles ont peu de chance d’obtenir des promotions ou des subventions pour soutenir leurs projets — dans la Silicon Valley, les entreprises dirigées par des femmes obtiennent seulement 2 % du capital de risque.

La situation canadienne n’est guère mieux : selon un sondage de 20171, seulement 5 % des CEO sont des femmes et 73 % des entreprises en hautes technologies ne comptent aucune femme dans leurs conseils d’administration.

Les semaines de travail interminables sont souvent valorisées dans les entreprises de haute technologie, en faisant des heures supplémentaires non payées au bureau ou en ramenant du travail à la maison. Certains patrons vont privilégier les employé·e·s qui travaillent sur des projets personnels les soirs et fins de semaine comme étant bon pour leur culture générale. Dans notre société, où de nombreuses femmes ont encore la double tâche du travail gratuit — soin des enfants, de la famille, de la maison — répondre à ces critères devient impossible.

La solidarité pour contrer le harcèlement

Le mouvement initié par Hollywood avec #meToo doit se concrétiser par des gains réels pour la classe des travailleuses et travailleurs. Les classes dirigeantes se croient protégées par leurs fortunes ou leur statut social. C’est seulement par un mouvement de masse, solidaire avec les victimes, que les mentalités changeront.

Les travailleurs et travailleuses de Google nous ont montré qu’en se solidarisant, il y a moyen de mettre de l’avant des revendications claires et de s’assurer que celles-ci soient entendues. Les dirigeant·e·s des entreprises vont tenter de faire taire le mouvement en accordant des miettes aux employé·e·s, mais il est essentiel que le momentum soit maintenu pour obtenir des gains réels. Pour y parvenir, il est essentiel que les employé·e·s de Google mettent sur pied une structure d’organisation permanente et indépendante de la direction.

Au Québec, nous vivons des conditions de travail et de vie similaires; heures de travail non payées, obligation d’être sur appel, peu d’avantages sociaux, peu de conciliation travail-vie personnelle… Il y a une pénurie de main-d’œuvre en ce moment, c’est l’occasion idéale pour toutes et tous d’aller chercher des conditions de travail plus humaines en s’organisant autour d’un syndicat.


[1] https://www.theglobeandmail.com/technology/we-absolutely-have-a-problem-canadas-tech-sector-gender-gap/article36789423/


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