Non à la légalisation pour les riches! Nationalisons l’industrie!

La volonté de la CAQ de durcir le cadre réglementaire fédéral en matière de consommation de cannabis est à l’image des intérêts que défend ce parti : ceux des propriétaires et des grandes compagnies privées. Si la « légalisation » québécoise restreint davantage la consommation de cannabis pour la majorité de la population, la privatisation de sa production et les conditions de travail précaires des nouveaux employé·e·s de la SQDC ne profiteront qu’à l’élite.

Le nouveau premier ministre François Legault maintient la ligne dure. Son gouvernement prévoit interdire la consommation de cannabis dans tous les lieux publics au Québec. La consommation sera confinée aux résidences privées. La peur du cannabis s’est emparée d’une trentaine de municipalités, dont Saguenay, Québec, Mascouche et Repentigny, qui ont déjà réglementé en ce sens. Cinq des 19 arrondissements de Montréal, tous dominés par l’ancien parti de Denis Coderre, comptent aussi interdire la consommation de cannabis dans tous leurs lieux publics.

Des règles qui favorisent les propriétaires…

Le projet de la CAQ et les dispositions municipales permettent notamment aux propriétaires d’autoriser ou non la consommation dans leur immeuble. Couplée à l’interdiction de consommation dans les endroits publics, une telle réglementation aurait pour effet de légaliser la consommation pour les propriétaires, mais de la rendre illégale pour les locataires. Dans des villes comme Montréal, où près de 60 % de la population est locataire, cette légalisation à deux vitesses n’autorisera la consommation que pour les plus nanti·e·s.

Des villes comme Montréal, Gatineau, Trois-Rivières, Shawinigan et Rimouski comptent toutefois appliquer au cannabis les mêmes règles que pour le tabac. Ces villes permettraient la consommation du cannabis sur la place publique, à l’exception des terrains scolaires, hospitaliers, sportifs et de jeux ainsi que des terrasses, des pistes cyclables et des aires d’attente de transport collectif. Un bras de fer est à prévoir entre ces municipalités et le gouvernement du Québec.

… et qui nuisent aux jeunes

Les études scientifiques le démontrent, l’usage du tabac ou de l’alcool pose plus de risques pour la santé que celui du cannabis. Alors, pourquoi le réglementer davantage? C’est ici que les prohibitionnistes tombent dans les exagérations et les arguments moraux visant à « protéger » la jeunesse. Or, en contraste avec la relative tolérance d’avant, le durcissement du cadre légal aura pour effet de réprimer davantage la consommation de cannabis qu’avant, en particulier chez les jeunes.

Le resserrement des règles couplé au plan caquiste de hausser l’âge de la consommation de cannabis à 21 ans risque de forcer une consommation cachée et nuisible pour la santé. Les 18-21 ans, qui consomment davantage de cannabis, risquent ainsi de continuer de s’approvisionner sur le marché noir.
La mobilisation des consommateurs et des consommatrices de cannabis sera essentielle pour combattre la volonté caquiste de les diviser sur la base de leur âge ou de leur mode d’habitation. Tout le monde a droit à une offre de produit sécuritaire, c’est-à-dire accessible, encadrée et réglementée, dont on connaît la teneur en THC, la traçabilité et les points d’achat sécuritaires.

Dédoubler pour mieux exploiter

La politique de division de la CAQ est en droite ligne avec celle appliquée jusqu’ici par le PLQ dans sa gestion de la légalisation du cannabis. Plutôt que d’intégrer totalement les activités liées au cannabis à la Société des alcools du Québec (SAQ), les libéraux de Philippe Couillard ont créé une filiale, la Société québécoise du Cannabis (SQDC), qui utilise les infrastructures de la SAQ à l’exception des succursales. Résultat : la SQDC commercialise le cannabis dans ses propres succursales où travaillent ses propres employé·e·s non syndiqué·e·s.

Cette avenue dédouble les dépenses relatives aux locaux plutôt qu’utiliser le potentiel des succursales SAQ existantes comme point de vente, de chute ou d’entreposage. Comme l’estime une militante syndicale du SEMB-SAQ-CSN, cette situation a pour effet de créer des postes administratifs à la SQDC au moment même où la SAQ tente de couper des postes dans ses bureaux. De plus, les conditions de travail sont moindres à la SQDC. Par exemple, le salaire à l’embauche est de 14 $/h tandis qu’il est de 19,33 $/h (+ 18,4 % en avantages sociaux) à la SAQ.

Rappelons que les syndiqué·e·s de la SAQ sont en négociation depuis plus d’un an et demi face à un employeur qui veut précariser leur horaire de travail et réduire le nombre de postes. Une solidarité entre les salarié·e·s de la SQDC et de la SAQ est essentielle pour éviter l’effritement de leurs conditions de travail. Alternative socialiste appuie les campagnes de syndicalisation en branle pour couvrir les employé·e·s de la SQDC.

Une production pour les capitalistes

Le gouvernement canadien, dirigé par les libéraux de Justin Trudeau, a créé l’industrie de la production du cannabis en 2017. Il a alors délivré des permis de culture en quantité limitée à plusieurs ex-politicien·ne·s et ami·e·s du parti. Ces nouveaux entrepreneurs ont aussitôt formé l’Association canadienne des producteurs de cannabis et embauché des lobbyistes dans le but d’obtenir des subventions gouvernementales, des tarifs d’électricité privilégiés et la permission d’embaucher des travailleurs·euses étrangers·ères à des salaires de misère.

Avant même la légalisation, un oligopole s’est formé à la suite d’une série de fusion-acquisitions d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Les titres des principaux producteurs canadiens de cannabis, tels Canopy Growth ou Tilray, ont des capitalisations qui frôlent ou dépassent les 10 milliards de dollars en Bourse. Les différents paliers de gouvernement ne retireront pratiquement rien de cette manne financière, sinon les taxes et les amendes qui proviendront des poches des gens. Ils seront toutefois responsables de gérer les nouveaux problèmes de pollution ou de santé publique de cette nouvelle industrie.

Pour la nationalisation de l’industrie du cannabis

L’industrie du cannabis aura un impact énorme sur la santé, sur l’agriculture ainsi que sur le développement technologique et économique du Québec. Seule sa nationalisation complète, de la production à la commercialisation, sous contrôle des travailleurs et des travailleuses nous permettra de déterminer le développement et les retombées de l’industrie du cannabis. Seule une telle nationalisation, couplée avec celle de tous les secteurs importants de l’économie, nous permettra de véritablement répondre aux besoins des gens et ainsi construire une société socialiste. Ne laissons pas le privé et les politicien·ne·s à leur solde nous déposséder de nos ressources, de nos emplois, de notre santé et de nos loisirs!

Alternative socialiste appelle toutes les personnes employées à la SAQ, à la SQDC ainsi que celles qui consomment du cannabis à s’organiser pour demander :

– Le droit de consommer du cannabis de manière sécuritaire;
– La gratuité du cannabis médical;
– La syndicalisation et l’union des employé·e·s de toutes les filiales de la SAQ incluant la SQDC;
– La nationalisation complète de l’industrie du cannabis sous contrôle des travailleurs et des travailleuses!

 

Julien D.


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