Corruption au PLQ : une stratégie de la droite pour se maintenir au pouvoir

Voilà que ça recommence. On apprenait par le biais des médias que le grand argentier du PLQ, Marc Bibeau, brassait de grosses affaires avec les grandes entreprises privées du Québec! Il n’y passe pas un mois sans qu’un député fraye les manchettes pour corruption. En effet, il serait plausible qu’après toutes ces années au pouvoir, la corruption soit réellement une stratégie pour y rester. Comme le démontre l’histoire, la droite n’hésite pas à y recourir afin de se maintenir au gouvernement. Pour les travailleuses et les travailleurs, s’investir dans une organisation politique populaire et servir ses intérêts s’avèrent plus que nécessaire.

Marc Bibeau et le copinage avec la bourgeoisie

Le grand argentier du parti avait organisé sept soirées mondaines depuis les années 2000. Peu de travailleuses et travailleurs peuvent se vanter d’avoir été invité·e·s sept fois à une fête dans une somptueuse demeure où l’on sert du champagne, du steak, des truffes et des fruits en cascade par des serveurs en toxedo et des serveuses en kimono… Une petite soirée d’environ 15000 piastres que le PLQ se serait payé pour attirer les barons de l’entreprise privée1.

De quelles entreprises viendraient ces bons bourgeois? Les firmes de génie sont à l’honneur avec Luc Benoît de Tecsult, Kazimir Olechnowicz de Cima+, Bernard Poulin du groupe SM, Pierre Shoiry de Genivar et Rosaire Sauriol de la firme Dessau2. À noter que cette dernière a été impliquée dans le scandale des compteurs d’eau en 2007 avec l’administration Tremblay, où la firme de génie civil reçut la somme de 356 millions. Au moins 12 ministres ont assisté à ces soirées mondaines. On pense entre autre à Jacques Dupuis, Nathalie Normandeau et Philippe Couillard lui-même. La corruption s’attaque à tous les paliers de gouvernement et les entreprises privées fricotent avec tou·te·s les politicien·ne·s prêt·e·s à subvenir à leurs intérêts en échange de financement illicite.

Mais Marc Bibeau ne fait pas qu’organiser des partys. Il « encourage » fortement les député·e·s à récolter la cagnotte afin de financer leur campagne au risque de renoncer à leur carrière politique : « M. Benoit3 a expliqué à la police et à la commission Charbonneau s’être fait dire par Marc Bibeau qu’il devait récolter plus d’argent pour la prochaine élection s’il voulait se faire nommer quelque part4 ». Un signe qui présume que la corruption est tentaculaire et qu’elle est encouragée par l’establishment du parti. D’ailleurs, selon le Journal de Montréal, l’homme d’affaire aurait appelé Jean Charest 570 fois de 2006 à 2012. Clairement, Marc Bibeau pouvait exercer son influence sur le parti.

Une petite histoire de la corruption au Québec

L’historien Gilles Laporte résume bien, dans un article paru dans le Huffington Post en 2014, la corruption qui règne au Québec et au Canada depuis la création de la confédération canadienne en 1867. Il est explique que, grosso modo, pour se maintenir au pouvoir, le parti en place pratique la corruption : « Depuis toujours le stratagème est le même : offrir à des entreprises privées de lucratifs contrats publics en échange de contributions au parti au pouvoir.5»

Aucun palier de gouvernement n’est à l’abri de cette pratique. Autant au municipal qu’au fédéral, la corruption est généralisée. Dès la création de la confédération, le parti conservateur du Canada a octroyé un généreux contrat dans la construction d’un chemin de fer intercontinental en l’échange d’un financement massif à la caisse du parti de la part de la compagnie. On serait porté à croire qu’il serait possible de résorber le problème en mettant en place des lois anti-corruption comme en 1977 à l’Assemblée nationale du Québec. Clairement, cela n’a pas empêché, par la suite, les principaux partis politiques à contourner la loi afin d’aller chercher du financement auprès de la classe affairiste. Même le parti québécois a dû rembourser plus de 130 000$ en avril 2017 pour financement illégal au Directeur général des élections du Québec (DGEQ)6.

Pour conclure, il ne fait aucun doute que la corruption permet aux partis de droite de se maintenir au pouvoir. Les travailleuses et les travailleurs ne pourront prendre le pouvoir que le jour où leur propre parti sera au gouvernement. Il est primordial de dénoncer la corruption, car elle est intrinsèque au capitalisme. Pour déloger la droite, la classe laborieuse doit s’investir dans un parti populaire tel que Québec solidaire.

Rémi Arsenault

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RÉFÉRENCES :

http://www.journaldequebec.com/2017/11/15/soirees-organisees-par-marc-bibeau-le-plq-est-un-parti-sous-influences-croit-le-pq

http://www.journaldequebec.com/2017/11/15/de-nombreux-appels-entre-jean-charest-et-marc-bibeau#cxrecs_s

http://quebec.huffingtonpost.ca/gilles-laporte/petite-histoire-de-la-corruption-au-quebec_b_5043590.html

http://www.journaldequebec.com/2017/10/27/a-quoi-sinteresse-lupac

NOTES :

Voir l’édito du numéro 8 (été 2017).

Ancien député d’Orford.


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