Le syndicat d’Indigo Parc et la lutte pour le 15$/h à Québec

Journée de grève du Syndicat des travailleuses et travailleurs d'Indigo Parc Canada (CSN) dans le Port de Québec

La mobilisation de travailleurs et de travailleuses autour de la revendication du salaire minimum à 15$/h est un processus bien différent si la personne est syndiquée ou non. L’expérience de la négociation collective de 2016 du Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Indigo Parc-CSN (STTI-CSN) en témoigne. Le 15$/h apparaît, au-delà des campagnes politiques larges qui émergent actuellement, comme un facteur potentiellement puissant de mobilisation dans les syndicats locaux qui adoptent la revendication. Cependant, dans le cadre d’une négociation locale, d’autres facteurs limitent l’extension de la lutte locale vers une campagne politique élargie.

Perspectives pour le syndicalisme de mouvement social

Les militants et militantes socialistes considèrent les organisations syndicales non pas comme de simples organisations de défense économique de la classe ouvrière, mais surtout comme un terreau capable d’être la source d’expériences nécessaires pour élever la conscience de classe et ainsi préparer les luttes politiques futures. Pour répondre à ces deux objectifs dans le contexte actuel de stagnation du pouvoir syndical, la question des moyens d’action et des méthodes d’organisation est fondamentale dans le processus de revitalisation syndicale. Paradoxalement, le mouvement syndical est fort de ses faiblesses et faible de ses forces.

Fort de ses faiblesses car, malgré leur succès, les campagnes américaines pour le 15$/h sont un aveu de faiblesse des organisations syndicales. Incapables de percer le mur législatif anti-syndical, affaiblies par l’éternelle hémorragie du secteur manufacturier, matraquées quotidiennement par l’idéologie patronale du chacun pour soi, les organisations syndicales sont incapables d’organiser le secteur des services privé, objectif central pour préserver le mouvement syndical américain de l’extinction. C’est devant cet échec que les syndicats américains ont dû adopter des tactiques novatrices et audacieuses, comme la création d’alliances avec les groupes populaires dans l’organisation de campagnes larges prenant souvent la forme de réels mouvements sociaux.

Ce type de mobilisation, en plus de gagner de nouveaux secteurs de la classe ouvrière à la lutte, permet aux organisations syndicales de dépasser leur logique corporatiste et affairiste traditionnelle. Ces nouvelles formes d’organisation, dont le 15$/h est la manifestation la plus éclatante actuellement, se regroupent sous le concept de «syndicalisme de mouvement social». Au train où vont les choses, le syndicalisme de mouvement social pourrait, comme la progression du syndicalisme industriel dans les années 30, transformer qualitativement le mouvement syndical et déboucher sur une nouvelle période offensive pour la classe ouvrière américaine.

Au Québec, inversement, le mouvement peut sembler faible de ses forces. Bien que le taux de syndicalisation stagne, la présence d’un secteur public syndiqué mur-à-mur préserve, au moins en partie, la capacité d’action des syndicats. Les lois du travail facilitent l’accès à la syndicalisation et à la négociation. Cependant, et la négociation d’Indigo-CSN en témoigne, dans ce contexte législatif relativement avantageux, les impératifs de la négociation locale n’autorisent aucun détour à la mobilisation. C’est-à-dire qu’elle doit emprunter le chemin le plus court vers l’atteinte des objectifs de négociation, sans quoi les travailleurs et travailleuses risquent de remettre en question les initiatives novatrices. En effet, pourquoi gaspiller de l’énergie dans une campagne large pour le 15$/h alors que nous disposons d’un rapport de force local? Ainsi, les énergies déployées par les membres d’un syndicat local peinent à sortir de l’horizon étroit de l’accréditation. Bref, la relative stabilité du syndicalisme québécois semble peu propice à l’émergence de nouvelles formes d’organisation et d’action comme le syndicalisme de mouvement social.

Le monopole de la représentation et la législation facilitatrice pour la syndicalisation sont des atouts majeurs pour le mouvement syndical québécois. Ce cadre législatif améliore le rapport de force de la classe ouvrière dans sa lutte économique, ce qui crée des conditions favorables pour élever la conscience de classe économique des travailleuses et des travailleurs syndiqués. Par contre, d’une certaine façon, la négociation par établissement est un obstacle à l’élévation de la conscience de classe politique dans la mesure où l’horizon de la solidarité des travailleuses et des travailleurs comme classe peine à dépasser les quatre murs de l’établissement. Le syndicalisme de mouvement social a le potentiel de faire éclater ce cadre et ainsi contribuer à la revitalisation syndicale. C’est ce qui est au cœur de l’enjeu des campagnes pour le 15$/h. La négociation des travailleuses et des travailleurs d’Indigo témoigne des limites, mais aussi des possibilités qu’ouvrent la revendication du 15$/h dans un syndicat local.

Négociations avec Indigo

La dernière négociation des travailleuses et des travailleurs d’Indigo témoigne du potentiel du 15$/h comme facteur de mobilisation puissant. Sur le fond, la négociation en est une traditionnelle. C’est au niveau de l’adhésion des membres à leurs revendications que le 15$/h joue un rôle important. En présentant rapidement le déroulement de la négociation et de la mobilisation, nous exposerons le rôle que le 15$/h peut jouer dans un syndicat local et les perspectives d’élargissement de la lutte au-delà de l’accréditation locale, vers un syndicalisme de mouvement social.

Contexte

Indigo est une entreprise multinationale spécialisée dans la gestion d’espaces de stationnement. À Québec, l’entreprise emploie environ 140 salarié·es, excluant les cadres. De ce nombre, le Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Indigo Parc (CSN) en représente 90. Ces membres sont réparti·es sur environ 20 sites de travail à travers la ville. Un peu moins de la moitié des membres sont des étudiantes et des étudiants, dont beaucoup sont arrivés au Québec récemment. Aussi, beaucoup de personnes retraitées occupent un emploi chez Indigo pour obtenir un revenu additionnel, parfois pour le plaisir, souvent par nécessité. Sur les 90 travailleuses et travailleurs, environ 25 occupent un poste à temps plein. Finalement, la plupart des membres ont peu ou pas d’expérience de mobilisation syndicale, à l’exception de certaines personnes retraitées.

Indigo est une entreprise sous-traitante. À Québec, elle ne possède pas les terrains de stationnement qu’elle opère. Indigo offre aux propriétaires de terrains de stationnement de fournir la main d’œuvre nécessaire aux opérations et de gérer la comptabilité des stationnements. Le rapport de force des travailleuses et travailleurs d’Indigo s’en trouve grandement affaibli, car ils ne négocient pas directement avec le donneur d’ouvrage. Aussi, bien que chaque contrat soit différent, Indigo ne reçoit généralement qu’une faible partie des revenus générés par les stationnements. La plus grande partie de la richesse générée par l’activité de travail est donc hors d’atteinte des travailleuses et travailleurs dans le cadre d’une négociation traditionnelle. Finalement, de par la relation contractuelle entre Indigo et les propriétaires de terrains de stationnement, la sécurité d’emploi des membres est fragilisée. En cas de grève ou de la présence d’un plus bas soumissionnaire, Indigo peut perdre des contrats et les travailleuses et travailleurs verraient leur poste aboli.

Déterminer les objectifs

La convention collective venant à échéance le 30 avril 2016, l’exécutif syndical a commencé à bâtir son projet de convention (cahier de revendications) en novembre 2015. Des « soupers syndicaux » ont été organisés en regroupant les travailleuses et travailleurs tour à tour par petits groupes.

L’objectif était de savoir quels enjeux les animent et sur quels enjeux bâtir la mobilisation. En guise de conclusion, un membre de l’exécutif a résumé les aspects principaux de la discussion et faisait un lien entre les préoccupations monétaires des travailleuses et travailleurs et les campagnes américaines pour le 15$/h. En soulignant les victoires remportées au sud de la frontière et les luttes en cours au Canada, on enracinait la conception selon laquelle l’action collective vers un objectif légitime paie. L’idée n’était pas d’imposer une revendication aux membres, mais de trouver le meilleur véhicule pour permettre l’atteinte de l’objectif que les membres ont eux et elles-mêmes déterminé, soit une importante augmentation salariale pour sortir de la pauvreté. Le 15$/h est en quelque sorte le slogan de cet objectif général.

Déroulement des négociations

Sans entrer dans les détails de la négociation, mentionnons que l’exécutif a fait adopter à l’unanimité en assemblée générale l’adhésion à la campagne 15plus.org au printemps 2016. L’objectif n’était pas de déplacer la lutte à l’extérieur du syndicat local. La négociation, la diffusion d’informations et la mobilisation des membres demandaient déjà toutes les énergies. L’objectif était plutôt d’accroître la confiance des membres en la pertinence de la revendication et en leurs chances de succès. La campagne 15plus.org témoigne du fait que le 15$/h est un enjeu de niveau national et que la bataille se déroule sur plusieurs plans, tant au niveau des syndicats locaux (Indigo et Vieux-Port de Montréal) qu’au niveau politique (15plus.org, Minimum 15$, Québec solidaire et plus tard 5-10-15). Suite à l’adhésion à la campagne 15plus.org, des camarades de Montréal ont fait une tournée des stationnements pour distribuer de l’info sur le 15$/h. Ils ont fait signer la pétition qui sera plus tard endossée par Québec solidaire et plus simplement, ont témoigné de leur solidarité envers les membres du syndicat.

Début août, les travailleuses et travailleurs d’Indigo ont adopté un mandat de grève à 90%. Les mauvais résultats à la table de négociations ont par la suite rapidement obligé le syndicat à tenir une demi-journée de grève. C’était le premier conflit de travail pour la majorité des membres. Malgré les craintes et les hésitations, la très grande majorité des membres a adhéré au mouvement.

L’employeur a fait parvenir une demande de conciliation la journée même de la grève.

Au moment de déclencher la grève, les demandes syndicales étaient les suivantes : 15$/h indexé en 2021 ainsi qu’une pleine rétroaction pour l’augmentation du 1er mai 2016 (il y avait 5 mois d’arrérages). Cela représentait environ 20% d’augmentation sur 5 ans, soit environ 4% par année et un chèque de 500$ pour la rétroaction pour un ou une travailleuse à temps plein. En conciliation, après quelques échanges, l’employeur a proposé comme offre finale une augmentation de 5.5% la première année et une pleine rétroaction, suivie de 4 années à 2.2%. Le syndicat a refusé de présenter cette offre en assemblée générale. Le mandat de la précédente assemblée était clair : ne pas reculer d’un sous.

L’employeur a donc tenté d’utiliser l’article 58.2 du Code du travail pour demander au Ministère du Travail de forcer le syndicat à aller en assemblée générale et soumettre son offre finale au vote. Il croyait pouvoir gagner le vote, malgré l’avis de l’exécutif syndical, en donnant un chèque de rétroaction et un pourcentage élevé d’augmentation la première année. Il voulait ainsi lier les mains du syndicat pour les cinq prochaines années.

Cependant, le Ministère du Travail en a décidé autrement. Le ministère a probablement jugé que la demande patronale était une manœuvre et que forcer le syndicat à tenir une assemblée générale risquait d’envenimer le conflit plutôt que de le résoudre. Suite à cette manœuvre ratée, l’employeur a été obligé de conclure une entente de principe rapidement pour éviter le déclenchement d’un vrai conflit : 6% la première année, 2.8% la seconde, une convention de 2 ans qui tombe à échéance en 2018. Nous dépassons notre objectif de 4% par année, mais aucun engagement pour atteindre le 15$ indexé en 2021 n’est accepté par l’employeur. Nous avons donc eu des augmentations intéressantes, mais la lutte doit continuer en 2018.

Le 15$/h comme revendication locale

L’environnement idéologique dans lequel les travailleuses et les travailleurs baignent tend à limiter leurs perspectives d’action et de revendication à ce qui est acceptable selon l’idéologie dominante.

L’idéologie dominante étant celle de la classe dominante, les employeurs ont donc la possibilité de déterminer avec une certaine facilité le « cadre » des revendications syndicales et sur quels types d’arguments se baseront les discussions durant la négociation. Donc, même si en dernière analyse, c’est le rapport de force entre les deux classes qui détermine les possibilités de victoire ou de défaite, l’employeur peut en quelque sorte déterminer ce que les travailleuses et les travailleurs considèrent comme une victoire ou une défaite. Pour ce faire, il se base sur la traditionnelle logique comptable de la masse salariale pesant sur le taux de profit et la compétitivité de l’entreprise. Les organisations syndicales, même celles ayant une bonne connaissance du secteur d’activité économique dans lequel elles évoluent sont, jusqu’à un certain point, prisonnières de la rationalité économique de l’employeur, c’est-à-dire aux règles du jeu fixées par les capitalistes eux-mêmes.

La revendication du 15$/h permet aux syndicats locaux de briser le carcan idéologique imposé par le patronat. Le 15$/h n’est pas une revendication arbitraire déterminée par un syndicat local particulier. C’est le salaire, études à l’appui, qui permet à une ou un travailleur de vivre dignement.

Les travailleuses et les travailleurs développent ainsi leur propre rationalité économique qui, si elle est correctement assimilée, leur permet de résister à la rhétorique paternaliste et alarmiste du patronat.

L’aspect moral de la revendication permet aussi aux travailleuses et aux travailleurs d’adhérer et de défendre plus fermement la revendication du 15$/h qu’une revendication salariale arbitraire ou basée sur le comparatif avec un compétiteur.

Malgré des difficultés de toutes sortes, la revendication du 15$/h a permis aux travailleuses et aux travailleurs d’Indigo de se mobiliser plus efficacement qu’avec une revendication traditionnelle. Ils ont rejeté l’offre patronale à forte majorité et n’ont pas cédé aux menaces de pertes de contrats. Si on compare la négociation d’Indigo de 2016 à celle de 2012, on voit une nette amélioration du niveau d’adhésion des membres aux revendications et aux actions de mobilisation.

De la revendication locale à la revendication politique

La campagne québécoise pour le 15$/h est en quelque sorte le reflet inversé des campagnes américaines dans la mesure où le sens du processus de mobilisation s’inverse en franchissant la frontière. Les campagnes américaines sont souvent construites sur des enjeux locaux (le secteur des fast-foods à New-York, les employé·es municipaux menacés par la sous-traitance à Baltimore ou les travailleuses et travailleurs de l’aéroport de Los Angeles). Les organisations syndicales américaines bâtissent la campagne en s’enracinant dans un secteur bien précis de la classe ouvrière.

C’est à partir de cette base qu’on tente par la suite de généraliser la lutte à la municipalité et maintenant au niveau de l’État en entier. Par le flanc, dans ce mouvement social en extension, les syndicats ont la chance d’établir de nouveaux liens avec d’autres acteurs sociaux et d’entrer en contact avec des couches de travailleuses et de travailleurs non syndiqués. En construisant ces nouveaux rapports avec la société, les organisations syndicales américaines trouveront peut-être le chemin pour organiser de nouveaux secteurs et ainsi juguler l’hémorragie du taux de présence syndicale aux États-Unis.

Au Québec, la campagne remporte un grand succès médiatique et les organisations syndicales la portent fièrement. Mais elle n’est pas encore enracinée chez les travailleuses et les travailleurs qu’elle propose d’aider, ce qui est pour le moins paradoxal. Les seules formes d’enracinement sont celles qui se sont manifestées à l’initiative de syndicats locaux, comme cela a été le cas chez Indigo et au Vieux-Port de Montréal.

La question qui se pose est la suivante : comment nourrir la campagne politique en utilisant l’expérience locale comme effet de levier? Comment généraliser la lutte en se basant sur l’enracinement local, comme nos camarades des États-Unis le font si bien, lorsque notre enracinement local repose sur des syndicats locaux encadrés par le processus de négociation collective par établissement? Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Malgré l’adhésion des membres du syndicat d’Indigo aux mobilisations durant la négociation, l’intérêt pour la campagne chute au point mort immédiatement après le règlement.

L’expérience du syndicat du Vieux-Port de Montréal semble plus positive. Durant sa longue grève, le syndicat a mobilisé l’ensemble de ses membres pour la campagne politique du 15$. Les membres ont récolté plus de 9 000 signatures pour la pétition de 15plus.org. Il faut cependant noter que c’est le long conflit de travail qui a permis cet investissement militant important. La possibilité d’effectuer la transition entre la revendication locale et le mouvement social – c’est-à-dire entre la lutte de classe économique locale et la lutte de classe politique – est plus difficile à concevoir sans conflit de travail de longue durée. Le saut du local au mouvement social ne semble donc pas aller de soi au Québec.

Comment enraciner le mouvement

Nos conventions collectives comportent souvent une clause remorque liée au pourcentage d’augmentation du salaire minimum. En 2017, le gouvernement libéral augmentera le salaire minimum de 0.50$. Dans le cas d’Indigo, nous aurons droit à une augmentation pour tous les échelons de 4.6% au lieu de 2.8%. Cet espace de mobilisation pourrait faire en sorte que certains travailleurs ou travailleuses d’Indigo acceptent de participer aux actions pour la campagne du 15$/h, même après le règlement de leur convention collective de manière à bonifier celle-ci. Ce serait une première avenue pour passer du local au politique.

Plus fondamentalement, l’expérience américaine montre que les secteurs non syndiqués peuvent être mobilisés par une revendication porteuse comme le 15$/h. Si les organisations syndicales québécoises acceptent d’utiliser activement la campagne pour le 15$/h dans le but assumé de réseauter les travailleuses et les travailleurs non organisés, ceci pourrait déboucher, dans certains milieux, à un réel enracinement de la campagne. Dans ces milieux, la campagne atteindrait son objectif de fond, qui dépasse l’objectif simplement économique. Cet objectif est celui de mobiliser de nouveaux secteurs de la classe ouvrière dans le but de créer l’expérience militante nécessaire pour les organiser syndicalement et ainsi participer à la revitalisation du mouvement syndical sur le long terme en passant bien sûr par la victoire du 15$/h à l’échelle de la province.

Les organisations syndicales américaines, malgré une tradition affairiste tenace, dans un cadre législatif incomparablement moins favorable que le nôtre, dans un environnement idéologique hostile à l’idée même de l’action collective, dans le château fort du capitalisme mondial, ont réussi à mobiliser la classe ouvrière comme elle ne s’était pas mobilisée depuis les années 30. Pour les syndicats américains comme pour les nôtres, la question de la revitalisation syndicale en est une de survie. Si nos organisations acceptent de saisir l’opportunité du 15$/h et de mener la campagne dans tout ce qu’elle implique, il n’y a aucune raison d’échouer là où nos voisins du sud sont en train de vaincre.


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