Pour le 15$/h : Soyons unis !

OÙ S’EN VA LE MOUVEMENT POUR LE 15$/H ?

Lorsqu’Alternative socialiste a lancé sa campagne 15plus.org en septembre 2015. Nous avions trois objectifs :

– Promouvoir la nécessité d’une campagne nationale pour l’augmentation du salaire minimum à 15$/h maintenant;
– Participer ou aider les groupes en lutte sur cette question;
– Amener le débat dans l’arène politique

Même dans nos perspectives les plus optimistes, nous ne pensions pas qu’un an plus tard, tout le monde aurait pris position. Certains font déjà campagne, tant mieux !

15 MAINTENANT: UNE INITIATIVE À SOUTENIR

Seul le mouvement ouvrier organisé possède les ressources nécessaires pour mener cette lutte. Cette campagne est une occasion en or pour redynamiser le mouvement ouvrier et il faut la saisir. Malgré tout, nous voyons déjà quelques hésitations de la part de certains dirigeants à réellement mener campagne sur cette question.

Lors des rencontres réunissant l’ensemble des acteurs ayant une position sur le 15$, deux tendances s’y expriment.

La première position, représentée par l’aile droite des appareils syndicaux, accorde beaucoup d’importance aux modalités techniques entourant l’augmentation du salaire minimum.

Certains préconisent même déjà l’étalement de celle-ci pour 2022. Alors que, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) calcule que, pour sortir de la pauvreté, c’est maintenant que nous devons avoir 15$/h.

Cette position est un discours de boss à l’intérieur du mouvement syndical et il faut le dénoncer comme tel. L’idée de vouloir étaler l’augmentation du salaire minimum démontre bien le manque d’enthousiasme d’une partie des directions syndicales pour mener des batailles. Ils avancent eux même les modalités d’une capitulation avant le début de la lutte.

Nous n’allons pas convaincre le 1% par des arguments, mais par un rapport de force puissant. C’est là qu’il faut mettre toutes nos énergies. C’est la position de la deuxième tendance.

Celle-ci se base sur le désir de construire une campagne de terrain pour le 15$/h maintenant. Cette position est fermement défendue par le CTI, QS,IWW, le FDNS et Alternative socialiste. Durant l’été, des rencontres ont eu lieu pour réunir ces organisations sous la bannière de 15maintenant. C’est un développement extrêmement positif qui doit être soutenu de toutes nos forces. Toutefois, cette coalition devra s’entendre rapidement sur plusieurs questions importantes.

NE PAS OUBLIER LES SYNDICATS

La première est de ne pas nous isoler. C’est seulement avec l’aide du mouvement syndical que nous allons pouvoir dégager les ressources nécessaires pour mobiliser le plus grand nombre. Il faut impliquer le plus d’instances syndicales possible dans le mouvement pour le 15$/h maintenant.

Certains syndicats ont été, ou sont en lutte pour le 15$/h. Il faut les aider du mieux qu’on peut. Bien que ce soit déjà le cas, une meilleure organisation est nécessaire. Elle permettra d’avoir davantage d’impact et de lier plus intiment les luttes locales avec la campagne nationale.

LE 15$/H EST UNE QUESTION POLITIQUE

L’objectif est de changer la loi provinciale sur le salaire minimum. Cela relève d’une décision gouvernementale. Même si nous réussissons à créer un mouvement populaire assez fort pour faire céder le gouvernement en palce, c’est lui seul qui pourra déterminer les modalités de l’augmentation. Il nous faut donc être présent au niveau politique.

Aux États-Unis, l’augmentation du salaire minimum s’est la plus rapidement qu’ailleurs. Soulignons qu’il y a là un élu pour défendre et pousser les intérêts du mouvement dans les instances politiques. Ce fut le cas à Seattle, la première ville à adopter le 15$/h et à avoir, jusqu’à ce jour, les modalités d’augmentations les plus progressistes.

Kshama Sawant d’Alternative socialiste, élue en 2013, a joué un rôle remarquable en repoussant le plus possible les intentions du 1% d’étaler le 15$/h. Dans l’État de New York, où un mouvement populaire très fort a été incapable de stopper les attaques de la droite, a maintenant six salaires minimum pour différentes catégories de travailleurs-euses.

Évidemment, il faut avoir les deux : un mouvement de masse sans représentation politique risque de voir les revendications du mouvement détournées par la droite et un élu sans contrôle démocratique de la base trahira inévitablement le mouvement.

POUR UN MOUVEMENT DE MASSE DÉMOCRATIQUE

Le seul moyen d’atteindre notre objectif passe par la création d’un mouvement de masse démocratique. 15maintenant est un excellent embryon pour cela. Toutefois, si nous voulons réellement construire un mouvement populaire, cette organisation doit être plus qu’un centre de liaison pour coordonner des manifestations communes. Nous devons déterminer ensemble une stratégie à long terme.

Pour ce faire, nous devons, en premier lieu, remettre en cause la diversité des tactiques. Clamer cette méthode en revient à cacher les divisions au sein du mouvement. Or, ce qui doit être fait est la mise en commun des efforts afin de lutter efficacement, et ce, de façon démocratique. Il nous faut donc des structures démocratiques. Alternative socialiste appel donc à la tenue d’un congrès national pour la création d’un mouvement unifié pour le 15$/h durant l’hiver 2016. Ainsi, nous aurons les reins assez solides pour affronter le 1%.

POUR DES COMITÉS D’ACTIONS DANS LES QUARTIERS ET LES SYNDICATS LOCAUX POUR LE 15$/H
CONTINUONS LES JOURNÉES NATIONALES D’ACTIONS POUR LE 15$/H
POUR UN CONGRÈS D’UNIFICATIONS DES CAMPAGNES POUR LE 15$/H

PETITE HISTOIRE DE LA CAMPAGNE 15PLUS.ORG

Durant l’année 2015, le Centre des travailleur-euses immigrant-es (CTI) entâme le travail de terrain sur la question du 15$/h minimum. Ses membres interviennent auprès de travailleurs et de travailleuses non-syndiqué-es, en particulier ceux et celles de Dollarama.

Pendant l’été 2015, Alternative socialiste (AS) lance en parallèle une campagne d’affichage sur le 15$/h à Montréal. L’initiative est remarquée par des membres de Québec solidaire (QS) et d’autres militant-es syndicaux. Les membres d’AS tissent des liens avec ceux du CTI. L’enthousiasme motive les membres d’AS à lancer la coalition 15plus.org . Les groupes fondateurs sont le Syndicat des employé-es du Vieux-Port de Montréal (SEVPM-AFPC), ACORN Canada, Étudiant-es socialistes UQAM, la Ligue communiste, le Syndicat des travailleuses et travailleurs d’Indigo de Québec (STTIQ-CSN) et l’Association des travailleurs-euses d’agences temporaires (ATTAP).

Durant l’automne, les membres de 15plus.org lancent une pétition pour l’augmentation du salaire minimum au Québec à 15$/h, indexé automatiquement au coût de la vie. Des activités de signatures, des ateliers de formation, des conférences et des actions de tractage s’enchaînent. Des membres d’AS participent au point de presse de la Coalition contre le travail précaire le 7 octobre. D’autres s’impliquent dans la campagne électorale partielle de QS dans Saint-Henri-Sainte-Anne. Ils réussissent à faire du 15$/h l’un des enjeux les plus saillants de la campagne. Le 10 novembre, 15plus.org , le CTI et la campagne 15$ and Fairness Mc gill organisent une première manifestation commune. Un dizaine de médias rapportent l’événement.

En janvier 2016, l’IWW et le CTI lancent leur propre campagne sur le 15$/h (respectivement 15 – 5 – 7 et 15 et Justice ) et organisent des actions. De leur côté, les membres d’AS et de 15plus.org aident le SEVPM durant l’hiver à construire sa potentielle campagne de grève sur le salaire décent. D’autres militant-es interviennent dans différentes instances syndicales pour mettre l’enjeu du 15$/h à l’ordre du jour.

Le 15 avril 2016, les militant-es d’AS et de 15plus.org interviennent aux quatre coins de la ville dans le cadre de la journée d’action canadienne pour l’augmentation du salaire minimum à 15$/h. Le porte-parole de 15plus.org prend la parole lors de la manifestation unitaire organisée en soirée par le CTI, avec l’aide du Conseil central du Montréal Métropolitain CSN. Ce jour-là, c’est la lutte pour le 15$/h des employé-es des résidences pour personnes âgé-es syndiqué-es au SQEES qui retient l’attention des journalistes.

À la fin avril, la députée de QS Manon Massé endosse officiellement la pétition de 15plus.org . Elle tente sans succès d’amener le débat à l’Assemblée nationale, ce qui crée une tension avec le Parti québécois de Pierre-Karl Péladeau. Le dépôt de la pétition est prévu pour septembre 2016.

Le 1er mai 2016, la FTQ – avec qui les membres de 15plus.org sont en lien depuis l’automne – lance sa campagne minimum15 . Cet enjeu domine les slogans, les pancartes et les bannières durant la manifestation de la Journée internationale des travailleurs et travailleuses. Le 27 mai, le SEVPM, impliqué dans 15plus.org, entre dans une dure grève avec pour campagne principale la lutte pour le salaire décent à 15$/h.

Durant le printemps, la CSN, la CSQ et la CSD emboîte le pas et se positionnent en faveur d’un salaire minimum à 15$/h. Une réunion regroupant presque tous les groupes syndicaux, politiques et communautaires en faveur du 15$/h est tenue à l’initiative de la FTQ à la mi-juin. Dans la foulée, la CSQ, le Collectif pour un Québec sans pauvreté et le Fonds de défense des non-syndiqués planifient le lancement d’une campagne ayant pour thème le 5 – 10 – 15 (5 jours de délais/horaire de travail, 10 jours de congé de maladie ou parentaux, 15$ salaire minimum) en octobre 2016.

Au début juillet, QS-Montréal organise un atelier de formation sur le 15$/h auquel est invité le porte-parole de 15plus.org. Le parti organise ensuite une série d’action de signature de pétitions dans la ville pendant les événements publics de l’été.

Les militant-es d’AS et de 15plus.org offrent un coup de main aux grévistes du SEVPM durant tout l’été. Le porte-parole de la campagne est d’ailleurs invité par le comité jeune de la FTQ lors du panel du FSM concernant les stratégies de lutte pour gagner le 15$/h au Québec.

OFFENSIVE no.6 Automne – Hiver 2016


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