Comment les socialistes peuvent gagner une élection?

Leçons de la victoire de Kshama Sawant aux élections municipales Seattle[1]

Par Ramy Khalil, directeur de la campagne de Kshama Sawant et membre d’Alternative socialiste

Janvier 2014

Nous savons tous qu’il est nécessaire d’accepter l’argent des grosses entreprises et de collaborer avec le parti démocrate ou républicain pour se faire élire, n’est-ce pas?

Ce n’est pas ce qui est arrivé pour Kshama Sawant.

En novembre 2013[2], près de 100 000 électeurs l’ont choisie comme conseillère municipale. Elle a fait campagne en étant ouvertement socialiste, et elle n’a reçu aucun argent des grosses compagnies!

La victoire de Sawant a complètement bouleversé l’establishment politique aux États-Unis et dans le monde. Sawant est la première conseillère socialiste élue dans une grande ville américaine depuis des décennies. Sa percée historique a été suivie par tous les grands journaux et les grandes chaînes de télévision partout aux États-Unis.

À présent, Sawant et son parti politique Alternative socialiste mènent la lutte pour réaliser leur principale promesse électorale : donner à Seattle le salaire minimum le plus élevé du pays, soit 15$/heure. Cette lutte gagne le pays entier.[3]

Comment Sawant et Alternative socialiste ont-ils pu battre un puissant démocrate réélu depuis 16 ans? Seattle est-elle La Mecque des progressistes?

« Notre campagne n’est pas un événement isolé, » explique Kshama Sawant. « Elle indique même la tendance à venir.»

Intéressant, mais est-ce réaliste?

Les temps changent

Le succès des autres candidats progressistes en novembre 2013 suggère que oui, c’est réaliste. Le candidat démocrate Bill de Blasio a connu une victoire écrasante à la mairie de New York en promettant de combattre l’inégalité et la brutalité policière, tout comme Sawant, même s’il n’est pas socialiste. Ty Moore, un autre candidat d’Alternative socialiste, s’est présenté comme conseiller municipal à Minneapolis et s’est trouvé à quelque 230 voix d’être élu. Le mouvement syndical du comté de Lorain en Ohio s’est débarrassé des démocrates en faisant élire deux douzaines de candidats indépendants (même si certains ont gardé des liens avec le parti démocrate).

«C’est l’état des choses, » indique Kshama Sawant. «Le 99% se soulève contre la Grande Récession. Les gens en ont marre de perdre leur emploi, leur maison et leur pension.»

Une nouvelle étude montre que le 1% le plus riche ont obtenu 95% des augmentations de revenu associé à la «reprise» économique aux États-Unis, alors que les travailleuses et travailleurs écopent de diminution de revenus. Les dettes étudiantes cumulées ont atteint mille millions de dollars américains, surpassant les dettes de crédit cumulées au pays.

En réponse à cette inégalité croissante, une vague de résistance des travailleuses et travailleurs se développe à travers le monde : révolutions au Moyen-Orient, grèves générales à travers l’Europe, soulèvement des travailleur-euse-s au Wisconsin, le mouvement Occupy, soulèvements populaires en Turquie et au Brésil… La prochaine lutte des masses arrive à grands pas.

La méthode transitoire

Tout le monde parle d’inégalité, et beaucoup cherchent des solutions, mais seuls quelques mouvements d’activistes aux États-Unis ont été capables d’exprimer clairement le désir de la majorité.

Le mouvement Occupy Wall Street a remis les questions d’inégalité dans l’espace public, mais s’est rapidement retrouvé à tourner en rond. Alors que les militants d’Occupy ont été engloutis par les élections de 2012 contrôlées par les grosses entreprises, Alternative socialiste proposait de reconstruire le mouvement en présentant 200 candidats indépendants Occupy à travers le pays. Malheureusement, peu de militants ont répondu à l’appel, et les discussions sur l’inégalité ont perdu face aux médias qui ont préféré suivre les débats politiques d’Obama et Romney.

L’exception à cette tendance, la militante Occupy Kshama Sawant a reçu un fort soutien pendant sa première campagne électorale, empochant 29% des voix face à Frank Chopp, président de l’assemblée de l’État de Washington, le législateur le plus puissant de cet État. Ceci démontre le potentiel qu’auraient pu avoir des candidats indépendants Occupy.

Presque en même temps, les employé-e-s du fast-food et de Walmart ont montré le potentiel de la classe ouvrière en organisant des grèves d’une journée à travers le pays, exigeant un salaire minimum de 15$/heure et de meilleures conditions de travail. En 2013, la deuxième campagne de Sawant a créé le lien avec le mouvement de grève du fast-food. Alternative socialiste avait reconnu le potentiel explosif de la revendication pour un salaire minimum de 15$/heure. Après plusieurs rencontres et discussions, nous avons décidé de centrer notre campagne autour de cet appel: «Seattle abordable pour toutes et tous» avec trois revendications précises et concrètes : contrôle du loyer et logement abordable, une taxe sur les super-riches pour financer le transport en commun et l’éducation, et bien sûr, un salaire minimum de 15$/heure.

Alternative socialiste à utiliser ce qu’on appelle «la méthode transitoire» : nous partons du niveau de conscience de monsieur et madame tout le monde et proposons une direction pour amener les mouvements de justice sociale à la victoire. La méthode transitoire signifie aussi créer le lien entre des revendications pour l’amélioration des conditions de vie des travailleuses et travailleurs et la nécessité de construire une société socialiste.

Ouverture croissante au socialisme

Malgré la démonisation universelle du socialisme que font les médias bourgeois et l’establishment politique, les campagnes de Sawant et Moore ont bien montré qu’il ne faut plus avoir peur du mot «socialisme». Plusieurs sondages ont montré qu’un tiers des Américains réagissent positivement à l’idée du «socialisme», une hausse historique par rapport aux dernières décennies, et une hausse de 3% entre 2010 et 2012. Dû au nombre élevé de recherches dans les dictionnaires en ligne, Merriam-Webster ont choisi ensemble les mots «socialisme» et «capitalisme» pour leur Word of the Year 2012.

La classe ouvrière aux États-Unis n’a pas vécu la trahison des partis politiques socio-démocrates ou communistes, contrairement à beaucoup de pays dans le monde : des partis qui disaient lutter pour le socialisme et ont fini par se vendre ou même attaquer la classe ouvrière par des mesures d’austérité. Aux États-Unis, malgré beaucoup de confusion autour du sens du mot, le socialisme semble de plus en plus être une nouvelle idée attirante, une alternative intéressante à la souffrance des gens au chômage, des bas salaires, et des dettes croissantes sous le capitalisme.

Chez les Afro-Américains et les jeunes de 18-29 ans, plus soutiennent à présent le «socialisme» que le «capitalisme», un signe du temps à venir.

Ceci explique en partie les résultats de nos campagnes électorales en 2012 et 2013 : ce sont surtout des électeurs à bas revenus, les jeunes et les personnes de couleur qui ont voté pour nous.

Notre analyse des divers niveaux de conscience politique des différentes tranches de la population a été une des clés de notre succès. Même si nous savions bien que seul un petit nombre de personnes s’identifient consciemment comme socialistes, nous avons conclu qu’une grande partie de la population, les jeunes en particulier, sont très ouverts aux idées socialistes, une partie encore plus grande se questionne face au capitalisme, et une énorme partie de la population est contre Wall Street et le statu quo.

La nécessité d’un leadership politique

Notre campagne électorale a révélé le dégoût face à l’establishment politique, et nous avons éduqué des gens, élevé la conscience de classe, et popularisé les idées socialistes. Par exemple, Sawant a popularisé l’idée que les grosses compagnies comme Boeing devraient profiter non pas à quelques individus, mais plutôt tomber sous contrôle public et démocratique des travailleur-euse-s et à l’ensemble de la communauté.

Toutefois, la colère de la classe ouvrière face à la politique bourgeoise bouillonne, et n’aurait jamais pu s’exprimer dans une direction progressiste à Seattle si nous n’avions pas pris une initiative électorale combattive. C’est pourquoi il est primordial pour les mouvements syndicaux et militants non seulement d’organiser des manifestations, grèves, etc., mais aussi de suivre l’exemple de Sawant et du mouvement syndical en Ohio en présentant des candidats indépendants. Sinon, les discussions et débats politiques à travers la société seront toujours contrôlés et limités par les deux partis bourgeois.

Si les militant-e-s de la classe ouvrière et les organisations progressistes ne construisent pas une alternative politique de gauche forte, la colère populaire sera récupérée soit par des démagogues de droites, ou par les démocrates populistes qui tenteront de limiter nos mouvements aux voies « sécuritaires » du Parti démocrate.

Pour construire le mouvement de soutient pour Sawant avec 29% des voix en 2012, Alternative socialiste a appelé Occupy, des groupes syndicaux et de droits civiques, ainsi que des partis de gauche à se joindre à Sawant en présentant une liste de candidats indépendants combatifs au Conseil municipal de Seattle l’année suivante. Malheureusement, ils n’ont pas reconnu l’opportunité qui se présentant à eux, et plusieurs on continué à se cacher derrière le mur du Parti démocrate.

Mais au Minnesota ce fut l’inverse. Le conseil régional du Syndicat International des Employés de Service (SEIU) ont non seulement appuyé Ty Moore d’Alternative socialiste, mais ont aussi fait de nombreuses contributions financières et humaines. Si plus de syndicats et d’organisations progressistes dirigeaient leurs ressources pour présenter ou soutenir des candidats indépendants de ce genre, nous pourrions sans aucun doute mener plusieurs campagnes victorieuses, et construire un nouveau parti politique du 99%.

L’immense impact de Sawant démontre la nécessité de candidats et de leadership politique pour exprimer clairement la colère latente et le désir d’un changement de société, et de canaliser ce mécontentement autour d’un agenda clair.

Les organisations syndicales et progressistes de Seattle n’ont pas vu l’opportunité d’une coalition de candidats indépendants avec Sawant. Notamment parce qu’ils n’ont pas une analyse de lutte de classe. De nombreuses voix à gauche accusent les travailleur-euse-s d’un manque de conscience, menant au conservatisme du pays. Ils sous-estiment le désir chez les travailleur-euse-s d’un changement progressiste. Les marxistes sont conscients de la confusion politique de la classe ouvrière, mais nous attribuons le conservatisme politique du pays plutôt à la classe dirigeante, ses médias et institutions politiques et culturelles. Les marxistes croient que la majorité de la classe ouvrière désire un changement progressiste, mais que les travailleur-euse-s ont besoin d’organisations combattives et d’un parti politique pour éduquer la population, et canaliser et exprimer le pouvoir latent de la classe ouvrière.

L’ingrédient qui manque à la construction d’un mouvement progressiste n’est pas principalement le manque de conscience des travailleur-euse-s, mais plutôt l’absence de leadership politique qui donne voix aux intérêts des travailleur-euse-s. Nous croyons qu’un parti des travailleur-euse-s et des candidats indépendants joueront un rôle clé en changeant complètement les termes du débat, en réfutant la propagande de l’élite dirigeante et en éduquant les travailleur-euse-s à propos de leurs vrais intérêts. Nous voyons déjà comment le poste municipal de Kshama Sawant a changé le débat politique de Seattle, et même dans une certaine mesure le débat politique national.

Imaginez ce qu’on pourrait accomplir avec des centaines de candidatures indépendantes et notre propre parti de masse luttant pour les travailleur-euse-s, et exposant l’agenda bourgeois des Républicains et des Démocrates? Un nouveau parti politique des travailleur-euse-s, des personnes de couleur, des femmes et des environnementalistes pourrait changer complètement les termes du débat au pays, unir les différents mouvements, et élever le niveau de conscience des travailleur-euse-s à propos de nos vrais intérêts.

Malgré le jugement de la Cour Suprème qui a légalisé les dépenses illimitées des compagnies privées sur les campagnes électorales, les campagnes de Sawant, Moore et du mouvement syndical d’Ohio ont brisé le mythe que les candidats doivent accepter l’argent des grosses compagnies pour se présenter aux élections. Quand encore plus de mouvements syndicaux, pour les droits civiques, et les organisations environnementales auront coupé leurs liens avec le Parti démocrate, et financeront des candidats indépendants, nous pourrons réellement construire une alternative politique massive. Construire ce parti est la tâche essentielle aujourd’hui.

Le rôle crucial d’Alternative socialiste

Beaucoup d’activistes de gauche ont dit qu’il était sectaire de « distraire » de la construction d’un mouvement large en construisant un parti comme Alternative socialiste. Même si Alternative socialiste est une petite organisation marxiste en croissance rapide, Sawant n’aurait clairement pas gagné sans le travail de construction de l’organisation socialiste dans les années précédant 2013.

C’est l’analyse politique d’Alternative socialiste qui nous a permis d’identifier l’opportunité politique qui existe pour des candidats de gauche indépendants. C’est l’existence de notre organisation militante qui nous a permis d’implanter notre tactique et de mettre cette perspective à l’essai. Sans organisation, notre analyse et nos idées n’auraient jamais été mises à l’épreuve, et une opportunité historique de la gauche aurait été perdue.

Même si la campagne de Sawant a compté sur des forces beaucoup plus larges qu’uniquement AS, l’organisation s’est trouvée au centre de la campagne, au niveau à la fois politique et organisationnel. Pour organiser une campagne venant de la base avec environ 450 bénévoles et une alliance large avec le journal The Stranger, six syndicats locaux, des organisations de droits civils, des organisations d’immigrants, des partis progressistes et d’autre encore, un noyau organisé de militant-e-s socialistes d’expérience dédiés au mouvement est essentiel.

Sawant n’aurait jamais pu gagner sans les années passées à construire AS, tous nos opposants nous traitant d’utopistes qui perdent leur temps. Envers et contre tous, nous avons nagé contre le courant et consciencieusement construit notre organisation en ne partant de presque rien.

Pendant des années, nous avons organisé et éduqué des travailleur-euse-s et des jeunes autour des idées de Karl Marx : le système capitaliste est secoué par des crises, et de plus en plus incapable de subvenir aux besoins de base de la population, et la classe ouvrière est la force révolutionnaire qui peut construire une nouvelle société. Nous avons aussi appris énormément de l’analyse marxiste contemporaine, les idées et l’expérience du Comité pour une Internationale ouvrière, une organisation socialiste présente dans plus de 45 pays à travers le monde.

Un appel de classe audacieux

Une autre leçon tirée du succès de Sawant : la majorité des gens ne veulent pas de candidats modérés insipides qui font des compromis avec les grosses entreprises. Au contraire, on veut quelque chose de différent, un leadership politique qui se battra contre les grandes compagnies.

De bons candidats de gauche se sont présentés pour le Parti vert, mais quand les tiers partis présentent des candidats modérés, légèrement différents de l’establishment corrompu, ils limitent leur attrait. La popularité de Sawant est née de ses critiques constantes de politiciens Républicains mais surtout Démocrates comme outil des grandes entreprises.

La promesse de Sawant de vivre avec le salaire moyen d’un travailleur-euse et de donner le reste de son salaire pour la construction de mouvements pour la justice sociale l’a démarquée des autres. Sawant n’a pas essayé de plaire à la gauche ainsi qu’à la droite, elle ne s’est pas mise sur la clôture entre la classe ouvrière et l’élite dirigeante : elle s’est mise complètement du côté de la classe ouvrière. Elle a inspiré un enthousiasme en restant intègre et défendant clairement ses principes.

Nous avons basé notre campagne sur la logique de la lutte de classe. Nous n’avons pas modéré nos revendications pour les rendre raisonnables et attrayantes pour l’élite. Nous nous sommes plutôt battus pour des réformes larges qui représentaient les besoins quotidiens des travailleur-euse-s, malgré le conflit avec l’establishment politique. Les travailleur-euse-s qui ont déjà des journées chargées ne donneront pas leur temps pour une campagne qui n’aura pas d’impact dans leur vie de tous les jours. Mais environ 450 personnes ont donné des milliers d’heures à la campagne de Sawant parce que nous nous battons pour des réformes concrètes, comme un salaire minimum de 15$/h, qui amélioreront leur vie de façon dramatique.

Des principes non sectaires

Notre campagne indiquait clairement que les Républicains et les Démocrates n’initieront jamais de changements sociaux et progressistes, nous avons choisi une approche non sectaire face aux électeur-trice-s qui soutenaient Sawant sans rompre complètement avec le Parti démocrate. Nous avons accueilli des militants qui étaient motivés par notre campagne, mais étaient aussi bénévoles pour les Démocrates durant d’autres campagnes. En octobre 2013, un groupe « Démocrates pour Sawant » s’est même formé, exprimant le mécontentement des Démocrates de la base face aux dirigeants de leur parti.

Contrairement à certains radicaux d’ultra-gauche, nous n’avons imposé aucune barrière à ceux et celles qui, en s’impliquant dans la campagne de Sawant, se dirigeaient dans la bonne voir. Nous accueillions le soutien de ceux et celles qui appuyaient nos revendications centrales et les critiques de notre candidate face au Parti démocrate et au capitalisme. Nous avons travaillé main dans la main avec ces militant-e-s pour construire la campagne de Sawant, tout en vendant notre journal et nos pamphlets pour essayer de les convaincre de rompre leurs liens avec le Parti démocrate et le capitalisme.

Il était crucial d’utiliser un ton amical et patient pour discuter de nos idées avec eux. Une attitude condescendante et impatiente est contre-productive. En même temps, nous n’avons jamais succombé à l’opportunisme et aux pressions intenses pour baisser notre bannière socialiste ni appuyé des candidats démocrates. Notre campagne a servi à appeler systématiquement à la formation d’un nouveau parti indépendant du 99% et au socialisme démocratique.

Cette approche était essentielle pour convaincre de nombreux syndicats d’appuyer notre campagne. Presque tous les dirigeants syndicaux ont d’abord ignoré notre campagne électorale et appuyé nos opposants Démocrates (Frank Chopp en 2012 et Richard Conlin en 2013). Mais éventuellement notre approche transitoire et notre appel de classe gagnent de plus en plus de soutient auprès des militant-e-s syndicaux de la base. En octobre 2013, l’appui de notre campagne a augmenté rapidement et nous avons gagné une forte majorité au Conseil Syndical de King County. Malheureusement, pour un appui formel il nous fallait le 2/3.

Collecte de fonds et appels aux masses

Une approche audacieuse et sérieuse face à la collecte de fonds était nécessaire pour notre victoire. Richard Conlin a amassé 242 000$, et nous avons amassé un fonds de lutte de 141 000$, plus de la moitié du montant de Conlin. Par contre, nos dons venaient majoritairement de travailleur-euse-s et de militant-e-s : 1400 donateurs avec un don médian de seulement 40$.

Grâce à ces dons, nous avons pu acheter le matériel de base : 50 000 dépliants professionnels, l’envoi de 140 000 lettres, cinq bannières, plus d’une douzaine d’organisateur-trice-s, faire des appels robotisés, et quelques publicités dans les journaux.

450 bénévoles ont recouvert la ville de plus de 7000 affiches, distribué 1350 pancartes et cogné à plus de 17 000 portes. Nous avons appelé des milliers d’électeur-trice-s, monté des tables de littératures lors de marchés, et participé à toutes les manifestations. Nos employé-e-s ont travaillé sans relâche et plus de 150 articles ont été écrits sur notre campagne dans la presse.

L’appui de The Stranger, un journal hebdomadaire de gauche, nous a beaucoup aidés, étant le deuxième journal de Seattle. The Stranger en a eu marre des inégalités causées par la crise économique et du rôle l’establishement du Parti démocrate dans l’aggravation de la crise sociale. Ils ont pris la décision inusitée d’utiliser l’influence de leur publication pour publier de nombreux articles en faveur de Sawant.

Ceci ne signifie pas qu’un appui d’un média majeur est nécessaire pour la victoire de candidat-e-s ouvriers indépendants. Les organisations syndicales, pour les droits civils et environnementales ont les ressources et l’argent nécessaire pour construire des médias de masse indépendants – nos propres postes de télévision, émissions de radio, et journaux. La tâche clé est de construire le soutien à l’intérieur de ces organisations pour rompre avec le Parti démocrate définitivement.

L’appui de The Stranger et des électeur-trice-s de gauche, qui constituent la majorité de la population de Seattle, est dû en partie à notre choix stratégique de la circonscription électorale. Dans cette circonscription, il n’y avait aucun candidat Républicain. Cela a joué en notre faveur en 2012 et en 2013. Les Démocrates n’ont pas pu faire peur aux gens en les encourageant à voter pour « le moins pire ». (Dans la majorité des milieux urbains, le Parti démocrate détient un monopole dans la politique locale). En 2012 comme en 2013, nous avons choisi d’affronter des candidats sortants élus depuis au moins 16 ans – beaucoup de temps pour exposer leurs liens avec les grandes compagnies et la colère de leurs électeur-trice-s ouvriers.

Joignez la Lutte

Il faut souligner que nous avions Kshama Sawant, une femme immigrante intelligente, charismatique, passionnée, mais avec tact, contre de vieux hommes blancs de l’establishment, en 2012 comme en 2013.

Sawant est sans doute une oratrice impressionnante et une combattante déterminée. Mais elle est également une personne normale qui a participé à des réunions publiques en 2008 et qui fut impressionnée par la clarté politique d’Alternative socialiste. À travers des discussions avec nous, elle a décidé de dédier sa vie à la lutte pour un monde socialiste.

La majorité des gens sous-estime le rôle que nous pouvons jouer dans la lutte pour changer le monde. Nous devons suivre l’exemple de Sawant et nous commettre à la cause : ainsi nous aurons la meilleure récompense, un monde meilleur. Il n’y a rien dans la vie de plus inspirant que de se battre aux côtés d’autres travailleuses et travailleurs pour mettre fin à l’inégalité, à l’oppression et à la destruction de l’environnement.

Rejoignez Alternative socialiste aujourd’hui.


[1] Traduction faite par DD et BP à partir de la version anglaise : Ramy Khalil, How Socialist Won – Lessons from Kshama Sawant’s Historic victory, Janvier 2014, http://www.socialistalternative.org/2014/01/31/lessons-kshama-sawants-historic-victory/
[2] Ce texte fait un bilan de la première victoire de Sawant en 2013. Elle fut une première tentative en 2012. Elle fut réélue en 2015.
[3]Seattle a été la première ville à adopter le salaire minimum en 2014. Pour en savoir plus : 15$/H : La victoire de Seattle: Comment les socialistes ont construit un mouvement victorieux?, http://alternativesocialiste.org/wp-content/uploads/2016/03/15_brochure.pdf


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