La CAQ et les femmes : des luttes à mener

Nous l’avions remarqué pendant la campagne, les enjeux qui concernent directement les femmes ont été évacués1. Pourtant, au lendemain de l’élection, les articles sont presque dithyrambiques sur la parité2 qui serait atteinte. En effet, environs 41% des élu·e·s sont des femmes. La CAQ a même réussi à faire élire 52% de femmes.

La parité, ce n’est pas assez!

Mais, encore une fois, l’émancipation des femmes de la classe laborieuse ne passe pas par la parité. Non, pour nous émanciper, nous avons besoin de mesures concrètes: des conditions de travail décentes (incluant un salaire minimum viable), des services de santé accessibles, des CPE financés correctement, des logements abordables et sécuritaires, des ressources d’aide bien financées… et j’en passe.

Pour se faire élire, la CAQ a sorti une série de promesses non chiffrées, non évaluées, un peu comme un gros “Make Québec Great Again”. Un Québec dirigé par un multimillionnaire, connu pour avoir laissé tomber ses associés d’Air Transat. Un multimillionnaire qui compte bien diriger seul le Québec, parce que le chef, c’est lui. La CAQ nous a promis plus de services tout en coupant les taxes.

Les maternelles 4 ans

Durant la dernière année, les CPE sont été attaqués à répétition par le gouvernement néolibéral et les patron·ne·s. La lutte qui a été menée par les travailleurs et travailleuses ainsi que par les parents a été exemplaire. Le problème des CPE, c’est le manque de volonté politique d’offrir aux femmes des endroits sécuritaires pour leurs enfants d’âge préscolaire. Une solution proposée par le chef caquiste? Les maternelles 4 ans. La journée scolaire se termine vers 15h30. Que faire après? Les parents vont devoir payer un service de garde pour que leurs enfants puissent être en sécurité jusqu’à la fin de leurs journées de travail. Et comme la CAQ nous promet aussi une baisse des taxes scolaires, il ne faut pas s’attendre à ce que les services offerts aux enfants soient améliorés.

Le salaire minimum

Les femmes représentent 60% des gens qui travaillent au salaire minimum. Il est donc essentiel d’atteindre enfin un salaire minimum viable. 15$/h. Minimum. En tant que parti corporatiste, la CAQ ne va pas encourager ni même soutenir un salaire minimum décent. Bien que la CAQ souhaite créer des emplois plus payants, Legault prévient que ça devra se faire sur plusieurs mandats3. Mais le loyer n’attend pas! Nous avons besoin dès maintenant, pour se sortir de la précarité, d’un salaire minimum décent. Et bien entendu, rien sur la rémunération des stages dans les domaines considérés comme traditionnellement féminins.

Logement social

Le mois de septembre a été marqué par la grande marche du FRAPRU4. Les militant·e·s ont parcouru les 550 kilomètres qui séparent Ottawa de Québec pour revendiquer la création de logements sociaux. Encore une fois, la CAQ n’a pas vraiment répondu. Oui, il y a la promesse de millions pour les groupes communautaires, mais aucun engagement ferme sur la création de logements sociaux. Pourtant, bon nombre de femmes, qu’elles soient monoparentales ou non, ont besoin d’avoir accès à des logements salubres, sécuritaires et abordables. Combien de femmes restent dans des situations précaires, voire dangereuses, par l’impossibilité financière de se loger ailleurs?

Les syndicats

La CAQ promet aussi d’attaquer le droit d’association via les syndicats5. Pourtant, les syndicats restent la meilleure solution pour les femmes qui subissent toute forme de discrimination sur leurs lieux de travail, que ce soit des discriminations sexuelles, de genres ou basées sur la religion ou l’origine ethnique. Un gouvernement caquiste sera un gouvernement de patron·ne·s, pas un gouvernement de travailleurs·euses. Les femmes, les personnes racisées ou issues de l’immigration ainsi que les membres de la communauté LGBTQIA+ sont mieux protégé·e·s lorsqu’ils et elles sont membres d’un syndicat fort, libre de toute influence gouvernementale. Nous devons combattre les mesures réactionnaires de la CAQ.

La lutte continue

Oui, il y a une certaine parité atteinte à l’Assemblée nationale. Mais peu importe la parité, les promesses vides de la CAQ ne vont pas aider les travailleuses, les étudiantes ou les mères monoparentales. C’est pourquoi nous vous invitons à rejoindre Alternative socialiste pour revendiquer avec nous:

  • un salaire minimum à 15$/h indexé;
  • la création de logements sociaux;
  • un réinvestissement massif dans les services publics, incluant des soins de santé libres de discrimination pour la communauté LGBTQIA+;
  • la création de places dans les CPE ainsi que la gratuité totale pour les CPE.

Ceci dit, les élu·e·s de Québec Solidaire peuvent être des allié·e·s solides au parlement pour les femmes québécoises. Les mouvements de lutte devront les utiliser comme levier politique pour appuyer leurs luttes. Dans le contexte actuel, les femmes ont besoin d’un mouvement de lutte massif qui remet en cause le capitalisme, la racine des inégalités qu’elles vivent. Seules des mesures socialistes (services publics gratuits, logements sociaux, salaires décents, etc.) seront en mesure de répondre durablement aux besoins de toutes et tous.
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Notes :

[1] Où sont les enjeux des femmes dans la campagne?, alternativesocialiste.org, Alexandra L. 27 septembre 2018
[2] Le Parlement atteindra la zone de parité, Le Devoir, Jessica Nadeau, 2 octobre 2018
[3] Main-d’oeuvre : Legault veut des salaires plus élevés; cette entreprise cherche des immigrants, Radio-Canada, Romain Schu.é, 27 septembre 2018
[4] Le FRAPRU entame une marche Ottawa-Québec pour exiger du logement social, Radio-Canada, 2 septembre 2018
[5] La CAQ veut «moderniser» les syndicats, Les Affaires, 11 mars 2014


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