La crise du voile : Un tour de passe-passe électoraliste

Le débat sur le voile fait de nouveau rage dans les pages de nos médias. Cette fois, le bouc émissaire est une jeune femme musulmane portant le voile inscrite en techniques policières. Situation difficile à imaginer lorsque sa pratique religieuse est supposée l’oppresser au point de ne pas pouvoir évoluer dans un programme si masculin. Nous devrions, au contraire, saluer cette femme qui, malgré les préjugés, poursuit son chemin.

Les prochaines élections provinciales seront polarisantes pour les travailleurs et travailleuses du Québec. Les partis politiques de droite doivent jubiler d’avoir la possibilité de détourner notre attention des réels enjeux en instrumentalisant la situation de cette jeune femme.

Le PLQ, par la bouche du premier ministre et de la ministre de la Justice, ne prend pas vraiment position. La question serait “hypothétique” puisque la jeune femme n’a pas terminé sa formation. De leur côté, le PQ et la CAQ restent fermement campés dans leurs positions islamophobes et sexistes. François Legault se dit prêt à aller dire en personne à la jeune femme qu’elle ne pourra pas devenir policière au Québec, tandis qu’Agnès Maltais doute de sa capacité à faire correctement son travail à cause de sa foi. Ceux et celles qui se présentent en faveur du port du foulard se contentent de s’offusquer envers ces méchantes personnes qui veulent empêcher une jeune femme brillante et déterminée de réaliser ses rêves.

Détourner des vrais problèmes

Le vrai problème, ce n’est pas qu’une femme portant le voile souhaite entrer dans la police. Le vrai problème, c’est que cette situation est utilisée par les partis capitalistes pour diviser les électeurs et électrices du Québec. La manœuvre est lancée peu de temps avant les élections pour que les votes empruntent le chemin de la peur de l’autre et du repli identitaire.

Dans ce débat, on oublie que la police est un instrument du pouvoir en place : son rôle est de protéger la propriété privée des élites économiques et politiques. Qu’est-ce que ça va changer qu’une policière porte ou non un hidjab lorsqu’elle va devoir disperser une manifestation déclarée illégale par ses supérieurs? Qu’est-ce que ça va changer quand il va falloir arrêter des manifestant·e·s anti-capitalistes? Quand il va falloir briser un piquet de grève? Quand il va falloir poivrer des étudiant·e·s? Qu’est-ce que ça va changer au profilage racial et politique?

Rien.

Rien, parce que le vrai problème qui nous afflige, nous travailleurs et travailleuses, ce sont les coupes dans nos programmes sociaux, ce sont les politicien·ne·s néolibéraux qui donnent nos ressources aux amis du parti, ce sont les élites qui choisissent de bombarder des hommes, des femmes et des enfants dans un autre pays parce qu’on tente de contrôler leurs ressources.

Le réel enjeu des prochaines élections n’est pas celui de savoir si une femme portera ou non un foulard si elle devient un jour policière. Les réels enjeux, c’est la création d’emplois de qualité, le réinvestissement dans nos services publics ou encore la reprise du contrôle de nos ressources naturelles de manière écologique.

Ne nous laissons pas diviser par des manœuvres aussi basses, unissons-nous pour contrer les partis capitalistes que sont la CAQ, le PQ et le PLQ. Travaillons ensemble pour construire une vraie société autonome, égalitaire et équitable, une société socialiste!


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