Léa Roback, femme de lutte

En 1903, Léa Roback naît à Montréal de parents immigrants juifs polonais. Elle grandit à Beauport où sa famille tient un magasin général, puis revient à Montréal en 1915. Dès l’âge de vingt ans, Léa Roback montre un caractère fort et un sens de l’aventure: venant d’une famille où l’art et la littérature sont fortement appréciés, elle s’installe d’abord à New York, puis quitte l’Amérique pour l’Europe. Elle s’inscrit à l’Université de Grenoble en 1926, puis rejoint son frère à Berlin en 1929.

Subissant la montée du fascisme de plein fouet, Léa Roback s’éveille politiquement et se joint au mouvement communiste allemand. En raison de cet activisme, elle fuit l’Allemagne en 1932. Après un passage en URSS, elle se rétablit à Montréal en 1935 et milite au sein du Parti communiste du Québec. Roback s’implique alors dans la lutte pour la défense des chômeurs avec le médecin communiste Norman Bethune, aussi membre du PCQ. Toujours en 1935, le Parti attribue à Roback la gestion de la première librairie marxiste à Montréal, la Modern Book Shop, située sur la rue Bleury au sud de la rue Sainte-Catherine. En 1937, Léa Roback devient, avec l’organisatrice syndicale Rose Pesotta, l’un des piliers de la grève des ouvrières du textile du boulevard Saint-Laurent, aussi appelée la grève des midinettes.

En 1942, elle syndique l’usine RCA Victor du quartier Saint-Henri, dont 40% des 400 travailleuses sont des femmes. Malgré ses compétences d’organisatrice, elle refuse des postes de permanence syndicale, préférant rester parmi les rangs ouvriers. Au début des années 1940, Léa Roback devient organisatrice politique pour le candidat communiste Fred Rose dans la circonscription de Cartier, sur le Plateau-Mont-Royal. En 1943, Rose est élu sous la bannière du Parti ouvrier progressiste, le PCQ étant interdit depuis 1941 par les autorités provinciales. Rose devient ainsi le premier élu communiste à avoir siégé à la Chambre des communes.

Durant les décennies subséquentes, Léa Roback s’implique dans le mouvement féministe, en particulier au sein du collectif La Voix des femmes, au côté de Madeleine Parent, Thérèse Casgrain et Simonne Monet-Chartrand. Elle milite également contre la guerre du Viêt Nam et le régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Léa Roback s’éteint le 28 août 2000 lors d’un accident fatal, à l’âge de 96 ans. Sa mémoire est perpétuée par le travail de La Fondation Léa-Roback, celui du centre Léa-Roback de Montréal pour la recherche sur les inégalités sociales de santé ainsi que par la Maison Parent-Roback du Vieux-Montréal. Un documentaire sur sa vie est réalisé en 1991. Léa Roback est nommée Chevalier de l’Ordre national du Québec en 2000.

Politiquement active jusqu’à sa mort, elle continue d’inspirer une nouvelle génération de militants et de militantes socialistes. Courageuse militante féministe et marxiste de la Grande Dépression à aujourd’hui, Étudiant·e·s socialistes UQAM et Alternative socialiste saluent ses contributions et lui rendent hommage.

Murale hommage à Roback

Le projet de murales hommage du comité Étudiant·e·s socialistes, en collaboration avec Alternative socialiste, vise à mettre de l’avant des personnages et des événements marquants, mais méconnus, de l’histoire populaire et militante de Montréal.

Une murale hommage à Léa Roback a été réalisée au 4502, rue Saint-Dominique au coin Mont-Royal, à Montréal en 2014.


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